BIBLIOTHÈQUE DES TEXTES PHILOSOPHIQUES Salomon MAÏMON ESSAI SUR LA PHILOSOPHIE
BIBLIOTHÈQUE DES TEXTES PHILOSOPHIQUES Salomon MAÏMON ESSAI SUR LA PHILOSOPHIE TRANSCENDANTALE Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN DU MÊME TRADUCTEUR 1. CHALFEN, Paul Celan, Biographie de jeunesse, Paris, Plon, 1989. E. NAGEL et J.R. NEWMAN, La démonstration de Godel ; K. GbDEL, Sur les propositions formellement indécidables des Principia Mathe- matica et des systèmes apparentés l, Paris, à paraître au Seuil. ~ 1 BIBLIOTHÈQUE DES TEXTES PHILOSOPHIQUES Fondateur: Henri GOUHIER Directeur: Jean-François COURTINE Salomon MAÏMON ESSAI SUR LA PHILOSOPHIE TRANSCENDANTALE Traduction, présentation et notes par Jean-Baptiste SCHERRER Avant-propos de Reinhard LAU TH Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, Ve 1989 / ' ", La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que « les copîes ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non desti- nées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou par- tielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1" de J'article 40). CeUe représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. © Librairie Philosophique J. VRIN, 1989 ISBN 2-7116-0987-1 A V ANT -PROPOS Il restera toujours étonnant que Salomon Maïmon n'ait pas été phi- losophiquement apprécié à sa juste valeur. Cela, certes, n'est point sans raison. Maïmon était autodidacte et n'a jamais fait partie du corps scien- tifique. On comprenait tout aussi peu son allemand, qu'il avait appris par lui-même, que ses singulières pensées. C'était un juif de Lithuanie à qui l'entrée dans la ville de Berlin fut interdite par la communauté juive de cette ville elle-même, et on ne mesurera jamais à quel point ce fut pour Maïmon un coup du destin. De surcroît, il s'est trouvé dans l'ombre d'une pléiade philosophique que l'histoire mondiale n'avait jusqu'à lors connue qu'à une seule reprise. Les noms des grands, Kant, Reinhold, et Fichte, rayonnaient au-dessus du sien. Et lorsqu'enfin, avec le néo- kantisme, il aurait pu sembler que l'heure de sa reconnaissance était arri- vée, il ne fut pas suffisamment remarqué. Le national-socialisme fit brû- ler ses œuvres, ou les fit mettre au ban et, qui pis est, fit interdire tout travail d'explication de sa philosophie. Mais tous ces faits n'expliquent pas suffisamment pourquoi Maïmon fut jusqu'aujourd'hui méconnu. La raison véritable est différente: Maï- mon était le pauvre parmi les philosophes de génie, et de tout temps le pauvre fut désavoué. C'était un vagabond dans le dénuement, un homme qui ne pouvait pas se présenter comme l'élève d'un maître parvenu aux honneurs, un penseur indépendant parmi les perroquets et qui même pour Reinhold, cet « élève qui était le premier de sa classe » comme disait Fichte, était trop grand. Lui qui pendant un an avait été l'élève de Dov Bar de Mesritsch et qui pour cette raison aurait du être compté au nombre des religieux au sens strict du mot était, comme juif, libre du complexe juif: il ne souffrait ni du complexe intérieur, celui qui a déter- miné Spinoza si profondément, ni du complexe des juifs à l'égard des non-juifs. Tout cela ne le touchait guère: il était ce qu'il était par la force et le pouvoir de sa propre pensée, et c'était un homme véritable- ment libre. Maïmon comprit immédiatement et essentiellement par sa propre pensée la transformation complète que la conception transcendantale de 8 AVANT-PROPOS Kant opéra dans la philosophie. Mais, contrairement à ce qui se produi- sait la plupart du temps, il ne se cantonna pas à le répéter. Il comprit comme nul autre, à peine eut-il achevé la lecture de la Critique, qu'il s'agissait désormais de l'éclaircissement précis de l'essence et du rôle de l'intuition, des concepts de l'entendement et des formes de la réflexion et de ce qui ne pouvait être atteint que par là : vers le haut, l'achèvement de la philosophie transcendantale en système et vers le bas, son rattache- ment aux disciplines et aux sciences particulières. Et il se mit à ce travail. Fichte lui-même témoigne que « la critique kantienne, telle qu'elle a géné- ralement été comprise, a été complètement bouleversée» par Maïmon. Et le même Fichte reproche sérieusement à Reinhold de « n'avoir pas senti dans la production excellente de cet homme le mûr penseur de l'Europe », et de n'avoir pas du tout aperçu « ce vers quoi il tendait véritablement ». Kant voyait dans la déduction des catégories et des principes de l'entendement l'apport principal de sa critique de la raison théorique. C'est précisément la reprise indépendante de cet apport qui conduisit