See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://ww

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/249008500 Le constructivisme en termes simples Article · May 2007 CITATIONS 6 READS 24,466 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Vers une théorie de l'action, perspective de l'énaction View project Comment développer un agir citoyen en situation d’activité physique et sportive? View project Domenico Masciotra ASCAR inc. http://masciotradomenico.wix.com/ascar 64 PUBLICATIONS 697 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Domenico Masciotra on 20 May 2014. The user has requested enhancement of the downloaded file. Vie pédagogique no 143 Avril • Mai 2007 48 LE CONSTRUCTIVISME EN TERMES SIMPLES par Domenico Masciotra L Le constructivisme est une posture épisté- mologique qui prétend qu’une personne développe son intelligence et construit ses connaissances en action et en situation et par la réflexion sur l’action et ses résultats. La personne appréhende et comprend les situa- tions nouvelles à travers ce qu’elle sait déjà et modifie ses connaissances antérieures afin de s’y adapter. Chaque adaptation à une situa- tion permet d’élargir et d’enrichir le réseau de connaissances antérieures dont dispose une personne et cette progression continue du réseau lui permet de traiter des situations de plus en plus complexes. Le constructivisme est une théorie du con- naître (actif) plus qu’une théorie de la con- naissance (passif) parce que l’action est le moteur du développement cognitif. Le cons- tructivisme s’intéresse donc à la connaissance en action, à l’acte de connaître. À la question « Qu’est-ce que connaître? », le constructivisme répond : connaître c’est s’adapter au nouveau, c’est une question d’intelligence des situations nouvelles. En effet, la fonction de l’intelligence est l’adapta- tion aux situations nouvelles. Une personne s’adapte en faisant l’expérience active de l’en- vironnement. Importance de l’expérience active Une étude célèbre de Held et Hein (1958) fait bien ressortir la différence entre l’expérience active de l’environnement et la perception passive de celui-ci. Ils ont élevé des chatons dans l’obscurité pendant plusieurs semaines, puis les ont soumis à une expérience visuelle dans des conditions contrôlées. Les chatons sont répartis dans deux groupes. Le premier groupe pouvait se déplacer librement et faire activement l’expérience visuelle de l’environ- nement; le deuxième groupe était attelé à un chariot et transporté, ne pouvant que voir passivement l’environnement. Après l’expé- rience, les chatons du deuxième groupe se comportent comme des chatons aveugles. Ils sont incapables de se diriger dans l’espace, se cognent sur les obstacles et tombent. Selon Varela (1993), « cette expérience accrédite la thèse selon laquelle la perception visuelle ne se fait pas grâce à l’extraction d’in- formations dans le monde extérieur, mais grâce au guidage visuel de l’action». En effet, c’est parce qu’il se dirige dans l’espace au moyen de sa perception visuelle que le cha- ton construit l’espace et apprend à s’y dépla- cer. Dans le cas des chatons passifs, leur regard se limite à voir passivement et ne dirige pas leurs déplacements. Dans cette expérience, tout se passe comme si on demandait aux chatons « passifs » de connaître de l’extérieur, d’observer visuelle- ment leur environnement et de se le représenter. Ensuite, on leur demande d’ap- pliquer ce qu’ils auraient ainsi appris. On procède parfois pareillement avec les humains. Ainsi, on enseignait autrefois à na- ger en dehors de l’eau. On suspendait dans un harnais l’apprenant nageur au-dessus de l’eau, et on ne le descendait dans l’eau que lorsqu’il avait accompli correctement le geste technique approprié. La personne se retrou- vait ainsi dans une position similaire à celle du chaton attelé à un chariot. Dans certaines pratiques pédagogiques, l’ap- prenant est relativement passif. À titre d’exem- ple de pédagogie passive, pour enseigner la commutativité, on procède par des exercices routiniers du type suivant : [2 + 3 = 5 donc 3 +2 = ?]; [4 + 5 = 9 donc 5 + 4 = ?] et ainsi de suite. De tels exercices sont répétés pendant un certain temps. Puis l’enseignant informe l’apprenant que l’ordre dans lequel se fait l’addition ne joue aucun rôle et que cela s’ap- pelle la loi de commutativité de l’addition. Ou encore, l’adulte fait l’apprentissage de la commutativité par enseignement programmé (voir le tableau 1). Dans ce dernier exemple, l’apprenant est re- lativement passif; tout ce qui lui est demandé est de transposer un résultat dans chacun des couples d’addition, la réponse lui étant déjà fournie dans la première addition d’un cou- ple. Puis il mémorise la définition de la com- mutativité qui lui est aussi donnée. Il ne se trouve pas à faire une expérience active en situation d’utilisation de ses connaissances arithmétiques. Son expérience ressemble davantage à celle des chatons passifs ou du nageur suspendu dans un harnais au-dessus 1. 