• « A un moment donné dans les années 1770, Kant en est arrivé à la conclusion
• « A un moment donné dans les années 1770, Kant en est arrivé à la conclusion que l’analyticité n’est ni la vérité (comme pour Leibniz) ni la nécessité (comme pour Arnauld), mais une chose qui est plus forte que toutes les deux : ce qui est contenu dans un concept est moins que ce qui est vrai de lui et même que ce qui est nécessairement vrai de ses objets ; pour dire les choses autrement, l’analyticité est une chose et l’apriorité en est une autre. C’est à ce moment-là qu’il s’est rendu compte qu’il y a des vérités a priori qui ne sont pas fondées sur l’analyse conceptuelle, qu’il y a, comme il a choisi de les appeler, des jugements synthétiques a priori. Avec cette intuition, sa conception de la philosophie a changé de façon radicale. Auparavant il avait pensé que la méthode de la philosophie était l’analyse et que l’analyse ne pouvait fonder que des assertions analytiques. Au moment dont nous parlons il a décidé que la philosophie avait aussi, peut-être même de façon prédominante, pour but l’examen des fondements d’espèces très différentes de jugements, ceux qui sont a priori, mais non analytiques » (Alberto Coffa, ibid., p. 15). • « Toutes les fois que mon interprétation a été différente de celle des commentateurs antérieurs, le travail de Couturat a fourni une confirmation concluante, et montré que les textes antérieurement publiés peu nombreux sur lesquels je m’étais appuyé avaient toute l’importance que je leur avais attribuée. Mais Couturat a poussé la non-orthodoxie plus loin que je ne l’avais fait, et là où son interprétation différait de la mienne, il a été en mesure de citer des passages qui semblaient concluants. Le Principe de Raison Suffisante, affirme-t-il, asserte simplement que toute proposition vraie est analytique, et est la converse exacte de la Loi de Contradiction, qui asserte que toute proposition analytique est vraie. » (Russell, A Critical Exposition of the Philosophy of Leibniz, Preface to the second edition, p. V) • « Puisqu’il est certain que je le ferai [ce voyage], il faut bien qu’il y ait quelque connexion entre moy, qui suis le sujet, et l’exécution du voyage, qui est le prédicat, semper enim notio predicati inest subjecto in propositione vera ». • Et plus loin : « Enfin j’ai donné une raison décisive, qui à mon avis tient lieu de démonstration, c’est que tousjours, dans toute proposition affirmative véritable, nécessaire ou contingente, universelle ou singulière, la notion du prédicat est comprise en quelque façon dans celle du sujet, praedicatum inest subjecto, ou bien je ne say ce que c’est que la vérité » Leibniz, Lettre à Arnauld, 14 juillet 1686) • « Toujours […] le prédicat ou le conséquent est dans (inest) le sujet ou l’antécédent, et c’est en cela même que consiste la nature de la vérité en général ou la connexion entre les termes de l’énonciation, comme l’a observé même Aristote. Et dans les identiques tout au moins la connexion en question et la compréhension du prédicat dans le sujet est expresse, dans toutes les autres elle est implicite, et doit être montrée par l’analyse des notions, dans laquelle réside la démonstration a priori. […] De ces choses-là, qui à cause de leur trop grande facilité ne sont pas suffisamment considérées, résultent un bon nombre de conséquences de première importance. De là, en effet, naît immédiatement l’axiome reçu Rien n’est sans raison ou Aucun effet n’est sans cause. Sans quoi il y aurait une vérité qui ne peut pas être démontrée a priori, ou qui ne se résoudrait pas en identiques, ce qui est contraire à la nature de la vérité, qui est <toujours> identique, soit expressément soit implicitement » (OFI, p. 518-519). • « […] Si la proposition ‘Spinoza est mort à L Haye’ exprimait une vérité contingente (comme Leibniz croyait qu’elle le fait), c’est parce que, si le monde avait été différent, Spinoza aurait pu mourir à un autre endroit que La Haye. Puisque ‘Spinoza’ est le nom du philosophe qui, entre autres choses, est mort à La Haye, aucune personne qui est morte ailleurs ne pourrait être identique à Spinoza. Cela ne signifie-t-il pas qu’il est nécessaire de Spinoza qu’il soit mort à La Haye, et cela rendrait-il vrai de Spinoza qu’il ne pourrait pas être mort à un autre endroit quelconque ? Non, cela reviendrait à confondre, comme le dit Leibniz, la nécessité (métaphysique) avec la certitude de notre connaissance. Le fait que nous savons de façon sûre que Leibniz est mort à La Haye, et que, par conséquent, aucune personne qui est morte, par