Commentaire : Le général n'est pas l'universel, Leibniz. L'extrait que nous all
Commentaire : Le général n'est pas l'universel, Leibniz. L'extrait que nous allons étudier provient de l’œuvre Les nouveaux essais sur l'entendement humain écrit par Leibniz en 1704 en réponse à L'essai sur l'entendement humain de Locke. Ainsi Leibniz s'oppose à l'empirisme et à la théorie de la T abula Rasa de Locke dans ce texte. Pour lui la connaissance sensible et les expériences ne permettent pas d'énoncer une vérité universelle, il remet en cause le principe d'induction. Cependant il n'exclut pas l'utilité des sens qui, même s'ils ne mènent pas seuls à la connaissance absolue, servent à l'appréhender. Dans un premier temps nous allons donc étudier sa critique de l'induction, ensuite nous nous intéresserons aux exemples avec lesquels il illustre ses propos et enfin à ce sur quoi doivent alors vraiment se fonder les vérités universelles. De cette façon nous travaillerons sur la problématique posée par le texte qui est celle de la véritable place des sens et de l'expérience dans l'accès à la vérité. Leibniz, pour commencer, nous soumet un questionnement sur la base de la vérité : celle-ci se constitue-t-elle du principe de l'induction, à savoir le passage du cas général au cas universel qui implique donc l'utilisation des sens et de l'expérience, ou alors y a -t-il un autre socle à la vérité ? Il est important d'insister sur le fait que Leibniz pose bien une hypothèse et n'affirme rien à ce stade là en ce qui concerne la pertinence de prendre l'expérience comme fondement, en effet cela est visible grâce aux « si » (« si toutes les vérités dépendent de l'expérience […] ou s'il y en a ... ») Ensuite il explique que si nous sommes à même de prévoir certains évènements sans les avoir jamais expérimentés c'est que cela demande une démarche personnelle. Il est donc capital de s'intéresser à cet investissement qu'il appelle « quelque chose de notre part » : cela se réfère probablement à une initiative intellectuelle qui se base sur la raison, le bon sens et la véritable réflexion. Ainsi Leibniz commence à présenter le fameux « autre fondement » éventuel de la vérité dont il parlait au début et qui ne se base pas sur l'expérience. Il enchaîne ensuite en réfutant totalement la première hypothèse posée qui stipule que les sens sont une des voies qui mènent à la connaissance universelle : en effet ils ne sont pas une condition suffisante pour atteindre la vérité même s'ils sont souvent nécessaires pour constater lesdites vérités. L’auteur les met donc en cause. Pour lui, nos cinq sens sont seulement des outils qui nous permettent d’appréhender le monde dans lequel nous vivons. Grâce à eux nous tirons des informations de ce qui nous entoure mais ces informations ne sont que le résultat d’expériences, uniques et portant sur des points précis, sur lesquelles nous basons une croyance qui à tout instant pourrait s’avérer incorrecte. C'est donc en ce point là que réside la faiblesse de ces critères sensibles. De cette façon si nous nous contentons des sens pour connaître la vérité, nous ne connaîtrons que des «vérités particulières ou individuelles» d'où leur indéniable insuffisance puisque ces vérités là ne font pas foi d'universalité. Il démontre également que les exemples ne sont pas infaillibles, en effet ceux-ci ne peuvent établir un lien de causalité certain entre deux phénomènes. Si plusieurs tests ou expériences corroborent une hypothèse, ce que l’auteur exprime par : « exemples qui confirment une vérité générale », et même si leur nombre est très important, ils ne peuvent suffire à prouver la véracité totale de la conclusion à laquelle ils aboutissent. Ils permettent seulement d’établir un modèle selon lequel les faits se déroulent généralement, jusqu’à preuve du contraire. En d'autres termes des observations fréquemment répétées menant à une même issue ne prouvent pas la réalisation de l’issue dans l’absolu. D'ailleurs Leibniz n'est pas le seul à réprouver le fait de se fonder sur ces critères, en effet c'est également le cas de Bertrand Russell avec son exemple amusant de la dinde inductiviste : en effet ce philosophe du XX ème siècle appuie son opposition à l'aide de l'histoire d'une dinde qui, à force d'avoir été nourrie tous les jours à neuf heures précise dans plusieurs conditions diverses (différents jours de la semaine, qu'il fasse froid ou chaud, qu'il pleuve ou pas…) finit par établir une conclusion quant à l'heure des repas des dindes. En effet elle en arrive à se dire « je suis toujours nourrie à neuf heures du matin ». Pourtant cela se révéla faux puisque le jour de