PLATON : Allégorie de la caverne Explication L’Allégorie se présente sous la fo
PLATON : Allégorie de la caverne Explication L’Allégorie se présente sous la forme d’un dialogue entre le maître (Socrate) et un disciple (Glaucon). En fait, c’est surtout Socrate qui parle. Le disciple est là uniquement pour servir de faire- valoir au maître. l . 1-18. La caverne : situation de ses habitants : Socrate demande à son interlocuteur de faire un effort d’imagination. Il doit se représenter la situation dans laquelle seraient des hommes totalement immobilisés, vivant dans une caverne depuis leur naissance et qui n’auraient toujours vu que des ombres projetées sur la paroi du fond. Ces ombres sont celles d’objets tenus par d’autres hommes qui passent derrière eux devant un feu allumé. l. 19-36. Explication : illusion absolue de la condition humain : Devant l'agacement et l'incompréhension (l.19) de son disciple, Socrate réplique que ces prisonniers « sont comme nous » (l. 20). Autrement dit : n ous devons comparer notre situation à la leur. Telle est la clef d'interprétation proposée. Ces hommes n'ont toujours vu, d'eux-mêmes, de leurs compagnons et des objets transportés, que des ombres. Mais, comme ils n'ont toujours connu que cette situation, ils n'ont aucun moyen de savoir que ce sont des ombres (pour savoir que ce sont des ombres, il faudrait qu'ils puissent les comparer aux objets dont ils sont les reflets). Ils sont spectateurs mais n'ont aucun moyen de savoir qu'ils sont au spectacle ! Dès lors, s'ils parlent entre eux de ce qu’ils voient, ils croiront nécessairement évoquer la « réalité » elle-même, comme nous-mêmes croyons réel ce que nous percevons depuis notre naissance. Notre monde est d'abord un monde d'évidences (du verbe latin « video » = voir) : nous croyons habituellement que ce que nous voyons, entendons, touchons... est la réalité telle quelle. Or c onfondre l’apparence et la réalité, c’est ce que l’on appelle l’ « illusion » (cf. l. 40) . Comme ils ne savent même pas ce qu’est une illusion, on peut dire qu’ils sont doublements illusionnés : ils ignorent et ne savent pas qu’ils ignorent. l. 39-74. Sortie de la caverne : un parcours initiatique La scène, jusqu'alors statique, s'anime. Supposons que l'un de ces prisonniers soit détaché, arraché à l'illusion absolue de la caverne, forcé de se mettre debout, de tourner le cou, de faire les premiers pas de sa vie et de diriger son regard vers la lumière. Il ne s'agit pas d'une évasion puisqu'il ne se savait pas prisonnier. Il souffrira des yeux et des membres. Ébloui, il n'arrivera pas à discerner les objets dont il ne faisait que voir les ombres. Il aura du mal à croire que ces objets sont plus réels que les ombres. Il aura tendance à détourner les yeux et à revenir vers ce qu'il distinguait auparavant sans douleur. La désillusion est décrite comme une sortie forcée et difficile, un parcours initiatique qui demande des efforts considérables. La connaissance est une conquête difficile sur l’ignorance et l’illusion. A aucun moment, n’est dévoilée l’identité du mystérieux « on » qui force le prisonnier à sortir. Il s’agit, de toute façon, nécessairement d’un élément extérieur qui vient perturber l’illusion. S'il veut éviter l'aveuglement, le prisonnier doit s'habituer à la luminosité du monde extérieur. Il fera l'apprentissage de ce qu’est une ombre (l. 69-73), c’est-à-dire un simulacre, un reflet. En apprenant à confronter ces reflets avec la réalité, il se désillusionne. Au terme du parcours, le prisonnier libéré pourra alors contempler « le soleil » lui-même (l. 74), la réalité ultime qui révèle (= fait voir) toutes les autres réalités. Le Soleil symbolise ici la Vérité qu’il faut toujours viser pour connaître sans pouvoir être atteinte. Le retournement du prisonnier est donc complet. Voué depuis l'enfance, sans le savoir, au spectacle des ombres mouvantes projetées sur l' « écran » de la paroi rocheuse, il croyait naturellement connaître la réalité en se fiant à ses seules sensations. Sorti de la caverne, il reconnaît dans le soleil ce qui permet la vision, la cause ultime des ombres. La connaissance vraie suppose, selon Platon, que soient franchis quatre niveaux de réalités : -les ombres des copies -les copies d’êtres extérieurs -les êtres extérieurs eux-mêmes -les Idées (= archétypes) des êtres extérieurs) l . 