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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org Review Author(s): Anouar Abdel-Malek Review by: Anouar Abdel-Malek Source: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 42 (Janvier-juin 1967), pp. 172-175 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40689405 Accessed: 09-11-2015 20:00 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 209.2.228.193 on Mon, 09 Nov 2015 20:00:31 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions COMPTES RENDUS précurseur du socialisme. On remarque alors que cette méthode qui consistait à ressaisir une expérience constitutive s'applique valablement à un groupe tel que le saint-simonisme dont est retracée l'histoire en termes d'expériences progressives. Si le saint-simonisme est décrit dans son mouvement qui va d'une critique sociale à un messianisme millénariste, il est décrit aussi comme une action de création intellectuelle : il n'y a pas d'influence de Saint-Simon sur le courant saint-simonien mais une succession de lectures, une recréation de l'œuvre où l'on met en relief des textes différents et propose des interprétations renouvelées. Dès lors se dégage le cheminement propre de Bûchez fait, non plus de participation, mais de critique, de réflexions indépendantes, au milieu d'expériences parallèles dont il allait s'enrichir, puis se séparer. On regrettera peut-être que cette étude, d'une méthode aussi sûre, se trouve disjointe de l'ouvrage sur Bûchez dont elle forme l'introduction : ce sont ces expériences politiques et intellectuelles qui permettront de mieux comprendre les théories politiques, religieuses et sociologiques de Bûchez. Toutefois, cette introduction souligne dès maintenant l'importance d'une meilleure connaissance de Bûchez pour la compréhension des origines de la sociologie. Pierre Ansart. C.N.R.S. Maxime Rodinson, Islam et capitalisme, Paris, Le Seuil, 1966, 304 p. A première vue, ce livre semble s'inscrire dans la lignée des travaux sur les rapports entre les grandes religions et les systèmes socio-économiques - complétant, pour ce qui est de l'islam, l'œuvre de Max Weber (notamment L'éthique protestante et V esprit du capitalisme, et surtout Wirtschaftsgeschichte), et celle, bien moins connue en France, de R. H. Tawney (Religion and the rise of capitalism). On trouvera, certes, cet aspect de la question dans Islam et capitalisme. Le chapitre II (p. 29-44) étudie « les prescriptions de l'islam », montrant que « la justice que recherchaient les musulmans les plus soucieux de rester fidèles à l'idéal coranique avait (...) les traits dégagés ci-dessus : un État dirigé selon les principes révélés par Dieu, traitant tous les croyants à égalité vis-à-vis de la loi divine, pratiquant au sein de la communauté musulmane une entraide poussée aux frais des plus fortunés et au bénéfice des plus pauvres ». Rien qui aille au-delà, notamment, comme le souhaiteraient certains, en direction d'un socialisme musulman, qu'aurait préfiguré Aboû Dharr al-Ghaffârî. « La pratique économique du monde musulman médiéval » fait l'objet du chapitre III (p. 45-89). La démonstration est faite, étayée sur les sources originales exhaus- tives et précises, de l'existence d'un « secteur capitalistique » relativement étendu dans l'Empire musulman au Moyen Age. Du xie au xive siècle, on entend la voix d'Ibn Khaldoûn : « Achète bon marché et vends cher, tu auras fait du commerce » ; les récits de Jâhiz sur l'usure et ses méfaits ; le poète persan Nâcir-i Khosraw ; d'autres encore. Gomment, dès lors, expliquer l'in- terdiction du prêt à intérêt, ribâ, par le Coran ? « C'est que la société musul- mane médiévale, comme la société chrétienne contemporaine, comme la société israélite de l'Antiquité lorsque et dans la mesure où celle-ci fut inspirée par le yahwisme, était une société idéologique. De façon proclamée, manifeste, elle se donnait pour raisons d'être de servir Dieu, de préparer les voies de Dieu, d'obéir aux ordres de Dieu. Or, en Islam tout particulièrement, les ordres de Dieu comportent l'organisation temporelle de la cité. » Dès lors, « les idéologues construisent une doctrine sur le problème envisagé. Cette doctrine est inspirée normalement de la tradition idéologique (...). Plus les pratiques contraires à la doctrine se multiplient et plus les autorités idéolo- giques, si elles tiennent à conserver quelque influence d'une part et quelque - 172 - This content downloaded from 209.2.228.193 on Mon, 09 Nov 2015 20:00:31 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions COMPTES RENDUS cohérence à leur système intellectuel d'autre part, sont amenées à théoriser avec raffinement et subtilité, à prévoir des cas, des exceptions, des degrés de culpabilité et d'innocence (...) : proposer un idéal