Présentation de l’éditeur : Quel rapport Hegel entretient-il avec la métaphysiq
Présentation de l’éditeur : Quel rapport Hegel entretient-il avec la métaphysique ? Cette question engage un jugement quant à la nature des convictions fondamentales sur lesquelles repose sa philosophie : alors qu’elle a longtemps été louée (ou vilipendée) en tant que métaphysique spéculative, des approches récentes s’estiment en mesure de contourner ce problème. Les arguments hégéliens semblent alors pouvoir être reconstruits et évalués indépendamment des convictions métaphysiques professées par leur auteur ; la « conscience de soi métaphysique » de Hegel ferait en quelque sorte écran au potentiel rationnel et normatif de cette pensée. D’autres lectures actuelles résistent à une telle façon de voir : dissocier les analyses hégéliennes de leur arrière- plan métaphysique serait les priver de ce qu’elles ont de plus tranchant, les ramener au niveau de ce que Hegel nommait la pensée d’entendement. À vouloir actualiser sa philosophie, ne la condamne-t-on pas à l’insignifiance ? Ce débat, au cœur du commentaire hégélien actuel, s’est développé au mois de juin 2009 à l’Université de Poitiers et à la Sorbonne, lors d’un colloque international qui a réuni au total plus de vingt contributeurs comptant parmi les commentateurs les plus réputés de Hegel. Ce volume contient les textes qui y ont été présentés. Il constitue une pièce majeure de la discussion contemporaine autour de cette philosophie et montre combien Hegel est plus que jamais présent. Jean-François Kervégan est professeur à l’Université Paris 1 / Panthéon- Sorbonne et membre de l’Institut Universitaire de France. Bernard Mabille est professeur à l’Université de Poitiers et directeur du Centre de recherche « Métaphysique allemande et Philosophie pratique ». Sous la direction de Jean-François Kervégan, et Bernard Mabille Avec la collaboration d’Élodie Djordjevic Hegel au présent Une relève de la métaphysique ? CNRS ÉDITIONS 15, rue Malebranche – 75005 Paris Ouvrage publié avec le concours de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Institut Universitaire de France © CNRS Éditions, Paris, 2012 ISBN : 978-2-271-07567-3 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo Sommaire Couverture Titre Copyright Sommaire Présentation - Jean-François Kervégan et Bernard Mabille Traductions et abréviations utilisées Œuvres complètes en allemand et abréviations Textes de Hegel en langue allemande tout spécialement utilisés et abréviations Principales traductions françaises et abréviations Première partie - Hegel en lui-même Hegel ou la métaphysique réformée - Bernard Bourgeois La critique de la métaphysique de l’immédiateté dans l’Encyclopédie des sciences philosophiques - Jean-Michel Buée Mort et transfiguration de la métaphysique chez Hegel - Franco Chiereghin Les aventures de la métaphysique, des écrits de jeunesse à Iéna Spéculation grecque et métaphysique d’école Le caractère anticipateur de la nouvelle métaphysique Conclusion Situation de la logique hégélienne - Emmanuel Cattin La logique de la liberté, c’est la liberté du logique - Félix Duque La philosophie de Hegel – avec la métaphysique et sans elle - Hans Friedrich Fulda I II III IV La fonction du nom dans la logique spéculative - Bruno Haas ANNOTATION La logique actionnelle et la « vraie critique » - Jean-Marie Lardic Logique et métaphysique Le Sujet de l’éthique La liberté et le monde de la vie - Terry Pinkard Signification, usage, liberté Intérieur, extérieur, spontanéité pratique Logique, orientation, Absolu Les déficiences de l’ancienne métaphysique La critique hégélienne de la métaphysique dans le « Concept préliminaire » de la Logique de l’Encyclopédie. - Annette Sell L’athéisme métaphysique selon Hegel - Jean-Louis Vieillard-Baron Les athéismes non métaphysiques Les différentes formes de l’athéisme métaphysique La réhabilitation de la preuve ontologique Deuxième partie - Hegel en ses autres Du métaphysique au transcendantal – et retour - Myriam Bienenstock I II III La conception hégélienne du temps est-elle métaphysique ? Retour sur le débat Hegel/Heidegger - Christophe Bouton Kant, Hegel et le système de la raison pure - Karin de Boer Introduction L’ontologie réformée de Kant Le projet kantien d’un système de la raison pure Le système de la raison pure hégélien Hegel sans la dialectique ? - Michaël Foessel La charge de la preuve Dialectique et critique de la métaphysique d’entendement La dialectique : une pragmatique du vrai ? La philosophie et son dehors Hegel et la critique kantienne de la métaphysique - Gilbert Gérard Une pensée non-métaphysique de l’action - Jean-François Kervégan La Logique hégélienne comme critique de la métaphysique et comme métaphysique Qu’est-ce qui est « post-métaphysique » ? Une analytique non-métaphysique de l’action Hegel, le dépassement de quelle métaphysique ? - Bernard Mabille L’idéalisme fini et infini - Robert Pippin I II III IV V VI Deux critiques et deux sauvetages de la métaphysique - Emmanuel Renault Le dogmatisme métaphysique L’abstraction métaphysique La métaphysique sauvée par la connaissance La métaphysique sauvée par la réconciliation Réalité et effectivité. Haym et Nietzsche face à Hegel - Ari Simhon Rudolf Haym Nietzsche Métaphysique critique et suppositions métaphysiques. La logique hégélienne comme analyse de l’être - Pirmin Stekeler-Weithofer Les problèmes de l’interprétation philosophique Qu’est-ce que la métaphysique ? Rendre les formes explicites Les questions spécifiques de la métaphysique Le problème de l’intuition intellectuelle Prouver l’existence des choses par la seule pensée La nécessité d’un système pour défendre la liberté Un chemin logique pour l’analyse conceptuelle Hegel et l’épuisement du réalisme - Olivier Tinland Faut-il relire Hegel à travers Kant ? - David Wittmann Les auteurs Collection Présentation Jean-François Kervégan et Bernard Mabille Deux gestes fondamentaux traversent toute l’histoire de la philosophie. Le premier consiste en un effort constant de sobriété de pensée : veiller à ne pas s’évader au-delà du monde ou des choses de la nature (meta ta physika) en multipliant sans nécessité les entités. La seconde considère que tout n’est pas réductible au seul critère de la donation sensible et qu’il est besoin, pour penser le réel, d’aller au-delà de ce qui apparaît, y compris dans le dessein de le « sauver » (suivant le mot d’ordre de Platon : « sauver les phénomènes »). Cette divergence, commodément (et trop simplement) illustrée dans « L’École d’Athènes » de Raphaël par les postures respectives de Platon (tendant le doigt vers le ciel des idées) et d’Aristote (dont le geste paraît indiquer qu’il convient de redescendre de ces hauteurs), se retrouve, avec une particulière acuité, chez les continuateurs et les interprètes de Hegel. Rapidement, après la mort du philosophe, deux lignes se dégagent. Les hégéliens dits « de droite » voient en Hegel avant tout un métaphysicien, voire un théologien. Les hégéliens dits « de gauche » (ou « jeunes hégéliens »), dont le plus fameux est Karl Marx, cherchent à arracher Hegel au méta-physique pour trouver chez lui des ressources afin de ne plus seulement « interpréter », mais bien de « transformer » le monde, selon le mot d’ordre formulé dans la 11e thèse sur Feuerbach 1. Se profile alors une opposition entre un Hegel « avec » et un Hegel « sans métaphysique ». La question est cependant plus complexe. En réalité, l’héritage de Hegel n’est pas à deux mais à trois termes : car les « vieux hégéliens » (disciples soucieux de respecter la lettre du texte dont ils ont offert la première édition fiable et complète – celle dite des « amis du défunt »), qui certes ne sont pas des « hégéliens de gauche » entendant mener la « critique du ciel » en même temps que celle de la terre, ne sont pas forcément pour autant des hégéliens de droite (si l’on entend par là des partisans d’une interprétation de l’œuvre de Hegel qui accorde le dernier mot au théologique, comme celle de Mahreineke). Un bon exemple en est offert par le fidèle Karl Rosenkranz qui rappelle, contre les critiques adressées par R. Haym à la tentative – manquée selon celui-ci – de fusionner la logique et la métaphysique, que pour Hegel « raison, nature et esprit sont en soi également absolus » 2. Et l’on est en droit, à la lumière des débats qui ont opposé les successeurs de Hegel, de se demander si l’alternative n’est pas exagérément simplifiée. D’une part, la métaphysique – la bonne métaphysique, qui ne se confond pas avec « l’habituelle métaphysique d’entendement », qui n’est qu’une « simple vision d’entendement des objets de la raison » 3 – ne se réduit pas à la théologie. Nul ne le sait mieux que Hegel, qui affirme certes que la philosophie spéculative a le « même contenu » que la religion, mais aussi qu’elle l’énonce dans la langue du concept, et non dans celle de la représentation, ce qui l’expose au soupçon des théologiens selon lequel elle aurait en elle « trop peu de Dieu », tout comme, du point de vue d’une « soit- disant philosophie », elle passe pour contenir « trop de Dieu » 4. Si pour Hegel la philosophie est une « théologie spéculative » 5, on peut soupçonner que chez lui l’adjectif transforme en profondeur le contenu de sens qu’il convient d’attribuer au substantif. D’autre part, à prendre les choses avec rigueur, vouloir penser « sans métaphysique », c’est-à-dire, par exemple, sans certaines hypothèses relative à ce que c’est que « être » ou que « penser uploads/Philosophie/ kervegan-jean-francois-org-hegel-au-present.pdf
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- Publié le Fev 13, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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