1 Terminologie. Savoir et savoir faire1 0. Introduction à la terminologie 0.1.

1 Terminologie. Savoir et savoir faire1 0. Introduction à la terminologie 0.1. Polysémie du mot terminologie lui-même. Des mots et des termes Une terminologie, c’est un ensemble de termes relevant d’un même domaine de spécialité (domaine d’activité et/ou domaine de connaissance). La finesse du découpage thématique, et donc le degré de spécialisation du domaine ciblé d’abord et, par voie de conséquence, de son vocabulaire dédié seront en pratique très variables, depuis les domaines globaux (économie, vie sociale, politique, arts…), et jusqu’à des thèmes spécifiques à un sous-domaine particulier : terminologie économique> terminologie commerciale> terminologie du commerce de détail> terminologie du commerce électronique (spécialisation croissante) On parlera donc, dans cette acception, également de terminologies au pluriel. L’éparpillement des domaines est formidable, d’où le nombre énorme de termes par rapport au nombre des mots de la langue commune (lexique général). Qu’est-ce donc qu’un terme (vs2 mot)? Un terme est un mot (simple ou composé) ou un syntagme lexicalisé – autrement dit, une unité lexicale3 – qui désigne un concept spécifique à un certain domaine de spécialité. La spécialisation par domaines caractérise donc les termes d’entrée de jeu, tout en opposant le concept de terme, au concept de mot : c’est là une propriété4 saillante des termes, une propriété à la fois nécessaire et suffisante pour qu’une unité lexicale puisse être envisagée comme terme. La locution nominale pomme de terre (en tant que désignation du seul tubercule comestible produit par l’espèce Solanum tuberosum, et non de la plante toute entière) peut ainsi fonctionner comme terme dans le domaine de l’agriculture (en maraîchage5 notamment : récolte et conservation des pommes de terre) ou dans le domaine culinaire (des pommes de terre au four). En tant que désignation de la plante tout entière, la même unité lexicale sera plutôt un terme de botanique (la pomme de terre est une plante herbacée vivace qui appartient à la famille des solanacées), ou d’agronomie6 (culture de la pomme de terre, techniques de fertilisation de la pomme de terre ; une pomme de terre transgénique). 1 Sauf indication contraire, tous les liens cités dans ce texte auront pour date de consultation (de leur dernière consultation, en fait) le 19 octobre 2018 (date de la révision et mise à jour du texte). 2 L’abréviation vs (lat. versus) note en linguistique l’opposition. 3 Nous n’allons pas revenir ici sur les réserves théoriques tout à fait justifiées quant à la notion de mot, en linguistique, ni reprendre les distinctions pertinentes en lexicologie : mot-forme (terme – termes ; comprendre – (je) comprends – (je) comprendrai – compris), lexie (= unité lexicale) : lexème (ensemble de mots-formes que seule distingue la flexion : TERME – nom masculin, COMPRENDRE – verbe intransitif), ou bien locution (syntagme à syntaxe contrainte et sémantique non- compositionnelle : POMME DE TERRE – noter qu’une pomme de terre n’est pas une pomme, ni un fruit – mais un légume, et que l’on ne peut rien intercaler entre pomme et de terre : une pomme au four/ *une pomme au four de terre/ OKune pomme de terre au four). En terminologie, c’est traditionnellement de l’opposition terme vs mot que l’on fait état, où par mot on comprend ce que les lexicologues appellent lexème. 4 Comme nous le verrons sous peu, les terminologues parleront alors plus volontiers de caractère que de propriété. 5 « Culture intensive de légumes, généralement localisée aux abords des villes, telle que la pratiquent les maraîchers » (TLFi). Legumicultură ro = maraîchage fr ; legumicultor ro = maraîcher fr. En outre, le français dispose, concernant les légumes, de l’adjectif et du nom potager : jardin potager (ou : potager n.m) – grădină de legume (şi zarzavaturi), carré potager – strat de legume, culture potagère – cultură de legume, travaux potagers – lucrări în legumicultură. 6 Si l’agriculture est une activité, l’agronomie est la science correspondante : le TLFi définit même l’agronomie comme un ensemble de sciences (pluriel) et de techniques (« ensemble des sciences et des techniques de recherche et d’application concernant l'agriculture »). 2 Le GDT (Grand Dictionnaire Terminologique7) comporte, en critères de recherche, pas moins de 163 « domaines », dont : - des domaines d’activité et de connaissance : zootechnie, zoologie, nanotechnologie, métallurgie… - des domaines d’activité: industrie minière, industrie papetière…, services funéraires, emballage et conditionnement, manutention et stockage, repassage… - des domaines de connaissance : science de l’atmosphère, science de l’information - des sous-domaines: métallurgie des poudres - des thèmes particuliers (concepts associés à un domaine ou à un sous-domaine). Activités associées à un certain domaine d’activité (tel le tamisage, qui est associé au domaine de l’industrie minière), mais aussi classes d’objets associés à certains domaines/ sous- domaines, classes souvent désignées par des noms collectifs: matériel de fixation, matériel de terrassement; habillement; linge de maison; outillage, serrurerie… Cette ressource terminologique recensait – semble-t-il – pour le français (français « international » dans une première approximation, pour l’essentiel identique au français de France8, mais également, dans une certaine mesure, français québécois vernaculaire9), plus de trois millions de termes lors de sa mise en ligne, en l’an 200010. Rien d’étonnant à ce qu’il n’y ait pas de statistiques mises à jour quant au nombre exact de fiches (en raison des doublets, le nombre de termes ne correspond pas exactement au nombre de concepts), ni sur le nombre exact de termes traités (vedettes + synonymes). Par comparaison, les dictionnaires de français-langue générale affichent des scores bien plus modestes : le TLFi (Trésor de la langue française informatisé) ne comporte, quant à lui, qu’environ 100.000 entrées et 270.000 définitions – correspondant aux diverses acceptions recensées pour les mots polysémiques – chiffre largement dû à l’inclusion d’acceptions spécialisées à qualificatif de domaine (qui sont autant de termes). Le Grand Robert de la langue française (2017, version informatisée) recèle, lui, 100.000 mots et 300.000 sens. Si une terminologie, c’est un ensemble de termes (une terminologie – des terminologies, la terminologie médicale, la terminologie du tourisme…), la terminologie (au singulier, à article défini et sans complément de domaine) peut désigner tantôt (i) l’activité pratique du terminologue (collecte, analyse, systématisation des termes et des concepts d’un domaine donné, compilation de glossaires 7 Banque de données terminologiques construite par l’OQLF (Office québécois de la langue française) pour franciser la communication professionnelle dans les services publics et l’enseignement, au Québec (province francophone du Canada). Cette banque de données terminologique comporte aussi des fiches rédigées par des partenaires de l’office, et non validées par l’OQLF. Les fiches respectent le principe une fiche/ un concept (tous les synonymes figureront sur la même fiche que le terme vedette), et indiquent aussi les équivalents anglais (voire espagnol et parfois catalan) des termes vedettes (avec leurs synonymes à eux). 8 Variété standard et langues de spécialité. 9 Une langue vernaculaire est un idiome parlé au sein d’une certaine communauté linguistique. C’est typiquement, mais pas nécessairement, une langue première ou : maternelle, en tout cas, c’est la langue parlée systématiquement à la maison – le terme venant du latin vernaculum, qui désignait ce qui était confectionné à la maison, par opposition à ce que l’on se procurait par échange. Le français parlé en France, ou ses variétés géographiques respectivement parlées au Québec, en Belgique ou bien en Suisse romande sont autant de langues vernaculaires, c’est-à-dire : locales, autochtones. Le français comme langue de la diplomatie et comme langue des élites européennes par le passé, ou bien comme langue de travail dans les institutions européennes et internationales de nos jours encore est, par contre, une langue véhiculaire, employée en contexte de plurilinguisme, comme véhicule de communication entre personnes dont la langue vernaculaire (locale) est autre. Le koinè en Grèce ancienne, la lingua franca dans le bassin méditerranéen (jusqu’au XIXe s – une combinaison de français, italien, espagnol, et autres langues, comprise par les marins, les marchands et les esclaves), en furent des exemples historiques si saillants que l’on utilise actuellement ces termes, par extension (métonymie) comme synonymes du terme de langue véhiculaire. On peut ainsi dire sans contradiction inhérente que l’anglais soit de nos jours la lingua franca des sciences et de la technique. 10 Selon https://www.actualitte.com/article/patrimoine-education/les-meilleurs-dictionnaires-de-langues-en-ligne/17297) – consulté le 2 octobre 2018. 3 terminologiques – activité parfois appelée terminographie, terme créé par Alain Rey11, dans les années ’70, d’après le modèle de lexicographie), tantôt (ii) la discipline étudiant les concepts spécialisés et les termes qui les désignent (en langue d’une certaine spécialité) – une discipline, voire une science12 – ce pourquoi dans ce cas-ci, la formation en –logie recouvre son potentiel sémantique maximum13. La polysémie du mot terminologie ne fait cependant pas l’unanimité, ni quant au nombre, ni quant à la nature des acceptions discriminées. Pour une présentation synthétique des trois acceptions ci-avant mentionnées, nous renvoyons les apprentis-traducteurs au portail France Terme14, plutôt qu’aux dictionnaires de langue générale (tels que le TLFi ou le Nouveau Petit Robert), qui ne distinguent que deux acceptions majeures (ou bien « ensemble de termes » vs « activité », ou bien « ensemble de termes » vs « science »15). L’article terminologie, n.f. uploads/Philosophie/ terminologie-objet-concept.pdf

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