LOÏCK ROCHE LE MANAGER, LE MIGRANT ET LE PHILOSOPHE CHRONIQUES DE LA PAIX ÉCONO
LOÏCK ROCHE LE MANAGER, LE MIGRANT ET LE PHILOSOPHE CHRONIQUES DE LA PAIX ÉCONOMIQUE PUG Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a, d’une part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle. Couverture et maquette intérieure: Corinne Tourrasse Relecture: Ségolène Marbach Mise en page: Catherine Revil © Presses universitaires de Grenoble, septembre 2019 15, rue de l’Abbé-Vincent – 38600 Fontaine pug@pug.fr/www.pug.fr ISBN 978-2-7061-4350-2 (e-book PDF) ISBN 978-2-7061-4351-9 (e-book ePub) L’ouvrage papier est paru sous la référence ISBN 978-2-7061-4349-6 Déjà paru dans la collection Débats L. Roche, La théorie du lotissement. Les clés pour réussir le monde de demain, 2016 Av ant-Propos ● Ce recueil de chroniques débute le 15 novembre 2015. Deux jours après les attentats du 13 novembre 2015. Bien sûr, les mots ne pèsent rien. Simplement, ils témoignent. Ils disent que nous sommes là, silencieux, impuissants à aider, mais présents. Aux côtés des victimes, aux côtés des familles. De nombreuses chroniques suivront. Sur le l tendu d’une actualité souvent grave, parfois, c’est heureux, plus légère. Chocs et entrechocs des temps, jusqu’à l’indécence, où le plus beau succède au pire, et le pire au plus beau. Ces chroniques s’achèvent le 1er mars 2019 par un article en réaction aux attentats antisémites du mois de février 2019. Dans l’intervalle, je me suis laissé bousculer au rythme fou des événements: la guerre en Syrie, l’élection du président Trump, l’avènement de La République en marche, la Coupe du monde, les Gilets jaunes, l’Europe, la montée des extrêmes… Pour toile de fond, j’ai écouté cet autre rythme, plus régulier, plus sourd, que scandent les grands dés humains. Je pense à la préservation de notre environnement, à la sourance au travail, aux crises migratoires, au vivre- ensemble… Je pense aux déserts médicaux, à la politique de la ville, à l’éducation pour tous, à l’égalité entre les femmes et les hommes… Enn, lorsque l’actualité feignait de prendre une pause, j’ai travaillé, cette fois à mon propre rythme, pour écrire: sur ce que veut dire aimer, ce qui fait pleurer les hommes, ce que veut dire s’engager, sur la solidarité. J’ai écrit sur la joie, la volonté, le risque, le management, le leadership, le temps, la durée… Pour ces chroniques, je n’ai pas été seul. Des historiens, des scientiques, des économistes, et même des politiques, m’ont accompagné. Surtout, pour éclairer le temps présent, j’ai avancé avec des philosophes. Je pense à Bachelard, à l’évidence du lien tissé avec ce qu’on appelle aujourd’hui la formation tout au long de la vie. Je pense à Kant, à Montesquieu, au regard qu’ils auraient pu porter sur le réchauement climatique. Je pense aux commentaires inquiets et critiques de Jean-Paul Sartre s’il avait pu, malgré lui, vivre les dernières élections américaines. Je pense à Albert Camus, au Mythe de Sisyphe, un livre que je considère comme le plus grand dans le domaine du management, et cette terrible phrase dès la première page: «Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir.» J’ai pris appui sur les ouvrages de grands écrivains. Je pense à érèse Desqueyroux, de François Mauriac, que je tiens comme l’un des écrits de référence, cette fois dans le domaine du développement personnel. {érèse, qui vit à «Argelouse, un de ces lieux desquels il est impossible d’avancer. […] Ici, toutes les voitures sont à la voie, c’est-à-dire assez larges pour que les roues correspondent exactement aux ornières des charrettes, toutes nos pensées sont à la voie» et fait sien le discours de Jean Azévédo qui lui décrit un «royaume dont la loi eût été de devenir soi-même». Autre ouvrage sur le développement personnel, peut-être plus fort encore, Monsieur Teste de Paul Valéry. Dès les premières lignes, la réussite pour la réussite est exécutée. Paul Valéry lui fait son aaire. «Chaque grand homme est taché d’une erreur. […] En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible […] Il va jusqu’à comparer les jeux informes de la gloire à la joie de se sentir unique.» Je pense, dans un tout autre registre, au Médecin de campagne de Balzac. On y suit le docteur Benassis qui en dix ans, par sa