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Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 P e t i t e b i b l i o t h è q u e d e S c i e n c e s H u m a i n e s LA RECONNAISSANCE des revendications collectives à l’estime de soi Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 la reconnaissance Des revendications collectives à l’estime de soi la Petite Bibliothèque de sciences Humaines Une collection dirigée par Véronique Bedin Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 Maquette couverture et intérieur : Isabelle Mouton. Diffusion : seuil Distribution : Volumen En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement, par photocopie ou tout autre moyen, le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français du droit de copie. © sciences Humaines Éditions, 2013 38, rue Rantheaume BP 256, 89004 Auxerre Cedex Tél. : 03 86 72 07 00/Fax : 03 86 52 53 26 ISBN = 978-2-36106-036-7 Retrouvez nos ouvrages sur www.scienceshumaines.com www.editions.scienceshumaines.com 9782361060725 Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 5 N otre besoin de « reconnaissance » est incommensurable. Impossible aujourd’hui de lire un journal, de regarder une émission, de surfer sur Internet sans lire ou entendre le mot une dizaine de fois : besoin d’être reconnu dans le couple, au tra- vail, socialement, politiquement, besoin d’être reconnu comme victime…, la « quête de reconnaissance » est un « phénomène social total » (pour reprendre le titre de l’ouvrage d’A. Caillé, La Découverte, 2007). La soif de reconnaissance touche aussi bien les individus que les groupes. Au travail, elle concerne toutes les organisations, privées ou publiques, et toutes les professions, du bas en haut de la hiérarchie et prend la forme de revendications de salaires, de statuts, mais aussi d’une demande plus générale et plus difuse qui porte sur la personne elle-même, le « respect » et la dignité que chacun estime dus. Mais de quelle reconnaissance parle-t-on ? Ne s’agit-il pas d’un concept fourre-tout ? Nombreux sont ceux qui se sont interrogés, d’hier à aujourd’hui, sur le besoin de considération collective ou individuelle, sur ce qui se joue « sous le regard de l’autre ». sous le regard de l’autre La quête de considération et de prestige ainsi que le souci de paraître ont été perçus par nombre de philosophes comme faisant partie des mobiles fondamentaux guidant nos vies. Pour Jean-Jacques Rousseau, la recherche de « considération » est à la fois l’un des plus puissants mobiles personnels et un ciment de la vie en groupe. « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même », écrit-il dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755). AVANT-PROPOS Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 La reconnaissance Adam Smith a également compris que le besoin de reconnais- sance est « le désir le plus ardent de l’âme humaine ». L’auteur de la héorie des sentiments moraux (1759) note que « les hommes ont souvent renoncé volontairement à la vie, pour acquérir, après leur mort, une renommée dont ils ne pouvaient plus jouir ». On retrouve chez Hegel cette même thématique. Dans un fameux chapitre de La Phénoménologie de l’esprit (1807), consacré à la « dialectique du maître et de l’esclave », il décrit la lutte à mort que se livrent entre eux les hommes pour obtenir la « reconnais- sance ». Celui qui deviendra le maître est celui qui est « prêt à perdre sa vie pour gagner la renommée ». L’idée centrale de la reconnaissance sera reprise et développée par quelques penseurs contemporains. Tzvetan Todorov soutient dans La Vie commune (1995) une proposition simple : une des motivations principales de l’existence humaine réside dans le désir d’être « reconnu par autrui ». Le philosophe Charles Taylor a montré que si l’identité indi- viduelle se construit dans le regard de l’autre, cela est également vrai des communautés. Les minorités ethniques au sein d’une nation revendiquent aussi leur droit à la « reconnaissance ». Et le déni de reconnaissance peut être considéré comme une forme d’oppression. Selon le philosophe allemand Axel Honneth (La Lutte pour la reconnaissance, 2000), la notion de reconnaissance permet de mieux rendre compte de la manière dont se résolvent les conlits individuels et sociaux que ne le feraient les notions d’intérêt, d’appétit de pouvoir ou les principes abstraits comme l’amour, l’égalité ou la liberté. A. Honneth souligne combien la lutte pour la reconnaissance joue à tous les niveaux de la sociabi- lité humaine. Elle rejoint alors les travaux de psychologie sociale. Après avoir présenté les principales théories de la reconnais- sance, cet ouvrage se propose d’étudier la reconnaissance au cœur du social, notamment comme ciment des revendications collectives. Puis, dans une dernière partie, il étudie la notion d’estime de soi, dans ses implications individuelles et collectives. Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 7 – Les philosophes de la reconnaissance (encadré) – Axel Honneth et la lutte pour la reconnaissance (C. Halpern) – à propos de Parcours de la reconnaissance. Trois études de P . Ricœur (C. Halpern) – Sous le regard des autres (T. Todorov) – La reconnaissance au cœur du social (E. Renault) Penser la reconnaissance Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 9 Les philosophes de la reconnaissance les philosophes de la reconnaissance Les philosophes de l’Antiquité, Aristote, Platon, et après eux les grands moralistes de l’époque classique, comme Montaigne ou La Rochefoucauld, n’ignorent pas le caractère social de l’être humain. Mais ils le considèrent généralement comme une faiblesse. La recherche d’approbation des autres humains est une coupable vanité ; le sage doit atteindre l’autosuisance. Il faut attendre le milieu du xviiie siècle, avec le relux des privilèges et l’émergence de la notion de dignité de l’individu, pour que des philosophes airment le besoin inné de reconnaissance de l’humain. JEAN-JACQUES ROUSSEAU (1712-1778) : L’IDÉE DE LA CONSIDÉRATION Aristote le disait déjà : « L’homme qui est dans l’incapacité d’être membre d’une communauté, ou qui n’en éprouve nullement le besoin parce qu’il se suit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité, et par consé- quent est une brute ou un dieu. » Le caractère social de l’être humain était donc bien admis depuis longtemps par les philosophes. Mais la révolution qu’opère Jean-Jacques Rousseau est de considérer que l’homme a vérita- blement besoin des autres pour exister. Les autres ne sont pas seulement un milieu naturel pour l’individu, mais lui sont nécessaires pour accéder à la condition humaine. « Le sauvage vit en lui-même, l’homme sociable, toujours hors de lui, ne sait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est, pour ainsi dire, de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre existence. » Rousseau distingue trois sentiments : l’amour de soi est une notion positive, et correspond au simple instinct de conservation de tout être ; l’amour propre est par contre un sentiment négatif, proche de la vanité, qui nous pousse à nous comparer aux autres, et à nous vouloir supérieurs à eux. Mais le mérite de Rousseau est de ne pas réduire le besoin de relations sociales à ces sentiments de rivalité. Il décrit ce qu’il appelle « l’idée de la considération », qui passe par le regard : « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même. » Autrui est donc nécessaire à ma propre complétude. Ce document est la propriété exclusive de Stella Azevedo (stellazevedo@gmail.com) - 06-02-2015 10 Penser la reconnaissance ADAM SMITH (1723-1790) : LE REGARD DES AUTRES À L’INTÉRIEUR DE NOUS Adam Smith est surtout connu comme économiste, et sa gloire eut pour efet d’occulter le philosophe moral. Il considérait pourtant lui-même sa héorie des sentiments moraux, qu’il publia en 1759, comme un plus grand ouvrage que La Richesse des nations. Comme Jean-Jacques Rousseau, A. Smith voit dans le regard que nous portons les uns sur les autres un moyen d’accéder à l’humanité. Le besoin d’être regardé est même à l’ori- gine de tous les autres besoins. Ainsi, l’homme riche est heureux parce qu’il parvient à attirer le regard des autres sur lui-même. Selon A. Smith, rien ne sert de juger négativement la dépendance de l’individu au regard d’autrui. Il faut accepter cette condition humaine, et même remercier « le créateur très sage de la nature » qui a « établi l’homme, en quelque sorte, comme le juge immédiat du genre humain ». Et donné ainsi naissance aux valeurs de la société, à l’éthique et l’esthétique. Néanmoins, vivre strictement en fonction du jugement des autres, positif de préférence, est vain. A. Smith suggère en fait de se construire un « spectateur uploads/Philosophie/ la-reconnaissance.pdf
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- Publié le Jui 08, 2021
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