LA DISPUTE DU MÊME AUTEUR IDENTITÉ ET RÉFÉRENCE, LA THÉORIE DES NOMS PROPRES CH

LA DISPUTE DU MÊME AUTEUR IDENTITÉ ET RÉFÉRENCE, LA THÉORIE DES NOMS PROPRES CHEZ FREGE ET KRIPKE, Paris, Presses de l’Ecole normale supérieure, 1985. LA NORME DU VRAI, PHILOSOPHIE DE LA LOGIQUE, Paris, Gallimard, 1989 (traduction anglaise et seconde édition révisée et augmen- tée, THE NORM OF TRUTH, AN INTRODUCTION TO THE PHILOSO- PHY OF LOGIC, Harvester Wheatsheaf, Hemel Hempstead, 1991). ETATS D’ESPRIT, QUESTIONS DE PHILOSOPHIE DE L’ESPRIT, Alinéa, Aix-en-Provence, 1992, seconde édition augmentée, INTRODUC- TION À LA PHILOSOPHIE DE L’ESPRIT, Paris, La Découverte, 1994. DAVIDSON ET LA PHILOSOPHIE DU LANGAGE, Paris, Presses Univer- sitaires de France, 1994. PHILOSOPHIE ET PSYCHOLOGIE, Paris, Gallimard, 1996. NEW INQUIRIES INTO MEANING AND TRUTH, dir. P. Engel et N. Cooper, Harvester Wheatsheaf, Hemel Hempstead, 1991. LIRE DAVIDSON, dir. P. Engel, Editions de l’Eclat, 1994. THE ANALYTIC-CONTINENTAL DIVIDE, dir. P. Engel, STANFORD FRENCH REVIEW, 17, 2-3, 1993. PASCAL ENGEL LA DISPUTE UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE ANALYTIQUE LES ÉDITIONS DE MINUIT  1997 by LES ÉDITIONS DE MINUIT 7, rue Bernard-Palissy, 75006 Paris En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris. ISBN 2-7073-1610-5 True wit is nature to advantage dressed, What oft was thought, but ne’er well expressed ; Something whose truth convinced at sight we find That gives us back the image of our mind. Pope Je voudrais donc que, dans vos livres, vous témoi- gnassiez quelquefois un peu de reconnaissance pour vos voisins. Vous n’en usez pas, à la vérité, comme Rome, qui met à l’Inquisition tous ceux qui apportent une vérité de quelque genre que ce puisse être, et qui fait jeûner Galilée au pain et à l’eau pour lui avoir appris que les planètes tournent autour du soleil ; mais que faites- vous ? dès qu’une découverte utile illustre une autre nation, vous la combattez, et même très longtemps. New- ton fait voir aux hommes étonnés les sept rayons primi- tifs et inaltérables de la lumière : vous niez l’expérience pendant vingt années, au lieu de la faire. Il vous démon- tre la gravitation, et vous lui opposez pendant quarante ans le roman impertinent des tourbillons de Descartes. Vous ne vous rendez enfin que quand l’Europe entière rit de votre obstination. Voltaire, Discours aux Welches. Tous les grands mouvements passent par trois éta- pes : ridicule, discussion, adoption. John Stuart Mill Never block the way of inquiry. C.S. Peirce AVANT-PROPOS DE MÉSOTHÈTE A en croire la rumeur, les philosophes d’aujourd’hui se divi- sent en deux catégories. Les uns se font appeler philosophes analytiques et prétendent s’opposer à ceux qu’ils appellent phi- losophes continentaux. Cette dernière appellation vient, je crois, du fait que les premiers pratiquent surtout outre-Manche où, comme on sait, on appelle « continental » tout ce qui n’est pas sur les Iles britanniques (on aime à citer le titre d’un quotidien anglais : « Brouillard sur le Channel : le Continent isolé »). Mais, par extension, les Américains du Nord, et même les Aus- traliens et les Néo-Zélandais, semblent se ranger du côté des Britanniques. En sorte que, selon ce critère géographique, les philosophes continentaux seraient tous ceux qui sont sur le conti- nent européen, à l’exception de l’Angleterre et de ses anciennes colonies. J’avoue mal comprendre pourquoi il y aurait une telle différence entre les philosophes de l’un ou de l’autre bord du Channel. Nous ne sommes tout de même plus à l’époque de Voltaire, qui dans ses Lettres philosophiques remarquait que tout ce qui vient d’Angleterre est suspect pour la police du Roy. Il y a bien longtemps que les Français et les Allemands ont intégré la philosophie de Locke et de Hume, tout comme les Anglais celle de Descartes. La philosophie ne peut tout de même pas être si différente selon la géographie ! Que le climat d’un pays ou son petit déjeuner soit « continental » passe encore, mais sa philosophie ? Et que peut bien vouloir dire le terme « analytique » dont s’affublent ces gens ? Toute philosophie n’est-elle pas analyse ? Et n’est-elle pas aussi synthèse ? Aussi me suis-je demandé si cette fameuse philosophie analytique n’était pas tout simplement encore une nouvelle secte, comme aiment à en créer à périodes répétées les membres de cette curieuse confrérie des philosophes qui, faute d’avoir, comme les scientifiques, des objets et des méthodes fiables, se conten- tent de s’inventer des querelles fictives pour maintenir leur pro- fession active et épater le chaland. Je me