École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses Logique aris
École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses Logique aristotélicienne et grammaire arabe dans la tradition islamique Abdelali Elamrani-Jamal Citer ce document / Cite this document : Elamrani-Jamal Abdelali. Logique aristotélicienne et grammaire arabe dans la tradition islamique . In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 89, 1980-1981. 1980. pp. 631-633; doi : 10.3406/ephe.1980.18364 http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1980_num_93_89_18364 Document généré le 16/06/2016 LOGIQUE ARISTOTÉLICIENNE ET GRAMMAIRE ARABE DANS LA TRADITION ISLAMIQUE par Abdelali Elamrani-Jamal Thèse de doctorat de 3e cycle préparée sous la direction de M. Jean Jolivet soutenue à l'Université de Paris X le 22 novembre 1980 Conçue comme un travail préalable à l'étude de quelques œuvres de logique dans la tradition philosophique arabe, la thèse que je présente constitue une étape d'élucidation globale visant à rétablir l'unité d'un champ culturel où la langue arabe ne serait plus divisée par autant de fonctions que de disciplines culturelles dont elle a été la langue d'exposition : fonctions théologique et mystique auxquelles étaient juxtaposées des fonctions philosophiques et scientifiques, fondamentalement incompatibles avec les premières. Rattaché au problème de la révélation du Coran en langue arabe, le thème des rapports entre la logique aristotélicienne et le système de la grammaire arabe a été abordé dans la tradition islamologique contemporaine à partir du thème global du rapport de la philosophie, ou de la science grecque en général, avec l'Islam. Le problème historique et épis- témologique du rapport des catégories primitives de la grammaire arabe avec le corpus des textes aristotéliciens susceptibles d'avoir contribué à leur genèse se trouvait ainsi occulté par des conclusions générales sur l'opposition de l'orthodoxie islamique à la rationalité philosophique. Il nous fallait donc expliciter d'un point de vue critique, les opinions issues des courants contemporains qui ont conduit à une telle position du problème avant de commencer un exposé analytique des termes du débat dans les sources anciennes. Dans une première partie, nous avons exposé les trois types de thematisation du problème, que nous avons repérés depuis le milieu du xixe siècle : - S'appuyant d'une part sur un adage de la grammaire philosophique qui fonde les grammaires particulières dans la logique générale, 632 et sur la succession chronologique des cultures grecque, syriaque et arabe d'autre part, le philologue allemand A. Merx formulait à la fin du siècle dernier une hypothèse, qui s'est avérée à l'analyse quasi anecdo- tique sur l'origine aristotélicienne des catégories essentielles du système de la grammaire arabe, achevé dès la première période dans le « livre » de Sybawayh (mort en 177 H = 800 après J.C.). Les historiens de la grammaire arabe se sont référés par la suite, dans des chapitres d'introduction, à la thèse de Merx comme à un acquis de leur discipline. - La même hypothèse s'est trouvée remise en chantier dans la période du renouveau des études linguistiques arabes. Certains linguistes arabes contemporains, forts d'une part des idées préliminaires de la linguistique depuis Saussure qui recommandent la dissociation des problèmes de la langue de ceux de la philosophie et de la métaphysique, et s'appuyant d'autre part sur certaines sources bibliographiques anciennes, ont entrepris de démontrer le lien historique entre la grammaire de l'arabe et les traités de VOrganon d'Aristote pour mieux opérer la dissociation voulue par la science actuelle. - Un troisième courant est celui des historiens de la philosophie qui, distinguant dans le champ de la langue arabe un arabe « coranique » et un arabe « philosophique » attribuent à la logique aristotélicienne le mérite d'avoir élevé la langue arabe au rang d'une langue philosophique qui subordonne des concepts et des idées après qu'elle ait été langue de la civilisation du désert et de l'Islam, mettant simplement en ordre dans le discours des actions et des faits. Ce point de vue, à la limite polémique, s'appuie lui-même sur une célèbre controverse entre le grammairien Abu Sa'id As-sirafi et le philosophe arabe nestorien Abu Bichr Matta, rapportée dans un style polémique par le doxographe Tawhidi. Abandonnant tous ces points de vue rétrospectifs, j'ai entrepris dans une seconde partie (la plus féconde de ce travail) une confrontation pour la période du ive-xe siècles entre les textes des philosophes et ceux des grammairiens. Les textes (traduits dans le second volume) d'Al- Farabi, de Sijistani et de Yahia Ibn 'Ady pour les logiciens et d'Az- Zag*g"aêi et d'Al-Batalyûsi pour les grammairiens m'ont permis d'établir quelques conclusions : - Ni les philosophes, ni les grammairiens n'ont posé le problème des différences entre grammaire et logique dans les termes de l'opposition d'une discipline islamique à une discipline grecque. La logique et la grammaire sont deux disciplines distinctes par leur objet et par leur but, dans le même champ culturel. La grammaire est aux mots ce que la logique est aux intelligibles affirment tous les philosophes. La grammaire, précise Yahia Ibn 'Ady, est l'art de vocaliser 633 (i'rab) des mots en arabe, la logique l'art de composer les intelligibles universaux. - L'examen comparatif des définitions des parties du discours, le nom, le verbe et la particule dans les traités des grammairiens et dans les commentaires des philosophes aux traités aristotéliciens du Péri Hermeneias et de la Poétique confirme les différences de perspectives épistémologiques de l'une et de l'autre discipline. - La différence de nature entre les structures respectives de la phrase nominale en arabe et de la proposition aristotélicienne de type S est P (qui n'est pas originairement d'Aristote) ne témoigne d'aucune déficience linguistique (par l'absence d'un verbe être en arabe) pour l'expression d'un discours apophantique. Les analyses d'Al Farabi à ce sujet, d'une grande finesse, revêtent certainement un intérêt pour l'histoire de la logique. - Ces conclusions nous permettent de confirmer à partir de la tradition arabe que le traité du Péri Hermeneais d'Aristote, par ses premiers chapitres, outre qu'il ne peut fonder tel quel la grammaire d'une langue naturelle, demeure lié à l'ontologie et à la psychologie aristotéliciennes. uploads/Philosophie/ logique-aristot-et-grammaire-arabe.pdf
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- Publié le Apv 24, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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