J. L. Austin ',.'.i *;li !"'t.t I Quand dire, c'est faire HOV/ TO DO THINGS WIT
J. L. Austin ',.'.i *;li !"'t.t I Quand dire, c'est faire HOV/ TO DO THINGS WITH }VORDS INTRODUCTION, TRADUCTION ET COMMENTAIRE PAR GILLES LANE PosrFAcE DE FRANçors RÉcRNRrl JTZ ? Tffi Editions du setzffii \:/ t ri ri l",I La première édition dc cct ouvrage a paru dans la collection < L'ordrc philosophique > en 1970 Le titre original I How to do Things with Words, qui signific littéralemcnt : < Comment fairc des choscs avec dcs mots >, n'est pas dépourvu d'humour. Il se réfère ironiquement à la tradition anglo-américaine dcs livrei dc conseils pratiques (du gcnrc : How to make Friends, < Comment se faire des amis >). EN COUVERTIJRE: D'après une illustrarion de Clive Collins, tirée dc l'édition anglaise Titre original i How to do Things wilh Words @ Oxford University Press, pour l'édirion originale, 1962 rsnN 2-02-012569-2 (lsnN 2-02-002738-0, lre publicarion) O Éditions du Seuil, pour la version française, 1970 I: loi du ll mus 1957 intqdit ls opies ou repoducims destinées à une urilisarion ælleaive, Touæ rrprércnration ou reproduction intégrrlc ou pùticlle, faiæ par quclque p.æêdê que cc $ottr ss le @nsnlmmt de I'auteu ou de æs aymls suse, st illicite et ænsùue ue contrefaçon sanctionnée par lcs aniclæ 425 et suivmrs du Code p&ral. Introduction Présenter l'ceuwe d'un philosophe anglais contemporain n'est pas une tâche très difficile, surtout lorsqu'il s'agit d'un penseur comme J.L. Austin I, Il suffit en effet de laisser le lecteur devant les textes. Ceux-ci, la plupart du temps, sont clairs, et écrits en un langage courant. Lorsqu'un terme ésotérique ou plus ou moins rébarbatif apparaît, il est à peu près toujours inséré dans un contexte immédiat facile à comprendre, ou défini aui moyen de nomb-1e91 glggpler l_tt$L{f_gtregg. quotidienne. La présentation d'un seul ouvrage u ne pose pas, non plus, de problèmes particuliers. Point n'est besoin, par exemple, de synthétiser pour le lecteur la démarche antérieure ou l'évolution du philosophe, ni de le prévenir qu'il ne faut pas trop insister sur la compréhension de telle expression ambiguë, I'auteur devant lui donner un autre sens ou une précision importante,.dgns ure Guvre ultérieure. (Le cas serait différent s'il s'agissait d'un Heidegger, par exemple, ou d'un Merleau-Ponty.,.) Mais c'est justement la netteté (parfois banale) du texte et de la . JoIu ltngsluw À6trn fut professeùr de Philosophic Moralc à Oxford. Il était une figure bien connue ûon sculemcnt dans les milicux oroniens, _mais aussi à Cambridæ ct dam lcs sociétés savantes d'Angleære, aimi qu'au Êtats-Utris or) il donna de nombrcux cours et confér€nces dans les grandes ""iversités. Il ne publia aucun livrc, mais un certain nombre d'articles. Apràs sa mort, survenue ea féwicr 1960 (âlors qu'il était âgÉ de quarante-huit ans), on réunit tous s€s écrits, c'est-àdirc lcs articles qu'il avait déjà publiés dans des rcvues, ainsi que les notæ de ses coùs et conférences, exc€ption faite de sa traduction des Fondercnts de f uith- nétique deFrt;gp, ct dc ses rccensions. Son cuvr€ €st contenue dans ttois volumcs : Philosophlcd Papers (1961), Sne md Sensibilia (1962), ôt notre tcxte, .ÉIoy to Do Things with Words (1962). Selon le témoiSnage du professcur G. J. Wamock, la pensée d'Austin a contribué à stimuler sês contqnporains : (( Parmi les philo, sophes dont les priDcipaux travaur ont été cffcctués dans la demière déoemic, nul n'a cxerpê une plus grandc influcncc, ni plus originalc, quc le professcur J. L. Austin > (Englbh Phllosophy Since lfrO,Iondon, Oxford University Prcss, 1963, p. 147). Pou une bioeraphic courtc ct intér€ssætê d'Austin, voir I'article dc G. J, Warnoch ( L L. Austin ), dans Archives & phllosophra, janvier-mars I 967, p. 5-19. 7 INTRODUCTION pensée qui pcut donner I'impression d'un manquc tlc profondcur et irriter le lecteur < continental >. Le Français, surtout, éprouvera quclque difliculté à retenir son impatience, et dcmandera bien vite : < Où donc veut-il en venir? S'agit-il d'un texte philosophique t ? I Les Anglais semblent piétiner, s'amuser avec le langage, par exemple, sans abordcr en fin de cômpte <t les grands problèrncs >. Il se peut pourtant quc cette sttitude ûpp0remment tatillonne et réticente provienne en réalité d'unc véritable préoccupation philosophiquc, lqu'eUe intliquc un domrine de rcchcrcltes intportant, €t surtout unc Tnréthode que la philosophie aurlit avxntagË à pratiquer cn certaines i,circonstances (et assez souvcnt, à notre avis). ' Aussi voudrions-nous consacrer cette introduction à exposer lcs motivatilns immédiates d'Âustin dans son ouvre philosophique (l), les raisons qui I'out poussé à choisir le langage ordinairc comme où7et immédiat de ses rechcrches (tr), et la mëthode qu'il