2 + 4 = 6 donc 4 + 2 = ? 2. 9 = 4 + 5 donc 9 – 5 = ? 6 3. a + b = c donc b + a = ? 4 4. x = y + z donc x = z + ? c 5. L’ordre dans lequel se fait l’addition y ne joue aucun rôle. C’est la loi de commutativité de l’addition. Cette loi dit que b + a = a + ? 6. Le fait que x + y = y + z se nomme la b loi de la commutativité de 7. Le fait que y + z = z + y se nomme la l’addition loi de la de l’addition 8. La somme de trois nombres ou plus commutativité est la même quelle que soit la manière dont on les groupe 3 + 4 + 6 = (3 + 4) + ? Dans ce type d’apprentissage, l’apprenant ne voit pas la réponse qui est fournie seule- ment à la ligne suivante (la réponse est cachée d’une façon quelconque : par ex. par une feuille de papier). Toutefois la réponse est déjà contenue dans l’information qu’on lui donne avant de poser la question. Ce sont donc des réponses qui sont apprises sans qu’elles résultent d’une expérience active. Tableau 1 : L’apprentissage de la commutativité par enseignement programmé linéaire (tiré de De Montmollin 1971) de l’eau. Bref, son acte d’apprendre en est surtout un de mémorisation d’informations reçues de l’extérieur et une fois l’apprentis- sage réalisé, on espère qu’il pourra restituer ce qu’il aura mémorisé lors d’examens, et éventuellement, de l’appliquer dans des situations de la vie. Piaget (1977, p. 40-41) raconte comment un mathématicien a découvert la commutativité par une expérience active réalisée quand il était petit. Tout jeune enfant, il était en train de compter des cailloux. Il les aligna et les compta en commençant par la gauche, et il en trouva dix. Puis, pour s’amuser, il commença par les compter de droite à gauche, juste pour voir, et il fut étonné d’en compter également dix. Il forma alors un cercle avec les cailloux et se mit à nou- veau à les compter; il y en avait toujours dix. Il fit le tour du cercle de l’autre côté et trouva à nouveau dix cailloux. De quelque manière dont il les disposait, il retrouvait sans cesse le même nombre. C’est ainsi qu’il découvrit ce qu’en mathématique, on appelle la commutativité: c’est-à-dire que la somme est indépendante de l’ordre. Dans cet exemple, la commutativité a été comprise en action et en situation. L’apprenant a appris en appliquant ses con- naissances antérieures (compter, aligner les pierres, les mettre en cercle, etc.). L’acte d’ap- prendre n’en est pas un de mémorisation. Quand une connaissance est apprise en action, elle prend « naturellement » du sens pour la personne et ne nécessite pas d’effort de rétention. Une pédagogie s’inspirant du constructivisme proposerait aux apprenants des situations semblables à celles de cet enfant ou du chaton actif. Chez l’enfant, la perception visuelle guide les actions d’aligne- ment et de comptage. Elle ne tire pas des informations de l’extérieur et traite des résul- tats de l’action propre, les pierres en elles- mêmes n’étant qu’un appui à la pensée constructive. L’apprenant pose donc des actions, puis il réfléchit sur ses actions et leurs résultats et conséquences. Puis, retour à l’action et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il ait construit le concept de commutativité. Apprendre, c’est appliquer ses connaissances antérieures Connaître est un processus actif: c’est activer et appliquer ses connaissances antérieures. Connaître le nouveau se fait toujours à partir de ce qu’on sait déjà en action. La connais- sance se vit et se conquiert en mode d’action. On donne sens aux situations non pas en trai- tant des informations, mais en activant d’em- blée ses connaissances antérieures. Sans cette activation, la situation dans laquelle on se trouve et tout ce qu’elle comprend (objets, personnes, etc.) n’aurait aucun sens. Appren- dre, c’est donc d’abord utiliser ce que l’on sait déjà. L’enfant qui fait son entrée au primaire n’arrive pas vide de toute connaissance; il a déjà tout un bagage cognitif. Il serait faux, par exemple, de croire qu’il ne connaît rien en grammaire, puisqu’il est capable de faire oralement un ensemble infini de phrases grammaticalement uploads/Philosophie/ le-constructivisme-en-termes-simples-article.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager