La morale, le Devoir et le Bonheur INTRODUCTION : Le mot "bonheur" dérive de de

La morale, le Devoir et le Bonheur INTRODUCTION : Le mot "bonheur" dérive de deux mots latins : bonum augurium. Pour les Latins, est "bonum augurium" quelque chose qui annonce ou présage un événement favorable; le français a gardé l'expression "bon augure" dans le même sens. Mais, en parallèle, les deux mots se sont déformés d'abord en "bon oür" en ancien français, puis en "bonheur" en français moderne. Ainsi, le mot "bonheur" signifie étymologiquement : la chance; le sort favorable. Puis, par extension et logiquement, l'état de bien-être; de contentement; de satisfaction qui en résulte. C'est pourquoi en français le mot "bonheur" est tantôt synonyme de "chance" (un porte-bonheur); tantôt synonyme de "plaisir" (nager dans le bonheur) ; tantôt encore synonyme de " vie réussie ou accomplie"(la quête du bonheur). Le bonheur relève-t-il d'un concours d'événements favorables ainsi que le suggère l'étymologie? Ou bien est-il en notre pouvoir d'être heureux indépendamment des circonstances extérieures? Quelle place faire à la morale dans la recherche du bonheur? I ) LES MORALES DU BONHEUR OU "EUDEMONISTES" AdChoices PUBLICITÉ A )La moralité : condition nécessaire du bonheur. Tous les hommes, sans exception, recherchent le bonheur; non pas en vue d'autre chose mais pour lui-même. Ce bien plus précieux qu'aucun autre, les philosophes de l'Antiquité l'ont appelé "le Souverain Bien". Mais, si tous les hommes font du bonheur le but ultime de la vie, ils ne s'accordent pas généralement sur ce qui permet de l'obtenir. Le philosophe CRANTOR, d'après VOLTAIRE, personnifie dans une fable les biens dont les hommes estiment la possession nécessaire pour la satisfaction de leur désir universel de bonheur. A tour de rôle, chacun des concurrents est invité à justifier sa prétention à être indispensable au bonheur pour recevoir la récompense. L'argent rend heureux parce qu'il permet d'acquérir tout ce qu'un homme peut désirer. Il a le pouvoir de mettre toute chose à la portée de celui qui le détient. A ce titre, il est bien fondé à revendiquer la victoire. Or, on ne désire jamais une chose sans l'imaginer être source de plaisir. L'argent n'est donc pas une fin mais un moyen au service du plaisir. Le plaisir lui-même n' a-t-il pas pour condition un état qui permette de l'éprouver et qui n'est autre que la santé? Quel intérêt, en effet, aurions-nous d'être riche si, étant malade, nous étions dans l'impossibilité d'éprouver du plaisir. La santé est donc plus indispensable au bonheur que l'argent et le plaisir; et il faut admettre qu'un homme bien portant mais pauvre est plus heureux qu'un homme riche mais malade. Est-ce donc la santé qui est de tous les biens celui qui nous importe le plus? En octroyant la pomme à la vertu, la fable de CRANTOR, semble faire de la moralité la condition nécessaire du bonheur. Pourquoi? Parce qu'on ne peut être heureux en se sentant misérable et on se sent misérable qu'on on a perdu l'estime de soi-même. L'estime de soi n'est pas un don reçu de la nature, ni une faveur divine; elle ne dépend pas d'un concours d'événements propices mais d'une exigence de la volonté : celle de se conduire d'après des principes moraux sans lesquels notre vie n'aurait aucun sens ni aucune dignité. Le tyran n'est pas un homme heureux même s'il a ou fait tout ce qu'il désire. Si la moralité est une condition nécessaire du bonheur, est-elle une condition suffisante? B) L'eudémonisme des Stoïciens et des Epicuriens. Toutes les philosophies de l'Antiquité, malgré des divergences, ont cherché à répondre à cette question :"Comment faut-il vivre si l'on veut atteindre le bonheur?" Elles font toutes du bonheur le but de la vie et reconnaissent toutes qu'il n'est pas possible d'être heureux sans pratiquer la vertu. Les Stoïciens affirment qu'être vertueux c'est être heureux; que seul le sage est parfaitement heureux parce que, seul, il a compris que les événements qui arrivent sont nécessaires et qu'il faut non seulement y consentir mais y coopérer c'est à dire les vouloir et les aimer. Ayant un empire absolu sur ce qui dépend de lui( désirs, impulsions à agir, jugements), sa sagesse consiste à apprendre à aimer l'ordre rationnel et bon d'après lequel Zeus a enchaîné tous les événements du monde. Armé d'une telle conviction, plus rien ne l'affecte de ce qui affecte la plupart des hommes : ni crainte de l'âme ni douleur du corps. En opposition aux Stoïciens, Epicure affirme qu'être heureux c'est être vertueux. Ce qui revient à dire que ce qui compte dans la vie, c'est non pas tant d'être