Numéro 6 ! Le 20 juin prochain, l’ACF Normandie vous invite à participer à son

Numéro 6 ! Le 20 juin prochain, l’ACF Normandie vous invite à participer à son colloque : Avec Marie-Hélène BROUSSE, Psychanalyste, Rédactrice en chef de la revue La Cause du Désir ****************** Nous continuons aujourd’hui avec ce questionnement que nous propose Maryse Lecardonnel : du nouveau sur l’adage « l’anatomie, c’est le destin » ? Du nouveau sur l’adage « l’anatomie, c’est le destin » ? Maryse Lecardonnel Retour de cet adage au XXIème siècle Cet adage de Napoléon « l’anatomie, c’est le destin » ferait il retour en notre XXIème siècle ? Oui si l’on entend la pente contemporaine qui « corporise 1» tant et plus. Exemples ? Retour avec force de la pornographie2, congélation des gamètes pour cause économique3, chirurgie excessive pour recouvrir l’enveloppe-peau lisse sans traces des blessures de la vie, scientisme qui réduit à une cause génétique ou cérébrale un phénomène humain propre au rapport à la parole(pour l’autisme, la schizophrénie, les dys… des troubles du langage, etc.)4 ,etc. Oui pour qui veut forclore le sujet, ou rester dupe de l’inconscient, en prétendant faire l’économie d’une prise en main de cette dignité5 du sujet parlant de vouloir savoir ce qu’il en est de ce qui lui arrive dans l’existence, dans ce qui s’impose à lui dans le malentendu de son malêtre, identifiable par sa posture humaine de « parlêtre » et par la division des jouissances en jouissance de la parole et jouissance du corps6. Si le sujet prend cela en considération, ose le pari en quelques détours par la psychanalyse, il lui deviendra possible d’espérer dénouer , déjouer son malêtre, par des tentatives de significantisation ou imaginarisation7 de ce qui lui arrive, et en définitive, ne pas être dupe du réel qui joue de lui, si je puis dire. Osons remettre sur le métier cet adage qui aurait pu paraître désuet, vieillot, « l’anatomie c’est le destin » Le Corps dans tous ses éclats Addict, violent, agité, hyper, dys… Qu’en dit la psychanalyse ? FREUD 1896 « psychologie de la vie amoureuse » …les processus fondamentaux qui procurent l’excitation sexuelle demeurent inchangés. L’excrémentiel est bien trop intimement et inséparablement lié avec le sexuel, la situation des organes génitaux –inter urinas et faeces- demeure le facteur déterminant immuable. On pourrait dire… le mot connu du grand Napoléon : l’anatomie c’est le destin . Quant aux organes génitaux, ils n’ont pas participé au développement des formes du corps humain en beauté, ils sont restés animaux et ainsi l’amour dans son fond est aujourd’hui tout aussi animal qu’il l’a toujours été. Les pulsions amoureuses sont difficilement éducables… 1923 « disparition du complexe d’Œdipe » ….la différence morphologique (entre garçon et fille) devant se manifester dans des différences de développement psychique. Pour transposer un mot de Napoléon, l’anatomie c’est le destin Illustrations cliniques  Par une opération bariatrique, une dame obèse est passée à l’acte. Son chirurgien très sérieux lui permit de « supprimer » (l’usage de) son estomac par la dérivation dite « technique d’un by pass ». La laisser en quelques rencontres dérouler sa chaîne signifiante permit de cerner un bout de sa logique subjective de l’acte irréversible fait sur son corps anatomique : cette opération ne fut qu’une façon de réelliser une phrase entendue de son enfance: « on va supprimer la salle à manger ». Phrase prononcée par une assistante sociale qui proposa à sa mère une solution pour qu’alors la chambre des filles soit séparée de celle des garçons. Cet énoncé « on va supprimer la salle à manger », mit ce sujet, enfant, dans la perplexité et demeurait lorsqu’elle l’acta en me le disant, chargé d’énigme et de hors sens. La séance d’après, cette dame put conclure : « si je vous avais rencontrée plus tôt, probablement que je ne me serais pas faite opérer » (opération irréversible à ce jour).  