Le vocabulaire de Saint Thomas d'Aquin Michel N ode-Langlois Ancien eleve de l'

Le vocabulaire de Saint Thomas d'Aquin Michel N ode-Langlois Ancien eleve de l'Ecole Normale Superieure Agrege de philosophie Professeur en Premiere superieure au lycee Pierre-de-Fermat a Toulouse ISBN 978-2-7298-4180-5 © Ellipses Edition Marketing S.A., 2009 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 ® DAMQIR I , III011COIIIACf IIIUIIIIf Le Code d. \;1 prupri~ lc inlcllecluelle "'alll"r\;a,,I, !lll. te,me! de I'<irlic!e L. 1.22·S.2· eI3°a). ,rune r mrl• que les "copies 01, rtpI'oduClioliS liricremeni ri!"erv~e, a I'WJnge pl'iv6 ell( COpisiO C I lion d"'~li ­ n~"~ a une ulili ~nt iol\ collCl:I.lve ". CI d'uutrc pail, que IOJ; anulyso., clles courteS cilotions dons Un but d'e.<tlll1l'le ~ I d' illu IrGilon. "lout. ropr6sentntlon au "cPl'Oduclj" n inlllll'aJ. ou prutielle (aire sans Ie ~ons.n lcmcnl de I'H~ lcur Q,,-d~ ses o~anl~ droll all ayunls cn.lli:e estJllidt." (Art. L J22-4). Cello repnlsenlntlon au rep.'odueliun, pnr quc. lquu proc~d6 qlle ce ~oil conSliluornir une COl1tfe.fn~'," s;lnclionn~e par les nrtlclc.s L. 335·2 CI IlIV:UllS du Cod. illlin !lropriel~ Intcllccruonc. www.editions-ellipses.fr Sommaire ~bstraction ...................................................................................... 9 Arne ............................................................................................... 12 Analogie ......................................................................................... 17 Bonheur ......................................................................................... 20 Cause ......................................................... : ................................... 24 Concept ......................................................................................... 28 Connaissance ................... ! .••••••••••••.••••••••••••••••••••••.•••••••••••••..•••. • ..•• 33 Corps ............................................................................................. 37 Creation ......................................................................................... 39 ~::e~:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::;! Existence de Dieu .......................................................................... 59 Foi ................................................................................................. 68 Grace ............................................................................................. 73 Intellect .......................................................................................... 75 Liberte ........................................................................................... 78 Mal ................................................................................................ 84 Monde ........................................................................................... 89 Mouvement .................................................................................... 92 Nature ........................................................................................... 95 Negation .................. ..................................................................... 100 Philosophie .................................................................................. 104 Revelation .................................................................................... 108 S . clence ......................................................................................... 111 Substance ..................................................................................... 117 Theologie ..................................................................................... 121 Verite ........................................................................................... 125 Index ............................................................................................ 133 5 Amerement lacunaire et r<!solument elliptique, ce petit livre ne redent de la pensee de saint Thomas que ses aspects les plus fondamentaux, laissant de cote plus d'une notion qui y joue un role important, et presque toutes celles qui ont trait a la philosophie morale, lesquelles constitueraient un complement indispensable pour saisir l'esprit, voire gouter la saveur du thomisme. A defaut, l'on rencontrera ce que cette doctrine comporte de plus intempestif, et par quoi en consequence elle nous donne Ie plus a penser. Le lexique a par ailleurs ete volontairement restreint, de telle sorte que l'explication des termes reste suffisam- ment intelligible, en depit du petit nombre de pages imparti par les contraintes editoriales. Les concepts exposes ici sont classes dans un ordre alphabetique. On suggere toutefois l'ordre de lecture suivant : 7heologie. Poi. Revelation. Philosophie. verite. Connaissance. Abstraction. Concept. Intellect. Science. Cause. Mouvement. Existence de Dieu. Etre. Analogie. Negation. Dieu. Creation. Monde. Nature. Substance. Corps. Ame. LibertI. Mal. Grace. Bonheur. 7 Pour acheminer vers une penetration approfondie de la pensee de saint Thomas, on ne peut que recommander, dans la surabondante litterature qu'elle a suscitee, quel- ques titres dignes d'etre classiques : de G.K. Chester- ton, Saint Thomas du Createur (Dominique Martin Morin) ; de Marie-Dominique Chenu, Saint Thomas d'llquin et la Theologie (Seuil) ; d'Etienne Gilson, L'Esprit de la Philosophie medievale et Le Thomisme (Vrin) ; de Jacques Maritain, de belles etudes dans De Bergson a Thomas d'llquin (Hartmann) ; de Otto Hermann Pesch, Thomas d'llquin, Grandeur et limites de la theologie medievale (Cerf). On trouvera dans ces ouvrages Ie catalogue des reuvres du saint Docteur, ainsi que des index qui permettront de completer avantageusement Ie present vocabulaire. Pour aborder saint Thomas en trad1:lction, on peut ouvrir : la Somme theologique (Cerf), la Somme contre les Gentils (GF), les Questions disputees sur la Verite (Vrin), L'Etre et l'Essence (Vrin), ainsi que les recueils de Joseph Rassam (Saint Thomas, l'etre et l'esprit, PUF), et d'Etienne Gilson (Saint Thomas, textes sur la morale, Vrin). 