Notions Elémentaires de Maçonnisme Par Oswald Wirth A ceux qui se sentent la vo
Notions Elémentaires de Maçonnisme Par Oswald Wirth A ceux qui se sentent la vocation de construire eux-mêmes leur philosophie Avant-Propos Construire un édifice spirituel est l’ambition de tout penseur indépendant, qui se sent capable d’assembler des idées et de les coordonner à sa convenance. Pour bâtir solidement, un terrain approprié doit être choisi, autrement dit, une conviction de base. Où trouver celle-ci plus indubitablement, qu’en la certitude que nous vivons ? L’être qui se sent vivre peut douter de tout, sauf de sa propre vie. La vie s’impose à nous, en nous-mêmes et en tout ce que nous voyons vivre. Nous ignorons ce qu’elle est, mais nous ne pouvons échapper à son énigme. Nous vivons, telle est l’affirmation sur laquelle s’érige la philosophie qui est en droit de s’intituler Maçonnisme ou Constructivisme, car ce que la vie nous révèle, c’est qu’elle construit. Elle construit des organismes individuels, constructeurs à leur tour d’organes collectifs. Finalement, tout est construction en tant que vie. Apprendre à construire correspond dès lors à l’Initiation au Grand Art de la Vie. Notions Elémentaires de Maçonnisme Les Francs-maçons : Aucune association ne fait autant parler d’elle que la Franc-Maçonnerie. On sait que des secrets sont confiés aux Francs-maçons, qui, lors de leur initiation jurent de les garder inviolablement. Pour connaître ces secrets, des hommes de tous les pays, de toutes les races, de toutes les religions et de toutes les conditions sociales se sont fait initier depuis 1717, date de l’institution de la Franc-maçonnerie sous sa forme actuelle. La curiosité n’aurait cependant pas suffi pour assurer le succès rapide d’une confrérie rénovée sur la base d’usages anciens, remontant aux corporations constructives du moyen âge. Les mystères de l’architecture, confiés jadis par le roi Salomon aux constructeurs du Temple de Jérusalem, pouvaient bien intriguer nos ancêtres du XVIIIe siècle, mais, pour déterminer les plus avisés d’entre eux à se faire recevoir Franc-maçons, une légende ne possédait pas, à elle seule, le pouvoir de fascination nécessaire. En 1723, la nouvelle organisation maçonnique fit connaître ses principes en publiant un Livre des Constitutions. On apprit ainsi qu’un Franc-maçon est tenu de se conformer à la loi morale, afin que sa conduite soit estimée exemplaire par ses concitoyens. Moyennant absolue correction en son attitude et en ses actes, il devient libre de ses opinions particulières philosophiques, religieuses et politiques. Il ne doit aucun compte de ce qu’il peut penser ou croire, pourvu qu’il s’affirme irréprochable en la manière de se comporter. Faisant systématiquement abstraction de tut ce qui peut diviser les hommes, l’Ordre maçonnique ambitionne d’établir entre eux un lien solide de fraternité, basé sur leur estime réciproque. Tous honnêtes et loyaux, gens d’honneur et de probité, les adeptes doivent se sentir égaux en valeur morale, dignes, par conséquent, d’affection et de confiance. Il s’agit d’unir tous les hommes de bien en leur demandant de collaborer à une même ouvre constructive, figurée allégoriquement par l’édification d’un Temple de Sagesse, ouvert à tous les artisans d’une humanité meilleure. Jusqu’au XVIIIe siècle, on avait cherché le salut des hommes dans la communauté de leurs convictions religieuses. Les religions avaient propagé des croyances rivales et chacune se considérait comme la seule vraie ; d’où contestations, discordes véhémentes et guerres désastreuses. Le fanatisme religieux étant envisagé comme responsable de tous ces maux, les partisans de la conciliation reconnurent indispensable de propager la tolérance. Cette vertu philosophique devait tempérer l’absolutisme de la foi. A celui qui croit avoir raison, elle fait admettre que les autres n’ont pas tort à leur point de vue, d’où respect de personnes justifiant par leur conduite les principes inspirateurs de leurs actes. Qui agit bien ne saurait penser mal en sa conscience, quelles que soient ses théories. Il faut arriver à se comprendre entre gens de bien, alors même que des idées foncièrement identiques sont exprimées en des termes différents. En dépit de la confusion des langues, les hommes sincères, généreux et bons s’accordent entre eux par la communauté de leurs sentiments honnêtes. Chacun pense à sa façon, sous l’influence de l’éducation reçue ; mais une commune manière de sentir s’établit entre ceux qui ont appris à s’estimer. Dans ces conditions, d’immenses services peuvent être rendus par une confraternité universelle, au sein de laquelle aucune opinion ne prévaut sur l’autre, où chacun est libre d’exposer ses idées, non dans le but de les imposer à autrui, mais, au contraire, en vue de les soumettre au contrôle bienveillant de ses frères. La facilité offerte de s’éclairer réciproquement n’implique cependant pas un accord intellectuel positif chez les Francs-maçons, auxquels aucun credo collectif ne s’impose. Cela ne veut pas dire qu’ils aient à s’abstenir de toute conviction, car, s’ils comprennent bien l’Art, leur est-il dit, ils ne seront, ni des athées stupides, ni d’irréligieux libertins. Entendons par là qu’ils sauront se garder de toute négation stérile et s’appliqueront à comprendre les manifestations du sentiment religieux. Chacun ayant le devoir de s’instruire pour se perfectionner, il importe beaucoup plus en Maçonnerie d’écouter et comprendre, que parler et convaincre. L’adhésion à un certain optimisme est tout ce qu’exige logiquement la recherche de la qualité de Franc- maçon, car, se dire tel, c’est affirmer constructeur du mieux humain. Si je ne crois pas à la perfectibilité humaine, je me mets en contradiction avec moi-même, en m’associant avec des homes décidés à travailler au perfectionnement individuel et collectif. Pour qui l’humanité apparaît comme incorrigible, il est vain de s’attacher à se corriger soi-même et de viser à rendre plus harmonieux les rapports sociaux. Il faut avoir foi en la nature humaine pour se dévouer à sa culture, sur soi-même directement et sur autrui par influence bénéfique. Si, en refusant de faire crédit au bien, je m’accommode du mal, je m’exclus, de ce fait, de la confraternité des constructeurs d’une humanité meilleure. Notons ici que le bien, auquel croit tout Franc-maçon effectif, a été anthropomorphisé par les religions. Il en résulte que ceux des Francs-maçons, qui n’ont pas poussé la compréhension de leur Art au-delà de leur catéchisme confessionnel, se montrent intransigeants quant à la croyance en Dieu. Ils manquent de philosophie, non moins que leurs excommuniés, si, prenant un mot au tragique, ils manquent d’indulgence à l’égard des faiblesses de l’esprit humain. Nous éprouvons le besoin d’objectiver les abstractions et de les personnaliser poétiquement, d’où une idolâtrie fatale, dont devraient se contenter de sourire ceux qui n’en sont pas dupes. En réalité, derrière le Dieu des Croyants, il y a le bien auquel se dévouent tous les Francs-maçons, sans distinction de métaphysique. La sagesse serait de ne pas soulever de querelles à ce sujet. Le programme théorique de la Franc-maçonnerie moderne, tel qu’il fut formulé en 1723, se heurta pratiquement à de grosses difficultés d’application. Les sages ont toujours été en extrême minorité parmi les hommes et quand une association gagne en nombre, ce ne sont pas eux qui se font écouter. Ce qui s’est produit historiquement était inévitable et rien n’est moins surprenant que la distinction qui s’impose de nos jours entre Maçonnerie et Maçonnisme, entre une organisation ayant évolué au cours de deux siècles et une conception d’ordre philosophique, indépendante des vicissitudes évolutives de son essai d’application pratique. Il est permis d’accabler de critiques l’institution née en 1717, car elle est très loin d’avoir réalisé son idéal. A l’instar des églises chrétiennes, qui ne s’identifient pas avec le pur Christianisme, il n’y a que trop de marge entre le Maçonnisme et la pratique des Loges et Grandes Loges maçonniques. Nous n’avons pas ici dévoiler des faiblesses n’intéressant que ceux qui sont appelés à y porter remède. La Maçonnerie ne se fait aucune illusion sur elle-même et travaille à se réformer. Un très sérieux mouvement de régénération initiatique gagne du terrain en son sein : attendons, persuadés que l’organisation maçonnique n’a pas dit son dernier mot. Mais la Maçonnerie n’est pas une église en dehors de laquelle il n’est point de salut. Elle enseigne à chercher une lumière qui n’est pas destinée à être tenue sous le boisseau. Cette lumière est une sagesse accessible à tous les initiales qui ne sont aucunement tenus de se faire initier cérémonieusement, pour concevoir le Maçonnisme et se faire eux-mêmes Maçons intellectuellement. Le formalisme traditionnel des Loges, si intéressant et instructif qu’il puisse être, n’a qu’une importance secondaire par rapport à la philosophie qui lui donne sa valeur effective. Cette philosophie, nous entendons la rendre ici accessible à tous les penseurs, qui l’apprécieront chacun à son point de vue. Qu’il nous soit simplement permis d’affirmer qu’aucun système ne nous a donné satisfaction au même degré au cours de cinquante ans d’impartiales investigations. La Construction Universelle : Au temps des religions professionnelles (1), chaque métier tendait à concevoir le monde à sa façon. Les artisans du bâtiment voulurent y voir un immense édifice en voie de construction. Tout se construit, tel fut l’axiome que leur dicta l’amour et le légitime orgueil d’un art qui leur apparaissait comme noble entre tous. Quand la Maçonnerie dite « spéculative » succéda, à partir de 1717, uploads/Philosophie/ oswald-wirth-notions-elementaires-de-maconnisme.pdf
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- Publié le Nov 12, 2022
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