394121047.doc page 1 sur 53 TRAITÉ DES ANIMAUX Étienne Bonnot de Condillac 3941

394121047.doc page 1 sur 53 TRAITÉ DES ANIMAUX Étienne Bonnot de Condillac 394121047.doc page 2 sur 53 INTRODUCTION...............................................................................................................................3 PREMIERE PARTIE. DU SISTÊME DE DESCARTES ET DE L'HIPOTHESE DE M. DE BUFFON...........4 CHAPITRE PREMIER. Que les bêtes ne sont pas de purs automates, et pourquoi on est porté à imaginer des sistêmes qui n’ont point de fondement...............................................4 CHAPITRE II. Que si les bêtes sentent, elles sentent comme nous.........................................6 CHAPITRE III. Que dans l'hipothese où les bêtes seroient des êtres purement matériels, M. de Buffon ne peut pas rendre raison du sentiment qu'il leur acorde.....................................8 CHAPITRE IV. Que dans la suposition où les animaux seroient tout à la fois purement matériels et sensibles, ils ne sauroient veiller à leur conservation, s'ils n'étoient pas encore capables de connoissance.......................................................................................................9 CHAPITRE V. Que les bêtes comparent, jugent, qu'elles ont des idées et de la mémoire.. .12 CHAPITRE VI. Examen des observations que M. de Buffon a faites sur les sens..................14 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE.................................................................................19 SECONDE PARTIE. SISTÊME DES FACULTÉS DES ANIMAUX.......................................................23 CHAPITRE PREMIER. De la génération des habitudes communes à tous les animaux.........24 CHAPITRE II. Sistême des connoissances dans les animaux.................................................25 CHAPITRE III. Que les individus d'une même espece agissent d'une maniere d'autant plus uniforme, qu'ils cherchent moins à se copier ; et que par conséquent les hommes ne sont si diférens les uns des autres, que parce que ce sont de tous les animaux ceux qui sont le plus portés à l'imitation........................................................................................................27 CHAPITRE IV. Du langage des animaux.................................................................................29 CHAPITRE V. De l'Instinct et de la Raison..............................................................................33 CHAPITRE VI. Comment l'homme aquiert la connoissance de Dieu....................................37 CHAPITRE VII. Comment l'homme aquiert la connoissance des principes de la morale......42 CHAPITRE VIII. En quoi les passions de l'homme diferent de celles des bêtes.....................44 CHAPITRE IX. Sistême des habitudes dans tous les animaux : comment il peut être vicieux ; que l'homme a l'avantage de pouvoir coriger ses mauvaises habitudes.............................47 CHAPITRE X. De l'entendement et de la volonté, soit dans l'homme, soit dans les bêtes...51 CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE..................................................................................53 394121047.doc page 3 sur 53 INTRODUCTION. [429] Il seroit peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n'étoit pas un moyen de connoître mieux ce que nous sommes. C'est dans ce point de vue qu'il est permis de faire des conjectures sur un tel sujet. S'il n'existoit point d'animaux, dit M. de Buffon, la nature de l'homme seroit encore plus incompréhensible. Cependant il ne faut pas s'imaginer qu'en nous comparant avec eux, nous puissions jamais comprendre la nature de notre être : nous n’en pouvons découvrir que les facultés, et la voie de comparaison peut être un artifice pour les soumettre à nos observations. Je n'ai formé le projet de cet ouvrage, que depuis que le Traité des Sensations a paru, et j'avoue que je n'y aurois peut-être jamais pensé si M. de Buffon n'avoit pas écrit sur le même sujet. Mais quelques personnes ont voulu répandre qu'il avoit rempli l'objet du Traité des Sensations ; et que j'ai eu tort de ne l'avoir pas cité. Pour me justifier d'un reproche qui certainement ne peut pas m’être fait par ceux qui auront lu ce que nous avons écrit l'un et l’autre, il me suffira d'exposer ses opinions sur la nature des animaux, et sur les sens1. Ce sera presque le seul objet de la première partie de cet ouvrage. [430] Dans la seconde je fais un sistême auquel je me suis bien gardé de donner pour titre de la nature des Animaux. J'avoue à cet égard toute mon ignorance, et je me contente d'observer les facultés de l'homme d'après ce que je sens, et de juger de celles des bêtes par analogie. Cet objet est très-diférent de celui du Traité des Sensations. On peut indiféremment lire avant ou après, ce Traité que je donne aujourd'hui, et ces deux ouvrages s'éclaireront mutuellement. J'ajoute un extrait raisonné de la statue animée, soit pour faciliter la comparaison de mes principes avec ceux de M. de Buffon, soit pour les mettre plus à la portée des personnes peu acoutumées à saisir une suite d'analises. J'y présente les principales vérités séparément ; j'y fais le moins d'abstractions qu'il est possible, et je renvoie à l'ouvrage pour les détails. 