AUX SOURCES CULTURELLES DE LA PSYCHANALYSE, L'OEDIPE RELATIF : HÖLDERLIN ET LA
AUX SOURCES CULTURELLES DE LA PSYCHANALYSE, L'OEDIPE RELATIF : HÖLDERLIN ET LA QUESTION DU PÈRE DE JEAN LAPLANCHE Roseline Bonnellier Le Carnet PSY | « Le Carnet PSY » 2008/2 n° 124 | pages 24 à 30 ISSN 1260-5921 DOI 10.3917/lcp.124.0024 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2008-2-page-24.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Le Carnet PSY. © Le Carnet PSY. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Problématiques VI L ’après-coup Pour construire un schème oedipien, plus profondément relatif au temps de l’autre dans le genre humain qu’à l’ancienne méta- physique reconduite dans le monisme de l’idéal phallique, métaphysique réglée sur sa logique binaire phallique-castré(e) et son impact dans le narcissisme, il s’agit d’ouvrir un champ subliminaire de l’écriture de la psychanalyse sous la plume de Freud, héri- tier de toute une culture germanique. De “Hölderlin et la question du père” à la “théorie de la séduction généralisée” de Jean Laplanche et retour : un problème topique pour l’Oedipe La psychanalyse se trouve alors interrogée de plus haut sur sa traduction du complexe d’oedipe à partir de sa réception possible du très grand écrivain allemand Hölderlin. Une telle réception commence en psychanalyse à l’aube des années 1960 dans la période “para-lacanienne” de Jean Laplanche. Le qualificatif “para-lacanienne” est une for- mulation de J. Laplanche lui-même (corres- pondance personnelle). Il situerait une rela- tion à Lacan assez paradoxale, justement sur la question de l’Oedipe. Ce psychanalyste de la “troisième génération” pose plus tard, en 1987, la théorie de la séduction généralisée, dont le corrélat est une théorie de la traduc- tion, tout en secondarisant de plus en plus l’Oedipe de la vulgate, structuralisé dans les années 1950 par Jacques Lacan en “méta- phore du Nom-du-père”, lequel “Nom-du- père” donnerait lieu à un “pseudo incons- cient” dans la critique la plus récente de Jean Laplanche. À la suite de Jean Laplanche, et au risque du débat avec cette avancée théo- rique de sa pensée, je vais m’enfoncer encore plus dans le paradoxe. La mise à l’écart de cet oedipe “freudo-lacanien” le laisse en effet tel quel. Le remaniement topique engagé par Jean Laplanche exige selon moi une refonte généralisée du complexe au niveau métapsy- chologique de la formation du moi, refonte qui relativise le primat du phallus d’ “ancien régime” en psychanalyse par rapport au temps premier d’un autre genre qu’entrevoit Hölderlin dans ses Re m a rques sur Antigone : Hölderlin traduit désormais “Zeus” par le “père du temps” en passant de la Grèce - à laquelle appartient encore la figure néan- moins charnière et spécifique du Christ, à l ’H e s p é r i e, la modernité occidentale. AUX SOURCES CULTURELLES DE LA PSYCHANALYSE, L’OEDIPE RELATIF : HÖLDERLIN ET LA QUESTION DU PÈRE DE JEAN LAPLANCHE Roseline Bonnellier Résumé : Mon travail s’efforce de montrer en quoi la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche est l’effet après-coup (la Nachträglichkeit), “traductif”, d’une inspira- tion hölderlinienne. Je trouve au cours de ma recherche que le mythe solaire chez Hölderlin peut se traduire en psychanalyse par un complexe d’oedipe généralisé. Ce dernier est “le premier” organisateur de la topique du moi, à la façon d’un schème représentant la catégorie du message énigmatique dont il est porteur. Né du refoulement originaire, il est inconscient au départ, hétérosexuel, parce qu’il n’arrive que dans le temps de l’autre qui précède. Mots-clés : mythe solaire chez Hölderlin - théorie de la séduction généralisée (J. Laplanche) – oedipe – idéal du moi – ques- tion du féminin. © Le Carnet PSY | Téléchargé le 12/02/2022 sur www.cairn.info par Lucas Servin (IP: 190.107.111.187) © Le Carnet PSY | Téléchargé le 12/02/2022 sur www.cairn.info par Lucas Servin (IP: 190.107.111.187) 25 coup quant à son sens. Il faut bien poser un principe d’antériorité inconscient dans l’être humain. L’inceste, “l’oiseau mangeant la chair de l’oiseau” des anciens grecs, est impensable, et a donc à voir avec la folie, fût-elle transcendantale et rationaliste, soit le “sens de