1 La véritable histoire du zen racontée à Gaïd (Pour se débarrasser de l’empris

1 La véritable histoire du zen racontée à Gaïd (Pour se débarrasser de l’emprise néfaste des livres, des concepts et des pensées) Lin tsi -- 780 ( ?) 867 -- « Les entretiens de Lin tsi » (9ème s.) forment un recueil d’anecdotes concernant le grand maître zen du subitisme, Lin tsi, transcrit par son disciple San cheng. C’est à partir de Matsou (709-788) que les dires et les comportements des maîtres zen enseignant le subitisme ont commencé à être relatés et transcrits. Ces récits, illustrant le Djâna de Bodhidharma, se répandirent comme une traînée de poudre dans toute la Chine. Le nombre des chapitres de ces entretiens est variable. Le sinologue Paul Demiéville en a fait une compilation exhaustive qu’il a traduite en français sous le titre des Entretiens de Lin tsi (Ed. Fayard) dans les années 70. Mais, si Demiéville connait bien le chinois il ignore la sémiologie, « la science des systèmes de communications par des signes linguistiques… ou non ». Ce qui nous semble pourtant être le principe incontournable pour traduire des textes zen illustrant à la lettre, peut-on dire, « le degré zéro de l’écriture » de Roland Barthes lequel sémiologue, a magistralement 2 compris le subitisme du zen dans son essai L’empire des signes. On se doit de comprendre, précise-t-il, « que les signes sont vides » ce qu’affirment précisément les textes zen. Mais Demiéville non seulement ignore la sémiologie mais il affirme étourdiment que zen vient du sanscrit Dhyâna, méditation. Lourde erreur philologique (mais ce n’est pas la seule) car le zen ne vient pas du sanscrit Dhyâna mais, du pâli Djâna, absorption subite. Le pâli était une langue parlée autrefois aux Indes et c’était justement la langue du Bouddha historique. C’est à la disparition du pâli, vers le cinquième siècle de notre ère, que le mot pali Djâna fut traduit erronément par le terme sanscrit Dhyâna, méditation. Bodhidharma ne se soumit pas à cette tragique modification linguistique. Bodhidharma choisit donc de partir en Chine enseigner le Djâna subitiste du Bouddha, qui est l’inverse de la méditation par les textes, Dhyâna. Le mot pâli Djâna, à partir donc de Bodhidharma, a donné la prononciation chinoise Tchanna (la dentale chinoise T se substituant à la dentale pâli D) puis, par apocope, Tchanna se réduisit à Tchan, caractère qui se prononce zen en japonais. Demiéville ne peut comprendre le subitisme de Bodhidharma, de Houei neng, de Matsou puisqu’il croit que zen signifie méditation. Il ne connait pas non plus L’empire des signes de Roland Barthes qui justement distingue très précisément la méditation intellectuelle 3 Dhyâna du subitisme zen Djâna. Lacan avait Demiéville pour professeur de chinois, mais lui, dépassant sans conteste son maitre, savait pertinemment que le subitisme est l’inverse de la méditation intellectuelle parce que, psychanalyste, il savait que l’inconscient relève du subitisme : Quand on fait un lapsus, un rêve ou un acte manqué, c’est immédiat et non pas réfléchi, calculé ou raisonné. De plus, le système inconscient est structuré de la même façon que les sinogrammes chinois : « idéogramme, pictogramme et phonogramme » lesquels correspondent à l’inconscient (le phonogramme), l’imaginaire (le pictogramme) et le symbolique (l’idéogramme). Mais Demiéville ne sait pas compter jusqu’à trois. Ce qui est un sérieux handicap pour des textes qui ne relèvent pas de l’ontologie mais de la pulsation temporelle, autrement dit l’inconscient. Lacan ouvre son séminaire en assimilant le zen subitiste et l’inconscient de la psychanalyse qui comme le zen ne s’exprime que subitement (Les Ecrits techniques de Freud, p. 9) : « Le maitre (de zen) interrompt le silence assourdissant de la métaphysique ordinaire et de ses dérives dans la pathétique banalité de nos existence, par n’importe quoi, un sarcasme, un coup de pied… ». Cette méthode qui dénie toute forme de méditation intellectuelle ou de réflexion métaphysique caractérise le zen. Le maître 4 Matsou (l’aïeul subitiste de Lin tsi) tordait le nez, tirait les cheveux, donnait des coups de bâton où des coups de pieds dès qu’on émettait des explications discursives concernant le Bouddhisme. Lin tsi comme lui utilisait la gifle et le bâton mais il est connu pour être le virtuose sinon le créateur du « khât » qui est une sorte d’aboiement destiné à rompre tout propos qui ne relève pas de Djâna, l’absorption subite. Comme dit Lacan, « l’inconscient ça cogne ». Le khât est une éructation qui