1 Je conviens qu'il y a des choses dans le Traité des Sensations, qui ont pu servir de prétexte à ce reproche. La première, c'est que M. de B. dit, comme moi, que le toucher ne donne des idées, que parce qu'il est formé d'organes mobiles et flexibles. Mais je l'ai cité, puisque j'ai combattu une conséquence qu'il tire de ce principe. La seconde et la dernière, c'est qu'il croit que la vue a besoin des leçons du toucher : pensée que Molineux, Locke, Barclai, ont eue avant lui. Or, je n'ai pas dû parler de tous ceux qui ont pu répéter ce qu'ils ont dit. Le seul tort que j'ai eu, a été de ne pas citer M. de Voltaire ; car il a mieux fait que répéter : je réparerai cet oubli. D'ailleurs, M. de B. n'a pas jugé à propos d'adopter entièrement le sentiment de Barclai. Il ne dit pas, comme cet Anglais, que le toucher nous est nécessaire pour aprendre à voir des grandeurs, des figures, des objets en un mot. Il assure, au contraire, que l'œil voit naturellement et par lui-même des objets, et qu'il ne consulte le toucher, que pour se coriger de deux erreurs, dont l'une consiste à voir les objets doubles, et l'autre à les voir renversés. Il n'a donc pas connu, aussi bien que Barclai, l'étendue des secours que les yeux retirent du toucher. C'étoit une raison de plus pour ne pas parler de lui, je n'aurois pu que le critiquer, comme je ferai bientôt. Enfin il n'a pas vu que le toucher veille à l'instruction de chaque sens : découverte qui est dûe au Traité des Sensations. Il ne doute pas, par exemple, que dans les animaux l'odorat ne montre de lui-même, et dès le premier instant, les objets, et le lieu où ils sont. Il est persuadé que ce sens, quand il seroit seul, pouroit leur tenir lieu de tous les autres. J'établis précisément le contraire ; mais la lecture de cet ouvrage démontrera qu'il n'est pas possible que j'aie rien pris dans ceux de M. de B. 394121047.doc page 4 sur 53 PREMIERE PARTIE. DU SISTÊME DE DESCARTES ET DE L'HIPOTHESE DE M. DE BUFFON. CHAPITRE PREMIER. Que les bêtes ne sont pas de purs automates, et pourquoi on est porté à imaginer des sistêmes qui n’ont point de fondement. [431] Le sentiment de Descartes sur les bêtes commence à être si vieux, qu'on peut présumer qu'il ne lui reste guère de partisans : car les opinions philosophiques suivent le sort des choses de mode ; la nouveauté leur donne la vogue, le temps les plonge dans l'oubli ; on diroit que leur ancienneté est la mesure du degré de crédibilité qu'on leur donne. C'est la faute des philosophes. Quels que soient les caprices du public, la vérité bien présentée y mettroit des bornes ; et si elle l'avoit une fois subjugué, elle le subjugueroit encore toutes les fois qu’elle se présenteroit à lui. Sans doute nous sommes bien loin de ce siècle éclairé, qui pouroit garantir d'erreur toute la postérité. Vraisemblablement nous n'y [432] arriverons jamais ; nous en aprocherons toujours d'âge en âge, mais il fuira toujours devant nous. Le temps est comme une vaste carriere qui s'ouvre aux philosophes. Les vérités semées de distance en distance sont confondues dans une infinité d'erreurs qui remplissent tout l'espace. Les siecles s'écoulent, les erreurs s'acumulent, le plus grand nombre des vérités échape, et les athletes se disputent des prix que distribue un spectateur aveugle. C'étoit peu pour Descartes d'avoir tenté d'expliquer la formation et la conservation de l'univers par les seules lois du mouvement, il falloit encore borner au pur mécanisme jusqu'à des êtres animés. Plus un philosophe a généralisé une idée, plus il veut la généraliser. Il est intéressé à l'étendre à tout, parce qu'il lui semble que son esprit s'étend avec elle, et elle devient bientôt dans son imagination la premiere raison des phénomenes. C'est souvent la vanité qui enfante ces sistêmes, et la vanité est toujours ignorante ; elle est aveugle, elle veut l'être, et elle veut cependant juger. Les fantômes qu'elle produit, ont assez de réalité pour elle ; elle craindroit de les voir se dissiper. Tel est le motif secret qui porte les philosophes à expliquer la nature sans l'avoir observée, ou du moins après des observations assez légeres. Ils ne présentent que des notions vagues, des termes obscurs, des supositions gratuites, des contradictions sans nombre : mais ce cahos leur est favorable ; la lumiere détruiroit l'illusion ; et s'ils ne s'égaroient pas, que resteroit-il à plusieurs ? Leur confiance est donc grande, et ils jettent un regard méprisant sur ces sages observateurs, qui ne parlent que d'après ce qu'ils voient, et qui ne veulent voir que ce qui est : ce sont uploads/Philosophie/ tratado-de-condillac.pdf

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