En librairie le 8 mars 2019 ANOUSH GANJIPOUR (Dir.) | POLITIQUE DE L’EXIL GIORG

En librairie le 8 mars 2019 ANOUSH GANJIPOUR (Dir.) | POLITIQUE DE L’EXIL GIORGIO AGAMBEN ET L’USAGE DE LA MÉTAPHYSIQUE « Homo sacer » de Giorgio Agamben : 9 volumes, écrits et publiés de 1997-2015 (une intégrale en a été publiée aux éditions du Seuil) constitue sans nul doute l’une des entreprises philosophiques les plus considérables de ces vingt dernières années. Étienne Balibar, Jean-Luc Nancy, Mathieu Potte-Bonneville, Thomas Benatouïl, Barbara Carnevali, Federico Tarragoni, entre autres, la commentent et pensent ici, dans un collectif dirigé par Anoush Ganjipour. Avec son dernier volume, L ’Usage des corps (2015), le projet métaphysique de Giorgio Agamben, Homo Sacer, se clôt. Ayant été au cœur du travail théo- rique d’Agamben depuis les années 1990, Homo Sacer constitue dans son ensemble l’essentiel de l’œuvre d’Agamben, où celui-ci développe l’une des constructions théoriques les plus saisissantes dans la pensée européenne contemporaine. En sont la preuve les lectures ou usages multipliés des différents aspects de Homo sacer dans les domaines aussi variés que la théorie contemporaine de l’art, la critique littéraire, les sciences humaines, la philosophie ou encore la pensée politique. À cet égard, force est de constater que Homo sacer a fini par devenir l’une des réfé- rences incontournables dans les débats qui animent actuellement chacun de ces domaines. Son succès interdisciplinaire relève surtout de la singularité du projet d’Agamben : d’une part, il traverse dans son développement plusieurs domaines ou champs du savoir et, de l’autre, il engage un dialogue constant avec les grandes figures de la pensée occidentale, figures aussi bien classiques que contemporaines. Pour toutes ses raisons, il nous a semblé opportun de revenir dans le présent recueil sur l’ensemble du projet de Homo sacer afin de porter un regard critique sur ses apports théoriques, ses prémisses conceptuelles ou encore son rapport complexe avec les différents domaines du savoir. À cette fin, deux types de contributions composent ce volume. D’un côté, nous avons sollicité quelques-uns des interlocuteurs directs d’Agamben dans telle ou telle partie de Homo sacer, ce qui est notamment le cas d’Étienne Balibar, Jean-Luc Nancy et Thomas Bénatouïl, pour reprendre et prolonger à leur tour le dialogue avec Giorgio Agamben. De l’autre, une série de contributions sont consacrées 978-2-35526-193-0 25 pages ; env. 22 euros à l’examen des aspects de Homo sacer qui nous ont paru fondamentaux pour mieux comprendre le projet d’Agamben et l’évaluer dans le contexte de la pensée contemporaine. Notre objectif a été de fournir pour la première fois au lecteur une approche panoramique de Homo sacer et, partant, de la pensée de Giorgio Agamben dans sa systématicité et cohérence interne. Table ÉTIENNE BALIBAR, « Inoperosità » : usage et mésusage d’une négation THOMAS BÉNATOUÏL, L ’usage (au) singulier ? BARBARA CARNEVALI, « Gloria ». Sauver les apparences PIERRE CAYE, Hénologie et désœuvrement. Pour une critique du théologico-politique ANOUSH GANJIPOUR, L ’ange ou l’histoire ? La métaphysique islamique et l’avenir de « Homo sacer » MARIE GOUPY, L ’état d’exception dans un ordre juridico-politique dépolitisé JEAN-LUC NANCY, Restitution MATHIEU POTTE-BONNEVILLE, Fréquenter l’impraticable. L ’usage chez J. Butler et G. Agamben FEDERICO TARRAGONI, V ers une théorie politique de la modernité. Agamben au prisme de Weber GIORGIO AGAMBEN, Critique de l’action ! lignes Préface Anoush Ganjipour Dans la préface qu’il écrivait, il y a trente ans, à la traduc- tion française de son ouvrage, Enfance et histoire, Giorgio Agamben parlait d’une œuvre impossible qui se situe au cœur de l’activité de chaque auteur. En différant perpétuellement sa réalisation ou son achèvement, disait-il, elle constitue les écrits de l’auteur comme autant de prologues ou de parer- gons. Chaque livre consiste en une nouvelle tentative pour articuler le contenu virtuel de cette œuvre, pour saisir ce centre fuyant ; il ne fait pourtant que multiplier les traces de ce contenu, contribue derechef à l’édification des marges. L’impossibilité de la tâche n’empêche pas la répétition, au contraire : elle fournit même à une pensée et à une écri- ture leur dynamique interne. Mis à part l’inspiration à la fois benjaminienne et blanchotienne qui se cache à peine derrière cette thèse, on peut considérer Homo sacer comme l’effort d’Agamben pour réaliser cette œuvre idéale, la sienne. En effet, on comprendrait mieux sous cet angle la struc- ture atypique de cette œuvre dont les parties prennent les chemins inattendus dans lesquels s’engage le lecteur et à chaque fois en risquant de perdre le fil conducteur. Mais, ainsi, on comprendrait aussi tous les débordements des parties par rapport au tout, toutes les hésitations d’Agamben à inclure certains de ses ouvrages dans le projet de Homo sacer ou à en exclure d’autres1. Comme si, dans un effort 1. Un exemple flagrant est L ’Ouvert, De l’homme et de l’animal (2002) qui s’introduit pour un certain temps dans Homo sacer mais qui 9 8 Anoush Ganjipour Politique de l’exil attentions vers Homo sacer ; elle a fait même identifier chez beaucoup de lecteurs ce premier volet comme l’enjeu théo- rique de l’ensemble du projet. L’idée phare de ce volet négatif est que l’état d’exception forme le paradigme constituant de la politique occidentale, état qui permet à la machine gouver- nementale de faire perdurer de manière infinie la structure de domination. C’est sur cette thèse célèbre que se concentre la contribution de Marie Goupy au présent volume. La discus- sion autour de la réception de la thèse agambenienne dans les débats juridiques actuels conduit l’auteur à examiner la validité de cette thèse dans le contexte juridico-politique contemporain. Afin de construire sa position métaphysique, Agamben traverse un nombre impressionnant de domaines ou disci- plines : du droit à la philologie ou les sciences du langage, de la théologie ou la philosophie première à l’histoire, de l’iconographie classique aux arts contemporains. Sur ce panorama vaste, les absences ne sont pas moins instructives pour comprendre la démarche de l’auteur ou la questionner. Il en va ainsi notamment du retrait des sciences sociales et de la psychanalyse dans la construction d’Agamben. La détermination de toute position métaphysique se fait naturellement à partir des relations, critiques, que celle-ci réussit à entretenir avec des différentes positions qu’a réper- toriées l’histoire de la métaphysique. Et si elle parvient à se distinguer, c’est en définitive dans un dialogue avec les contemporains, dialogue qui se traduit en jeux d’influence, différends ou différences de positionnement. Or, de façon singulière, Homo sacer multiplie ces dialogues ou relations critiques. Sur la longue liste des penseurs interpellés de la sorte dans Homo sacer, plusieurs occupent une place straté- gique : Aristote, les Stoïciens, Plotin, Paul, François d’Assise, Spinoza, Carl Schmitt, Eric Peterson, Maurice Blanchot, Jacques Derrida, et tout particulièrement Michel Foucault, Walter Benjamin et Martin Heidegger. Le rapport dialogique permanent pour atteindre sa forme propre, Homo sacer, censé être l’œuvre de son auteur, ne cessait de redéfinir ses frontières avec ce qui reste en dehors d’elle en tant que ses prolégomènes, ses paralipomènes ou simplement son cadre. Qu’on se réfère à l’un des derniers ouvrages d’Agamben, Karman, Court traité sur l’action, la faute et le geste (2017), pour constater comment il s’agit toujours de continuer, corriger ou parachever Homo sacer, effort qu’on va retrouver d’ailleurs dans le texte de l’auteur figurant dans le présent recueil. Avec L ’Usage des corps, volume qui achève Homo sacer, une chose est devenue évidente : à travers ce projet qui s’étale sur deux décennies, Agamben est parvenu à construire une position métaphysique dans le champ de la pensée contem- poraine. La démarche a consisté en deux volets. Ce qu’on voyait à l’œuvre, dans les premiers volumes du projet, comme une interrogation archéologique de l’histoire de l’Occident formait en réalité le volet négatif qui préparait le terrain pour le volet positif se développant notamment dans les derniers volumes. Celui-ci, en revanche comprend principalement une éthique de l’usage et une ontologie modale qui devrait la soutenir. Deux motifs m’ont convaincu de la nécessité d’une discussion collective autour de cette position métaphysique nommée Homo sacer. D’une part, elle a réactivé au cours de son développement les débats autour de toute une série d’en- jeux majeurs de la pensée d’aujourd’hui. D’autre part, son interaction prodigieuse avec les autres positions construites sur le champ métaphysique contemporain exige de revenir sur la cartographie de ce champ, ne serait-ce que pour tenir compte des réactions ou des nouveaux positionnements. La puissance de l’analyse archéologique qui se déploie dans le volet négatif a presque immédiatement attiré les finit par en ressortir. Un autre exemple est Le Temps qui reste (2000) qui semble clairement en lien organique et chronologique avec le développement d’Homo sacer, mais qui finalement n’y entre jamais. 11 10 Anoush Ganjipour Politique de l’exil avec ses promoteurs initiaux, Maurice Blanchot et Jean-Luc Nancy. Dans sa contribution au présent volume, Nancy reprend à son tour ce dialogue en discutant les difficultés liées à la dissociation radicale, suggérée par Homo sacer, du désœuvrement de toute opérativité ou finalité œuvrante. Pour pouvoir aller jusqu’au bout d’une telle dissociation, la solution d’Agamben est de revenir sur le moyen de cette opération paradoxale que constitue le désœuvrement. uploads/Philosophie/ politique-de-lexil-giorgio-agamben-et-lu-pdf 1 .pdf

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