IV- SPECIFICITE DE LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE La réflexion philosophique est ca
IV- SPECIFICITE DE LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE La réflexion philosophique est caractérisée par la critique. L’esprit critique est un esprit d’analyse et d’examen ; il s’oppose au sens commun. Philosopher, c’est se poser des questions en permanence et Karl Jaspers l’a résumé en ces termes : « Les questions en philosophie sont plus essentielles que les réponses et chaque réponse devient une nouvelle question ». En philosophie, les questions ne sont pas posées, elles se posent ; mieux, elles s’imposent. Parler des caractéristiques de la réflexion philosophie revient à dire ce qu’est la philosophie et à l’opposer au mythe, à la religion et à la science. c- Philosophie et sens commun Le sens commun est un ensemble d’opinions, de croyances et de certitudes tenues pour vraies et supposées indiscutables. C’est ce que Martin Heidegger appelle le « on » qu’on retrouve dans la formule « on a dit ». Ce n’est pas parce qu’on a dit une chose que c’est vrai. Les certitudes du sens commun sont partagées par la majorité de la société, mais elles peuvent se révéler fausses comme les superstitions, les préjugés, les illusions et les dogmes. L’homme du sens commun ne se pose pas de question, il pense que le monde est évident. Il prend les choses telles qu’elles sont et n’a pas besoin de se poser des questions. Comme le dit Bertrand Russell, l’homme du sens commun c’est celui qui « n’a reçu aucune teinture de philosophe » et il est « prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays ». Russell dégage ici l’identité de l’homme du sens commun. Ce dernier ne critique pas et ne s’interroge pas sur ce que tout le monde a dit. Contrairement à lui, le philosophe encourage l’esprit critique. Il s’arme du doute pour examiner et analyser tout ce qu’on lui dit. Il se méfie des traditions, des coutumes et remet tout en cause comme l’a enseigné Vladimir Jankélévitch qui dit : « Philosopher revient à ceci : se comporter à l’égard du monde comme si rien n’allait de soi » (La Mauvaise Conscience). En d’autres termes, pour le philosophe, rien n’est évident. Le but de la philosophie est de corriger les fausses certitudes, les illusions et erreurs du sens commun ou de la philosophie elle-même. Elle est une critique de tous les savoirs, opinions, croyances, réflexions philosophiques etc. L’esprit critique se manifeste par une remise en question ou, du moins, une « mise à questions » de toute affirmation, de tout jugement. La critique est une exigence fondamentale de la philosophie. Elle constitue, selon Marcien Towa (philosophe camerounais contemporain), le début véritable de l’exercice philosophique. Il dit à ce sujet : « La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance. Pour le philosophe, aucune donnée, aucune idée si vénérable soit-elle, n’est recevable avant d’être passée au crible de la pensée critique ». 1- Philosophie et mythe Le mythe est un récit imaginaire où interviennent des êtres surnaturels dont l’action serait à l’origine du monde. Le récit mythique est cru de façon dogmatique par les membres du groupe social, on ne le critique pas : on y croit sans chercher à avoir des preuves. Exemple de mythe, on peut citer l’histoire d’Adam et d’Eve. En effet, d’après les religions révélées, Adam et Eve ont été chassés du paradis pour avoir désobéi à Dieu. Ensuite, ils ont été envoyés sur terre où ils seront obligés de travailler pour vivre. Ce récit a pour fonction de justifier l’origine du travail. Mais, il ne faut pas croire que le mythe est irrationnel. Au contraire, elle témoigne d’une « rationalité ». certes différente de la pensée philosophique. En fait, à l’instar de la philosophie, le mythe aussi cherche à fournir une explication du monde, des phénomènes divers pour apaiser la curiosité humaine. Fondamentalement, la différence réside dans le fait que là où la philosophie se pose des questions, le mythe apporte des réponses. Au demeurant, la philosophie et le mythe sont deux domaines de la raison, mais différents par la démarche. Ils s’efforcent d’apaiser la curiosité insatiable de l’homme. Le mythe a pour fonction de justifier ce qui existe, de dire comment les choses sont ce qu’elles sont et pourquoi les hommes doivent adopter tels comportements. Il est irrationnel alors que la philosophie est rationnelle. Là où la philosophie se pose des questions sans prétendre les solutionner, le mythe lui, apporte des réponses à toutes les questions de l’homme pour apaiser sa curiosité. Dès l’avènement de la philosophie, le mythe devait être dépassé. Pourquoi est-il toujours présent dans l’œuvre de Platon ? Quelle place occupe-t-il dans sa philosophie ? Dans l’œuvre de Platon, le mythe a une fonction pédagogique. Pour expliquer quelque chose, Platon part de ce que les Athéniens connaissent. Autrement dit, il les retrouve dans leurs croyances pour leur expliquer des vérités a priori inaccessibles par la raison. En bref, la philosophie se sert du mythe comme moyen d’illustration d’un argument. 