[07/02/2011] Espérer – Meillassoux Prenez l’espérance dans le salut, ou l’espér
[07/02/2011] Espérer – Meillassoux Prenez l’espérance dans le salut, ou l’espérance dans la révolution : ce n’est pas du tout une raison d’être passif. L’espérance, c’est le moment où un possible advient qui oriente l’action tout en ne dépendant pas entièrement d’elle. Ça n’est pas prévu, on n’en fait pas un calcul. L’espérance, c’est à la fois ce qui oriente l’action et dépasse l’action. Une dictature cherche à écraser toute possibilité d’espérance. C’est quand on est désespéré que l’on ne fait rien. L’espérance n’est pas un signe de passivité. Quand vous avez un lieu commun sur l’espérance, commencez par voir d’où il vient. • Critique de l’espérance par Spinoza. Mais il faut comprendre que cela va avec un strict nécessitarisme de toute chose. • Le salut par la foi n’implique pas l’abandon de l’espérance. Dieu est infini, et pour mériter une grâce infinie, il ne suffit pas d’accomplir des œuvres. Puisqu’il faut tuer un dieu infini pour rédimer la faute humaine, c’est que cette faute est elle-même infinie. Je dois avoir foi en dieu quoiqu’il arrive. C’est lorsque je suis pénétré de cette foi en Dieu que je peux agir. • L’espérance est une des trois vertus de Saint Paul. • C’est Marx qui défend la thèse que vous projetez dans le ciel des idées une révolution que vous êtes incapable de mener à bien. société réellement divisée qui projette dans le ciel la visée de sa réunification. C’est cette réunification dans l’au- delà qui permet de ne pas changer les divisions dans la réalité. A partir de cela, on peut mettre en jeu une critique de l’espérance comme aliénante. Mais la révolution a entraîné une nouvelle espérance. Marx dit : nous ne forgeons pas une utopie. Ce que Marx dit de la société communiste, ça tient en 2 pages. Le communisme est le mouvement réel de destruction de l’ordre existant. • Il est délicat chez Marx d’avoir une réponse claire à la question de savoir si on peut conjuguer espérance et science. Chez Spinoza, c’est clair, non. Il y a une équivoque qui est levée chez Spinoza en faveur de la nécessité. Espérance : excède le changement. Les grands objets d’espérance ne sont pas objets de calcul de probabilité. Ex : Dieu. Les grands mouvements qui bouleversent l’existence, les paris dans l’existence, dans la vie intime comme dans la vie publique, ne sont pas liés à des possibilités statistiques, mais à des possibilités de sens, qui paraissent ressortir à ce que je dois décider, sans pouvoir le savoir. « L’espoir fait vivre. » Peut-on se passer d’espérance ? Progresser par paliers. Pourquoi ? Quelle légitimité y a-t-il à dépasser une connaissance assurée ? Reprise Une définition de l’espoir : rapport à l’avenir qui se présente sur le mode du désir. L’espoir n’est pas défini par le rapport du désir et de l’avenir car il faut le distinguer de la rêverie comme de l’action impossible. L’espérance suppose le désir, - 1 - or cette projection vers l’avenir suppose un sujet actif . L’espérance ne peut donc se ramener à une pure passivité ? Si je n’entreprends rien, je ne suis pas mû par l’espérance, je suis dans la simple rêverie. L’espérance suppose une action dont on entrevoit la réalisation. L’espérance est supposée par l’action en tant qu’elle dévoile le terme vers lequel tendent les actes. Être mu par l’espoir suppose que je suis un être se déterminant par lui-même, et dont les actes sont déterminés par la visée d’un succès possible. Et pourtant, s’il y a espérance, il faut supposer que l’activité n’est jamais sûre, qu’il y a une part de passivité dans toute action. L’espérance n’est rendue possible que par l’absence d’assurance du succès. Si j’étais certain, je ne serai que dans l’accomplissement mécanique de mes actes. Je n’espère que dans le cas où j’entreprends certains actions telles que leur but est suffisamment éloigné pour que le risque de leur échec soit réel et dont le risque n’est pas tel qu’il exclut toute possibilité de réalisation. Rêverie qui aide à agir celui qui de toute façon n’agit pas. Je ne peux espérer des actions dont l’advenue n’est pas vraisemblable (quitter le système solaire), ni des actions dont l’accomplissement est trop aisé (je n’espère pas chaque matin réussir à me faire un café). L’espoir résulte d’un projet dont la fin est éloignée, difficile et rare. L’espoir naît avec le projet déterminé comme tel, dont la fin est suffisamment éloignée pour donner son sens, la direction à une partie durable de notre existence. [21/02/2011] L’espoir est le résultat d’un projet dont la fin est éloignée. L’espérance est l’envers d’un projet. Détermination d’une action dont la fin est éloignée. Il n’est pas certain que nous ayons déterminé suffisamment le lieu spécifique de l’espoir. 