Universalité du vrai ou relativité des représentations ? Enjeu : quel besoin av
Universalité du vrai ou relativité des représentations ? Enjeu : quel besoin avons-nous de la vérité ? Résumé du cours précédent et ajout des textes de (ou sur) Protagoras. Rappel des concepts et distinctions à retenir Vrai/Faux : des catégories du langage de l’ordre de la logique, de la connaissance. Le vrai n’est pas dans les choses mais dans le discours qu’on tient sur elles ; le vrai est un énoncé non contradictoire et/ou adéquat avec le réel qu’il désigne. La vérité c’est une représentation fidèle, conforme au réel représenté. Réel/Irréel : catégorie « ontologique » : qui concerne l’être. Illusion/Mensonge/Erreur Hypothèse 1 : la vérité nous échappe toujours. Pas de vérité universelle accessible. Nous ne pouvons dépasser les opinions subjectives. Règne des opinions. A chacun sa vérité ? - Soit parce que nous sommes incapables d’y accéder (la thèse de Platon, nous sommes prisonniers de l’illusion sensible ; mais même quand nous la cherchons nous ne pouvons contempler la « vérité en face » ; seuls quelques sages peuvent contempler les essences éternelles des choses, leurs formes objectives et inaltérables, ce que Platon appelle les « idées ») - Soit parce qu’elle n’existe pas, qu’il n’y a rien à découvrir derrière le voile des apparences. (La thèse du sophiste Protagoras, 5ème siècle avant notre ère, contemporain de Socrate, ami de Périclès). Le monde est un théâtre d’ombres. Rien n’existe que les phénomènes ; que des représentations subjectives et changeantes, d’un individu à un autre voire pour un même individu. La tour que je vois ronde de loin, m’apparaît carrée de près. Ce qui m’apparaît important aujourd’hui, j’y serai indifférente demain. Pas de différences entre les opinions subjectives et la vérité. C’est la position de Protagoras ou d’une certaine forme de scepticisme radical, « L ‘homme est la mesure de toutes choses ». « Sur toutes choses on peut tenir deux discours ». - « Protagoras veut que l’homme soit la mesure de toutes choses, pour celles qui sont, de leur existence, pour celles qui ne sont pas, de leur non-existence. Par mesure, il veut dire critère* par choses il désigne les objets. (…) Les humains perçoivent tantôt ceci tantôt cela en fonction des différences de leurs dispositions. (…) Pour ce qui est de l’influence de l’âge, du sommeil, de la veille et des divers types de dispositions, on peut dire la même chose. C’est ainsi que l’humain se fait, en fonction de lui même, les critères des êtres. En effet tous les phénomènes** qui ont lieu pour les humains existent aussi, et ceux qui n’ont lieu pour aucun humain, n’existent pas. » Sextus Empiricus, Hypotyposes pyrrhoniennes. (2ème 3ème siècle) * critère : du grec kriterion, qui sert à juger ** phénomène : ce qui se manifeste et apparaît à nos sens. Pour Protagoras, les choses n’existent que relativement à la perception d’un sujet. La réalité repose sur trois sources, la sensation, le sentiment, l’opinion. Une reformulation possible de l’affirmation de Protagoras pourrait donc être : ce que chaque homme perçoit, ressent et croit, mais aussi désire et juge bon, c’est cela la réalité. Il n’y a pas une réalité extérieure à l’homme qu’il serait possible de décrire sans intervention : ce qui est, c’est ce que l’homme sent, ressent et croit. En tant qu’il est la mesure des choses, c’est l’homme qui façonne la réalité. La vérité serait donc affaire de « points de vue ». Protagoras évoque la longue discussion menée par Périclès sur les causes de la mort d’Epitime de Pharsale. « En effet quelqu’un dans le pentathlon ayant frappé du javelot sans le faire exprès Epitime de Pharsale et l’ayant tué, Périclès consacra un jour entier à se demander si c’était, selon l’argumentation la plus correcte, le javelot ou plutôt celui qui l’avait lancé, ou les organisateurs des Jeux qu’il fallait tenir pour causes du drame ». Protagoras, Antilogies Notes pour le cours de jeudi : objections à la thèse de Protagoras, Hypothèse 2, la science, lieu de la vérité universelle ? Objections : Mais alors si le vrai est affaire de point de vue, peut-on dire comme Pirandello, « à chacun sa vérité » ? Nous faut-il renoncer à tout savoir ? A la recherche d’un critère universel du juste ? Du bien ? - Protagoras a raison de nous rappeler que nous sommes des sujets situés et jamais objectifs. On doit toujours tenir compte de cela quand on fait des sciences, quand on prétend au savoir. Mais affirmer que le vrai n’existe pas ou « à chacun sa vérité » est un énoncé paradoxal, contradictoire. Il y a