Le positivisme Le positivisme est une doctrine philosophique fondée par Auguste
Le positivisme Le positivisme est une doctrine philosophique fondée par Auguste Comte. Le terme de positivisme a été créé par A. Comte lui-même pour désigner son système qu'il croyait absolument nouveau. Philosophie positive, Politique positive, tels sont les titres des deux principaux Cours d'A. Comte. Depuis, le terme s'est étendu au point de ne plus enfermer, dans l'usage courant, qu'une signification assez lâche : prévention contre la métaphysique ou la religion , méfiance à l'égard des grandes hypothèses, ou même simple disposition de l'esprit à ne s'attacher qu'aux certitudes les plus immédiates et aux biens les plus concrets. De là vient sans doute qu'on ne voit trop souvent dans le positivisme qu'un effort pour constituer la science indépendamment de toute métaphysique, une forme à peine nouvelle du relativisme antique et de l'empirisme ou du criticisme modernes. Or le positivisme n'est pas une simple philosophie de la science, c'est une sociologie fondée sur la science et aboutissant à une religion. Quelle que soit la valeur de cette conception, Comte eu est bien l'auteur original. Ce n'est pas à dire qu'il ne reconnaisse aucune dépendance à l'égard du passé. C'est bien au contraire la filiation entière des grands penseurs qui aboutit au positivisme. Kant et surtout Hume, Condorcet et Joseph de Maistre, Bichat et Gall, tels sont, de son propre aveu, les « six prédécesseurs immédiats » de Comte, au triple point de vue philosophique, politique et scientifique. Par eux, il rejoint les « trois pères systématiques de la philosophie moderne », Fra(ncis Bacon, Descartes et Leibniz. Au delà, le Moyen âge lui semble condensé dans saint Thomas, Roger Bacon et Dante qui le conduisent « au prince éternel » des penseurs, « l'incomparable Aristote ». Il faut en toute justice ajouter à cette liste le nom de Saint-Simon, qui fut le véritable inspirateur de A. Comte, bien que des ressentiments personnels aient empêché celui-ci de rendre hommage à son maître. Philosophie positive 1° Méthode générale. - « Positif, dit Comte, est la même chose que réel et utile.» Science du réel, la philosophie positive devra être utile, et renoncer aux stériles spéculations. Quel sera donc son objet? De mettre fin à l'anarchie politique et intellectuelle, de conduire à l'harmonie sociale en rétablissant l'harmonie entre les intelligences ,telle que l'avait réalisée le christianisme au XVIe siècle. Il faut, à cet effet, renoncer aux hypothèses arbitraires qui ont jusqu'ici égaré les philosophes. Les uns, les théologiens, expliquent les phénomènes par action d'une ou de plusieurs volontés supérieures aux phénomènes. Les autres, les métaphysiciens, admettent des causes premières ou finales, des essences et des entités et croient par la raison atteindre l'absolu. Le positiviste s'en tiendra aux réalités «appréciables à notre organisme », c.-à-d. aux phénomènes perçus par les sens et à leurs lois. Une telle philosophie sera sans doute toute relative, puisqu'au lieu de déterminer des causes elle ne saisira que des relations constantes entre des faits, mais elle sera utile, puisqu'elle permettra de prévoir et d'agir sur la nature; elle sera organique, car l'invariabilité et la concordance que nous observons entre les lois de la nature imprimeront au savoir un caractère croissant d'unité et de simplicité. C'est ainsi que la loi de la gravitation, fondée sur l'expérience, permet de ramener à une formule extrêmement simple une prodigieuse variété de phénomènes astronomiques. La philosophie au lieu de se perdre en recherches sur la nature, la cause première ou la destination dernière de l'attraction, considérera cette loi comme aussi réelle que les faits qu'elle régit et s'élèvera de lois en lois, de généralisations en généralisations, à une conception systématique, pratique et précise de l'univers. 2° Loi des trois états. - Cette évolution de la philosophie n'est elle-même qu'un cas particulier de la loi d'évolution à laquelle l'humanité tout entière est soumise dans toutes ses manifestations actives. L'humanité passe nécessairement par trois états successifs : l'état théologique ou fictif, dans lequel elle se croit gouvernée par des puissances concrètes, personnelles, dieux , démons , génies ; l'état métaphysique, ou abstrait, qui substitue aux êtres surnaturels des concepts abstraits, le chaud, le sec, le vide, le bien; enfin l'état positif ou scientifique, qui ne reconnaît d'autre absolu que ce principe : rien n'est absolu. Ces trois états correspondent à l'enfance, à la jeunesse et à l'âge adulte de l'humanité, et l'individu lui-même est successivement « théologien, métaphysicien et physicien ». Les sociétés passent par les mêmes phases. Enfin chaque science est soumise à la même loi de développement. La physique, par exemple, a tour à tour expliqué les phénomènes par l'action surnaturelle, les entités abstraites et la liaison causale. 