Une patiente décompensa lorsque son cancérologue lui annonça que sa tumeur ne récidivait pas. Sa tumeur sur laquelle le sujet avait trouvé appui dans le signifiant « tumeur tu meurs», transcrivait l’écho dans son corps de la place d’un mort qu’elle occupait pour sa mère 8  Odile Buisson 9 lors du forum psy « sacrés corps » de Rennes en 2014 se montra passionnée par son étude sur cette zone anatomique, le clitoris. Sa sincérité et sa dignité de vouloir tout savoir sur l’érectilité, etc. d’une part ne masquait pas les impasses de la recherche quand celle-ci s’intéresse à la jouissance qui n’est qu’affaire de chaque une, femme, et d’autre part, elle indiquait dès le début de son intervention publique la pointe de son fantasme qui guidait l’objet de sa recherche dans une phrase de sa grand- mère : « mais tu ne peux pas pisser debout, tu n’as rien ». Le rire de la salle ne sera pas sourd à l’inconscient du sujet qui s’attrapait au vol de celle qui parlait, mais cette scientifique dupe de son inconscient continuait sans rire son élucubration purement anatomique10 : effet de dialogue de sourds, de non rapport entre deux discours qui ne se confondent pas, discours scientifique et discours psy soutenu par les psys de la salle. Si le corps psy et le corps médical ont à faire à la souffrance des sujets illustrée par « l’âme se resserre au trou étroit de la molaire 11», leurs actes n’ont pas la même teneur. A quelle anatomie12 et à quel destin, nous référons-nous dans notre champ analytique avec Freud et Lacan ? Je déduis : A chaque fois que Freud et Lacan citent cet adage « l’anatomie c’est le destin », c’est peut- être afin de «s’en servir pour mieux s’en passer ». L’anatomie c’est le destin » de Freud à Lacan Deux occurrences de Freud : en 189613 et en 192314 Freud s’appuie sur la situation anatomique des zones génitales pointant l’amour de toujours animal pour le genre humain, pour se dégager de l’anatomique pur puisque cet amour n’est pas sans l’emprise pulsionnelle et son lot de satisfaction avec l’effet porté par la culture (ou civilisation dans le texte freudien). Freud en fait un sombre pronostic du pas de Beauté, de l’incapacité de la pulsion sexuelle à procurer la parfaite satisfaction et de ces pulsions amoureuses, difficilement éducables par la civilisation, divisibles en pulsions égoïstes et pulsions sexuelles. En 1923, à l’ époque même où il met en avant , « il n’y a pas de primat de génital , il n’y a que le primat du phallus 15», et dès après son élaboration de sa théorie sur « la sexualité infantile qui émancipe le désir sexuel de l’anatomie, le destin de la libido dépendant avant tout des avatars de l’Œdipe et donc des identifications , Freud reprend à son compte « l’anatomie c’est le destin » calquant le destin Lacan 1965 Séminaire X « l’angoisse » Freud dit- l’anatomie,, c’est le destin. Vous savez, j’ai pu m’élever à certains moments contre cette formule pour ce qu’elle peut avoir d’incomplet. Elle devient vraie si nous donnons au terme d’anatomie son sens strict, et si je puis dire, étymologique, qui met en valeur ana- tomie, la fonction de la coupure. Tout ce que nous connaissons de l’anatomie est en effet lié à la dissection. Le destin, c'est à dire le rapport de l’homme à cette fonction qui s’appelle le désir ne prend toute son importance que pour autant qu’est concevable le morcellement du corps propre, cette coupure qui est le lei des moments élus de son fonctionnement psychique sur la différence anatomique des sexes (citation ci-contre) mais il le fait de par ce qui fait énigme pour lui, l’énigme de la sexualité féminine16 - ce qu’il appellera « le continent noir » . Lacan dégageant le phallus en tant que signifiant dès 1960, puis dans les années 1970 soutenant que la différence homme/femme n’est que signifiante, se substituera au manque anatomique freudien de 1923 le lacanien « manque de signifiant de La femme ». Mieux, à la différence anatomique des sexes, sera substituable la différence de la position sexuée : ce répartitoire17 (côté homme et côté femme) s’avère dès lors cliniquement opérationnel. On ne peut plus s’en passer. Traitant et dépassant en même temps la question du désir du sujet, elle ouvre la clinique de la jouissance, plus tournée par l’acte que par l’interprétation de l’analyste. S’ensuit le fait que « l’anatomie c’est le destin » n’a plus ses lettres de noblesse. La logique devient comme dira Beauvoir « on ne naît pas femme, on le devient ». Les transsexuels18 le démontrent à tout moment. Les transgenres y vont aussi de cette logique puisque, à suivre Jean-Claude Maleval19, dans son intervention aux journées de Rennes le forum psy, on remarquera que le transgenre homme devenue femme témoigne de cette position sexuée côté femme et vice versa le transgenre homme devenue femme comme adopte cette position sexuée côté homme. On peut dorénavant répondre à Napoléon : « par sa position sexuée, chacun traçant son destin donne raison ou tort à son anatomie initiale » uploads/Philosophie/ vers-le-colloque.pdf

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