2 1 2 STANISLAS SALKAUSKIS. DU MONDE l PHILOSOPHIE DE VLADIMIE SOLOVIEV. THÈSE

2 1 2 STANISLAS SALKAUSKIS. DU MONDE l PHILOSOPHIE DE VLADIMIE SOLOVIEV. THÈSE PRÉSENTÉE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG (SUISSE) POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR. H TABLE DE5 MATIERES. Introduct ion. Vladimir Soloviev: sa vie et son oeuvre. I. L’âme du monde et l ’absolu. 1. La vérité: unitotalité positive. . 2 Etre, essence, existence. ■ > . :,4 3. L’être véritable en tant qu’absolu. ’ 4. L’absolu et ce qui n’est pas lui. 5. L’absolu en tant qu’être tri-un. 6. Le Logos et la Sagesse essentielle. 7. L’absolu qui est et l’absolu qui se fait. 8. La Sagesse essentielle et l’âme du monde comme absolu qui se fait. IL L'âme du monde et l ’homme. 1. L’homme en tant qu’absolu qui se fait. 2. L’unité substantielle de l’humanité. 3. La Sagesse et l’humanité idéale. 4. Manifestation de l’âme du monde dans l’ homme. III. L’âme du monde (et ta nature. 1. Quelques considérations sur le problème de la philosophie de1 la nature. 2. La nature est quelque chose d’un et de vivant. 3. Les bases réelles du monde matériel. 4. Formes fondamentales du monde naturel. 5. Essence du processus cosmogonique. 6. La nature et le processus anthropogonique. ,7. La nature et le processus théogonique. IV. Rôle de l ’âme du monde dans le pr ogr ès hi st ori que. 1. Base réelle de l’ existence de l’idéal moral, 2. Base formelle du savoir universel. y. Base sensible de l’art cosmique. V. C r i t i q u e du c o n c e p t de l ’ â me du m o n d e d a n s S o l o v i e v . 1. Regard rétrospectif sur les idées fondamentales de la doctrine de Soloviev. 2. Influerces qui ont agi sur la pensée de Soloviev. 3. Eugène Troubetzkoï, critique et continuateur de la théorie de l’âme du monde. 4. Critique objective de la doctrine de Soloviev sur l’âme du monde 5 INTRODUCTION. VLAD IM IR S O L O V IE V : SA VIE ET SON O E U V R E . [Dans l’histoire de la culture intellectuelle russe, trois noms de­ meureront impérissables. Expression fidèle du génie national de leur peuple, Dostoïevsky, Tolstoï et Soloviev ont chacun leur physionomie propre et se distinguent nettement et profondément l’un de l’autre. Ils n’en Sont pas moins les représentants d’une même évolution spirituelle dont le développement, tout paradoxal qu’il' paraisse quelquefois, suit cependant une progression parfaitement logique. •Dostoïevsky a révélé l’essenc'e troublante de l’âme russe qu’il a scrutée jusqu’à ses fibres1 les plus intimes. On a dit de lui qu’il avait un talent brutal et tourmenté; le fait est que, Condamné à l’échafaud et gracié contre toute attente, il dut subir quatre années de géôle et l’exil en Sibérie; c’e'st là qu’il nourrit son talent de l’observation patiente et scrupuleuse des caractères; c’est là qu’il devine la menace de de­ struction et de ruine qui se cache dans le chaios de la vie nationale russe; mais c’est là aus’ si qu’il' déqouvre l’étinjceifle divine qui transfigure les éléments désordonnés’ et les soumet au pouvoir salutaire, du f i at créateur. Avec une impitoyable franchise, l’œuvre de Dostoïevsky montre l’empire du chaos qui s’étend encore sur le monde, et seul l’art con­ solant de l’écrivain entretient dans le lecteur l’espoir des harmonies du futur cosmos. Mais la réalisation de Cette métamorphose, Dostoïevsky n’a p:as su l’accomplir dans' sa production artistique elle-même; on peut même dire que son activité créatrice n’a été qu’un long effort impuissant pour atteindre un but qui, séduisait son génie, mais restait inaccessible!. L’insOndable abîme de la réalité et la foi ardente en l’idéal, voilà les deux aspects opposés, mais inséparables, de son œuvre. Il y posait aussi le problème de la civilisation compris avec une ampleur aussi large que l’esprit humain. La solution de Ce problème deux autres penseurs, Tolstoï et Soloviev ont essayé de T a trouver, chacun selon des principes; et avec jun résultat différents. Tlolstoï, grand seigneur comblé par le destin, puise dans la vie journalière du commun la sève vivifiante qui féconde son génie; issu d’un monde qui se targue d’une culture, fort relative d’ailleurs, îl soumet à une rigoureuse Critique morale l’homme médiocre, et en vient à renier les formes traditionnelles de la vie civilisée. Personnalité puissante, il a su réaliser par lui-même et spontanément l’équilibre entre la vie et fa conscience, et dès fors1 i( l efet tent£ cte croire qu’il suffit de connaître la vérité pour être parfait. Aussi adopte- t-il à l’égard de la vie uneTattitu.de passive qa’/f exprji’ nie d'ans’ se,si 6 formules fameuses