Au commencement était la relation... mais après ? La Découverte•M|A|U|S|S REVUE

Au commencement était la relation... mais après ? La Découverte•M|A|U|S|S REVUE DU M A U S S N° 47 SEMESTRIELLE • PREMIER SEMESTRE 2016 R E V U E D U M | A | U | S | S S E M E S T R I E L L E N° 47 PREMIER SEMESTRE 2016 Au commencement était la relation… Mais après ? R E V U E D U M | A | U | S | S S E M E S T R I E L L E Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales Indépendante de toute chapelle comme de tout pouvoir financier, bureaucratique ou idéologique, La Revue du MAUSS, revue de recherche et de débat, œuvre au développement d’une science sociale respectueuse de la pluralité de ses entrées (par l’anthropologie, l’économie, la philosophie, la sociologie, l’histoire, etc.) et soucieuse, notamment dans le sillage de Marcel Mauss, d’assumer tous ses enjeux éthiques et politiques. Directeur de la publication : Alain Caillé. Rédacteur en chef : Philippe Chanial. Secrétaire de rédaction, préparation de copie : Sylvie Malsan (Le Bord de l’eau Éditions). Conseillers de la direction : Gérald Berthoud, Francesco Fistetti, François Flahault, François Gauthier, Jacques T. Godbout, Ahmet Insel, Paolo Henrique Martins, Serge Latouche, Sylvain Pasquier, Alain Policar, Elena Pulcini. Conseil de publication : Giovanni Busino, Cornelius Castoriadis (✝), Jean-Baptiste de Foucauld, Vincent Descombes, François Eymard-Duvernay, Mary Douglas (✝), Jean-Pierre Dupuy, Michel Freitag (✝), Jean Gadrey, Marcel Gauchet, André Gorz (✝), Jean-Claude Guillebaud, Philippe d’Iribarne, Stephen Kalberg, Bruno Latour, Claude Lefort (✝), Robert Misrahi, Edgar Morin, Thierry Paquot, René Passet, Philippe Van Parijs, Annette Weiner (✝). Anthropologie : Marc Abélès, Catherine Alès, Mark Anspach, Cécile Barraud, David Graeber, Roberte Hamayon, André Itéanu, Paul Jorion, Philippe Rospabé, Gilles Séraphin, Lucien Scubla, Michaël Singleton, Camille Tarot, Shmuel Trigano, Stéphane Vibert. Économie, histoire et science sociale : Geneviève Azam, Arnaud Berthoud, Éric Bidet, Genauto Carvalho, Pascal Combemale, Annie L. Cot, François Fourquet, Alain Guéry, Marc Humbert, Jérôme Lallement, Jean-Louis Laville, Vincent Lhuillier, Jérôme Maucourant, Gilles Raveaud, Jean-Michel Servet. Écologie, environnement, ruralité : Pierre Alphandéry, Marcel Djama, Fabrice Flipo, Jocelyne Porcher, Éric Sabourin, Wolfgang Sachs. Paradigme du don : Étienne Autant, Dominique Bourgeon, Mireille Chabal, Anne-Marie Fixot, Pascal Lardelier, Jacques Lecomte, Paulo Henrique Martins, Henri Raynal, Dominique Temple, Bruno Viard. Philosophie : Jean-Michel Besnier, Stéphane Bornhausen, Marcel Hénaff, Michel Kaïl, Philippe de Lara, Christian Lazzeri, Pascal Michon, Chantal Mouffe, Fabien Robertson. Débats politiques : Cengiz Aktar, Antoine Bevort, Pierre Bitoun, Christophe Fourel, Jean- Claude Michéa, Jean-Louis Prat, Jean-Paul Russier, Philippe Ryfman, Alfredo Salsano (✝), Patrick Viveret. Sociologie : Frank Adloff, Norbert Alter, Rigas Arvanitis, Yolande Bennarrosh, Olivier Bobineau, Simon Borel, Denis Duclos, Vincent de Gauléjac, Françoise Gollain, Aldo Haesler, Annie Jacob, Michel Lallement, Christian Laval, David Le Breton, Louis Moreau de Bellaing, Pierre Prades, Ilana Silber, Roger Sue, Frédéric Vandenberghe, François Vatin. Psychanalyse : Carina Basualdo, Elisabeth Conesa, Olivier Douville, Tereza Estarque, Roland Gori. Les manuscrits sont à adresser à : MAUSS, 13 rue des Croisiers, 14000 Caen. Revue à comité de lecture international, publiée avec le concours du Centre national du Livre. ISBN : 978-2-7071-9051-2 ISSN : 1247-4819 R E V U E D U M | A | U | S | S S E M E S T R I E L L E N°47 PREMIER SEMESTRE 2016 Au commencement était la relation… Mais après ? Alain Caillé et Philippe Chanial 5 Présentation I. Au commencement était la relation… Mais après ? 1. Entrées en relation Nathalie Heinich 29 De l’objet à la relation : une révolution copernicienne Martin Buber 32 Au commencement était… Martin Buber. Libres extraits de Je et tu Robert Misrahi 35 Martin Buber, philosophe de la relation Luigino Bruni 44 Les relations en tant que biens 2. Tout n’est-il que relation ? A) La nature Michel Bitbol 65 La mécanique quantique comme théorie essentiellement relationnelle Augustin Berque 87 La relation perceptive en mésologie : du cercle fonctionnel d’Uexküll à la trajection paysagère B) Le social ? Le sujet ? Laurence Kaufmann 105 La « ligne brisée » : ontologie relationnelle, réalisme social et imagination morale Francesco Callegaro 129 Qu’y a-t-il de relationnel dans le social ? Vincent Descombes et les leçons du don Mireille Chabal 165 Réciprocité anthropologique et réciprocité formelle Aldo Haesler 187 Esquisse d’une théorie relationniste du changement social Alexis Dirakis 201 Anthropologie et sociologie de la relation chez Helmuth Plessner Gildas Renou 221 La relation, l’incertitude et la contestation politique. Limites de l’anthropologie d’Arnold Gehlen pour la sociologie des institutions Albert Piette 257 De la relation à l’existence : sciences sociales ou sciences humaines Stéphane Vibert 287 Le bain acide des relations de pouvoir. Critique de la socioanthropologie potestative Alain Caillé 305 Pouvoir, domination, charisme et leadership 3. Relation, don et reconnaissance Alain Caillé et Thomas Lindemann 321 La lutte pour la reconnaissance par le don entre acteurs collectifs (I) Davide Sparti 337 La reconnaissance est-elle un devoir ? Arendt, Cavell et la problématisation d’un concept Jean-Baptiste Lamarche 355 Une relation effacée Bernard Petitgas 369 Ce qui se donne en prison. Relations et socialisations en institution totalisante Père Joseph Wresinski 381 Le partage Vincent Laupies 387 La complexité évangélique du don Massimiliano Marianelli 399 Au début était la relation ? Convenientia et aptum chez Augustin d’Hippone II. Libre revue Michel Terestchenko 413 Billy Budd. L'innocence et le mystère d'iniquité Jean-Paul Rogues 437 Georges Haldas : le scribe assis Bibliothèque 457 Résumés & abstracts 469 Liste des auteurs 483 Présentation Au commencement était la relation… Mais après ? Alain Caillé et Philippe Chanial La question des commencements n’est pas d’une simplicité biblique. Chacun connaît le Prologue de l’Évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe. » L’apôtre y célèbre tout d’abord le Verbe (logos) de Dieu dont jaillit toute réalité, ce Verbe de vie qui, dans la Genèse, crée toutes choses en les nommant. Il témoigne aussi de la présence vivifiante de cette Parole révélée, faite chair dans la personne du Christ, de ce Verbe incarné qui habite désormais, « plein de grâce et de vérité », la vie de chacun et lui donne sens. Mais l’on se rappelle aussi comment Faust, ouvrant le Nouveau Testament, corrigea – blasphéma – cette parole d’évangile. Refusant de placer le Verbe aussi haut, il lui substitua, pour mieux marquer l’impuissance du logos à saisir l’« océan de la vie » et son tumulte, cette autre formule bien connue : « Au commencement était l’Action1. » 1. Freud d’ailleurs ne concluait-il pas Totem et Tabou et son analyse de l’acte fondateur de la culture – celui du meurtre du père – par cette même formule de Goethe ? Et rappelons également que cette formule sera convoquée par Husserl dans sa Krisis [1935] pour justifier le retour au monde de la vie (Lebenswelt), mais aussi par le dernier Wittgenstein pour étayer la notion de « forme de vie » [Rigal, 2003]. Au commencement était la relation… Mais après ? 6 C’est encore une autre voie que ce numéro se propose de questionner. Plus radicale et déroutante encore. Nous l’empruntons, dans sa formulation, au philosophe et théologien Martin Buber, grande figure de ce que Michaël Löwy a nommé le « judaïsme libertaire ». Et si au commencement n’était ni la performativité du Verbe selon Jean ou de l’Action selon Goethe, mais la Relation ? Et si, contrairement à nos évidences les plus élémentaires, il nous fallait renoncer à l’ambition d’accéder à la constitution intime des choses et des êtres, à ce qu’elles sont censées être dans l’« absolu », indépendamment des interactions qui les constituent ? On affirmerait ainsi que la texture même de tout ce qui existe – la nature, le social, la subjectivité – est fondamentalement et exclusivement relationnelle, et ne peut être appréhendée qu’en ces termes. Pour mieux saisir le statut de cette hypothèse, faisons un détour par l’Inde bouddhiste. On sait combien le bouddhisme s’est attaché à dissoudre radicalement toutes les entités, tant du côté du sujet que de l’objet, pour souligner que tout ce qui est n’advient que par interdépendance, de façon labile et mouvante. Dans cette tradition, Nagarjuna, logicien indien, fondateur de l’École du milieu, au iie-iiie siècle de notre ère [in Bitbol, 2010] nous propose une autre histoire de père et de fils que celle de Jean. Pourquoi, s’interroge-t-il, considérons-nous qu’un fils n’existe que parce que son père l’aurait engendré ? Parce que, sur le modèle de la cause et de l’effet, nous posons que ce père doit bien tout d’abord exister, comme élément premier. Sans père, pas de fils. Très bien, nous dit-il. Mais n’est-ce pas tout autant la naissance de l’enfant qui fait de cet homme un père, qui l’« engendre », le « crée » en tant que père ? Sans fils, pas de père… Bref, ne se produisent-ils pas réciproquement l’un l’autre, l’un par l’autre, aucun des deux ne préexistant à cette relation ? De même, de la gravitation newtonienne à la physique quantique en passant par la thermodynamique du xixe siècle, les uploads/Philosophie/ revue-du-mauss-au-commencement-tait-la-relation-pdf.pdf

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