Résumé – Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon (2015)

Résumé – Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon (2015) – partie première : le langage Dans cette première partie, Normand Baillargeon met l’accent sur les effets de langage et le pouvoir des mots, permettant à qui sait les manier habilement de convaincre, d’émouvoir ou même d’exhorter son auditoire. Pour assurer notre autodéfense intellectuelle, il faut en effet prendre conscience de cette influence, car « un outil aussi puissant [que le langage] peut s’avérer une arme redoutable », comme Orwell a pu le démontrer dans ses écrits. Il nous invite à observer les mots avec une grande vigilance, parce qu’ils ne sont pas neutres. Leurs usages relèvent de choix bien déterminés selon l’effet escompté. À cet égard, il insiste sur la connotation des mots, positive ou négative, opposée à la dénotation : deux mots désignant la même chose peuvent susciter des réactions très différentes. Ainsi, si la dénotation est identique, la connotation change profondément le discours et les idées qu’il véhicule. Baillargeon pointe également l’imprécision : perpétuer sciemment le flou sur une situation permet finalement de s’assurer une certaine crédibilité, laissant l’auditeur interpréter ses dires dans ce sens au gré des circonstances. Par ailleurs, beaucoup de mots sont polysémiques, ce qui peut donner lieu à des équivoques ou des ambiguïtés, dont certains peuvent jouer. D’autres termes sont, au contraire, vidés de leur sens par des « mots-fouines » - des petits mots qui annihilent la substance des autres pour en mystifier le message et tromper celui qui le reçoit. Il existe aussi des procédés qui changent la signification d’un texte original. Parmi eux, l’auteur cite l’accentuation, visant à insister sur un mot en particulier, et la réduction, qui consiste à isoler certains passages du texte pour en dénaturer les propos. Enfin, il aborde les problèmes liés au vocabulaire scientifique et à son manque d’intelligibilité. S’il est nécessaire pour désigner précisément certains phénomènes, ce jargon peut néanmoins être utilisé pour complexifier faussement un discours et susciter un assentiment aveugle du public. La partie s’achève sur l’importance de bien définir les termes pour garantir le bon entendement des parties à une conversation. En dehors de ce que l’on peut trouver dans le dictionnaire, il insiste sur les définitions conceptuelles et l’effet du contexte spatio-temporel de leur construction, de l’usage des mots en question. Plus particulièrement, il évoque l’opérationnalisation des concepts, soit l’exposé du cheminement intellectuel qui y conduit : d’une représentation imagée, il faut extraire différentes dimensions que l’on peut observer empiriquement via des indicateurs, des indices objectivement repérables. Commentaire critique Les mots sont les outils avec lesquels les humains se représentent ce qui les entoure et construisent leurs réalités. Ce sont eux qui leur permettent de communiquer, donc de partager leurs conceptions du monde et ainsi faire société. En particulier, l’univers social repose presqu’entièrement sur le langage. N’étant pas préexistant à l’esprit humain, mais plutôt le fruit de celui-ci, il est en effet façonné par les mots qui corroborent son existence. Les us et coutumes, les manières d’être et de se comporter, voire les intérêts et les finalités, sont finalement induits verbalement en fonction d’un contexte socio-culturel particulier. Baillargeon le rappelle justement en mettant en avant les dimensions sexistes ou ethnocentristes de la langue française, qui s’est bâtie sur des considérations millénaires. Les biais que peuvent comporter les constructions linguistiques sont inévitables. Là n’est pas le problème. L’esprit humain est ainsi fait : il se réfère à ce qu’il connaît déjà, et rejette ce qui entre en contradiction avec cela. Il faut simplement en prendre conscience pour tenter de s’en distancer au maximum et, éventuellement, en travailler patiemment les changements et les évolutions. Ce sur quoi l’auteur met véritablement en garde, c’est l’utilisation de ces biais cognitifs à des fins de manipulation. Pour se prémunir contre de tels actes, il convient de bien connaître les ruses qui peuvent être employées. L’idée étant d’être capable de les repérer, afin de pouvoir les neutraliser. À cet égard, il attache un grand intérêt au débat et à la discussion : c’est par les critiques et les réactions, les commentaires et les objections, que la liberté d’esprit peut être préservée. Nous pourrions même aller jusqu’à dire que c’est le seul moyen de garantir la démocratie. À condition néanmoins de bien définir ce terme et les enjeux qu’il comporte. Car en effet, au nom de ce même principe, certains pourraient défendre la censure ; l’épuration du débat pour en assurer la pertinence et la véracité, ou du moins l’illusion d’une harmonie généralisée. On touche ici à un mot fortement connoté, dont le sens premier est aujourd’hui abondamment réinterprété. Tout comme le terme « terrorisme » qui est de nos jours presqu’omniprésent dans les discours politiques de l’Occident. Si la fin justifie les moyens, Baillargeon nous conseille vivement d’en vérifier la réelle consistance. Ainsi seulement serons-nous à même d’assurer notre propre autodéfense intellectuelle. uploads/Philosophie/ resume-petit-cours-d-x27-autodefense-intellectuelle-de-normand-baillargeon.pdf

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