8 Abstraction • Le mot sonne com me l'extraction d'un metal a partir de son minerai, mais Ie latin abstrahere designe plus exactement Ie geste de tirer a l' ecart. Abstraire, c'est considerer separement. •• On peut d'abord considerer une chose ou un aspect des choses a part des autres : par exemple, considerer une action abstraction Jaite des circonstances, de ses resultats, et de la personnalite de son auteur. L'abstrac- tion a un deuxieme sens, qui concerne l'origine de nos concepts. Selon Aristote, toute notre connaissance a son origine dans fa sensation. Saint Thomas n'est certes pas plus qu'Aristote un empiriste : il pense que notre connaissance atteint vraiment l'universel ; mais il pense qu'elle l'atteint a partir de la sensation, et qu'elle Ie sa is it a meme Ie sensible. L'abstraction designe alors I'acte par lequel notre intellect saisit et se represente I'unite intelligible d'une multiplicite d'abord sensible. Cette representation est Ie concept. Le petit enfant apprend a identifier les chaises, les fauteuils, et les tabourets, puis ales penser comme des sieges, ensuite comme des meubles, ainsi que les tables et les etageres, puis a penser ces notions les unes 9 com me generiques, les autres com me speeifiques, jusqu'aux notions les plus abstraites, tels Ie concept de concept, ou celui d' etre. La realite de cette abstraction est attestee par un contre-exemple. Celui qui est prive d'une certaine espece de sensations reste prive aussi des concepts qui lui correspondent. Ainsi l'aveugle-ne est incapable d'avoir aucun concept de lumiere ou de couleur, ni par suite des concepts d'optique ou d'esthetique picturale. Camme on dit, on ne saurait faire entendre - aux deux sens du terme - la musique a un sourd. Preuve pour saint Thomas que la pensee humaine ne s'exerce qu'en recevant son contenu de ce que l'experience sensible lui donne a connaltre. II n'y a place chez lui ni pour l'inneisme ni pour l'apriorisme. ••• Sur la base de sa notion generale, saint Thomas dis- tinguait, a la suite d'Aristote, trois degres d'abstraction. Le premier caracterise l'ensemble des sciences que l'aris- totelisme regroupe sous Ie nom de physique, c'est-a-dire les sciences de la nature. Celles-ci ont pour objet des formes, c'est-a-dire des types specifiques d' etres, leurs determinations generales, et les lois qui les regissent : par exemple Ie lourd et Ie leger, ou l'animal. Or Ie naturaliste ou physicien fait assurement abstraction de la singularite des etres qu'il etudie -les corps - en qui se realisent ces formes representees par nos concepts. 10 Mais il ne fait pas abstraction de l'existence materielle et des conditions qu'elle impose, notamment la mobi- lite : en termes aristotelieiens, il etudie des formes inseparables de la matiere, et en tant qu'elles lui sont unies. Pour illustrer cela, saint Thomas reprenait a Aristote l'exemple du terme camus: ce qualificatif designe une certaine courbure, qui est toujours celle d'un nez, de sorte que sa notion implique toujours celle de son sujet materiel. La courbe peut en revanche etre l'objet d'une autre consideration, celle du geometre, qull'envisage comme une limite de la grandeur etendue. Ce deuxieme degre d'abstraction - mathematique - consiste a concevoir des formes - figures et nombres - qui ne peuvent pas exister separement de la matiere sensible, et ales etudier comme si elles en etaient separees. Bien qu'il n'existe pas de triangle mais seulement des objets triangulaires, Ie geometre considere a part la forme triangle et en demontre les proprietes : de la mate- rialite, Ie triangle geometrique ne conserve qu'une spatia lite non physique - iei l'espace plan a deux dimensions - que saint Thomas appelle, a la suite d'Aristote, matiere intelligible. Et tandis que les etres physiques triangulaires sont soumis au devenir qui les transforme, les proprietes du triangle en tant que tel font l'objet d' enonces intemporels appeles theoremes. Ainsi on peut dire du mathematieien qu'il etudie des 11 accidents com me s'ils etaient des substances, puisqu'il en fait des sujets d'attributs specifiques. Mais saint Thomas ne voit dans cette abstraction aucune cause d'erreur, des lors que Ie mathematicien n'a pas besoin, pour ses demonstrations, de preter aux formes qu'il etudie l'existence separee qu'elles n'ont pas. Reste alors a considerer separement des formes reelIe- ment separees, c'est-a-dire qui existent separement de la matiere sensible, soit comme substance, soit comme propriete. C'est Ie troisieme degre d'abstraction, par lequel Aristote avait caracterise, au sixieme livre de sa Mltaphysique, la connaissance theologique, avant d'identifier celle-ci a la philosophie premiere. Ainsi, par abstraction a partir des existants sensibles, la physique etudie formellement I' hre materiel subsistant, la mathematique un immateriel non subsistant, et la metaphysique, definie comme theologie, un immateriel subsistant. Arne • Saint Thomas ne se demandait pas comme Lamartine si les « objets inanimes » ont « une arne qui s'attache a notre arne et la force d'aimer », car il preferait a I 'oxymore poetique la coherence que suppose la rigueur conceptuelle. II n'y a lieu de reconnaitre une arne que 12 la ou il y a animation, ou inversement, parler d'etres animes, c'est leur reconnaitre une arne comme Ie principe essentiel qui les distingue des autres. •• La psychologie de saint Thomas n' eta it pas une « metaphysique du sujet », pour qui l'ame s'identifie a la conscience. La conscience est pour lui une fonc- tion psychique particuliere, qui consiste a connaitre ses propres activites, et appartient donc a une arne capable d'une telle rijlexion. L'ame intellectuelle en est naturellement douee, car, nous en uploads/Philosophie/ michele-node-langlois-le-vocabulaire-de-saint-t.pdf

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