de „la non-résistance au mal“ et de „l’ inaction cul­ turelle“. Fidèle à son principe de „simplification culturelle“, il brise cette plume de romancier qui lui a valu une renommée universelle et se plonge dans une stérile activité de moralisateur qui poursuit un idéal de vie anarchique. Presque autant que Dostoïevsky, Tolstoï a ressenti l’antagonisme de l’idéal et de la réalité, mais tandis' que le premier reconnaît qu’il y a là un problème à résoudre, si ardu soit-il1 , le second1 se contente de le supprimer. Si dans l’évolution de la culture russe Tolstoï apparaît comme le représentant de la tendance négative, Soloviev au contraire se fait le continuateur actif de la tâche que Dostoïevsky avait seulement indiqués, il s’efforce avant tout d’éclairer la conscience de la vie contemporaines à la lumière de la pensée organisée; il! est ainsi le premier philosophe russe vraiment original, et en même temps le plus remarquable. Avec une surprenante habileté, il tisse le vaste et grandiose réseau d’une synthèse universelle dont les mailles enveloppent et relient les éléments anarcliiques et informes de la vie humaine. Contrairement aux prin­ cipes de passivité de Tolstoï, il prêche la lutte contre le mal, l’évolution: créatrice et la culture intégrale. Il se rend' compte de l’immense danger de la propagande tolstoïenne et n’hésite pas à déclarer T a guerre,à Celai qui fut son père spirituel. Déjà en 1889, il avait adressé à la société russe cet avertissement prophétique qui montre, avec quelle acuité et quelle sûreté de regard,, il aperçoit dans Tes événements1 futurs les funestes conséquences des tendances qui sont au fond même de l’âme russe: „Un avenir prochain, dit-il, nous réserve des épreuves telles que l’histoire n’en a jamais connu“ (V, 221). Aujourd’hui, la prédiction se trouve vérifiée. L’anarchie déchaînée n’a pas rencontré dans les éléments Conscients et cultivés de Russie une résistance assez vigoureuse et active. Le réalisme insensé de la1 vie nationale russe a montré sa face grossière et son sourire mauvais devant toutes les nobles aspirations de l’idéal. Mais si le présent lui appartient, rien ne dit que l’avenir ne verra pas une salutaire et féconde réadtiotH. Alors la tendance que Soloviev représente jouera, elle aussi, son rôle dans le travail de reconstruction; et cela suffit bien pour étudier avec intérêt la vie et l’œuvre de ce puissant penseur, moins connu sans doute dans le monde civilisé que ses deux compatriotes, mais ayant dans la vie spirituelle du peuple russe une signification incontestablement supérieure. * •Vladimir Soloviev naquit à Moscou le 16/28 janvier T853. Fils d’un professeur d’Université qui est un des historiens les plus remar­ quables de Russie, Serge Soloviev, le jeune Vladimir reçut au foyer familial une première éducation fort soignée qu’il poursuivit ensuite, à partir de 1864, au 5me Collège de Moscou. A seize ans, il terminait brillamment ses études secondaires et entrait à la Faculté des sciences. Après avoir Consacré trois ans aux sciences naturelles, il passa un an à la Faculté des lettres et l’année suivante suivit un cours de théologie à i’Académie ecclésiastique. Dès Tors il se voue définitivement à la philosophie et à la fin de 1874, il soutint sa première thèse: „La Crise de la philosophie occidentale“. Il Je 7 fit avec! un accent inspiré qui impressionna profondément ses auditeurs et ses juges; l’un d’eux, l’éminent historien K. Bestoùjef-Rioumine, ne put retenir ce cri d’admiration : „Si les: espérances de ce four se réalisent dans l’avenir, la Russie peut se féliciter de posséder un nouvel1 homme! de génie.“ A cette époque déjà Soloviev avait ses convictions philosophiques! propres et indépedantes. Il avait subi, tout jeune encore, un violent bouleversement dans sa vie religieuse; et se détournant d’un nihilisme! pernicieux, s’était orienté vers une Conception philosophique religieuse positive, avec laquelle if s’efforçait de mettre en harmonie toute sort activité, et en particulier le libre travail de sa pensée philosophique.: Sa thèse de „Maître“ débute par Cette déclaration: „Cet ouvrage est né de la conviction que la philosophie, au sens de1 connaissance abstraite, e x c l u s i v e m e n t théorique, a terminé son évolution et est entrée sans retour dans l'e monde d'u passé“ (I, 26). Soloviev d’ailleurs^ se hâte d’ajouter que bien loin de Croire que ce cycle se soit accompli! sans profit, il reconnaît et apprécie hautement uploads/Philosophie/ salkauskis-l-x27-ame-du-monde-dans-la-philosophie-de-soloviev 1 .pdf

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