suis demandé quelles merveilles pouvait bien contenir cette philosophie « analytique » qui fassent qu’elle puisse ainsi se distinguer de la philosophie tout court. J’eus la chance d’assister, récemment, à des dialogues entre un membre de cette secte et un philosophe que l’autre appelait « continental ». Je présenterai brièvement les deux protagonistes de ces conversations. L’un, Analyphron, qui se veut philosophe analy- tique, après des études classiques à Paris, a ensuite séjourné aux Etats-Unis, et en est revenu définivement converti aux méthodes et au style de pensée des philosophes locaux. Il manifeste une certaine agressivité (je dirais même qu’il s’y complaît) contre tout ce qui, de près ou de loin, est « continental ». L’autre, Phi- loconte, a reçu la même éducation à Paris, mais il n’a jamais été tenté par ce qui se passait outre-Manche ou outre-Atlantique. Les produits de la culture américaine ont tendance à lui inspirer à peu près le même dégoût que celui que lui inspirent Euro- disney et les films de Silvester Stallone. Pour lui, la vraie philo- sophie est française et allemande. Le contraste remarquable de leurs caractères et de leurs options promettait une jolie joute, et surtout l’occasion de s’instruire. C’est la transcription complète des enregistrements de ces conversations que je soumets aujourd’hui. Le tout eut lieu, comme la Création, en sept jour- nées. Chacune est à peu près sur un même thème, selon un ordre assez historique. Après un préambule assez vif le premier jour, on aborda le lendemain les débuts de la philosophie analytique (dialogue 1), puis les développements du positivisme (dialo- gue 2), puis ceux de la philosophie du langage ordinaire (dia- logue 3), et enfin ceux de la philosophie américaine contempo- raine (dialogue 4), et l’état actuel de la situation (dialogue 5). Le septième jour, nos héros ne se reposèrent pas ; ils échangè- rent des lettres, que j’ai placées ici entre le quatrième et le cinquième dialogue. 10 LA DISPUTE Enfin, il faut signaler une particularité géographique. Ces conversations eurent lieu sur le campus de l’université de Hong Kong, où nous séjournions tous les trois en 1994, et où nos affinités linguistiques nous firent nous rencontrer dans le cadre agréable de la Senior Common Room, au dernier étage du Lan- tau Building. Nous devisions chaque jour en contemplant la vue magnifique du port de Victoria. Quel meilleur endroit pour réflé- chir sur le destin de la philosophie de l’Occident, que celui où sa culture se fond dans celle de l’Asie et du troisième millé- naire ? Tout cela n’aurait pas été possible sans l’hospitalité cha- leureuse du département de philosophie, et en particulier de Lau- rence Goldstein et de Tim Moore qui, même s’ils n’apparaissent pas dans ces conversations, les ont fortement influencées. Qu’ils en soient remerciés. Hong Kong, décembre 1994 11 AVANT-PROPOS DE MÉSOTHÈTE PROLOGUE ANALYPHRON. – C’est pour moi un grand scandale que de voir le peu d’ouverture de nos compatriotes pour ce qui se fait en philosophie en dehors de leurs frontières. Récemment, un journaliste ne disait-il pas que la philosophie américaine est « aussi mauvaise qu’un hamburger »? Que c’est du Mc Do intel- lectuel ! Il notait qu’heureusement nos grands penseurs ont du succès aux Etats-Unis, mais surtout dans les départements lit- téraires, les philosophes là-bas étant aussi fins qu’un cow-boy de rodéo. On doute la plupart du temps qu’il y ait même de la philosophie dans le pays de Mickey et de Coca-Cola. On a vis- à-vis des Anglais des sentiments plus mitigés, d’abord parce qu’ils sont supposés tout de même être plus civilisés (nous leur achetons des chaussures et du tweed, et leur envoyons nos ado- lescents en séjour linguistique), et aussi car après tout Locke, Berkeley, Hume, voire Stuart Mill, sont considérés comme fai- sant partie de l’histoire de la philosophie (ce dernier surtout pour son féminisme, car on prise assez peu l’utilitarisme ici) même si nous avons toujours quelque condescendance pour ces pauvres empiristes. Mais on a du mal à concevoir que Russell soit un auteur de la taille d’un Leibniz, et il ne viendrait à l’idée de personne de comparer un Moore à Brentano, un Carnap à Husserl ou un Ryle à Heidegger. Pour ne pas parler de Quine, Davidson, Strawson, Dennett ou Sellars, que les Français connaissent à peine. Seul Wittgenstein trouve grâce à leurs yeux, surtout, semble-t-il, parce qu’il écrit en allemand, et parce que les lecteurs continentaux ont été frappés par son style assez uploads/Philosophie/ la-dispute.pdf

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