Numéro spécial de la revue Hegel Bulletin: Racisme et colonialisme dans la phil

Numéro spécial de la revue Hegel Bulletin: Racisme et colonialisme dans la philosophie de Hegel Éditeurs invités : Daniel James & Franz Knappik APPEL À CONTRIBUTIONS La revue Hegel Bulletin publiera un numéro spécial dédié au « Racisme et colonialisme dans la philosophie de Hegel ». Nous invitons des contributions qui explorent les éléments racistes et pro- colonialistes dans la philosophie de Hegel et le contexte historique et systématique de ces éléments, aussi bien que la portée de ces sujets pour l’héritage philosophique de Hegel. Les sujets qui peuvent être abordés dans le numéro spécial incluent le rôle de « race », ethnicité, colonialisme, esclavage colonial, eurocentrisme, ignorance blanche et universalisme dans la pensée hégélienne, ainsi que le contexte historique de ces aspects ; l’influence de Hegel tant sur la pensée raciste/pro-colonialiste que sur la pensée anti-raciste/anti-colonialiste ; et le rôle de ces sujets dans l’enseignement académique sur Hegel. (Sur le thème de « race » dans le contexte spécifique du genre, de la famille et de la parenté, Hegel Bulletin publiera un numéro spécial ultérieur, édité par Susanne Lettow, avec un appel à contributions séparé. ) Les auteurs potentiels sont priés de lire avec soin les informations ci-dessous sur le procès de soumission, sur la motivation du numéro spécial et sur des possibles pistes de recherche. Des auteurs potentiels qui ne sont pas certains si leur article soit approprié pour ce numéro spécial sont priés de contacter les éditeurs invités. Contributeurs confirmés : Elvira Basevich Michael Hardimon Kimberly Ann Harris Karen Ng Alison Stone Le numéro spécial est prévu comme numéro double. Tous les articles (8.000-10.000 mots, y compris les notes de fin et la bibliographie) seront révisés à travers un procès d’évaluation « double aveugle ». Les éditeurs invités du numéro spécial sont Daniel James (daniel.james@uni-duesseldorf.de) et Franz Knappik (franz.knappik@uib.no). Le procès de soumission consiste de plusieurs phases : 1. Soumission des résumés longs (environ 1000 mots), au plus tard le 31 octobre, 2021, par email à franz.knappik@uib.no et daniel.james@uni-duesseldorf.de, avec le titre «Abstract Special Issue Hegel Bulletin». 2. Notification des auteurs sélectionnés qui seront invités à poursuivre ses articles projetés, avant la fin de novembre 2021. 3. Soumission d’ébauches d’articles, au plus tard le 28 février 2022, par email à franz.knappik@uib.no et daniel.james@uni-duesseldorf.de, avec le titre «Draft Paper Special Issue Hegel Bulletin». 4. Conférence digitale avec lecture préalable des ébauches, avril 2022 (la date exacte sera annoncée plus tard) 5. Soumission des articles complets pour l’évaluation en « double aveugle » chez Hegel Bulletin, au plus tard le 30 juin 2022 (https://mc.manuscriptcentral.com/hegel, choisissez ‘special issue’). Il est possible de soumettre les résumés, ébauches et articles complets en anglais, français, espagnol, portugais, italien et allemand. Des articles dans d’autres langues qu’anglais qui sont acceptés pour la publication, seront traduits par les éditeurs invités. Motivation du numéro spécial L’énorme croissance d’intérêt philosophique pour la pensée de Hegel pendant les derniers 30 ans a démontré, de façon impressionnante, que l'on trouve de nombreux aspects de la philosophie de Hegel qui continuent d’être (pour le dire avec Benedetto Croce) « vivant », au contraire des parties « mortes » dont nous savons qu’elles sont erronées, et qui ne sont plus d’intérêt contemporain, telles que ses spéculations sur le nombre des planètes ou sa tentative de déduire les cinq sens. Beaucoup de commentateurs, semble-t-il, compteraient parmi les parties « mortes » dans la philosophie hégélienne aussi son avis selon lequel il y a des « races » (Rassen) (Enc. §93) différentes, certains desquelles ne seraient pas capables de développer une propre compréhension de la liberté (par exemple GW 25.1, 114 ; GW 25.2, 611 sq.) ; son affirmation que chacun « esprit national » ou « local » (Volksgeist, Lokalgeist) a sa « capacité du caractère intelligent et éthique des peuples » (Enc. §394) déterminée; son assertion que les habitants de l’Afrique subsaharienne sont une « nation infantile » (GW 25.1, 35) qui vive de manière sauvage, barbare et cruelle ; son insinuation que le colonialisme est une solution légitime du problème de la pauvreté dans les pays industrialisés (PhR §§x246-248, cf. §§350 sq.) ; ou encore son interprétation de l’esclavage dans les colonies européennes comme une institution qui promeut la « discipline » qu’il faut avoir pour atteindre la pleine liberté (GW 25.1, 115). En comparaison de l’attention qui a été portée dans ces dernières années à bien d'autres sujets— comme la conception hégélienne de la reconnaissance, de la deuxième nature ou de