Exemple de traitement possible du sujet proposé H. Elie Explication du texte de
Exemple de traitement possible du sujet proposé H. Elie Explication du texte de Leibniz « Les sens1, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles2, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c’est-à-dire des véri tés particulières ou individuelles. Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit point3 que ce qui est arrivé arrivera de même (…) D’où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures4 et particulièrement dans l’arithmétique et dans la géo métrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquence des témoignages des sens, quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d’y penser. » Leibniz Préface aux Nouveaux essais sur l’entendement humain 1. Les « sens » sont les diverses fonctions de la sensibilité (la vue, l’ouïe, l’odora, etc.). 2. Les « connaissances actuelles » sont les connaissances «en acte», c’est-à-dire en tant que nous y sommes présents avec attention, en tant que nous avons présent à l’esprit le rapport des idées dont elles sont composées. Cela s’oppose aux connais sances qui ne sont plus que mémorisées, et quelquefois impeccablement, comme les connaissances que je peux réciter «par cœur». Par exemple, je peux connaître par cœur les tables de multiplication et donc savoir que 9 fois 7 font 63, «sans avoir besoin de réfléchir», sans y être présent avec mon intelligence «en acte» En revanche, je n’ai pas besoin de mémoire pour savoir que 10 fois 7 font 70 : je peux être «présent» à cette vérité, parce qu’elle est facile à «voir»; je me rends aisément présente à l’esprit la composition de 70 comme 10 fois 7. Mais je peux avoir aussi la connaissance en acte de 9 fois 7, dans la mesure où je peux me rendre présent aisément dans un acte de l’esprit que 9 fois 7 est équivalent à (10-1) fois 7 et sont donc égal à 70 moins une fois 7. 3. « Il ne suit point » : cela n’a pas pour conséquence… Ce qui se passe ici ou aujourd’hui, ne se passe pas nécessairement ailleurs et ne se passera pas nécessairement demain. 4. « Mathématiques pures » : renvoient à une connaissance qui ne procède en effet que par démonstration, c’est-à-dire par déduction à partir de principes. Remarque importante Ce traitement possible du sujet proposé doit être considéré comme une véritable leçon de philoso- phie venant compléter celles du cours. Rappel concernant la présentation des devoirs, notamment pour le baccalauréat Nous avons mis entre crochets, en tête de certains paragraphes, des titres ou des numéros dans le but de faciliter votre lecture en rendant plus manifestes la construction du devoir et l’ordre des idées c’est-à-dire de leur discussion. N’oubliez pas, cependant, que, dans vos propres copies, y compris le jour du baccalauréat, vous ne devez pas utiliser ce procédé typographique, qui n’est qu’une aide pédagogique destinée à soutenir et favoriser votre attention. Il faut rédiger votre texte de telle manière que les paragraphes ou phrases de transition ainsi que les termes et locutions de liaison indiquent suffisamment clairement la suite logique et l’enchaînement de vos idées et de votre analyse. CNED Terminale – PH00 – 2017 1 Corrigé-type du devoir 1 PHILOSOPHIE – PH00 La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. [Introduction] Les sens semblent être la fonction de notre rapport au monde et à nous-même la plus simple, la plus précoce, la plus universelle : outre que nous semblons la partager avec tous les animaux, elle est pré sente au moins dès la naissance, avant même que le nouveau-né ne puisse se déplacer et entreprendre la moindre exploration, il est en relation avec le monde et avec lui-même par la sensation ; du fait de la sensation, il n’est jamais sans rien savoir de la réalité. On peut dire, de façon simplifiée, que grâce à elle le monde paraît se donner de lui-même à nous, se présenter lui-même à nous, voire se rendre pré sent lui-même en nous, sans que nous n’ayons rien à faire, à la différence des situations où nous nous efforçons de prendre connaissance de lui scientifiquement, d’agir de façon maîtrisée et technique sur lui, ou même seulement de nous déplacer et d’aller au-devant de lui pour l’explorer ou enquêter : c’est ce qui permet de caractériser la sensibilité comme réceptivité et passivité pures. Les sens semblent ainsi nous fournir des connaissances de la façon la plus simple, la plus naturelle, la plus ancienne, la plus constante. Or le texte de Leibniz que nous nous proposons d’expliquer a précisément