1- Argent… de tels espoirs sont liés à ce qui peut m’arriver personnellement dans un avenir plus ou moins éloigné. Il arrive que celui qui a espéré de telles choses se sente désoeuvré, désoeuvrement qui peut aller jusqu’à la détresse. Il semble que l’espoir ne soit que l’expression d’un manque de quelque chose. La réalisation d’un espoir le supprime en tant que tel. Le proverbe « l’espoir fait vivre » exprime un tel paradoxe. Il semble que nous ayons besoin de l’espoir comme tel, qu’il ne soit pas seulement l’expression d’un manque. Que désirons-nous au juste à travers l’espoir ? un terme transcendant ou l’espoir lui- même ? Si nous désirons l’objet transcendant, nous désirons à la lettre le désespoir. Mais espérer, c’est toujours espérer quelque chose, la réussite d’un projet. Essentielle transitivité de l’espoir. Le paradoxe est que quelque chose peut être n’importe quelle chose du moment quelle soit l’espérance d’un espoir. Paradoxe et même absurdité de notre condition d’espérant. Nous devrions alors nous avouer que toutes les fins que nous nous posons ne sont que des velléités de quelque chose. Suivant la position pascalienne du divertissement, paradoxe du chasseur ou du joueur. § 135 Lafuma, « Misère de l’homme sans dieu » : première position du - 2 - divertissement « Nous ne cherchons jamais les choses mais la recherche des choses. » Pascal souligne le caractère insuffisant de cette première position du divertissement. Certes le joueur ou le chasseur ne recherche ni le gain ni la prise mais le jeu et la chasse. C’est pourquoi chasseur et joueur refuseraient argent et gibier si on le leur offrait. Pourtant joueur et chasseur cesseraient au jeu si on ôtait toute espérance du gain. La prise n’est que l’occasion de la chasse, mais sans la croyance en notre désir de la prise, le jeu cesse d’être plaisant. La prise est l’occasion en elle-même dérisoire de la chasse. Sans l’occasion, nous ne trouverions aucun plaisir à la chasse. Autrement dit, accomplir l’objet de notre espérance nous laisse insatisfait, mais affirmer que seule l’espérance compte nous [induit en erreur]. [L’espérance est exemplaire de l]’illusion par laquelle nous nous piquons nous-mêmes quant à l’objet de notre désir, toujours modifié, avec la même velléité. L’espérance serait le signe de la vanité de notre condition. Seule l’espérance est l’espérance de la réalité transcendante de notre condition pourrait satisfaire notre être. Est-il possible d’accéder à un niveau de compréhension de l’espérance qui permette de répondre à l’aporie pascalienne. Peut-on penser l’espoir autrement que dans un balancement ? Peut-on penser l’espérance de telle façon que son objet demeure immanent, rendant possible une action, et pourtant, faire en sorte que cet objet demeure inaccessible ? Il semble que nous ayons ici une contradiction manifeste, qui se trouve à la tension de la religiosité et de l’irréligiosité. Objet de l’espérance qui révélerait non pas le désir contingent de tel ou tel individu mais un désir inhérent à notre humanité. Déterminer l’objet de l’espoir, c’est déterminer son lien essentiel à l’humanité. C’est espérer un objet immanent qui nous lie à l’action. • Il faudrait dégager en quoi un objet de l’espérance est pensable qui excède le divertissement et l’espérance. Le paradoxe de l’espérance vient de notre condition d’être agissant, d’être pourvu de fin et de projet. Si l’espérance est essentielle à notre condition, si l’espoir fait vivre, il faut qu’y soit essentiel un objet qui soit à la fois inaccessible et immanent. Il faut en même temps que l’inaccessibilité de cet objet ne rende pas absurde l’action sur lui. Déterminer de plus près notre propre nature d’espérant, c’est approcher l’histoire. Ou bien l’espoir n’est que l’expression d’un manque, ou l’espoir détermine sa foi par elle-même, projetant à partir d’elle même le terme transcendant. Espérer se révèle alors comme une activité dont le terme doit être transcendant et immanent, bref, l’objet de l’espérance essentiel sera d’être un idéal dont le contenu est celui de l’universalité engagée dans l’humanité. Universalité qui transcende notre individualité sans transcender notre humanité. Nous accédons à la conception kantienne de l’espoir comme règne des fins. Kant 2e section du canon de la CRP intitulée « De l’idéal du souverain bien comme un principe permettant de déterminer la fin dernière de la raison pure. » On découvre uploads/Philosophie/ meillassoux-espe-rer.pdf
Documents similaires
-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 14, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1269MB