75-91. Redescente dans la caverne : retour désillusionné au « réel » Si l’homme redescend dans la caverne, il sera aussitôt aveuglé par l'obscurité du lieu en venant de l'extérieur. Il tâtonnera pour reprendre sa place parmi les siens. En reprenant son ancienne place, on peut dire que, pour lui, rien n'a changé et tout a changé : désormais il sait qu'il ne voit que des ombres. Celui qui sait le mécanisme d’une illusion continue à la voir mais connaît désormais la vérité à son sujet (un peu comme quand on connaît un tour de magie). Le comportement étrange de celui qui est revenu lui vaudra des moqueries et des insultes de la part de ses voisins : sa prétendue ascension vers les hauteurs semble lui avoir troublé la vue et l’esprit. Et s'il tentait de délivrer les autres prisonniers (= les désillusionner), ceux-ci n'hésiteraient sans doute pas à le tuer! Texte : SOCRATE : Imagine-toi des êtres humains dans un endroit souterrain qui ressemble à une caverne. Un long passage remonte toute la caverne et ouvre à la lumière. Ils sont là depuis qu'ils sont nés, les jambes et le cou enchaînés de telle sorte qu'ils restent sur place et ne puissent regarder que devant eux puisque les liens les empêchent de tourner la tête. Imagine-toi la lumière d'un feu allumé plus loin, en hauteur et derrière eux. Entre ce feu et les hommes ligotés il y a un chemin qui monte. Le long de ce chemin on a construit un petit mur pareil aux cloisons que les marionnettistes dressent entre eux et le public. C'est par-dessus cette cloison qu'ils présentent leur spectacle. GLAUCON : Je me l'imagine. S : Imagine aussi, le long du muret, des hommes qui portent des objets fabriqués, dépassant le muret, des statues de forme humaine et animale, façonnées en pierre, en bois et en toutes sortes de matières. Parmi ces porteurs, c'est bien normal, les uns parlent, les autres se taisent. G : Tableau absurde! Prisonniers absurdes! S : Ils sont comme nous! Et d'abord, penses-tu que de tels hommes auraient pu voir autre chose d'eux-mêmes et des autres que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face? G : Peut-il en être autrement? Ils ont été, toute leur vie, totalement contraints de garder la tête immobile! S : Et pour les objets transportés, n'en est-il pas de même? G : Si. S : Donc, s'ils pouvaient parler entre eux, ne penses-tu pas qu'ils croiraient désigner la réalité elle- même en désignant les ombres? G : Nécessairement S : Et si la prison recevait un écho renvoyé par la paroi d'en face? Chaque fois que l'un de ceux qui passent émettrait un son, penses-tu qu'ils ne prendraient pas cette voix pour celle de l'ombre qui passe? G : Si, par Zeus! S : Dès lors, de tels hommes considéreraient que le réel n'est absolument rien d'autre que l'ombre des objets fabriqués. S : examine maintenant ce qui arriverait s'ils étaient délivrés de leurs liens et guéris de leur illusion insensée […]. Que l'on détache un de ces hommes, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner la tête, à marcher, à lever les yeux vers la lumière. Tous ces mouvements le feront souffrir et l'éblouissement l'empêchera de distinguer les objets dont ils voyaient les ombres auparavant. D'après toi, que pourra-t-il répondre si on lui disait qu'avant il ne voyait que des riens insignifiants mais que maintenant, plus près de la réalité (c'est-à-dire, tourné vers des objets plus réels), il a une vue plus juste? Que répondra-t-il si on lui désigne chacun des objets qui défilent en l'obligeant, à force de questions, de dire ce que c'est? Ne penses-tu pas qu'il sera bien incapable de répondre et que les objets qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus réels que ceux que maintenant on lui montre? G. : Bien plus réels! S. : Et si on le forçait à regarder la lumière elle-même, n'aurait-il pas mal aux yeux et ne la fuirait-il pas pour se retourner vers les choses qu'il est capable de distinguer, en les considérant comme vraiment plus nettes que celles qu'on lui montre? G. : Ça ne fait aucun doute. S. : Et si on l'arrachait violemment de ce lieu, en le faisant monter la pente rude; et si on ne le lâchait pas avant de l'avoir expulsé à la lumière du soleil, n'en souffrirait-il pas et ne s'indignerait-il pas d'être ainsi arraché? Et, une fois arrivé à la lumière, les yeux inondés de l'éclat du jour, serait-il capable de voir ne serai-ce qu'une seule des choses qu'à présent on lui dit être réelles? G. : Il ne pourra pas. Du moins, tout d'abord. S. : En effet, il devrait s'habituer, uploads/Philosophie/ allegorie-de-la-caverne-explication-de-texte.pdf
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- Publié le Nov 15, 2022
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