l’illusion” (Wahnsinn) narcis- sique, de l’homo-mythe culturel en quête d’identité. Le “jeu du deuil” (T rauerspiel) ou tragédie d’Antigone dans Sophocle le livre au plus profond, dans ce qu’a pu en remar- quer son traducteur Hölderlin (Remarques sur Antigone). Les études de genres, par leur aspect perfor- matif, ne semblent pas quitter l’homo-mythe narcissique parti à la conquête du pouvoir phallique, ou comme il s’appelle : la petite fille de l’Oedipe freudien ne l’a pas et elle veut l’avoir en toute logique, de n’imp o r t e quelle manière ; elle est plus royaliste que le roi. Le pouvoir phallique d’origine narcis- sique de l’homo-mythe doit se rendre au constat de son illusion transcendantale : il est relatif. Le champ philosophique à côtoyer ici sur le concept de l’imagination transcendantale et de sa liaison avec celui fondateur de la théorie psychanalytique autour de la Phantasie ou fantasme (avec le problème révélateur que pose celui de sa tra- duction française) s’avère être celui du “titan” Fichte dans sa rencontre avec Hölderlin qui en est l’auditeur critique en 1794-95 à Iéna. De la littérature appliquée plutôt que de la psychanalyse appliquée : Hölderlin, la psy- chanalyse Ma thèse serait celle d’une littérature appli- quée plutôt que d’une psychanalyse appli- quée. Il y aurait là une question de méthode. Lorsqu’on aborde cet autre continent, qui est plutôt un archipel, à savoir la Grèce du mythe hölderlinien créé par l’adresse de l’art poétique (la Geschiklichkeit au sens d’une destination du poème), on a à faire avec l’ouverture sous nos pas de champs considé- rables de la connaissance humaine que la recherche exige de côtoyer, alors qu’en prin- cipe nous ne sommes plus à l’époque de l’homme de la Renaissance. Notons que Sigmund Freud n’a pas écrit de grand texte sur le complexe d’Oedipe, tan- dis qu’il a pu “accoucher” comme il le dit presque en ces termes dans une lettre à Karl Si je poursuis la traduction oedipienne du mythe hölderlinien en psychanalyse aujour- d’hui, le virage métaphysique opéré permet- trait de poser en deçà de l’homo-mythe nar- cissique du héros qui soutient le complexe majoritaire du garçon référé chez Freud au classico-romantisme du protestantisme cultu- rel allemand dans le B i l d u n g s r o m a n du moi de la seconde topique freudienne (avec une déclinaison d’un “deuxième sexe” rapporté de la fille comme garçon manqué/castré après coup en hystérie), un père hétérosexuel d’une fille a priori d’avant la “mère” du fan- tasme incestueux oedipien de l’homme : avant que cette dernière “mère” du mythe biologisant de la mère nature certissima n’advienne dans la culture comme pseudo “objet” transcendantal d’une identité sup- posée acquise, telle une seconde nature ou “raison” des anciennes Lumières. Au regard du mouvement des idées, il serait ainsi caté- goriquement rappelé que l’homme ne peut pas être pris pour un objet, parce qu’il demeure une transcendance. Dans l’histoire émerge aussi en contrepoint un accès désor- mais possible de l’ancien “continent noir” de la féminité à sa propre définition de genre humain, qui ne consisterait pas seule- ment en celle d’un homme par défaut de l’objet phallique référant au pouvoir mytho- symbolique. Une femme ne peut être en droit (naturel), par rapport au temps qui l’inscrit dans la filiation d’un autre père (celui d’un rapport hétérosexuel possible : transcendant), être prise seulement pour l’objet “maternel” supposé acquis et ses dérivés dans l’idéal du moi en formation de l’enfant homo-mythique. Le fantasme incestueux du garçon modèle avec la “mère” dans la théorie sexuelle phal- lique infantile est une production de l’inter- dit qui n’arrive qu’après coup dans la langue où l’être humain s’insère. Il y a une contra- diction inhérente à la notion d’inceste, un double bind (G. Bateson) fondateur de l’hu- main par rapport à la nature ou physis en grec touchant le corps : l’inceste - la chose impossible à imaginer (le mot n’existe pas en grec) - empêche de dire le temps (celui uploads/Philosophie/aux-sources-culturelles-de-la-psychanalyse-l-x27-oedipe-relatif-hoelderlin.pdf
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- Publié le Apv 24, 2021
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