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- PhiloLog - http://www.philolog.fr - Visage de la folie humaine. Nous ne nous tenons jamais au temps présent.Pascal. Posted By Simone MANON On 4 décembre 2009 @ 10 h 06 min In Chapitre V - Bonheur et moralité.,Chapitre XXIII- L'existence, le temps, la mort,Explication de texte,Textes | 18 Comments « Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul temps qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent d’ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige ; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer des choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où vous n’avez aucune assurance d’arriver. Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais » Pascal. Pensée [1]172 B. Introduction : V anité des vanités. Les pièges du désir dessinent les multiples visages de la folie humaine. Pascal en décrit le tragique dans ce texte où il affronte les questions suivantes : Quelle est la modalité du rapport de l’homme au temps ? Comment se dispose-t-il à l’égard des trois instances temporelles du passé, du présent et de l’avenir ? Peut-on dire qu’il se soucie de vivre c’est-à-dire d’être au présent ? Non, répond-il. A bien observer les hommes, force est de constater qu’ils n’habitent pas le temps présent. Ils se projettent vers l’avenir ou le passé mais ils ne «se tiennent pas au présent ». (Thèse). Comment comprendre cette étonnante manière d’exister ? Etonnante, car des trois dimensions du temps, seul le présent est le temps réel. Le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore. N’est-il pas imprudent et vain de déserter le présent pour des temps imaginaires ? Pourquoi l’homme est-il si peu sage et conséquent ? (Questions). N’est-ce pas le signe que l’aspiration au bonheur n’a d’égale que l’impuissance à être heureux ? (Thèse) Tout se passe comme si le temps du désir était celui du malheur existentiel que l’homme s’obstine à fuir dans l’espérance ou la nostalgie sans voir que l’une et l’autre sont moins la solution de la misère humaine qu’une de ses dimensions. Aussi la description pascalienne de la propension humaine à fuir la réalité pour n’embrasser que le néant, se prolonge-t-elle d’une sentence dont le pessimisme est sans appel : « Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais ». Pascal n’hésite pas à affirmer que l’objet de notre désir le plus cher, le bonheur n’est qu’un mirage que nous nous contentons de désirer, d’attendre, d’espérer. Il n’a pas la couleur du vécu. (Thèse) Rançon d’un manque de sagesse ou destin inéluctable ? (Question) PhiloLog » Visage de la folie humaine. Nous ne nous tenons jamais au temps présent.Pascal. » Print 05/02/2015 http://www.philolog.fr/visage-de-la-folie-humaine-nous-ne-nous-tenons-jamais-au-temps-presentpascal/print/ 1 / 5 Telle est l’interrogation à laquelle nous invite, en dernière analyse, la méditation de notre philosophe. Car à quoi bon prendre conscience des sortilèges du désir si la connaissance ne promeut pas un gain de sagesse ? Toute la difficulté est alors de préciser en quoi consiste cette dernière car si l’on comprend bien la nécessité de réinvestir le présent pour en faire le temps de la vie réelle et heureuse, il est difficile de savoir comment il est possible d’habiter un temps dont la réalité est fort évanescente. Comment se tenir en un lieu instable, point de passage entre le néant du « n’être pas encore » et celui du « n’être déjà plus » ? I) L’errance temporelle ou la fuite dans des temps imaginaires. La thèse est énoncée dans la première phrase et est étayée par la suite du texte. « Nous ne nous tenons jamais au temps présent » écrit Pascal. Notons les deux sens de l’expression : « tenir à ». Tenir consiste à être solidement lié à quelque chose dont il est impossible de se détacher. C’est être rivé, adhérent à, implanté en un certain lieu. Mais c’est aussi être attaché au sens affectif, l’attachement se traduisant par une sollicitude, un souci à l’endroit