a employée et précoiiiCée(ei qu'on pourra voir à I'auvrc dans le toxte ici présentô) ftr). Nous âjouterons quelques remârques sur le but principal qu'il visait en étudinnt le thèmc dc notre textc (tv), et sur sa cûncep- tion de I'entreprise philosophiquc, en généril.l (v), Nous cÊ$ttyertns, en dernier lieu, de faire rcssortir les points saillants des rnalyses qu'Austin n présentées clans puanrl dire, c'est falre (vt). I. LB POINT DE DÉPAR '1. Ies exigences d'Austln C'est par une ra.rott's/actfun prisfondc vis-l\-vis dcs élucubrations philosophiques du passé, et des écrits des philosophes contempo- rains du <t continent u, qu'Austin a été lmcné, comme la plupart de ses collègues auglais, à donner ù ses recherchcs la tournure originale r On n'a qu'à lire les exposés ct la substonc€ dcs intetventions qui se dérou- lèrent à Royaumont sur le thème < la Philosophie analytique rr (publiés durts le volumc /s Philosophle analytlque, Cohicrs cle Royaunront no lV, lditious tle Minuit, Paris, l96X), pour rcconnaitre combien I'ententÈ y fut diflie ile * si jamais elle eut lieu - cntrc lcs chercheurs d'Oxford €t les penseurs franpi:r, Ccux*i cssayèrent en vlirt, semble-t.il, d'obtpnir do leurs invités d'Oxforil un exposé convaincant de la valeur philowphique dc leurs recherches. Et bien que les chcr" cheurs anglais aient éprouvé le sentirnent très net ds n0 pûs satisfaire aux exigcnccs do leurs collèguæ < continenlaux >, ils ne donnèrcnt ccrtcs pas I'impression, de lcur côté, d'avoir été ébranlés dans leurs propres convictions.., INTRODUCTION que nôus verrons. Il avait le sentiment qu'ou élaborait des systèmes ou qu'on essayait de résoudre certains problèmes, sans même savoir de quoi il s'agissait au juste. Il reprochrit âux philosophes, en géné- '- ral, de ne pas avoir examin{puÏir lu richesse tles faits concernant un'' problème avant de lui chercher une solution. Un de ses collègues d'Oxford, le professeur Rylc, a exprimé de façon assez brutale, mais précise, cette insatisfâction earactéristique des penseurs anglais : < Par mcs lecturcs, et par les réunions auxquellcs il nr'a été donné dc participer récemment, je gardc I'intpression que [.,.] bcaucoup pensent qu'il est de leur dcvoir d'élaborcr le plus tôt possible quelque chose qu'on puisse considôrer conme leur systèmc; ct si leur cffort ne va pas uu-delà du torne I, qu'il est pertnis de laisscr de côté tout æ qu'ils pourraient dire dc concrct sur l'ûpplication do leur système dans le détail. [.,.] Si vous voulez un autre exemple, quand quelqu'un vient nous dire qu'il sait tirer la nourriture du sol, ct que nous décou' vrons à I'usage qu'il confond toutes les grlines, êt qu'il nc sâit pes bêcher son carré de jardin, nous le soupçonnons de vouloir tirer au llônc, et dc chercher à se faire une réputation à bou compte, Quoi qu'il sn rûit, et je ne voudrais pô$ etrc trop brutâl, eette tendânee existe et së mmifestË aussi dc notrË côté de la Manche, Nous ffioyons en etro guéris, même si parfois lo maladc s'habitue à son trsite- ment... | > Austiu a d'nilleurs reproché ù ses propres collègues (à Ayer et à Warnock, pour nc mentionner que ccs deux.là) cette hâte excessive, €t côtte simplification outrde des /ails I interpréter tr. Il aimait à répétcr quo cettc attitude est unc délormation professionnelle des philosophes et qu'elle est tellement répandue qu'on pourrait se demander s'il ne s'agit pas plutôt de leur profession même f rr.,, il . la Philosophie aaalytique, Cahien de Royaumont, p, 368' Dorénavant nous nous référerons à cet ouwage on omployant le sigle.R, .r Cf. ,Senre and Sensibilia, Oxford Paperbacks, Oxford, Ât the Clarendon Press, 1964, p. 3. Austin y parlo aussi de quelquet < faits n À demi étudiés, du petit nombrc d'< excmples ll, d'ailleurt peu signlficatifs, A la pago 134, il rcproche au Drofcsseur Wamock de < conclure à partir d'un scul (!) exemple >, Voir au$i ?hllosophteal P4per.r, Oxford, At the Clarendon Press, 1962, p. t26, où Austin næure'lcs philosophe,s de vuæ simplistes et d'analyses faites à la légèro. Nous nous référorons désormais à Sewe and Sanslbilla et à Phtlosoplrlcal Poperu sous les sigles S et P. .rr Cf. P,p.239, et le présênt ouvrâgÉ p. 38. A partir d'ici nous désignerons cct ouwaga sour le siglc If et renvcnotr toujouts commo nous venong dc le faire, â la pagination origilalo - indiqu& otrtrc I l, dms la margt' ITITRCIDUç'NON :llait jucqu'à dirc, avcc Ayer, que I'hittoirc a sufnaamment montré la vanité ct lc danger de toutes les tentatives accompriesjusqu'i.i pour atteindre lm faits (nutremcrt que par la mérhode uploads/Philosophie/ quand-dire-c-x27-est-faire.pdf
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- Publié le Oct 20, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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