LOUIS JUGNET (1913-1973) Louis Jugnet a été professeur de Khâgne au Lycée Pierr
LOUIS JUGNET (1913-1973) Louis Jugnet a été professeur de Khâgne au Lycée Pierre de Fermat et à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse PROBLEMES ET GRANDS COURANTS DE LA PHILOSOPHIE (1974) Préface de Marcel de Corte SOMMAIRE Préface de Marcel De Corte Avant-propos de l'auteur Bibliographie I. — Urgence des problèmes philosophiques II. — Philosophie et Science III. — Philosophie et Art IV. — Philosophie et politique V. — Philosophie et religion VI. — L'idée de Vérité VII. — La philosophie grecques VIII. — La philosophie médiévale IX. — Descartes ou la naissance du rationalisme moderne X. — Les idéologies du progrès XI. — Hegel et l'hégélianisme XII. — Kierkegaard XIII. — Nietzsche XIV. — Bergson XV. — Freud et la psychanalyse XVI. — La phénoménologie (Husserl) XVII. — La phénoménologie (Scheler et Heidegger) XVIII. — Sartre et l'existentialisme athée XIX. — Camus XX. — Le marxisme XXI. — Teilhard de Chardin XXII. — Le structuralisme XXIII. — Conclusion PRÉFACE Les Problèmes et Grands Courants de la Philosophie de Louis Jugnet que j'ai l'honneur et la triste joie de préfacer maintenant que son auteur est décédé sont de la même veine que ses autres ouvrages dont il me plaît de rappeler les titres au lecteur : Un psychiatre philosophe : Rudolf Allers ou l’Anti-Freud ; Catholicisme, foi et problème reli- gieux, et surtout l'admirable Pour connaître la Pensée de saint Thomas d'Aquin dont je recommande chaque année la lecture et la méditation à mes élèves. Les nombreux articles que Louis Jugnet a publiés dans diverses revues, les stencils de ses conférences et de ses enseignements en Première Supérieure du Lycée Fermât à Toulouse ainsi qu'à l'Institut d'Etudes Politiques de la même ville, où il a formé des générations d'étudiants, coulent de la même source : la métaphysique naturelle de l'intelligence humaine ou, plus précisément encore, car on pourrait penser que cette métaphysique naturelle procède plus de l'intelligence humaine que des choses, l'accueil confiant que fait l'intelligence de l'homme à l'être lorsqu'elle l'interroge sur ce qu'il a de plus profond et de plus essentiel en lui. Corrélatif à cette réceptivité de l'intelligence au réel, il y a, inséparablement, le refus de l'apparence, de ce qui n'est pas, de ce qui n'a d'être qu'en tant que construit à l'intérieur de son esprit par l'homme ou qu'en tant qu'exprimé par lui dans des mots. D'où l'extraordinaire probité de la pensée de Louis Jugnet. A une époque où trop de philosophes tirent de leurs songes et de leurs acrobaties verbales des feux d'artifice dont les flammes et les fumées conjuguées n'ont d'autre fin que de séduire et d'aveugler le chaland, Louis Jugnet n'a d'autre dessein que d'amener l'intelligence du lecteur à reconnaître la vérité de son propos. Avec lui, rien de cet hermétisme dans lequel se complaisent les indigents de la philosophie, riches en réputation et en gloire, mais cette vive et claire correspondance au réel en quoi consiste la vérité des choses que l'on dit. Rien non plus de ces raisonnements torses où l'irrationnel glisse ses poisons : point de sophismes. Point davantage de cette « littérature » où le « roman » et la « poésie », vidés du reste de leur substance, s'incorporent à la pauvreté de la pensée : les vessies sont ici des vessies, Louis Jugnet les dégonfle carrément et les lanternes des lanternes, Louis Jugnet nous éclaire tout simplement, avec force, netteté, précision. Il n'a rien du charlatan qui éblouit pour tromper. Le livre que nous présentons au lecteur manifeste les qualités de l'éducateur-né. Nous disons bien de l'éducateur, de celui qui aide l'intelligence à se dépouiller de la fascination de l'imaginaire qui se substitue, avec une fréquence inouïe, à son objet propre : la réalité intelligible, - et non de l'enseignant qui exécute mécaniquement un programme venu « d'en-haut », d'un Etat dont la prétention pédagogique est égale à son « omninescience ». Ces qualités sont la conviction, qui n'est point seulement l'assurance d'être dans la vérité, mais l'acquiescement de l'esprit à des certitudes communicatives aux autres par elles-mêmes ; la fermeté, qui ne se laisse ébranler par aucune argumentation spécieuse parce qu'elle s'appuie sur la solidité inébranlable du réel ; et enfin ce respect de l'intelligence de l'élève à laquelle on ne peut se résoudre à donner une autre nourriture que l'être lui-même pour quoi elle est faite. Voyez les professeurs de philosophie actuels, ballottés entre le scepticisme prétendument libéral et le fanatisme marxiste, balancés de l'aberration molle à l'aberration dure, tiraillés entre la complaisance lâche à l'anarchie et la nostalgie d'un dogmatisme totalitaire appuyé sur un appareil policier à leur service... Il faut avoir connu Louis Jugnet pour savoir qu'il avait délibérément sacrifié la belle carrière d'écrivain-philosophe à laquelle il était promis à l'enseignement de la vérité et à la préservation des jeunes intelligences des corruptions du siècle. Ces qualités que nous venons de citer ne sont pas seulement propres à la philosophie traditionnelle dont Louis Jugnet se proclame le disciple, elles sont aussi celles d'un caractère. Je ne suis pas éloigné de croire qu'à cet égard, selon le mot de Fichte dont je redresserais le sens, « la philosophie qu'on a dépend du philosophe qu'on est ». On a beau se présenter comme un parangon de la philosophie traditionnelle, sans le caractère, le tempérament, la personnalité qui en incarne les exigences, Beauté, raison, vertu, tous les honneurs de l'homme, Les visages divins qui sortent de la nuit, ce n'est là que façade qui dissimule un temple écroulé, singulièrement à notre époque où la complaisance aux idées à la mode — dont la dite « tradition » serait capable d'assimiler « ce qu'elles contiennent de vérité » ! — est de rigueur chez les intellectuels chrétiens avides d'aggiornamento perpétuel. On est ravi de voir Louis Jugnet joignant à son oui résolu à la vérité, un non énergique, inébranlable, aux erreurs aux goûts du jour. C'est que l'histoire de la philosophie ne se sépare pas, pour Louis Jugnet, de la philosophie. Elle n'est point juge, elle est jugée selon le seul critère qui soit : la vérité. Aussi Louis Jugnet fait-il précéder à bon droit son exposé des « grands courants » qui la parcourent, de l'énoncé des problèmes qu'elle soulève et des solutions qu'il importe de lui donner. Je recommande particulièrement aux jeunes esprits et au public cultivé ces pages d'une clarté adamantine qui les immuniseront à jamais contre l'affirmation, aujourd'hui courante et passée dans les mœurs de l’intelligentzia laïque et ecclésiastique, que « la vérité évolue », que « nous assistons à une mutation de l'homme sans exemple dans l'histoire » et qu'il ne faut pas juger le présent selon des normes prétendument éternelles et périmées, mais selon je ne sais quel radieux avenir fabriqué à coups de salive et d'encre par tous ceux qui aspirent à convertir en pouvoir temporel le pouvoir spirituel qu'ils détiennent indûment. Elles leur donneront la vigueur intellectuelle nécessaire pour résister à l'attrait des miroirs aux alouettes que font briller les manipulateurs de l'opinion publique avant de se transformer en grands inquisiteurs sous les yeux de leurs victimes désarmées et consentantes. On respire en elles la présence d'une vertu cardinale : la force. Louis Jugnet a puisé cette force dans l'enseignement du « Maître de ceux qui savent » : Aristote, et dans celui de saint Thomas d'Aquin qui le clarifie, le prolonge et en souligne sans cesse l'harmonie avec la Révélation chrétienne. Il ne craint pas de se présenter tel qu'il est : un philosophe catholique, un thomiste de la stricte observance qui affirme, avec une sereine et solide assurance, prête à faire front à tout « contestataire », que, « si une doctrine, tel le thomisme, est substantiellement vraie, elle peut fort bien contenir la réponse à des problèmes historiquement variables' en leur formulation, d'autant plus que la pensée humaine, loin d'être affectée du coefficient de variabilité que certains voudraient lui attribuer, oscille entre un assez petit nombre de problèmes fondamentaux, pourvus d'un nombre presque aussi restreint de solutions-types ». Pour Louis Jugnet, comme pour nous, « la valeur du thomisme est quelque chose de présent — et d'éternel, — de présent parce qu'éternel »1[1]. Louis Jugnet n'est pas de ceux qui sacrifient l'aristolélisme du thomisme sur l'autel d'une prétendue métaphysique biblique, ni davantage de ceux qui les immolent l'un et l'autre au pied du trône où siègent, divinité aux mille visages, les exigences de la 1[1] Cf. L. JUGNET, La Pensée de saint Thomas d'Aquin, Paris, Bordas, 1964, p. 9. mentalité contemporaine ». Il n'est pas un concordiste pour la cause. Il ne vise pas à montrer la compatibilité des incompatibles, à la manière de trop de « penseurs » catholiques d'hier et d'aujourd'hui. Comme il l'écrivait lui-même, il y a un quart de siècle, et il n'a pas changé depuis, « ceux qui méritent le qualificatif de concordistes sont essentiellement ceux qui remanient et retaillent à leur façon l'enseignement catholique en fonction des doctrines à la mode (Evolutionnisme intégral, Existentialisme, Hégélianisme, Marxisme, Scientisme, Freudisme) et non uploads/Philosophie/ louis-jugnet-problemes.pdf
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- Publié le Sep 20, 2022
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