exemple, à Leyde ou à Londres n’est Spinoza est parfaitement compatible avec le fait que Spinoza pourrait être mort ailleurs. Le fait qu’un bon alibi exempte un homme A d’une inculpation criminelle ne signifie pas qu’il était nécessaire pour le criminel B d’avoir commis son crime au moment et à l’endroit où il l’a fait. Nous utilisons simplement notre connaissance d’un fait contingent - c’est-à-dire, le fait que A était à un endroit différent au moment du crime - pour conclure à la non-identité de A et de B. Nous comprenons que quelqu’un qui n’a pas toutes les propriétés de B ne pourrait pas être identifié à lui. La même chose résulte de cela pour la connaissance que nous avons des événements passé et futurs. Notre capacité d’avoir une certaine connaissance de ce qui arrivera ne supprime pas par elle-même la contingence du fait […] Notre incapacité de modifier les événements passés ne rend pas les vérités portant sur eux moins contingentes[1]. » • [1] Hidé Ishiguro, “”Contingent Truths and Possible Worlds”, in Leibniz: Metaphysics and Philosophy of Science, edited by R. S. Woolhouse, Oxford University Press, 1981, p. 66. • Puisque nous savons que Spinoza est mort à La Haye, nous savons que « (x) nécessairement (si x n’est pas mort à La Haye, x ≠ Spinoza) » est vrai. Mais il n’en résulte pas que « Nécessairement (Spinoza est mort à La Haye) » est vrai. • « ‘Spinoza est mort à La Haye’ exprime une vérité contingente, mais non pas (comme Bertrand Russell l’a suggéré) parce qu’elle est réellement constituée de deux propositions dont l’une est analytique, à savoir ‘Quiconque est Spinoza est mort à La Haye’, et une autre, ‘Spinoza a existé’, est contingente (comme elle l’est effectivement) et n’est pas vraie dans tous les mondes possibles. Même étant entendu qu’il a existé, la mort de Spinoza à La Haye ne résulte pas de sa nature seule, mais de la connexion avec d’autres choses dans le monde. De ce fait, la proposition ‘Quiconque est Spinoza est mort à La Haye’ n’est pas une vérité nécessaire, selon Leibniz. Qu’il soit mort à La Haye est inclus dans le concept individuel de Spinoza, mais n’en déplaise à Russell et Couturat, cela ne rend pas la proposition analytique ou nécessaire » (Hidé Ishiguro, ibid., p. 67). • « Si nous essayons de dériver la contingence du fait qu’il y a des mondes possibles dans lesquels Spinoza n’existe pas, alors toute proposition singulière du type ‘Spinoza est un homme’ devient également contingente, ce qui n’est pas seulement problématique, mais également contraire à l’intention de Leibniz lui-même. Nous serions également tout à fait incapables de voir pourquoi Leibniz doit invoquer deux espèces différentes de connexion entre sujet et prédicat dans sa défense de la contingence » (ibid .). • « C’est aujourd’hui […] un grand embarras pour les spinozistes que de voir que, selon leur hypothèse, il a été aussi impossible de toute éternité que Spinoza, par exemple, ne mourût pas à La Haye, qu’il est impossible que deux et deux soient six. Ils sentent bien que c’est une conséquence nécessaire de leur doctrine, et une conséquence qui rebute, qui effarouche, qui soulève les esprits par l’absurdité qu’elle renferme, diamétralement opposée au sens commun. Ils ne sont pas bien aises que l’on sache qu’ils renversent une maxime aussi universelle et aussi évidente que celle-ci : Tout ce qui implique contradiction est impossible, et tout ce qui n’implique point contradiction est possible » (Leibniz, Théodicée, p. 219). • « Il faut distinguer entre les choses qui appartiennent à l’essence de chaque chose [individu], et celles qui appartiennent à sa notion. Appartiennent à l’essence de la chose celles qui conviennent avec elle nécessairement et en permanence, à la notion de la chose <singulière>, en revanche, même celles qui conviennent avec elle de façon contingente ou par accident, ou encore que Dieu voit dans cette même notion comprise parfaitement. • Au vrai, toutes les caractéristiques qui ne conviennent pas aux choses de façon permanente, [celles-là ne leur conviennent que librement ou par accident], celles-là, même quand elles leur conviennent, ne leur conviennent pas de façon nécessaire], mais en vertu d’un décret divin ou humain qui vient en plus. • [Un état d’une chose ne suit pas d’un autre nécessairement, mais toujours en vertu de quelque chose de plus] Un état d’une chose ne suit pas d’un autre nécessairement, bien uploads/Philosophie/ l18.pdf
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- Publié le Mar 12, 2021
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