moral que d'être heureux par la pratique de ce qu'on doit faire. Pour Epicure, si la morale ne me conduisait pas au bonheur, il faudrait s'en affranchir. Mais, de fait, il se trouve qu'on ne peut parvenir au bonheur sans respecter certains devoirs; car le bonheur est, pour lui, un état incompatible avec la crainte que ne manqueraient pas de susciter les transgressions des règles morales et juridiques. Pour Epicure comme pour les Stoïciens, le bonheur n'est donc pas une affaire de chance; il suppose un savoir et une articulation de la conduite à ce savoir, c'est à dire aussi, la culture d'une vertu : celle de prudence. Or, ni l'adhésion à l'ordre du monde par la pratique du détachement vis à vis des choses qui ne dépendent pas de nous (= les Stoïciens) ni la prudence dans le choix des désirs à satisfaire (=Epicuriens) ni la pratique d'une vie simple et frugale (=toutes les écoles hellénistiques) ne suffisent à être heureux. Il faut aussi faire entrer en ligne de compte, selon Aristote, des biens extérieurs. Pourquoi? D'abord, parce que nous en avons besoin pour réussir ce que nous entreprenons de faire; ainsi en est-il de l'argent, des amis ou de connaissances influentes. Ensuite, parce qu'être heureux dépend du regard des autres qui peut être aussi bien méprisant que compatissant; ainsi en est-il de la position sociale ou de l'apparence physique. Et enfin parce qu'être heureux c'est avoir la chance de ne pas voir mal tourner ceux que nous aimons et de les voir vieillir. Ces biens qui ne dépendent pas entièrement de nous, sont extérieurs. Il faut donc reconnaître qu'il y a une part irréductible de chance dans tout bonheur humain. II) MORALE DU DEVOIR CONTRE MORALE DU BONHEUR Définitions préalables et nécessaires des distinctions et concepts suivants : repère : obligation/contrainte. On confond souvent l'obligation et la contrainte. L'obligation est la soumission volontaire à une règle qui peut toujours être transgressée. Elle ne concerne, par conséquent, qu'un être doué de volonté susceptible de choisir entre l'obéissance ou la désobéissance à une règle morale ou juridique comme le devoir; le respect des lois ou des engagements pris. La contrainte est une limitation extérieure de la liberté individuelle que nous subissons comme le sont les nécessités naturelles liées au corps ou les rapports de force. La Loi : au sens juridique ou moral, la loi pose une obligation ; au sens scientifique elle décrit une relation qui est nécessaire. Pour KANT, la loi morale ne prescrit aucun devoir particulier. La loi morale c'est la raison pratique en tant qu'elle s'impose à l'homme par sa forme qui est l'universalité. L'universalité qui caractérise la loi au sens scientifique est une universalité qui est donnée; celle de la loi morale est seulement exigible et peut être transgressée. C'est que la loi scientifique appartient au domaine de la nature; la loi morale au domaine de la liberté. (CF cours sur la Liberté II, C ) A) Le Bien moral : but de l'action humaine. KANT écrit dans la Critique de la raison pratique,: "la morale n'est pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons être heureux mais comment nous devons nous rendre dignes du bonheur". La recherche du bonheur doit donc être, d'après KANT, subordonnée à la conduite morale; car nul ne désire être heureux au prix du sacrifice de ce qu'exige la morale. Celui qui trahit la confiance qu'on a placée en lui, en échange de son bien-être, a peut être de bonnes raisons de le faire; mais il n'aura jamais l'approbation d'autrui; bien plutôt sa désapprobation. La raison n'est donc pas un instrument au service de nos désirs; elle a une tâche plus essentielle : produire une volonté bonne. Une volonté bonne, c'est une volonté qui sait ce qu'elle doit faire ou ne pas faire; autrement dit, c'est une volonté qui agit uniquement par devoir, à l'exclusion de tout autre mobile qui pourrait compromettre la pureté de son intention. Ni la crainte du regard d'autrui, ni la peur de la sanction, ni l'intérêt égoïste ni le plaisir ne doivent jamais être le principe subjectif de ses actes. B)L'impératif catégorique et les autres impératifs. On ne confondra pas, par conséquent, l'acte qui est conforme à ce qu'exige la loi morale (par exemple : dire la vérité; et, effectivement la dire) de l'acte accompli par devoir qui procède de l'intention de dire la vérité parce que c'est un devoir de la dire. La seule formule qui doit inspirer celui qui uploads/Philosophie/ la-morale-le-devoir-et-le-bonheur-cours-de-philosophie-en-terminale-scientifique-et-technologique 1 .pdf

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