Dans la même Le vocabulaire de Bergson, par Frédéric Le vocabulaire de Berkeley

Dans la même Le vocabulaire de Bergson, par Frédéric Le vocabulaire de Berkeley, par Philippe Le vocabulaire de Fichte, par Bernard Bourgeois Le vocabulaire grec de la philosophie, par Ivan Gobry Le vocabulaire de Hegel par Bernard Bourgeois Le vocabulaire de Heidegger, par Jean-Marie Vaysse Le vocabulaire de Hume, par Philippe Saltel Le vocabulaire de Kant, par Jean-Marie Vaysse Le vocabulaire de Maine de Biran, par Pierre Montebello Le vocabulaire de Platon, par LucJBrisson et Jean-François Pradeau Le vocabulaire de saint Thomw d'Âquin, par Michel Nodé-Langlois Le vocabulaire de Schopenhauer, par Alain Roger Le vocabulaire de Spinoza, par Charles Ramond ISBN 2-7298-5830-X © Ellipses Édition Marketing S.A., 2000 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5.2° et 3°a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes cita­ tions dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (Art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefa­ çon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Le vocabulaire utilisé par Hegel est, dans ses termes, très simple, composé qu’ il est des mots de la langue la plus populaire. Le penseur l’a, d'ailleurs, voulu expressément tel : il combat, en philosophie, l'emploi de termes abstraits, surtout fabriqués par le philosophe s'imaginant à tort qu'il a à dire autre chose que la vie et, donc, à le dire par d’ autres mots que ceux dont celle-ci se sert. La philosophie vraie, spéculative, doit refléter ce qui est, et elle doit l'exprimer dans la langue ordinaire. Pour Hegel, la plus haute culture d’ un peuple requiert de tout exprimer dans la langue familière, et cette exigence s'adresse d'abord à la philosophie, cime de la culture. Aussi, le vocabulaire hégélien est-il par principe porté par le vocabulaire basique allemand : Sein (être), Werden (devenir), Etwas (quelque chose), etc. ; il promeut des expressions courantes : an sich (en soi), für sich (pour soi)... Cette grande familiarité lexicale du discours de Hegel fait contraste avec la non moins grande difficulté que ce discours oppose à sa compréhension. Et pourtant, puisque la syntaxe et le style d'un tel discours, en leur particularité formelle (complexité et densité de la phrase, par exemple), ne heurtent pas foncièrement le discours usuel, il faut bien chercher la raison essentielle de la difficulté en question dans la mise en réseau discursive proprement hégélienne du contenu morphologique. Cette mise en réseau, qui exprime la pensée en son inventivité singulière, insère les mots dans des relations variées, parfois surprenantes, en exploitant leur sens tissé dans leurs entrecroisements au sein de l'expérience pensante linguistiquement objectivée du monde. C'est ce potentiel pensant des mots bien connus de la langue qui est, lui, non connu par la conscience ordinaire, et même philosophante, happée par les choses et ne réfléchissant pas sur elle-même, dans sa mobilisation alors insuffisante de ce qui peut et doit être pensé en elle pour que soit pensable sa propre possibilité telle qu’ elle s'exprime. C’ est lui que la philosophie spéculative peut et doit, selon Hegel, actualiser en le développant scientifiquement. Ce développement de la pensée qui n’ est que dans le langage qui, lui, n’est que par elle, explicite son pouvoir originairement dialectique : un mot qui a un sens est, en lui-même, rapport différentiel, négatif, aux autres, et spéculatif : ces rapports se totalisent dans 3 leurs termes. La langue allemande est, pour Hegel, de ce point de vue, privilégiée, elle qui fait dire en l’ un de ses mots une telle vertu dialectico- spéculative de tous : aufheben dit bien identiquement la différence de erhalten (conserver) et aufliören lassen (faire cesser). La philosophie hégélienne a alors voulu faire se dire dans son discours explicitement totalisé le génie dialectico-spéculatif qui fait parler la conscience commune. Un Vocabulaire de Hegel doit, par conséquent, lui-même s'efforcer de déployer, en chacun des articles retenus, et dans la perspective définie par chacun des mots expliqués, la totalisation articulée et hiérarchisée de leurs sens. Voulant actualiser en lui-même la signification proprement philosophante du vocabulaire hégélien, il imposera au lecteur la répétition d'un seul et même exercice de pensée, puisque, dans chaque article, c'est le même tout pensé et dit qui se dit singulièrement. Il est vrai que penser Hegel, c'est le repenser, toujours ! 