Noël on lui tordit le coup à la même heure. Ainsi le raisonnement inductif mène ici à une conclusion erronée malgré des prémisses toutes vraies, l'induction est donc non fondé logiquement et c'est ce pourquoi ce phénomène ne peut conduire seul à la vérité. Par la suite, Leibniz illustre ses propos par l'exemple. Il choisit pour cela le cas d'une situation qui est source d’erreurs multiples et qui prouve bien que ce qu'on perçoit n'est pas une vérité universelle. En effet les Grecs et les Romains ont remarqué qu'en 24 heures, il y a une alternance du jour et de la nuit. Ainsi les peuples ont généralisé en disant que ce phénomène était constatable partout ailleurs. Ce fait observable, donc sensible se retrouve de cette manière supposé être sans fin par l'ensemble des hommes : il s'agit alors d'une induction. Or ce qui est affirmé est faux puisque dans d'autres contrées peu connues le phénomène d'alternance n'a pas lieu en 24 heures : « mais on se serait trompé […] puisque depuis on a expérimenté le contraire à Nova Zembla ». Leibniz propose ensuite le cas d'une personne qui croirait qu'à défaut d'être universelle, cette constatation sera toujours valable « dans nos climats au moins » c'est-à- dire en Europe et il dénonce encore son induction : "une vérité nécessaire et éternelle qui durera toujours" alors que le phénomène pourrait très bien s'arrêter. Effectivement, puisque « celui-là qui se tromperait encore» voit depuis sa naissance le jour succéder à la nuit il croit qu'il ne peut pas en être autrement, et que c'est un lien nécessaire alors que ce n'est pas forcément le cas. Leibniz montre également le conservatisme de cette personne et son refus de douter par le pléonasme "vérité […] éternelle qui dure toujours". Ici encore son affirmation se révèle être fausse bien qu'elle ait été limitée par une condition de lieu quant à sa fiabilité. Pour bien démontrer ceci Leibniz émet quelques hypothèses par le jugement , c'est-à-dire en faisant appel à la raison. Il affirme que la "terre et le soleil [....] n'existent pas nécessairement", ceux-ci n'étant pas liés de manière nécessaire : l'un ou l'autre pourrait disparaître et mettrait ainsi fin au phénomène observé. Leibniz explore aussi d'autres pistes qui démentissent cette croyance : le soleil pourrait également changer de forme et il en est de même pour tout le système solaire. De cette manière l'auteur prouve bien que les faits constatés ne peuvent établir à eux seuls une vérité : les sens ont clairement une limite. En effet si on reste dans le même registre nous pouvons voir le soleil se coucher à l'ouest tous les jours et pourtant nous savons actuellement que nos sens nous trompent. Grâce à des connaissances acquises au fur et à mesure nous pouvons nous rendre compte ce qui nous apparaît être un mouvement du soleil n'est qu'une illusion . Ce qui se passe réellement est un mouvement coordonné de planètes qui nous donne l'impression que le soleil se couche à l'ouest pour revenir le matin à l'est alors que la terre tourne sur elle- même d'une façon qui ne nous est pas perceptible mais que les mathématiques peuvent nous révéler. Nous sommes donc trompés deux fois par nos sens : une fois par la vue et une autre par les sensations cénesthésiques qui ne nous permettent pas de percevoir le mouvement de la terre sur elle-même. Enfin il place la « raison » comme principe d'acquisition des connaissances. Il illustre ce qu'il avance en évoquant les mathématiques pures dont l'arithmétique et la géométrie qui ont « des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquent du témoignage des sens ». En effet dans les sciences à priori, c'est à dire n'utilisant que la raison, on réalise des abstractions à partir de la réalité. Les fondements des mathématiques sont reconnus comme des vérités, pas des exemples. Leibniz différencie donc la preuve de l'exemple avec insistance. Les exemples font référence à quelque chose de vécu, vu, entendu, éprouvé... Ils viennent du sujet sensible et sont par conséquent complétement subjectifs. Ce ne sont pas des preuves mais des opinions qui servent à persuader. Mais les vérités nécessaires, comme les sciences pures doivent reposer sur des preuves, des éléments objectifs, qu'on peut démontrer avec la médiation de la raison en toute circonstance. Cependant, les sens sont nécessaires à la recherche des vérités nécessaires et il ne nie en uploads/Philosophie/ le-general-n-x27-est-pas-l-x27-universel-leibniz.pdf
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- Publié le Jul 12, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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