QUESTIONS ET RÉPONSES 203 — Pourquoi ne faites-vous pas de miracles ? Tous les
QUESTIONS ET RÉPONSES 203 — Pourquoi ne faites-vous pas de miracles ? Tous les instructeurs en ont fait. — Que voulez-vous dire par miracles ? Guérir les mala des corporellement, et ceux qui sont malades psychologique ment ? Les deux choses ont été faites. D’autres l’on fait et moi aussi je l’ai fait. Mais cela n’est d’aucune importance, n’est-ce pas ? Etre guéri psychologiquement est plus impor tant qu’être guéri physiquement, parce qu’être malade psy chologiquement affecte le corps, qui, à son tour, devient malade. Par conséquent, l’état de santé psychologique est de beaucoup plus important que la santé physique — ce qui ne veut pas dire que nous devions refuser le bien-être physique ; mais se concentrer simplement sur la santé physique ne provoquera pas un bien-être psychologique. Tandis que, s’il y a une transformation dans la psyché, dans l’esprit, cela agira inévitablement sur le bien-être du physique. Le miracle que nous voulons tous, que nous espé rons tous voir arriver, est en réalité un signe de paresse, d’irresponsabilité. Nous voulons que l’on fasse notre travail pour nous. Si je puis me permettre de parler de moi-même, il fut un temps où moi aussi faisais le guérisseur ; mais j ’ai découvert qu’il était bien plus important de guérir l’esprit, l’état intérieur de l’individu. Car, lorsque chacun de nous pourra trouver les richesses intérieures, il y aura une amé lioration des maladies physiques. Celui qui se borne à se concentrer sur les guérisons physiques peut devenir popu laire, attirer des foules, mais cela ne mènera pas l'homme au bonheur. Donc, nous devrions nous concentrer sur la guérison du vide intérieur, la maladie interne, la corruption interne, la déformation interne — et cela ne peut être fait que par vous. Personne ne peut vous guérir intérieurement, et c’est cela le miracle de la chose. Un docteur peut vous guérir extérieurement, un psychanalyste peut vous aider à être normal, à être adapté à la société ; mais aller au delà de cela, ce qui veut dire être réellement bien portant, inté 204 DE LA CONNAISSANCE DE SOI rieurement vrai, clair, entièrement non corrompu — cela, vous seul pouvez le faire et personne autre que vous ; et je crois que se guérir soi-même complètement et sûrement est le plus grand des miracles. C’est cela que nous avons fait ici au cours de ces trois derniers mois : voir par nous- mêmes les causes des maladies intérieures, des conflits intérieurs, des contradictions intérieures, observer les choses telles qu’elles sont, très clairement, purement et avec précision ; et lorsque toute chose est vue clairement, le miracle survient. Car lorsque ce qui est est perçu sans déformation, il y a compréhension ; et cette compréhension engendre une qualité guérisseuse. Mais la compréhension ne peut provenir que de votre propre lucidité individuelle et non par le miracle que fait un autre, non par l’impres sion, l’influence, la contrainte ou l’imposition de l’idée d’un autre. Des miracles, certes, se produisent. Ils se produisent tout le temps, mais nous n’en sommes pas conscients. Phy siquement aussi bien que psychologiquement, intérieure ment aussi bien qu’extérieurement, vous n’êtes pas le même aujourd’hui qu’hier. Le corps subit des transformations tout le temps, et il en est de même de la nature intérieure, de l’esprit ; et si nous pouvons le suivre avec facilité et rapi dité, nous verrons quel extraordinaire miracle se produit en nous et autour de nous — le miracle étant la constante nouveauté, la fraîcheur de la vie, l’infinie beauté, la sou plesse, la profondeur de l’existence. Mais l’homme ne peut pas suivre rapidement s’il est attaché, s’il est prisonnier, s’il est incessamment préoccupé de ses réussites, de ses inquié tudes, de ses poursuites. Pour l’homme ambitieux il n’y a pas de miracle, parce qu’il sait ce qu’il veut et l’obtient ; mais l’homme qui est incertain, qui ne demande rien, pour lui la vie est un miracle, un miracle de continuel renouveau ; et nous man querons ce renouveau si nous ne faisons que rechercher un résultat, un but. — Vous avez dit qu’une certaine transformation a eu lieu chez tous ceux qui vous ont écouté. Je suppose qu’ils doivent maintenant attendre les manifestations de cette transformation. Comment, dès lors, pouvez-vous dire qu’elle est immédiate ? QUESTIONS ET RÉPONSES 205 — Tant que nous cherchons à obtenir une transforma tion, il n’y aura certes pas de transformation. Tant que nous pensons en termes d’hier, d’aujourd’hui et demain, il ne peut évidemment pas y avoir de transformation, parce que l’esprit est encore pris dans le filet du temps. Si je veux changer immédiatement, maintenant, si telle est mon inten tion, cela n’est pas possible, parce que je pense en termes de durée, d’aujourd’hui et demain. Tant que nous pensons en termes de présent et de futur, il ne peut pas y avoir de transformation, parce qu’alors la transformation n’est qu’un changement, une continuité ; mais dès que la pensée est libérée du temps, il se produit une transformation intem porelle (ce qui n’est pas une contradiction). Je veux dire que tant que l’on pense à un problème, le problème conti nuera. La pensée, qui est le produit du passé, crée le pro blème ; et ce qui est le résultat du passé ne peut pas résou dre le problème. Il peut le regarder, il peut l’examiner, il peut l’analyser, mais il ne peut pas résoudre le problème. Le problème — n’importe quel problème, un problème de mathématiques ou de rapports humains ou un problème idéologique — n’est résolu que lorsque le processus de pensée arrive à un terme, lorsque l’esprit, qui est la pensée, le résultat de nombreux hiers, s’arrête. Ce qui est le résul tat du temps ne peut pas engendrer une transformation ; lorsqu’il le fait, ou il y aura un changement qui ne sera qu’une continuité modifiée, ou le problème deviendra plus complexe. Tandis que s’il y a une lucidité passive du pro blème, une observation sans condamnation ni justification, vous verrez qu’il y a une transformation immédiate, une cessation immédiate de ce problème. Et après tout, lorsque nous parlons de transformation, de quoi voulons-nous parler ? De la cessation d’un problème, évidemment. Pour quoi un homme veut-il être transformé ? Parce qu’il est dans un état de misère, de conflit, parce qu’il a des soucis quotidiens ; et il ne peut y avoir de transformation, de réso lution du problème que lorsque l’esprit, le penseur qui est le créateur du problème, se comprend lui-même — ce qui veut dire lorsque le processus de pensée se rapportant à un problème arrive à sa fin. C’est toujours cela que vous faites lorsqu’il y a un problème aigu. Vous y pensez, vous vous tourmentez, et lorsque la pensée ne peut pas aller plus loin, vous l’abandonnez. Alors, en ce calme le problème est com pris et résolu, et à ce moment-là, il y a une immédiate transformation. Monsieur, si vous vous en rendez compte, 206 DE LA CONNAISSANCE DE SOI c’est cela le processus par lequel nous passons tous les jours, n’est-ce pas ? De même qu’un fermier cultive son champ au printemps, puis sème et moissonne, et laisse la terre reposer pendant l’hiver, ainsi, si nous sommes lucides, nous verrons que l’esprit est toujours en train de cultiver, de semer et de récolter ; mais, malheureusement, il ne se permet jamais de se mettre en jachère et c’est en ce repos, tout comme pour la terre, qu’est le renouveau. De même que pendant l’hiver, sous les pluies, sous les tempêtes et les rayons de soleil, le champ retrouve une jouvence, ainsi l’esprit se recrée et se renouvelle lui-même lorsque chaque problème est dissous. C’est-à-dire qu’en cultivant chaque problème, en entrant pleinement, profondément, complète ment en lui, il y a la mort de ce problème et, par consé quent, un renouveau. Faites-en l’expérience et vous verrez combien extraordinairement vite et facilement chaque pro blème est résolu lorsqu’il est vu clairement, distinctement, avec pureté. Mais pour voir un problème très clairement, sans déformation, vous devez y appliquer votre pleine atten tion — et c’est là où réside la difficulté. Nos esprits sont constamment distraits, fuyants, parce que voir un problème clairement pourrait entraîner une action qui provoquerait de nouvelles perturbations ; donc l’esprit évite constam ment d’affronter le problème, augmentant de ce fait l’inten sité du problème, mais lorsque la chose est vue très claire ment, sans déformations, vous verrez que le problème lui- même a une réponse à vous donner. Donc, tant que nous pensons en termes de transforma tion, il ne peut pas y avoir de transformation, ni maintenant ni dans l’avenir. La transformation a lieu immédiatement lorsque chaque problème est compris au fur et à mesure qu’il surgit, et l’immédiateté de cette transformation dépend de votre compréhension du problème. Vous ne comprenez un problème que lorsqu’il n’y a ni condamnation ni justi fication, lorsque vous le regardez vraiment, lorsque vous pouvez aimer ce problème. Alors vous verrez qu’il donne sa réponse, et par conséquent, uploads/Philosophie/ krishnamurti-a-bombay-le-28-mars-1948.pdf
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- Publié le Nov 25, 2021
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