4 Absolu * L'absolu, « en tant qu'il doit exprimer Dieu dans le sens et dans la forme de la pensée » (E, SL, § 85, p. 348), ne peut cependant pas être saisi comme étant en rapport avec ce qui serait radicalement autre que lui, ainsi que la religion se représente parfois Dieu. Car il désigne ce qui est absous, délié, sans lien ou relation avec quoi que ce soit d'autre qui le limiterait ou délimiterait. Il ne peut donc pas être déterminé, fixé ou rivé à une détermination ; mais pas non plus être indéterminé, ce qui le déterminerait face aux déterminations, lesquelles, même en tant qu'apparences, seraient alors quelque chose d'autre que lui. Il n'est donc lui-même que s'il a en lui les déterminations, et toutes les déter­ minations, qu'il totalise activement en lui en les maîtrisant, en les relativisant. ** L'absolu, qui n'est pas autre que le relatif puisqu'il pose bien plutôt en lui comme son contenu la totalité du relatif, est donc le sujet de toutes les déterminations idéelles (logiques) et réelles (naturelles et spirituelles), de la plus pauvre et abstraite : l'être (qui peut être dit de tout), à la plus riche et concrète : l'esprit pleinement transparent à lui-même dans le savoir philosophique achevé (qui ne peut être dit que du tout). Si l'absolu, l'un qui est le tout, n'est pas pris dans une différence d'avec autre chose, il se différencie ou détermine en lui-même. Il affirme par là son identité à soi dans les différences ou déterminations ainsi à la fois posées et niées comme telles en lui par lui-même : elles ont la réalité irréelle ou idéale de simples « moments » (aspects) de lui-même. La dernière d'entre elles est telle qu'elle ne renvoie pas à une autre, mais à elle-même, le contenu alors totalisé des précédentes, et qu'elle est donc l'absolu lui-même posé comme tel, l'absolu présent à lui-même dans le savoir absolu de lui- même. *** Alors que Kant affirmait que la connaissance humaine ne saisissait que du relatif, l'absolu lui échappant définitivement comme une « chose en soi », Hegel installe d'emblée, de même que tout être, l'homme connaissant au sein de l'absolu. Et cela, à la place privilégiée qui lui est impartie, car il est déterminé comme participant au savoir de soi de l'absolu. Le savoir a toujours pour contenu l'absolu, mais qui se manifeste d'abord selon les moments, en tant que tels, relatifs, de lui- même — la Phénoménologie de l'esprit en expose la progression —, avant de se manifester comme l'absolu se manifestant dans la 5 philosophie spéculative accomplie par Hegel comme Encyclopédie des sciences philosophiques. Contre toutes les théories rabaissant la connaissance à un simple intermédiaire (instrument ou milieu) déformant extérieurement l’ absolu, Hegel en fait un moment de celui-ci, la prése à soi où il est vraiment lui-même. Comme le souligne 1 introduction üe la Phénoménologie de l'esprit, nous ne saurions rien, même de relatif, de l'absolu, « s’ il n’ était pas et ne voulait pas être, en et pour lui-même, déjà auprès de nous » (Phgie, Introduction, p. 181). L’absolu, identité à soi qui se différencie d’ avec elle-même et s'identifie à elle-même dans les différences ainsi posées, en se faisant par là totalité, n’ est donc que par ce moment médian de lui-même en lequel il s'oppose à sa massivité comme relation à soi. Certes, parce qu’il est fondamentalement identité, il est exprimé essentiellement par son premier et son troisième moment, le moment d'entendement et le moment spéculatif, tandis que son deuxième moment, le moment dialectique (voir ci-dessous les articles : Dialectique, Entendement, Spéculatif ), le fait paraître comme son Autre, mais c’ est par ce moment de la relativité dialectique qu'il est vraiment ce qu'il est (l'Un qui est Tout), de même que, pour Hegel, le vrai Dieu est celui qui, dans la « religion absolue » du christianisme, assume en lui sa propre mort. Aliénation (Entäusserung-Entfremdung) * Action de se dessaisir (ent-) de quelque chose en le rendant extérieur (-üusserung) ou étranger (-fremdung) à soi. En sa première modalité, l'aliénation est davantage formelle (le contenu de ce dont on se dessaisit est maintenu) ; suivant la seconde, elle est davantage matérielle (le contenu en question est changé au point de devenir étrange pour celui qui s'en dessaisit). L'aliénation d'une chose (vente d'une propriété) la laisse subsister telle quelle uploads/Philosophie/ le-vocabulaire-de-hegel.pdf

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