Maïmon à la pénétration complète et systématique de la philosophie transcendantale. « J'attends avec joie le moment, écrit-il à Fichte fin 1794, où la philosophie sera une science systématique. De mon côté, je ne manquerai pas d'y contribuer dans la mesure de mes forces. Nous nous rencontrerons sur le même chemin ». Hélàs, ce ne furent pas seulement sa santé déjà atteinte, ni sa soli- tude qui empêchèrent Maïmon de déployer dans toute son ampleur sa pensée propre. Ce furent aussi ses scrupules, sa méfiance même à l'endroit des claires déclarations de la raison lorsqu'eUes lui permettaient d'espérer échapper au passé lourd de souffrances de son peuple. Il se ren- dait les choses extrêmement difficiles. Non pas qu'il eut été un esprit négatif. Mais il ne faisait pas confiance aux résultats sûrs de la connais- sance philosophique, parce qu'il craignait de s'abuser lui-même. Ainsi restera-t-il cet esprit pénétrant, clair, lumineux et indépendant toujours en lutte contre lui-même et contre ce qui en lui était préjugé et préven- tion par souci de la vérité. Tout effort philosophique préoccupé d'assises sûres dans la fonda- tion systématique sera reconduit à Maïmon, dont l'œuvre, en dépit de l'aspect chicanier qu'elle offre, est parfaitement conséquente et systéma- tique. Que l'Essai sur la philosophie transcendantale, la première grande œuvre du philosophe, soit désormais traduit en français, et que d'autres de ses écrits soient sur le point de l'être, nous donne l'espoir que Maïmon trouvera enfin dans le pays de Descartes la reconnaissance qui jusqu'ici, intra et extra muros, lui fut toujours refusée. Munich, le 4 juillet 1987. Reinhard LAUTH. Au Professeur Reinhard Lauth, en très respectueux hommage. PRÉSENTA TI ON Sprache, Finster-Lisene, Kumi Ori. P. Celan, Du sei wie du. « Envers le talent de Maïmon, mon respect est sans limites. Je crois fermement, et je suis prêt à le prouver, qu'il a bouleversé de fond en comble toute la philosophie de Kant, telle qu'eUe a été généralement com- prise, teUe que vous-même la comprenez. Tout cela, il l'a accompli sans que personne ne s'en aperçoive, alors que chacun le considérait du haut de sa grandeur. Je pense que les siècles à venir se moqueront amèrement de nous »'. L'histoire n'a pas confirmé ce jugement de Fichte. Maïmon est demeuré un philosophe méconnu. La recherche en est à ses débuts: nous ne disposons pas d'une édition historique, critique et complète', 1. Fichte, Lettre à Reinhold, 7 janvier 1795, Gesamtausgabe, III, 2, p. 275. 2. En dehors des éditions originales, nous disposons de l'édition de V. Verra (Gesammelte Werke, G. Olms, Hildesheim, 1965-1976,7 volumes; citée en abrégé G. W) qui reproduit le texte des éditions originales. Commode, cette édition n'est cependant d'aucune aide: les texte rassemblés ne sont ni corrigés, ni annotés. Les seules œuvres de Maïmon ayant bénéficiées de rééditions contemporaines sont, à notre connaissance, la Lebensgeschichte, Berlin, 1792 (rééditée par .J. Fromer, München, 1911), le Versuch einer neuen Logik, Berlin, 1794 (réédité par B.e. Engel, Berlin, 1912 et prochainement dans la Philosophische Bibliothek, F. Meiner, Hambourg, par W. Schrader) et le Giv'at Hammoré, commentaire en hébreu de Maïmon sur le Guide des Égarés de Maïmonide, édité par Isaac Euchel en 1791 à Berlin avec seulement les initiales hébraïques du nom de l'auteur: Sh.B.Y. (réédité par H. Bergman et N. Rotenstreich, Jérusalem, 1966). En outre, il est regrettable que les G. W. omettent plusieurs textes importants rédigés en hébreu, dont notamment le Giv'at Hammoré et les articles publiés par Maïrnon dans le périodique hébreu Ha-Méasseph (par ex. ÉlUcidation philosophique de cer- tains termes du commentaire de Maïmonide, 1789). 10 PRÉSENTATION nous ignorons ce qu'il en est du Nachlass', ses œuvres philosophiques n'ont jamais été traduites, à une exception près" les travaux critiques 3. Nos recherches concernant l'histoire du Nachlass n'ont pas encore abouti. Voici néanmoins, brièvement résumé, l'état de la question. Nous possédons deux sources principales: S. Wolff, Maïmoniana, Berlin, 1813 et A. Geiger, Zu S. Maï- mons Entwicklungsgeschichte, in Jüdische Zeitschrift für Wissenschaft u. Leben, 1866, pp. 189-199. Voici la liste de manuscrits donnée par Wolff qui s'appuie sur des informations fournies par Furstenthals, lequel aurait eu accès aux ms. uploads/Philosophie/ salomon-maimon-essai-sur-la-philosophie-transcendantale-1989-librairie-philosophique-vrin-pdf 1 .pdf
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- Publié le Jul 06, 2022
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