1/11 M. Larbi TAMNINE, ENCG FES, www.ecogestion.ma METHODOLOGIE DE LA DISSERTAT

1/11 M. Larbi TAMNINE, ENCG FES, www.ecogestion.ma METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION A/ INTRODUCTION La dissertation est par tradition un type d'épreuve très présent dans les examens et concours de l'enseignement supérieur, en sciences économiques et de gestion. Elle permet de tester chez les candidats la logique, ainsi que le sens de l'analyse et de la synthèse. Le talent pour la dissertation n'est pas inné, il s'acquiert; c'est pourquoi la présentation des principes méthodologique s'impose, ceci pour donner de la cohérence au travail de préparation. Par ailleurs, l'étude de quelques critères d'évaluation utilisés par les correcteurs donnera aux étudiants des indicateurs forts utiles pour évaluer leurs travaux. Une bonne dissertation doit satisfaire plusieurs exigences : - elle doit présenter une problématique réelle; - la réflexion doit être structurée de manière visible; - elle doit faire la synthèse de débats théoriques. - Le discours doit être démonstratif et non pas affirmatif. Le travail préparatoire de brouillon permettra de bien appréhender ces contraintes. D'ores et déjà, il faut retenir que l'introduction se rédige totalement et parfaitement en brouillon et se recopie au propre. Ensuite, le plan détaillé du développement se construit au brouillon pour sa rédaction définitive directement sur sa copie, et la conclusion se prépare de la même manière que l'introduction. B/ TRAVAIL PREPARATOIRE AU BROUILLON 1. Problématique  Définition et présentation Le Robert définit la problématique comme "la science de poser les problèmes ou un ensemble de problèmes dont le questionnement est liés". Il s'agit donc d'une hypothèse de travail qui est directement suggérée par le sujet et qui servira de base au développement de la réflexion. Mais la définition du dictionnaire fait état d'un problème. Tout consensus et donc exclu! La problématique poète donc en elle les bases d'un débat contradictoire. Une bonne problématique est donc une hypothèse forte qui conduit nécessairement au débat parce qu'elle a besoin d'être démontrée, son choix n'est pas imposé mais justifié. 2/11 M. Larbi TAMNINE, ENCG FES, www.ecogestion.ma Elle doit être analytique et non pas descriptive, et doit susciter un vrai travail d'analyse. Il va sans dire qu'il n'y a pas une seule problématique pour un sujet proposé, mais celles qui sont construites et fondées logiquement sont meilleures que les autres. Par ailleurs, il n'y en a pas une infinité, car on revient assez vite aux mêmes thèmes de débats. Pour réussir sa dissertation, le travail de problématisation est essentiel et parfois déroutant : en effet, le sujet peut être déjà libellé sous forme d’une question. Mais dans tous les cas, il faut borner le champ de la réflexion, analyser les concepts sous un angle spécifique, voire mettre en perspective des concepts différents et ceci dans un contexte particulier (historique, spatio-temporel, actualité…). La problématique est au cœur de l’architecture d’une dissertation. Elle doit donc être formulée clairement en introduction, après que les termes et concepts du sujet ont été définis et avant l’annonce d’un plan de développement de l’argumentation par quelques idées forces. Idées forces et idées clés constituent l’armature du travail; les différentes parties d’un plan gagnent à être formulées sous forme d’idées forces, c’est-à-dire de constats, de propositions, d’hypothèses. Les idées-clés peuvent être des arguments, des éléments théoriques, des exemples concrets.  Questionnement du sujet Il ne faut pas hésiter à lister toutes les questions qui viennent à l’esprit et qui sont en prise avec le sujet; certaines de ces questions pourront apparaître comme autant des problématiques possibles; aussi ne faut-il pas s’arrêter au premier questionnement pertinent formulé mais bien exploiter le sujet « à la marge ». On peut aussi utiliser une technique inspirée des méthodes de résolution de problèmes, souvent dénommée par son appellation mnémotechnique, QQOQC, et qui recouvre les interrogations suivantes :  Quoi : quel est le problème posé ?  Qui : qui est concerné par le problème ?  Où : où se pose-t-il (quel est le théâtre des opérations) ?  Quand : quand se pose-t-il (quelles sont les circonstances d’occurrence du problème) ?  Comment : comment se manifeste-t-il (quels en sont les symptômes) ? À cette déclinaison des questions auxquelles on ne peut d’ailleurs répondre de façon exhaustive, il faut ajouter une rapide analyse causale du problème censée répondre à la question « Pourquoi se pose-t-il à nous ? » (sous-entendu : avec tant d’acuité compte tenu, par exemple, de l’actualité récurrente du sujet). Il ne faut pas hésiter à élargir le champ de questionnement. La question clé de la problématique surgira de la récurrence ou de la redondance des questions ainsi identifiées. La formulation de la problématique ne consistera plus alors qu’en une synthèse orientée des questionnements, en ce sens qu’elle annoncera au correcteur les axes de réflexion jugés prioritaires. Toutes les questions clés identifiées pourront être développées comme autant d’arguments et donc d’idées clés dans la démonstration.  