capacité à diriger et mettre en œuvre une stratégie de croissance qui repose sur l’innovation, va redonner vie à un territoire délaissé et du sens aux relations qui doivent être tissées entre l’économie, la culture, l’éducation, le social et, déjà, l’environnement. Ces chroniques, écrites sur presque quatre ans, pour certaines très brutes d’émotion, ne se veulent pas un rappel du passé mais une réexion pour penser le futur. À entendre aussi pour panser le futur, ce qui veut dire porter attention, prendre soin de ce que nous voulons pour l’avenir si nous ne voulons pas avoir un jour à réparer ce qui arrivera. Ce qui veut dire réussir, par une meilleure connaissance de nous-mêmes, par une meilleure connaissance du monde qui est le nôtre, à composer avec ce que Ricœur appelait nos idées-limites et nos actions qui ne nous permettent pas toujours de faire le bien que l’on voudrait mais font parfois le mal qu’on ne veut pas. Panser le futur, c’est comprendre que nous devons d’abord apprendre à nous protéger de nous-mêmes, apprendre à nous garder de nos penchants naturels. Comprendre, si nous voulons réussir demain, que nous devons, dès maintenant car il n’y a plus une minute à perdre, inscrire nos idées et nos actions dans un cadre. Un cadre à construire et à partager qui a pour nom l’éthique. L’éthique, ce n’est pas seulement la responsabilité sociale et sociétale dont se sont emparées les organisations. Ce n’est pas seulement le développement durable. Non, explique Raphaël Einthoven, l’éthique, «c’est la capacité à penser la place de l’autre», le «caractère de ce qui est autre», comme Levinas dénissait ce concept. Plus ambitieux, il me semble que l’éthique, c’est d’abord apprendre à penser l’autre. Tiens, tiens… Et si, là aussi, c’était à entendre à panser l’autre? Savoir prendre soin de l’autre, de ce prochain qu’il faut comprendre, non pas comme le plus proche de soi – la belle aaire que de prendre soin des plus proches – mais comme le prochain qui passe. Un autre ou un prochain qui, entre autres représentations, porte aujourd’hui le visage du migrant. À l’intérieur de ce cadre, j’ai souhaité, au l de ces chroniques, décliner des lignes de force. Pour les plus évidentes, vous reconnaîtrez – prolongement des questions de management, de la paix économique, de la question sociale des migrants – ce que j’ai appelé la théorie du lotissement1. Dans un lotissement, comme vous le savez, ma maison a d’autant plus de valeur que la maison du voisin a de la valeur. Plus la maison du voisin est belle, plus elle donne de valeur à ma propre maison. À partir de là, nous comprenons très facilement, et cela doit être vrai des personnes, des organisations, des entreprises, et même des États, qu’on ne crée jamais de valeur, qu’on ne grandit jamais sa propre maison en étêtant la valeur ou le faîte des autres maisons. Autre ligne de force – qui là aussi, fait prolongement des questions de management, de notre relation aux autres, et des nouvelles formes de liens que nous devons tisser entre les organisations – ce que j’ai appelé une écologie humaine. Oui à l’écologie bien sûr, mais pour que cela fonctionne, il faut d’abord travailler à une écologie humaine. C’est parce que l’on sera capable de mettre, pour de bon, les hommes et les femmes au centre de nos préoccupations, c’est parce que l’on sera capable de mettre en place les conditions d’une paix économique et sociale saine que l’on pourra, sur ces fondements, et dans le même temps, agir avec une réelle ecacité sur l’environnement et le vivant sous toutes ses formes et donc, créer de la valeur pour un monde plus responsable et plus durable. Si nous ne nous remettons pas profondément en cause; si nous ne bouleversons pas notre système de valeurs; si nous ne changeons pas radicalement de méthode; si nous n’investissons pas très fortement et d’abord sur l’humain, comme je ne cesse de le répéter tout au long de ces chroniques, pour construire une vraie capacité d’agir sur notre environnement; si nous ne comprenons pas que nous avons le devoir de répondre à la uploads/Philosophie/ le-manager-le-migrant-et-le-philosophe.pdf
Documents similaires










-
38
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 21, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.1657MB