Le Dieu de l’espoir 1. À chaque fois que je pense à Dieu dans le silence de mon

Le Dieu de l’espoir 1. À chaque fois que je pense à Dieu dans le silence de mon âme ou que je doive en parler dans un exposé, comme celui de ce soir, cette réplique du grand physicien, Albert Einstein, me revient toujours à la mémoire. Une meute de journalistes s’empressait un jour de lui de lui poser la question : « Monsieur Einstein, croyez-vous en Dieu ? » Il leur répondit laconiquement : « Quel Dieu ? » c’est-à-dire, « De quel Dieu parlez-vous ? Il y en a tellement. » 2. Je pense aussi à cette affirmation du philosophe Mortimer Adler, président du comité d’édition de l’Encyclopédia Britannica, qui dut un jour expliquer à un lecteur pourquoi l’article sur Dieu était le plus long dans la série Les grands livres du monde occidental. « Dieu, dit le philosophe, est la question fondamentale de l’existence. Ce seul thème entraîne sur la vie des conséquences plus nombreuses que n’importe quel autre sujet. » En d’autres mots, de ma vision de Dieu, de ma conception de Dieu, de ma croyance ou de ma non- croyance en Dieu dépendent le vécu de ma relation avec le monde, avec les autres, avec moi-même et, surtout, avec Dieu. Par exemple, si je crois que Dieu est Père, cela signifie que vous êtes tous mes frères et mes sœurs, peu importe qui vous êtes. Si je crois que je suis fils de Dieu, je ne sentirai pas le besoin d’une thérapie d’estime de soi ou d’épanouissement personnel, c’est évident. 3. Je pense aussi, et surtout, à cette déclaration du Mahatma Gandhi : « Dieu n’est pas ce que vous croyez. » a. Le plus grand chrétien après Jésus, suivant un historien b. Assassiné le 30 janvier 1948 c. Par ses paroles et tous les engagements de son existence, il a été le défenseur d’un Dieu qui refusait la violence i. Il n’acceptait pas que des êtres humains soient privés de leur liberté ii. Que des pauvres soient exclus de la société et considérés comme des intouchables d. Dans une religion où vous avez 32 millions de dieux ou de représentations de Dieu, on doit sans aucun doute se tromper sur la nature de Dieu. Comment se le représenter, comment en être sûr ? Oui, si Dieu n’est pas ce que nous croyons ? La question est interpelante pour les théologiens experts dans la science de Dieu, les pasteurs, experts dans les métiers de Dieu, pour tous ceux qui se rassemblent et croient agir au nom de Dieu, depuis des années. Dans un miroir déformant, vous voyez tout en longueur, tout en largeur, tout en zigzag. Il en est de même des images ou des caricatures de Dieu, vu au travers des miroirs de nos cœurs et de l’Histoire. Une fausse représentation de Dieu fausse aussi la vie de l’homme et des hommes entre eux. 4. Comment parler de Dieu ? L’inaccessibilité de Dieu Dans un premier temps, je dirais que c’est impossible. La Bible est claire à ce sujet. a. Il habite une lumière inaccessible. Nul homme ne l’a vu ni ne peut le voir. 1 Timothée 6. 16 b. Moïse qui parlait avec Dieu face à face, sans le voir tel qu’il est, ose un soir lui dire « Montre-moi ta gloire. » c. Dieu lui répondit : « NON. Tu ne pourras voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre. » Exode 33. 18-22. Il lui apporte quand même un espoir : « Je passerai près du lieu où je te mettrai, au creux du rocher, non loin de moi. Je prendrai toutes les dispositions. Alors que je passerai, je te couvrirai de ma main. Tu me verras par- derrière. Je dis, tu verras de moi ce que je te permettrai de voir. » d. Ce n’est pas facile de dire Dieu Nous n’avons que des mots pour le dire - et les mots sont porteurs de malentendus, de contradictions. e. Dieu est un mot piégé. Hubert Reeves « Hubert Reeves, astronome francophone, Québécois, mondialement connu, nous livre ses convictions intimes dans un entretien avec Fréderic Lenoir, éditorialiste de la revue Le Monde des Religions : « Question : Aujourd’hui, vous définiriez-vous comme croyant ? Réponse: Que signifie être croyant ? Croyant en quoi? Je ne suis pas athée, parce que l'athée sait, je pense, qu'il y a quelque chose au-delà de la réalité, mais quelle est cette chose? Question: Mais vous refusez de nommer Dieu cette réalité intime ? Réponse: Je me méfie des mots qui nous piègent. Le mot Dieu a été trop utilisé ». f. Dieu, un mot chargé, Martin Buber Le philosophe Juif Martin Buber le dit ainsi : « Dieu est le mot le plus chargé de tous les mots humains. Aucun mot n'a été si souillé, si déchiré. Des générations humaines ont déversé sur ce mot le poids de leur vie angoissée et l'ont accablé. Il gît dans la poussière et porte tous leurs fardeaux. Les générations humaines avec leurs divisions ont déchiré ce mot. Elles ont tué et sont mortes pour lui. Il porte la trace de leurs doigts et de leur sang 1 ». Jean D’Ormesson le confirme ainsi : « L’idée que les hommes se font de Dieu a fait couler beaucoup de sang. Dieu est un grand pourvoyeur de guerres et de crimes de toutes sortes. Plus encore que la soif de pouvoir ou la passion de l’argent avec lesquelles il lui arrive de se confondre. Les hommes trouvent en Dieu 1 Dominique Morin cite Martin Buber dans son ouvrage Pour dire Dieu, p. 19. ou dans l’idée qu’ils se font de lui une vérité absolue qu’il s’agit d’utiliser et de répandre par le fer et par le feu. » g. Dieu, un mot domestiqué, Paolo Rica Il faut évangéliser le mot Dieu : Paolo Rica « Dans la Bible, le grand combat n’est pas entre la foi et l’incrédulité, mais entre la foi et l’idolâtrie. L’alternative n’est pas entre Dieu et rien du tout, mais toujours entre Dieu et l’idole. Qu’est-ce que l’idole ? C’est le dieu que nous fabriquons, selon nos mesures, le dieu qui nous correspond, le dieu que nous projetons. Si je suis terroriste, je me fabrique un dieu terroriste et je l’appelle, par exemple, Allah. Si je suis guerrier, je l’appelle dieu des armées. Si je suis occidental, je me fabrique un dieu démocratique, libéral, et je l’appelle dieu des chrétiens. Ce n’est pas le vrai Dieu, c’est mon idole, le dieu de ma tribu, le dieu domestique, le dieu domestiqué. Il faut évangéliser l’idée de Dieu. Que dis-tu quand tu dis Dieu ? Mais le fait le plus étonnant, je dirais même presque le plus accablant, le plus effrayant, ce n’est pas seulement comme disait Calvin, que le cœur humain est une fabrique d’idoles. Si cette Bible est une parole de Dieu, c’est dans ses pages que nous pouvons trouver une juste compréhension de sa personne et de son activité. Mais attention, une mauvaise lecture peut déboucher sur une compréhension erronée, caricaturale, scandaleuse de Dieu. J’en veux pour démonstration ce paragraphe de Richard Dawkins dans son livre Pour en finir avec Dieu. « On peut dire que, de toutes les œuvres de fiction, le Dieu de la Bible est le personnage le plus déplaisant: jaloux, et fier de l’être, il est impitoyable, injuste et tracassier dans son obsession de tout régenter; adepte du nettoyage ethnique, c’est un revanchard assoiffé de sang; tyran lunatique et malveillant, ce misogyne homophobe, raciste, pestilentiel, mégalomane et sadomasochiste pratique l’infanticide, le génocide et le « filiicide ». page 38 h. Seul Dieu parle bien de Dieu, dit Pascal. L’Ancien Testament est un clair-obscur, un texte voilé souvent ambigu et contradictoire. Les belles histoires de la Bible ne sont pas toujours très « belles », il faut bien le reconnaître. Il n’y a pas dans la Bible une description spéculative de Dieu, des discours abstraits et philosophiques sur Dieu. Comment la Bible nous présente-t-elle Dieu ? par des histoires et des paraboles. Des histoires où Dieu rencontre les hommes dans leur situation propre et unique, avec leurs forces et leurs faiblesses, leur grandeur et leur laideur. J’aime bien cette déclaration de Pascal « Seul Dieu parle bien de Dieu. » Attention aux caricatures de Dieu, résultat d’une lecture distordue du texte biblique. i. L’intuition de deux humoristes bien connus Deux humoristes bien connus ont relevé quelques caractéristiques essentielles et spécifiques du Dieu de la Bible, qui font qu’il il est bien le Dieu de l’espoir. i. Raymond Devos Dans l’église d’un village perdu de Lozère, Raymond Devos raconte qu’il a rencontré Dieu… en train de prier. « Je me suis dit : Qui prie-t-il ? Il ne se prie pas lui-même. Pas lui ? Pas Dieu ? Non ! Il priait l’homme ! Il me priait, moi ! Il doutait de moi comme j’avais douté de lui ! Il disait : « Ô homme ! si tu existes, un signe uploads/Philosophie/ le-dieu-de-l-x27-espoir-texte.pdf

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