de ce qui suscite notre affection. En disant que « nous ne nous tenons jamais au temps présent », Pascal signifie que l’homme déserte le lieu qui est pourtant son point d’ancrage dans le réel et par là même, que celui-ci n’est pas l’objet de ses soins et de son attention. La suite du texte explicite les caractéristiques de cette posture existentielle ne semblant pas avoir d’exception, ainsi que le précise « jamais ». L’homme ne cesse d’ « anticiper » l’avenir et de « rappeler » le passé, lit-on. De fait, il n’est pas immergé dans le temps à la manière des choses. Il a la capacité d’introduire un écart entre lui et lui-même et de temporaliser sa propre expérience. Il a l’intuition du changement de ses états et des êtres comme si la conscience du temps n’était pas une conscience entièrement prise en lui. Elle ne cesse de s’échapper de l’être-là. Peut-être même faut-il dire avec St Augustin que « le temps n’est pas autre chose qu’une distension de l’âme ». Si la conscience n’était pas mémoire et anticipation, l’homme serait, comme l’animal, englué dans le présent et celui-ci ne serait pas du temps; il serait un temps hors du temps c’est-à-dire une sorte d’éternité. Mais à la différence des animaux, l’homme ne vit pas simplement, il [2]existe [2] et exister consiste à se tenir hors de soi. L’existant est impuissant à être dans la coïncidence à soi-même. Il est une intentionnalité, un mouvement de transcendance vers tout ce que sa conscience éclaire et qu’elle néantise ou veut faire exister en fonction de son désir. Ainsi l’existant dépasse-t-il son enfermement dans le présent et ne cesse-t-il de lui échapper pour fuir vers le passé ou l’avenir. Cette transcendance constitutive de l’existant est celle d’un sujet désirant car seul peut être « trop lent à venir » ou « trop prompt » un temps investi par l’espérance ou le regret. Pascal souligne ici combien, l’ajournement du présent procède de la dynamique du désir. Désirer consiste, en effet, à se projeter vers des objets ou des fins que l’on se représente comme promesse de plaisir. Le désir est manque actuel de ce dont la possession est imaginée comme source de jouissance. Son vecteur est tout naturellement l’avenir. Il s’ensuit que le temps du bonheur n’est pas dans l’actualité désirante, il est fantasmé dans le temps à venir de l’accomplissement du désir. Le bonheur est ce que l’on espère ou attend, il n’est pas ce que l’on éprouve au présent. Et tant que l’on est dans la salle d’attente, le temps s’écoule toujours trop lentement. « Ah ! Vivement Noël ; vivement que je sois grand, vivement les vacances ou la retraite ! » Le désir rend impatient. En projetant le temps du bonheur dans le futur, il s’irrite de la distance l’en séparant ; il voudrait comprimer le temps, précipiter son cours, comme si celui-ci ne lui était pas compté, comme si chaque instant qui passe ne le rapprochait pas de sa fin. Car quoi de plus fou, à bien y réfléchir, que de vouloir réduire le temps du vivre ? La vie est-elle si longue qu’il faille en réduire la durée en s’impatientant d’un avenir « trop lent à venir » ou, même inconséquence, en s’indignant qu’elle continue ? Car, folie symétrique, si le bonheur n’est pas dans le futur, il a le goût de la jouissance passée. « Ah ! Le bon vieux temps ! » Comme on aimerait parfois arrêter son cours ! Trop lent ou trop rapide, le temps est décidément ce qui ne nous agrée pas. Son irréversibilité nous éloigne des instants de grâce où nous avons été comblés. Et l’on voudrait l’immobiliser dans cette perfection sauf que cette perfection n’a jamais été la saveur du moment présent. II) La raison d’être de cette errance. Pascal l’énonce plus loin en guise de justification de la folie qu’il stigmatise : « C’est que le présent, d’ordinaire, nous blesse. Nous le cachons à notre uploads/Philosophie/ visage-de-la-folie-humaine-pdf.pdf
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- Publié le Fev 05, 2022
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