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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/340593892 Positivisme et spiritualisme au XIXe siècle en France Article · January 2015 CITATIONS 0 READS 475 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Political Philosophy and Democracy View project Obed Frausto Ball State University 20 PUBLICATIONS 6 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Obed Frausto on 12 April 2020. The user has requested enhancement of the downloaded file. Corpus, revue de philosophie, n° 68, 2015. 219 POSITIVISME ET SPIRITUALISME AU XIXe SIÈCLE EN FRANCE Une grande partie de la pensée française du XIXe siècle se caractérise par la lutte entre la philosophie et la science. Cette polémique va se développer tout au long du XIXe siècle. Hyppolite Taine explique dans Les philosophes classiques du XIXe siècle en France : « Aujourd’hui, principalement deux philosophies subsistent en France. On les retrouve, avec des petites nuances, en Allemagne et Angleterre : l’une est à l’usage des lettres ; l’autre à l’usage des savants ; chez nous, l’une s’appelle le spiritualisme ; l’autre le positivisme1 ». Selon Dominique Janicaud2, citant la définition de Lachelier donnée dans le vocabulaire de Lalande, le spiritualisme le plus complet et le plus profond « consiste à chercher dans l’esprit l’explication de la nature elle-même, à croire que la pensée inconsciente qui travaille en elle est elle-même qui devient consciente en nous, et qu’elle ne travaille que pour arriver produire un organisme qui lui permette de passer (par la représentation de l’espace) de la forme inconsciente à la forme consciente.3 » L’origine de l’idée de spiritualisme comme doctrine philosophique date du XVIIe siècle, elle est attribuée à l’évêque Berkeley qui pensait l’esprit comme quelque chose d’immatériel, comme la négation de la matière. Le commencement de cette notion est entrelacé avec les textes théologiques et l’expérience 1 Hippolyte Taine, Les philosophes classiques du XIXe siècle en France, Genève, Slatkine Reprints, 1979. p.VI. 2 Dominique Janicaud. Ravaisson et la métaphysique. Une généalogie du spiritualisme français, Libraire philosophique Paris, J. Vrin, 1997, p. 3. 3 André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la Philo, Paris, P.U.F., 1956, septième édition, pp. 1020. C68 Obed FRAUSTO GATICA 1ère épreuve : 11.05.2015 2ème épreuve : 13.05.2015 CORPUS, revue de philosophie 220 mystique et religieuse. Au XIXe siècle, la notion d’esprit est cependant conçue sans cette charge religieuse, en étant pensée comme une catégorie strictement philosophique. Les spiritualistes, de manière générale, doutent de l’idée de Descartes de deux ordres différents entre res cogito et res extensa. Ils signalent qu’il est possible de casser le mur cartésien entre les deux mondes, quand l’homme se met fondamentalement au centre entre les deux ordres, il est celui qui les révèle et les organise selon sa propre volonté4. L’homme proportionne les principes de l’ontologie phénoménologique qui permettent d’établir les limites du connaître et le pouvoir du sujet pour changer le monde selon sa volonté5. Au contraire, les positivistes remettent en question cette conception de la notion d’esprit. Il ne peut plus être pensé comme un être divin, destiné au salut donné par Dieu. L’esprit est pensé plutôt comme quelque chose abandonné dans l’intérieur du monde naturel en étant expliqué par des catégories factuelles : « La nature est comme une réfraction ou une dispersion de l’esprit »6. Ils considèrent aussi que la nature limite la capacité d’action de l’esprit parce que la nature fonctionne selon des lois et des règles déterminées. L’esprit, en étant une partie de la nature, est également conditionné par des lois universelles et nécessaires. 4 Maine de Biran fut le premier à réaliser cette avancée dans les catégories analytiques. Il a résolu la question d’attribuer une force hipe-organique au sujet de révéler le fait le plus primitif du sens intime qui est inséparable de la force de la volonté humaine. La pensée de Maine de Biran permet de reconnaître une faculté absolue dans l’Homme qui lui donne la possibilité de s’élever jusqu’à Dieu –toute connaissance vient par l’activité, la force et la volonté humaine et non par la spontanéité intellectuelle comme Kant avait pensée. Si Descartes avait déjà dit : « Je pense donc je suis » ; Maine de Biran pourrait avoir dit : « Je veux, donc je suis ». 5 Voir Maël Lemoine, « Maine de Biran. Ordres de phénomènes et science de l’homme », in Belay, Raynald et Marin, De la nature à l’esprit. Études sur la philosophie française du XIXe siècle, Lyon, ENS éditions, 2001, p. 168. 