Choix du plan L'efficacité d’une problématique est autant liée à l’enchaînement des idées qu’à leur contenu; il est donc essentiel de proposer un plan conforme à l’ambition problématique. Le plan constitue l’architecture d’une production écrite, les connaissances disciplinaires n’étant que des matériaux. Or chacun sait qu’il ne suffit pas d’avoir de bons matériaux pour construire un bel édifice… La problématique est pour un projet rédactionnel ce que le ciment est à un projet de construction et, dans les deux cas, le plan doit en révéler toute la richesse et l’originalité. Plan et problématique sont les deux conditions d’une bonne valeur ajoutée rédactionnelle. Tant en termes de contenu que de valeur ajoutée rédactionnelle, le point clé est sans nul doute la cohérence entre le libellé du titre, une problématique clairement explicitée, un plan adapté pour tenter d’y répondre et des idées pertinentes 3/11 M. Larbi TAMNINE, ENCG FES, www.ecogestion.ma pour l’argumentation. On a donc le triptyque libellé problématique-plan que l’on peut représenter par un triangle de cohérence. LE TRIANGLE DE COHÉRENCE Problématique Il ne faut pas confondre l'annonce du plan et formulation de la problématique, qui doit figurer en introduction avant même l’annonce du plan. Une problématique peut être approchée selon des plans bien différents, ce qui augmente, d’ailleurs, le degré de liberté du rédacteur. Ce dernier a un choix relatif entre plusieurs approches possibles en exploitant le travail d’analyse fécond en axes de réflexion. Plan et problématique doivent alors se conforter mutuellement : une problématique peut être précisée sinon reformulée parce que l’on aura choisi de traiter un plan plutôt qu’un autre.  Nombre de parties La dissertation économique, tout comme l’exposé, s’accommode fort bien de deux parties car le schéma d’organisation de la réflexion n’est pas du type : thèse, antithèse, synthèse. En effet, il ne s’agit pas de prendre le contre-pied exact, dans une partie donnée, de ce qui a été précédemment explicité, cette vision manichéenne s’accommodant mal des problématiques complexes d’entreprises; pour autant, une troisième partie peut parfaitement trouver sa place, en particulier lorsque le sujet est très général et qu’il peut donc supporter toute une première partie descriptive. Pour prendre une image juridique, on n’instruit pas ici à charge et à décharge, l’instruction et la plaidoirie étant simultanées. Pour autant, une troisième partie peut parfaitement trouver sa place, en particulier lorsque le sujet est très général et qu’il peut donc supporter toute une première partie descriptive. En effet, plus on est près des concepts bruts et plus il est possible, et acceptable, de consacrer toute une partie à leur explicitation et de proposer un plan en trois parties. 2. Analyse du sujet Il convient, dans un premier temps, d’analyser le sujet, en respectant les principales règles méthodologiques de la dissertation économique. Pour cela, il faut passer en revue le champ conceptuel, les aspects spatio-temporel et théorique, ainsi que l’actualité du sujet. Afin de faciliter la recherche de la problématique et ultérieurement le choix d’un plan cohérent, on distinguera deux libellés types des sujets : ceux qui sont déjà formulés sous forme d’une question (dont le libellé se termine donc logiquement par un point d’interrogation) et les autres. En effet, le champ de recherche problématique est a priori plus restreint dans la première formulation, ce qui non seulement facilite l’analyse mais autorise une approche dialectique (logique), c’est-à-dire qui consiste à s’interroger sur la pertinence même de la question telle qu’elle est formulée; la problématique devra alors préciser la question, par exemple en s’interrogeant Contenu : Idées Forces Idées Clés Libellé Plan 4/11 M. Larbi TAMNINE, ENCG FES, www.ecogestion.ma sur la qualité du locuteur (émetteur) qui peut être un manager, un consultant, un partenaire, autant d’acteurs qui n’ont pas la même perception d’une situation donnée.  Analyse du champ conceptuel Il s’agit de « décortiquer » les concepts pour en faire apparaître les principales acceptions. Les termes du sujet doivent être passés en revue; ils ne doivent pas être considérés individuellement mais contextuellement, c’est-à-dire en tenant compte du libellé du sujet dans sa globalité. Les connecteurs logiques (adverbes, conjonctions, etc.) et autres précisions syntaxiques ont aussi leur importance et ne sont pas neutres dans l’esprit du locuteur. Il convient donc d’en tenir compte en précisant bien le niveau de proposition : uploads/Philosophie/ methodologie-de-la-dissertation 4 .pdf

  • 34
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager