Mission départementale Maîtrise de la langue – DSDEN du Nord – groupe « oral »
Mission départementale Maîtrise de la langue – DSDEN du Nord – groupe « oral » NOTES DE LECTURE Deux OUVRAGES DE M. TOZZI 1. Penser par soi-même, Initiation à la philosophie, MICHEL TOZZI, EVO Chronique Sociale, 1996. L'ouvrage est composé de 7 chapitres articulant apports notionnels et exercices de mise en application. Chapitre 1. Quelles sont mes opinions ? D'où viennent-elles? - Comment savoir ce qu'on pense ? En se parlant à soi-même (exprimer ses opinions mais aussi des objections), en parlant devant ou à quelqu'un en qui on a confiance, en s'enregistrant au magnétophone comme si l'on s'interviewait (instaurer une distance à cette voix intérieure - extérieure), en écrivant ses pensées soit directement soit en les reformulant ; - D'où viennent mes opinions ? Il faut comprendre comment elles se sont formées, leur origine et leur généalogie ; - Pour approfondir la notion d'opinion ; - l'opinion apparaît, depuis PLATON, dans la tradition rationaliste de la philosophie, comme une source d'illusion ou d'erreur ; - au XIXe siècle, les sociologues insistent sur la dimension de « représentation collective » (une antériorité et une autorité qui s'impose à un individu par l'influence de son milieu) ; - de l'opinion individuelle à la représentation sociale : dans les années 60, la psychologie sociale met en évidence que les représentations sont des systèmes de pensée, dont le caractère social provient de leur dimension d'échanges et de communication (une idée qui vient satisfaire notre besoin logique d'explication) ; le développement de l'ethnologie a permis de prendre conscience des écarts dans les représentations du monde entre les différentes sociétés (occidentales et non occidentales). Définition de M. TOZZI : « Une représentation, c'est l'adhésion - à la fois intellectuelle et affective - à un système d'idées, d'images et de valeurs, que je me construis de manière évolutive par interprétation de la réalité extérieure et intérieure, pour pouvoir comprendre, vivre et agir. Cette élaboration s'opère en fonction d'une part de mon histoire personnelle, d'autre part de mon insertion collective dans des groupes sociaux divers et une culture déterminée qui m'influencent en profondeur, notamment par le langage. » Chapitre 2. Apprendre à mettre en question mes opinions. - La légitimité du doute : pourquoi ce que nous croyons aujourd'hui serait-il plus vrai que ce que nous avons rejeté d'hier, alors que des informations nouvelles nous amènent fréquemment à changer d'avis ? On peut douter de ce que l'on nous dit, de ce que l'on nous montre (la question des sources des images), de ce que nous-mêmes nous pensons. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de vérité, que tout est relatif et se vaut, mais au contraire qu'il faut être très exigeant en matière de vérité. Penser par soi-même, ce n'est pas forcément changer d'avis, « se renier » mais c'est peut-être simplement approfondir ce qu'on pense et découvrir pourquoi on avait raison de le penser. Le « plus » n'est donc pas toujours dans le changement de point de vue, mais dans l'élaboration d'un fondement rationnel, argumenté, de sa pensée (ne plus me contenter de ce que je vois, de ce qu'on me dit, de ce qu'on me montre). - Organiser son doute : questionner ses opinions et ses clichés à partir d'un fait marquant, une situation inédite, la rencontre d'une personne, la lecture d'un livre, la pertinence d'une argumentation conduite par autrui. La confrontation à la nouveauté, à la différence, et le plus souvent à l'opposition vient alors perturber mon assurance et ébranler ma certitude. La recherche du vrai passe par le doute méthodique, le discernement de l'origine conformiste et non rationnelle de mes représentations, la capacité à prendre au sérieux les objections d'autrui, en particulier celles des philosophes, et à me faire à moi-même des objections. Mission départementale Maîtrise de la langue – DSDEN du Nord – groupe « oral » Exemples : le rationalisme athée, la croyance en Dieu, le marxisme, les dons héréditaires, l'influence de l'éducation sur nos aptitudes, la nature et la culture, l'inné et l'acquis, le racisme. Il est difficile de faire évoluer nos représentations, parce que nous y tenons non seulement intellectuellement mais affectivement, et que les objections de type rationnel n'ont souvent pas de prise sur nos croyances profondes. Il est difficile de s'opposer intellectuellement à une argumentation qui ne tire sa motivation que d'un niveau émotionnel, sur laquelle la raison n'a guère de prise. Si nous tenons affectivement et pas seulement intellectuellement à nos opinions, c'est parce qu'elles nous sont utiles, même si elles sont fausses (notamment pour expliquer le monde et mettre nos actions en harmonie avec le monde qui nous entoure). Pour