prononce le kh comme l’ach allemand avec en finale un t implosif. Le khât est l’exemple type du signe vide sémiologique qui produit une scansion, un désarçonnement, un déplacement dans le vide sans lequel tout savoir discursif est condamné à rester ontologiquement aveugle et muet, enlisé dans le lieu même d’où il parle. C’est à partir du khât, signe phonétique du vide, que l’on doit traduire Les entretiens de Lin tsi, parce que si on les traduit à partir seulement des idéogrammes, les autres signes qui les composent ne se réfèrent plus qu’au principe ontologique que dément justement par principe le zen. Il n’y a plus que des situations obsolètes voire incompréhensibles et qui font perdre l’efficience de la parole de Lin tsi. La chose s’aggrave encore si, comme Demiéville et consort, on confond Djâna, l’absorption immédiate, le zen de Bodhidharma, avec le Dhyâna de la méditation 5 discursive, qui est le Bouddhisme des textes. La compilation de Demiéville ne se constitue donc pas une œuvre historique mais un travail d’hystérique, c’est-à- dire une production de savoirs mais qui dénie toute jouissance. La plupart des chapitres que Demiéville présente sont redondants avec un abus de notes qui obscurcissent la parole de Lin tsi et lui font perdre son message spécifique. Demiéville, sans doute, doit avoir dans son bureau une statue de Bouddha dont il peut nous parler de sa provenance rare et de la date de sa création. Il l’admire, la regarde mais il ne voit pas ce qu’elle montre depuis toujours : la posture de Bouddha est le nirvana lui-même ou l’absorption subite du zen (le djâna). Il ne la voit pas, pas plus que les textes ne le lui font entendre. Il est sourd et aveugle au subitisme. S’il avait quelque curiosité philologique il pourrait se demander que signifie Bouddha, Le mot vient de la racine verbale « budh » qui signifie « éveillé », mot dont la racine est « weg » qui signifie « vigueur », « force vitale », et si l’on se demande qu’est-ce que la force vitale », bien obligé de dire que c’est le sexe. D’où la conclusion : Bouddha signifie bander. On comprend que le Bouddha sourit tout le temps, il est en permanence dans la jouissance. C’est que le nirvana est la jouissance et le désir la souffrance puisque par définition le désir ne désire que ce qu’il n’a pas. Si l’on veut redonner son 6 sens au Bouddhisme zen il est indispensable d’abord de ne plus traduire zen par méditation spirituelle mais par absorption qui signifie jouissance et ensuite ne plus déformer et enterrer les propos du zen sous un fatras de notes obscures, obsolètes et inutiles, c’est-à-dire, en clair, retraduire Lin tsi selon la sémiologie de Roland Barthes qui prend réellement en compte la dimension du khât sans signification, typique de l’enseignement de Lin tsi valorisant au vide sans lequel on ne saurait prendre quoi que ce soit et donc sans lequel il n’aurait pas de jouissance possible. Wu shin et Wu nien sont les deux concepts fondamentaux du zen. Classiquement on les traduit par « sans émotion », Wu shin, et par « sans penser », Wu nien. Mais qui dit classique dit aussi sans le dire tout en l’affirmant davantage l’idée de moderne par opposition à classique (chaque face a son dos que l’on ne peut distinguer que par le vide qui les sépare). Ainsi Wu shin peut être lu et traduit autrement et l’on peut s’autoriser à dire et penser que Wu est le vide et shin le cœur. Le cœur est symbole universel d’Eros. Ce qui fait que Wu shin signifie en droit et en fait : le vide amoureux, c’est- à-dire un vide jouissif, orgasmique, nirvanique qui n’est pas anéantissement, manque ou repos mortel mais une é-motion, littéralement un mouvement hors de soi un non-lieu qui « précède ses bords » (et la jouissance, 7 enseigne Lacan, est une question de bord,) où se dilue toute compacité et engorgement qu’est l’être, autrement dit, l’extase, l’orgasme suprême ou nirvana. Il en va de même pout wu nien qu’on lit classiquement « non penser » mais en lecture moderne, « vide pensant », car le vide n’est pas une pensée négative le manque de quelque chose, mais ce qui fait qu’on peut prendre pratiquement les choses, donc ce qu’il a de plus créatif, parlant, transmutatif, subit et jouissif. Chose curieuse pour nous occidentaux, les deux traductions, classique et moderne, ne présentent aucune difficulté ou transgression pour la langue chinoise. Sans le vide on ne distinguerait pas le Bien du Mal ni le subitisme du gradualisme ni Dhyâna de uploads/Philosophie/ lin-tsi.pdf

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