l’idéalisme—, le racisme et le pro-colonialisme de Hegel ne figurent pas parmi les sujets de pointe dans les recherches hégéliennes. Si jamais on admet que Hegel a fait des affirmations aussi scandaleuses, on a tendance à les mettre à part comme des opinions dans lesquels Hegel ne suit que le préjugé de son temps, ou qui n’ont qu’une place marginale dans sa philosophie (Walsh 1971 ; Moellendorf 1992 ; McCarney 2000, 151 ; Nisbett 2008, 118 ; Pinkard 2012, 66) ; et, en tout cas, comme des passages de texte dans l’œuvre de Hegel que l’on peut tout à fait négliger, juste comme ses commentaires sur le nombre des planètes ou des sens. Dans aucunes sous-branches des recherches hégéliennes—par exemple dans les pays allemands—il y a eu extrêmement peu d’études sur les éléments racistes et pro-colonialistes dans la pensée hégélienne (avec des exceptions remarquables comme Neugebauer 1990, Kimmerle 1993 e Purtschert 2010). Dans d’autres parties du monde hégélien—par exemple dans les recherches en Grande Bretagne, aux Amériques et en Afrique—, plusieurs auteurs ont fait des contributions importantes sur tels arguments (on voit, par exemple, Serequeberhan 1989 ; Moellendorf 1992 ; Eze 1998 ; Bernasconi 1998, 2000, 2007, 2016 ; Buck-Morss 2000 ; Parekh 2009 ; Tibebu 2011 ; Narváez León 2019 ; Stone 2017, 2020 ; Zambrana 2021), mais ces contributions n’ont pas encore eu beaucoup d’influence sur les recherches hégéliennes plus généralement, outre les débats liés à la pensée postcoloniale et aux études sur l’historiographie de l’Afrique. Mais cette négligence relative, n’est- elle pas plutôt raisonnable, vu que les opinions en question de Hegel appartiennent si clairement à la poubelle de l’histoire de la philosophie ? Ce numéro spécial cherche à proposer une autre façon de conceptualiser et traiter les idées racistes et pro-colonialistes dans l’œuvre hégélienne, une façon qui s’inspire aux travaux des auteurs comme Robert Bernasconi et Alison Stone. En lieu de simplement présupposer que l’on peut tranquillement négliger ces éléments parce que Hegel ne joue pas ici un rôle actif, ou parce qu’ils occupent une place marginale dans sa philosophie, nous soutenons que la nature et la fonction systématiques de tels éléments, ainsi que leur contexte historique, demandent une recherche très attentive. Premièrement, il y a des évidences qui suggèrent que le rôle de Hegel dans le développement de la pensée raciste et pro-colonialiste n’a pas été seulement passif (Bernasconi 1998, 2016). Deuxièmement, beaucoup de passages de texte dans le corpus hégélien suggèrent que les éléments racistes et pro-colonialistes ont d’étroits rapports systématiques avec les parties « vivantes » dans la pensée hégélienne sur lesquelles porte l’intérêt contemporain. Par exemple, dans les leçons berlinoises sur la philosophie du droit et la philosophie de l’esprit subjectif, Hegel aborde le thème de l’esclavage à maintes reprises et en liant son évaluation hautement ambivalente de l’esclavage coloniale (PhR §57 Ann.) a des sujets tels que la conscience de la liberté, la vie éthique, sa théorie de la personnalité légale et de la propriété, ou encore la dialectique du maître et de l’esclave. Entre autres, il suggère que l’esclavage soit adéquat pour l’homme comme « être naturel » et ait un rôle libérateur pour ceux qui, à cause de leur ‘race’ (par exemple, les Africains), ne sont pas capables de développer eux-mêmes une interprétation adéquate de la liberté, ou d’être des agents vraiment libres (on voit, par exemple, GW 25.1, 114f.). En outre, vers la fin des Éléments de la philosophie du droit, Hegel rapproche le sujet du colonialisme à ses théories du droit international et de l’histoire mondiale (PhR §351). Et Alison Stone (2020) a montré qu’il y a des traits essentiels dans la conception de la liberté chez Hegel qui ouvrent la voie aux attitudes pro-colonialistes du même auteur. L’importance de ces matières passe d’ailleurs outre à l’évaluation de la philosophie hégélienne comme telle. Beaucoup parmi les éléments ‘vivantes’ mentionnés ont été adoptés par d’autres philosophes, allant de Marx jusqu’à de nombreux philosophes contemporains dans la tradition analytique aussi bien que dans la tradition continentale, en passant de certains courants du marxisme et l’école de Francfort. Si le racisme et le pro-colonialisme de Hegel sont vraiment étroitement liés aux parties ‘vivantes’ de sa pensée, il y a un vrai risque que ce racisme et ce pro- colonialisme n’aient secrètement conditionné aussi des appropriations contemporaines de Hegel qui n’ont pas été suffisamment attentives à tels liens. En même temps, plusieurs de ces sujets ‘vivants’ ont inspiré les théories anti-racistes et anticolonialistes des auteurs comme W.E.B. Du Bois, C.L.R. James et Frantz Fanon. Cet héritage profondément ambivalent de uploads/Philosophie/ si-french.pdf

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