pour objet de se demander si cependant toutes nos connaissances nous sont réellement fournies par les sens ou bien si certaines ne proviennent pas d’autres sources, et notamment du raisonnement et du calcul, comme on peut s’en apercevoir en mathématiques. À la question : les sens sont-ils suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? le texte de Leibniz répond, dès sa première phrase, par une thèse que l’on peut formuler ainsi : les sens sont une condition nécessaire pour la possession («actuelle») de toutes nos connaissances, mais non pas une condition suffisante pour l’acquisition de toutes ces connaissances (la manière dont elles nous sont «données»). Toute la suite du texte a dès lors comme fonction d’expliciter et de justifier cette thèse, en rendant compte tout d’abord de la raison principale pour laquelle l’acquisition de toutes nos connaissances ne saurait trouver dans les sens sa condition suffisante (en opérant notam ment une distinction importante entre « vérité générale » et « vérité nécessaire »), avant de conclure sur la nécessité de reconnaître au fondement de l’acquisition de beaucoup de nos connaissances un autre principe que les seuls sens, un principe mettant donc en jeu une autre fonction de l’esprit (intelligence, entendement ou raison). Cette conclusion ne doit cependant pas nous faire oublier le premier élément de la thèse, reconnaissant cependant aux sens le statut d’une condition bel et bien nécessaire, sinon à l’acquisition de toutes les connaissances, du moins à leur « possession actuelle » : les derniers mots du texte ont précisément comme fonction de nous le rappeler en en précisant le sens : bien que toutes nos connaissances ne dérivent pas des sens, il reste que, sans les occasions fournies par les sens de mettre en œuvre l’ensemble de nos facultés (sensibles et intellectuelles), bien de nos connaissances ne nous seraient pas réellement et « actuellement » présentes à l’esprit. Après avoir procédé à l’analyse détaillée du texte, on tentera de discuter du bien-fondé de sa thèse. Pour se demander si les sens ne sont pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances, il nous fau dra tout d’abord apercevoir dans quelle mesure et de quelle manière ils nous fournissent des connais sances et quelle est la nature des connaissances qu’ils nous fournissent ; ensuite, il s’agira d’examiner si d’autres sortes de connaissances n’échappent pas par principe à toute possibilité d’expérience par les sens, relevant ainsi d’autres fonctions de l’esprit (une «raison pure», un «entendement pur») ; si c’était le cas, les sens ne nous fourniraient pas toutes nos connaissances. Mais, même si ce n’était pas le cas (dans le cas où aucune connaissance véritable ne paraîtrait pouvoir être fournie par la raison ou l’enten dement seuls), il faudrait encore examiner si les sens seuls en sont capables, ou bien si toute connais sance, lors même qu’elle exige un rapport à une réalité que seuls les sens rendent possible, n’exige pas aussi de mettre en œuvre des fonctions rationnelles (relevant de la raison) ou intellectuelles (relevant de l’entendement). [Analyse] Un premier temps du texte est consacré à l’exposition de la thèse principale, dont l’énoncé constitue la première phrase : si les sens sont une condition nécessaire pour la possession «actuelle» de toutes nos connaissances, ils ne constituent pas néanmoins une condition suffisante pour l’acquisition de toutes ces connaissances. La nuance exacte de cette idée est exprimée cependant, d’un point de vue grammatical, par la présence d’une proposition concessive (introduite par «quoique») dans la première mais aussi dans la dernière phrase du texte, de manière symétrique mais apportant cependant une précision : alors que la première phrase exprime l’idée générale telle que nous venons de la caractériser, la proposition concessive de la dernière rappelle que, si les sens ne sont pas une condition suffisante pour l’acquisition 2 CNED Terminale – PH00 – 2017 corrigé 1 de toutes nos connaissances, ils sont cependant une condition nécessaire pour «s’aviser d’y penser»: pas seulement, donc, comme on pouvait le comprendre dans la première phrase, pour les posséder «actuellement» (au sens où chaque fois que l’esprit est présent à ses connaissances, il est éveillé, en éveil, sentant autant uploads/Philosophie/ phil-dev1-corrige.pdf
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- Publié le Jui 04, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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