3° Classification des sciences. - Nous arrivons ainsi par une transition toute naturelle à la célèbre classification des sciences de Comte. L'histoire des sciences nous apprend en effet que les sciences ne se sont pas affranchies parallèlement des états théologique et métaphysique. Les mathématiques ont, dès l'Antiquité, conquis leur méthode définitive. L'astronomie reçoit la sienne de Kepler et de Galilée, la physique de Bacon et de Descartes, la chimie de Lavoisier, la biologie de Buffon, Cuvier, Linné, Geoffroy-Saint-Hilaire; enfin, c'est à Comte lui-même que la sociologie doit de s'être élevée à la dignité de science positive. Or cet ordre de développement, en apparence incohérent, n'est pas dû au caprice de l'accident. Il repose sur un ordre profond, il n'est que l'expression de la subordination logique des diverses parties du savoir humain. Nous touchons ici à la découverte capitale de Comte, celle de la hiérarchie des sciences. Chacune des sciences que nous venons d'énumérer est apparue à son heure, parce qu'elle suppose la précédente et qu'elle est la condition des suivantes. C'est ainsi que la chimie, indispensable à la biologie, s'appuie elle-même sur la physique. Cette hiérarchie, n'est enfin à son tour que l'expression de la dépendance naturelle des phénomènes; les phénomènes les plus simples et les plus généraux sont le fondement sur lequel viennent s'établir les plus généraux et les plus particuliers. Généralité décroissante et complexité croissante, tel est donc l'ordre qui détermine la classification des sciences aussi bien que celle des phénomènes. Rien de plus simple ni de plus général que les rapports de quantité, rien de plus complexe ni de plus individuel que les phénomènes sociaux. On remarquera que Comte n'a pas réservé de place spéciale à la logique. Chaque science particulière a sa logique spéciale, sa méthode propre qu'on ne saurait isoler; la logique abstraite des métaphysiciens n'atteint pas le réel et n'apprend pas à penser juste. Quant à la psychologie, Comte la réduit à n'être qu'un chapitre de la biologie dont elle empruntera la méthode d'observation-expérimentale. La méthode d'observation interne, préconisée par les philosophes, lui paraît radicalement absurde, parce que l'esprit ne peut s'isoler complètement du dehors sans tomber dans le repos absolu, dans l'inconscience. La classification donne la clef de la philosophie générale des sciences. Mais chaque science particulière a sa philosophie propre, qu'Auguste Comte a longuement étudiée. «La mathématique est à la source de toute positivité», la science par excellence, car elle établit entre les données qui lui sont propres des rapports de détermination plus rigoureux qu'aucune autre science. Elle rend aux autres sciences les services que les philosophes attendent ordinairement de la logique, car elle donne le type parfait ou tout au moins l'analogue de tous les modes de raisonnements. Il est vrai que, pour A. Comte, la mathématique est déjà une science du réel. L'espace n'est plus le lieu idéal où le géomètre construit des figures imaginaires c'est un milieu fluide très subtil, la surface une lame très mince, la ligne un fil très délié. Il divise la mathématique en mathématique abstraite (algèbre), mathématique des nombres (arithmétique) et mathématique concrète qui est statique (géométrie) ou dynamique (mécanique). L'astronomie est une application immédiate de la mécanique. Elle est à bon droit la première des sciences de la nature, par sa précision toute mathématique d'abord, ensuite par sa généralité. Car les phénomènes physiques qui se passent sur la Terre dépendent de la condition astronomique de cette planète. Elle se divise en géométrie céleste et mécanique céleste. Comte en exclut l'étude des étoiles qui échappe aux déterminations précises du calcul. La physique est la science des propriétés les plus générales des corps. Moins précise déjà et plus complexe que l'astronomie, elle est tenue de recourir à l'expérimentation, mais elle aboutit à des formules rigoureusement mathématiques qui lui permettent de commander à la nature. Elle comprend, suivant l'ordre de complexité croissante, la barologie, la thermologie, l'acoustique, l'optique, l'électrologie. La chimie, encore bien imparfaite, a l'avantage d'être nantie d'une langue bien faite qui lui est propre et constitue sa véritable méthode, la nomenclature rationnelle. La biologie s'est à peine dégagée de la méthode théologique qui expliquait le monde par l'humain. Il s'agit désormais d'expliquer l'humain par le monde, c.-à-d. de ramener les phénomènes de la vie à des lois générales. Toutefois la vie résulte à la fois de l'action du milieu ambiant et d'un processus interne de fonctions réciproques. Elle a donc ses lois propres et irréductibles en même temps qu'elle subit celles de uploads/Philosophie/ le-positivisme.pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 11, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1554MB