2- Philosophie et religion Les rapports entre la philosophie et la religion ont souvent été difficiles. Un conflit existe entre elles : le philosophe est perçu comme un athée tandis que le religieux est vu comme un borné ou comme quelqu’un qui ne réfléchit pas. Tiré du latin religare, la religion signifie lien que l’homme entretient avec une force extérieure nommée Dieu et qui exige une soumission à lui. La religion est censée dire une vérité absolue, incontestable, indiscutable pour le croyant. Ce dernier considère comme vrai tout ce que disent les textes sacrés et il interprète toutes choses en fonction de la religion. La religion est fondée sur la foi et repose sur des dogmes, c’est à dire des vérités absolues. A l’opposé, le discours philosophique est humain, libre et critique. Ce n’est plus Dieu qui parle aux hommes, mais c’est un homme qui s’adresse à ses semblables. Pour toutes ces raisons, la religion s’oppose à la philosophie qui, elle, est fondée sur l’esprit critique alors pour le croyant, le doute n’est pas permis. Le philosophe doit avoir un esprit de doute et de remise en question. Avec son esprit libre et critique, il s’attaque à tout, même à la religion. Cette dernière va ainsi subir des critiques de la part de philosophes comme Karl Marx qui la considère comme « l’opium du peuple ». Pour lui, c’est l’homme qui a inventé Dieu. Nietzsche, pour sa part, proclame la mort de Dieu, tandis que Sartre fera de l’existence de Dieu une présence sans incidence sur le monde. A travers ces philosophes athées, il est aisé de constater que philosophie et religion ont eu des rapports complexes depuis leur origine, mais il serait exagéré d’y voir une opposition radicale. Loin de s’exclure, elles entretiennent une relation réciproque. Certes, elles n’ont pas le même fondement, car la philosophie repose sur la raison et la religion sur la foi. Mais à bien des égards, elles traitent des mêmes questions. En effet, toutes les questions que soulèvent la métaphysique comme celles qui sont liées à Dieu, à l’âme, au destin etc. trouvent leur réponse dans la religion, de sorte qu’on a pu dire que la philosophie pose des questions et la religion y apporte des réponses. C’est ce que montre Blaise Pascal selon qui la religion et la philosophie sont deux genres distincts. A son avis, l’homme est raison et cœur et il peut atteindre la vérité soit par le coeur soit par la raison. Mais Pascal précise qu’il y a des choses que la raison ne peut pas savoir à l’exemple de Dieu, et c’est au coeur de le sentir. C’est pourquoi il dit que « Dieu ne se prouve pas, il s’éprouve ». Poursuivant cette même idée, il affirme dans sa Pensée 277 : « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Saint Augustin parle d’une ressemblance entre religion et philosophie. Pour lui, il y a une similitude entre les textes bibliques et ceux de Platon. Il sera amené à conclure que la philosophie ne peut nous permettre d’atteindre la vérité et qu’elle doit se subordonner (soumettre) à la religion. Saint Thomas d’Aquin pense lui aussi que foi et raison peuvent atteindre la vérité, mais il accorde la supériorité à la foi. Spinoza soutient que entre la philosophie et la religion, il n’y a pas de parenté. Il dit : « Ni la théologie ne doit être servante de la raison, ni la raison celle de la théologie, mais l’une et l’autre ont leur royaume propre ». 3- Philosophie et science a- L’histoire d’une rupture Philosophie et science sont nées au 6ème siècle avant Jésus Christ à partir d’une rupture avec les premières approches du réel. Insatisfaits des explications données par le mythe, la magie et la Texte : Y a-t-il conflit entre philosophie et religion ? La philosophie entre en conflit avec la religion, du fait que celle-ci se veut l’autorité absolue tant dans le domaine de uploads/Philosophie/ specificite-de-la-philosophie.pdf
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- Publié le Jui 12, 2022
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