et appeler à s'y conformer en concédant dès le départ que cet idéal est trop élevé pour la faiblesse humaine ; chercher à empêcher les abus des puissants (...); protéger les faibles dans la mesure compatible avec la sauvegarde de l'ordre social et maintenir leur confiance idéologique (...); enfin élaborer, pour les multiples cas où les indi- vidus transgressent les directives issues de l'idéologie, des solutions théoriques dosant la condamnation, la réprobation et l'indulgence... ». Secteur de production capitalistique, mais non « formation socio-économique capitaliste » - la distinction est fondamentale - , secteur relativement étendu, aux dimensions d'un véritable « Marché commun » musulman médiéval, comme le montrent les travaux des meilleurs spécialistes, G. Gahen, S. D. Goitein notamment. Pourquoi, dès lors, « la bourgeoisie n'a(-t-elle) pas maintenu et développé sa puissance des premiers siècles de l'hégire » face aux « États dominés par une hiérarchie nobiliaire et militaire, (qui) l'ont empêchée de peser suffisam- ment sur le pouvoir politique », pourquoi l'impuissance des villes à l'hégémonie, pourquoi cette coupure que l'on ne retrouve ni en Europe, ni au Japon ? La psychologie de Yhomo islamicus ? Il faut chercher ailleurs, dans la sociologie historique précisément : « On peut apercevoir des facteurs permanents, fon- damentaux, comme la densité relative de la population qui fournit une main- d'œuvre abondante et bon marché, incitant peu à recourir à des perfectionne- ments techniques. De même la tradition millénaire d'un État fort, qu'exige dans de nombreux pays orientaux une production agricole qui dépend dans une large mesure des travaux publics. Il faut y ajouter certainement l'enchaî- nement imprévisible des circonstances historiques, parmi lesquelles les vagues d'invasion venues de l'Asie centrale durent jouer un rôle important. » La réfutation des typologies pseudo-scientifiques est faite, d'une manière précise et implacable, dans le chapitre IV - « L'influence de l'idéologie musulmane en général dans le domaine économique » (p. 91-129) - dont il ne saurait être question de retracer ici l'argumentation. La conclusion doit être retenue : « L'idéologie coranique nous apparaît comme faisant intervenir le raisonne- ment, la rationalité, à un plus haut degré que les idéologies reflétées par l'Ancien et le Nouveau Testament ; comme invoquant l'idée de prédestination à peu près dans la même mesure que ces deux corpus sacrés, mais exhortant nette- ment à une orientation active dans la vie intellectuelle et sociale ; enfin comme subordonnant la technique magique à la volonté divine exactement comme les deux autres livres révélés, sauvegardant de la sorte les possibilités humaines de faire obstacle à cette technique, si parfaite qu'ait pu en être la manipula- tion » (p. 112-113). L'étude du « capitalisme contemporain des pays musulmans et l'islam » (chap. V, p. 131-193) - qui se fonde sur les travaux des meilleurs économistes et sociologues, notamment ceux de J. Berque, A. A. I. El-Gritly, G. Issawi, H. Riad, etc. - a beau jeu pour démontrer à quel point l'impact de l'Occident impérialiste a suscité des réactions capitalistes autochtones puissantes et étendues, dont celles du groupe Miçr en Egypte constituent l'exemple eminent : les « préceptes (musulmans) n'ont joué jusqu'ici aucun rôle dans l'orientation vers le socialisme ou vers l'économie étatique. Ils n'ont joué aucun rôle pour restreindre ou qualifier la pénétration de l'économie capitaliste. Il n'y a pas eu de voie musulmane du capitalisme. Il est possible qu'il y ait dans l'avenir une voie marocaine, algérienne, égyptienne, arabe, turque, iranienne du socialisme. Il est peu vraisemblable que leurs caractéristiques importantes doivent beaucoup à la religion musulmane ». L'essentiel du livre est ailleurs, très précisément dans l'étude sociologique comparative des interactions entre idéologie et structures socio-économiques. Le cas de l'islam sert, ici, d'illustration : il ne s'agit pas d'un ouvrage d' a isla- - 173 - This content downloaded from 209.2.228.193 on Mon, 09 Nov 2015 20:00:31 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions COMPTES RENDUS mologie », mais d'un travail de sociologie théorique, d'un bout à l'autre - et c'est pourquoi l'on pourrait regretter le libellé restrictif du titre même de ce livre. Dès lors, il importe d'en dégager l'apport sur le plan théorique, dont les principaux éléments sont les suivants : a) La récusation du panstructuralisme sur le uploads/Philosophie/ anouar-abdel-malek-1967-islam-et-capitalisme-by-maxime-rodinson.pdf
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- Publié le Aoû 22, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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