6 Félix Ravaisson, Rapport sur la philosophie française en France au XIXe siècle, Fayard, Paris, 1984. p. 310. Obed Frausto Gatica 221 Les deux figures centrales qui animent sans doute cette polémique furent Victor Cousin et Auguste Comte. Cousin a élaboré ses idées spiritualistes dans un cadre théorique qu’il appelle l’éclecticisme, soutenu par une méthode dite psychologique, devant permettre de comprendre la diversité de l’ontologie humaine. En outre, il s’intéresse à l’histoire de la philosophie et promeut, en particulier, les études aristotéliciennes et le monde antique. Cousin essaye de faire ressurgir une tradition humaniste et historiciste, effacée par Descartes qui aurait jugé fondamental de développer les études d’ordre naturel au détriment des études historiques et humaines. Par ailleurs, Comte développe une idée philosophique qui promeut les études scientifiques dans tous les champs, autant la nature que l’humain. Son positivisme est une expression particulière de l’idée de la technification du monde. Comte travaille à dépasser la spéculation transcendantale par la vaste étendue de la connaissance pratique, en se laissant guider par une méthode expérimentale et scientifique. Le contexte social que partagent Cousin et Comte est très conflictuel après la Révolution française. Les deux philosophes sont à la recherche d’un renouveau politique afin d’arriver à une phase de développement qui garantirait la paix, les libertés individuelles et la stabilité de l’État français7. Cependant, Cousin et Comte marchent sur différents chemins. Cousin, du fait de sa situation institutionnelle, est en situation de diriger une grande partie du système éducatif français. Il occupe une position politique privilégiée en tant que ministre de l’Instruction Publique d’où il a la possibilité d’influer sur la désignation des postes universitaires ainsi que sur le concours de l’agrégation. Aussi peut-il largement propager sa pensée éclectique. Au contraire, la 7 W.M. Simon, The “Two Cultures” in Nineteenth Century France: Victor Cousin and Auguste Comte”, Journal of the History of the Ideas, Vol. 26, no. 1 (Jan-Mar., 1965), p. 45. CORPUS, revue de philosophie 222 carrière professionnelle de Comte comporte d’importantes déceptions, puisqu’il n’a jamais obtenu jamais de poste à l’université. Aussi a-t-il répandu ses idées entre les ouvriers et enseigné ses leçons dans son appartement à quelques-uns de ses disciples. Le spiritualisme éclectique de Victor Cousin Le travail de Patrice Vermeren : Victor Cousin. Le jeu de la philosophie et de l’État (1995), est un des plus importants travaux autour de Victor Cousin. Vermeren pense qu’il n’y a pas deux moments philosophiques dans la pensée de Cousin. L’historiographie du XIXe siècle décrivait deux moments de sa pensée. Le premier moment, avant 1830, est quand Cousin a créé une philosophie nouvelle et le deuxième moment est quand Cousin a abandonné son travail théorique pour envisager plutôt la gestion politique de sa philosophie. Cousin a modifié ses idées initiales pour les adapter à de nouvelles circonstances politiques. Au contraire, Vermeren montre comment Cousin hérite du projet de son maître Royer-Collard qui était politique et philosophique au même temps : « Victor Cousin hérite de Royard-Collard d’un projet qui n’est pas seulement théorique, mais aussi, dès l’origine, institutionnel, qu’il modifie jusqu’à lui donner le statut d’une tradition philosophique nationale et la fonction d’un paradigme politique de l’État libéral constitutionnel.8 » La monarchie de Julie requiert alors une nouvelle élite dirigeante issue de la caste lettrée9, dont le pouvoir provient d’un capital culturel acquis dans les institutions éducatives et non d’un titre héréditaire de la noblesse. Cousin est le dirigeant de cette nouvelle élite et son éclecticisme aide à maintenir cette hiérarchie. Le spiritualisme de Victor Cousin réside particulièrement dans la conciliation de tous les systèmes philosophiques. Il pense qu’il y a trois différents domaines qui incluent les éléments fondamentaux de chaque système : la sensation, l’intelligence et 8 Ibid. p. 18. 9 Voir Ringer Fritz, The Decline of the German Mandarins. The German Academic Community, 1890-1933, Harvard University Press, USA, 1969. Obed Frausto Gatica 223 la volonté10 et ceux-ci finissent par la synthèse commune de la pensée. Le point initial pour la reconnaissance d’enchainement des différents domaines est le « moi », puisque c’est le sujet qui décrit ses propres sensations et il les voit puisqu’il les décrit. Ce procédé de description est rationnel – raison – mais aussi irrationnel – foi –, il est désigné comme la « méthode psychologique » et doit donner le moyen d’étudier l’Homme et son intérieur. La tentative de Cousin consiste à démontrer que le sujet agit selon sa propre volonté, son propre libre arbitre et aussi selon l’intervention divine d’une entité qui le dépasse11. uploads/Philosophie/ obed-frausto-2015-positivisme-et-spiritualisme-au-xixe-siecle-en-france.pdf
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- Publié le Nov 17, 2022
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