une impossibilité logique de la position sceptique radicale. En affirmant que rien n’est vrai, je prétends affirmer moi même une proposition générale et vraie, conforme à la réalité. C’est un peu comme si on disait « à chacun ses mots », « à chacun son langage »… Personne ne pourrait se comprendre, ni se parler. On voit bien que dès qu’on parle on a besoin de règles logiques pour s’entendre et se faire comprendre. L’exigence de vérité est a minima l’exigence de non contradiction, la recherche d’un accord rationnel des esprits. La recherche de représentations communes objectives par delà le constat de nos situations et représentations partielles, partiales et subjectives de la réalité. - L’idée que « l’homme est la mesure de toutes choses » remet en question le principe de non-contradiction, selon lequel une même chose ne peut pas en même temps être X et ne pas être X. C’est ce que conteste Aristote qui distingue radicalement opinion et vérité. "Attacher une valeur égale aux opinions et aux imaginations de ceux qui sont en désaccord entre eux, c'est une sottise. / Il est clair, en effet, que ou les uns ou les autres doivent nécessairement se tromper. / On peut s'en rendre compte à la lumière de ce qui se passe dans la connaissance sensible : jamais, en effet, la même chose ne paraît, aux uns, douce, et, aux autres, le contraire du doux, à moins que, chez les uns, l'organe sensoriel qui juge des saveurs en question ne soit vicié et endommagé. Mais s'il en est ainsi, ce sont les uns qu'il faut prendre pour mesure des choses, et non les autres. / Et je le dis également pour le bien et le mal, le beau et le laid, et les autres qualités de ce genre. Professer, en effet, l'opinion dont il s'agit, revient à croire que les choses sont telles qu'elles apparaissent à ceux qui, pressant la partie inférieure du globe de l'oeil avec le doigt, donnent ainsi à un seul objet l'apparence d'être double ; c'est croire qu'il existe deux objets, parce qu'on en voit deux, et qu'ensuite il n'y en a plus qu'un seul, puisque, pour ceux qui ne font pas mouvoir le globe de l'oeil, l'objet un paraît un." Aristote, Métaphysique, livre K, chapitre 1 D’un point de vue éthique, si la vérité se confond avec l’opinion, le risque est de confondre ce qui est vrai avec l’opinion majoritaire ou l’opinion dominante sans critères objectifs pour distinguer le vrai du faux. Le vrai serait alors une affaire de pouvoir et non de savoir. Hypothèse 2 Si la science est le lieu de recherche et de production de savoirs objectifs peut-on dire que le savoir scientifique est universellement et absolument vrai ? La science serait-elle le lieu de la vérité universelle et absolue ? Selon une idée communément répandue, la pensée scientifique est le seul moyen d'atteindre des connaissances vraies. Bien sûr, il est toujours possible de donner une réponse à toute question. Mais encore faut-il que cette réponse soit correcte, valide, vraie, c'est-à-dire acceptable pour tous les esprits qui l'examinent, et non pas une simple opinion. Qu'est-ce donc, que répondre à une question de manière scientifique ? Il s'agit d'utiliser des méthodes sûres que sont la démonstration et la preuve expérimentale pour accéder à un savoir objectif. Moyennant l'utilisation de ces méthodes, la véracité d'une connaissance est garantie, établie, la réponse obtenue est de l'ordre de la certitude objective. Objectif : Sens courant : impartial, indépendant des intérêts et des goûts d’un sujet ; Sens philosophique : qui existe en dehors de l’esprit et indépendamment de la connaissance qu’en a un sujet. Un discours est objectif quand il rend compte fidèlement de l’objet observé ou étudié. Subjectif : Sens courant : individuel, qui dépend des préférences personnelles, ne concerne pas tous les sujets ; Sens philosophique et psychologique : qui appartient au sujet en tant qu’être conscient ; ce qui est valable pour un seul sujet, qui n’est pas universel. A) A quoi reconnaît-on une science ? Les critères de la démarche scientifique. Définir la science c’est définir son champ, tracer des frontières entre ce qui est scientifique et ce qui ne l’est pas. Quels points communs y a t’il entre la physique, l’histoire, la biologie moléculaire, la psychologie ? Comment faire pour distinguer une science véritable d’un pseudo discours savant (astronomie et astrologie par exemple) ? I) 4 principes uploads/Philosophie/ tg3-verite 1 .pdf
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- Publié le Nov 17, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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