G. BACHELARD (dans « La formation de l'esprit scientifique »), il est nécessaire de se libérer des opinions et ce en franchissant des « obstacles épistémologiques » (concernant la connaissance scientifique de la réalité). Chapitre 3. M'interroger sur les problèmes fondamentaux. - Formuler les questions de mes réponses. Apprendre à élaborer un questionnement philosophique. Les opinions, qui restent alors des préjugés, sont des quasi - réponses à des questions que l'on ne sait que rarement explicitement posées (sans réfléchir aux problèmes complexes qui peuvent avoir des implications scientifiques et philosophiques, éthiques et religieuses, juridiques…) ; - Dégager les présupposés de mes opinions ; Un présupposé est une affirmation impliquée par une proposition, et sans laquelle elle ne pourrait être valide : il faut l'expliciter car il est généralement contenu implicitement dans la proposition. - Formuler philosophiquement des questions : - en référence au contenu : poser le problème du sens, de la finalité, de la valeur, de la légitimité morale d'une situation ou d'un phénomène ; - en référence à la formulation : son expression privilégiée est celle de la forme interrogative pour laisser toujours ouverte la méditation et lui permettre de rebondir. Ce qui caractérise un problème philosophique, probablement parce qu'il s'attaque à une question fondamentale pour l'homme (donc complexe à résoudre), c'est la possibilité de réponses plurielles : il n'y a pas de solution unique qui, comme en sciences par exemple, pourrait faire à un moment donné un consensus dans la communauté des experts. Types de formulation envisageables : - très générales, avec le moins de présupposés possibles, et qui ouvrent implicitement sur plusieurs réponses (« Dieu existe-t-il ? ») - ouvrant sur plusieurs réponses explicites (« Dieu existe-t-il dans la réalité, ou seulement dans la tête des hommes? ») - avec des présupposés que l'on explicite (« Dieu est-il amour ou justice ? » en présupposant que Dieu existe) - portant sur l'existence ou l'essence de la notion (définition du concept : « Que recouvre le nom de Dieu ? ») - essayant de comprendre par les causes, par les fins, par le sens (« Pourquoi Dieu a permis le mal ? À quoi sert la religion ?… ») - portant sur la légitimité (« Doit-on devenir son propre Dieu ? ») ... Bilan : les questions philosophiques demandent une élaboration particulière (des exigences philosophiques de formulation notamment) et rejoignent des problèmes essentiels, enracinés dans l'histoire de la pensée, et sur lesquels les philosophes vont nous faire réfléchir. Chapitre 4. Apprendre à conceptualiser philosophiquement des notions. Pour pouvoir penser, nous avons besoin de concepts, c'est-à-dire de mots dont le sens est suffisamment élucidé pour que leur mise en relation fasse nettement apparaître un problème. Philosopher, c'est donc conceptualiser, c'est-à-dire faire émerger ou construire le sens de notions qui, d'idées vagues, deviennent des concepts définis qui sont à la fois l'objet et les outils de la pensée. Mission départementale Maîtrise de la langue – DSDEN du Nord – groupe « oral » - Définir les mots qui expriment les notions : nécessité de dire avec précision, d'employer le vocabulaire adapté, de distinguer les sens différents d'un mot pour clarifier les questions posées (se référer à l'étymologie du mot, s'appuyer sur les mots voisins et opposés, construire un réseau conceptuel) ; - Repérer les champs d'application de la notion au réel : classer les domaines d'application (politique et juridique, moral et éthique, religieux, scientifique, artistique ou esthétique…) ou selon le champ des valeurs fondamentales (le vrai, le bien, le beau) ; - Définir la notion par les attributs de son concept, ses caractéristiques spécifiques par rapport à d'autres concepts d'extension proche. Ce sont ces attributs qui permettent la compréhension du sens d'un concept ; S'appuyer sur des supports concrets (images, métaphores, symboles, allégories) pour saisir le sens d'une notion et formuler abstraitement celui-ci ; - Problématiser : mettre en question la définition initiale d'une notion pour analyser critiquement ses présupposés et conséquences, afin de la redéfinir plus adéquatement (exempt de la liberté). Chapitre 5 .Tenter de répondre à un problème philosophique. - Le piège de la spontanéité et de l'évidence : différer la réponse à une question pour se donner le temps de la réflexion (pour comprendre le sens d'une question, il faut d'abord questionner la question, élaborer une problématique), analyser les notions d'une question pour en comprendre les sens possibles, repérer le nombre de notions d'une question ; - Un uploads/Philosophie/ penser-par-soi-meme.pdf
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- Publié le Nov 20, 2021
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