02/03/2015 Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques, sous la directi
02/03/2015 Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques, sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard, Paris, Honoré ChampionPresses u… http://epublications.unilim.fr/revues/as/2127 1/5 Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques, sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard, Paris, Honoré ChampionPresses universitaires de FrancheComté, 310 pages Claude Zilberberg publié en ligne le 21 octobre 2009 Texte intégral L’ouvrage comprend trois parties : une présentation synthétique de “l’état de l’art”, un “vocabulaire à vocation didactique” et un certain nombre d’index. L’ouvrage combine les deux modes de présentation : le mode thématique, plutôt synthétique et le mode alphabétique plutôt analytique. L’ouverture est manifeste dès le titre par le couplage des adjectifs “sémiotique” et “sémiologique“, couplage qui révèle l’inconfort de la sémiotique, éprouvée par la divergence du droit et du fait : en droit, la sémiotique s’affirme comme une théorie générale du sens, mais dans les faits, c’estàdire dans la sphère universitaire, elle est marginalisée. La sémiotique se propose comme une construction du sens, mais le désaccord porte sur le comment ? et sur le statut de la discipline : est elle une discipline parmi d’autres ou bien une métadiscipline ? ce qui était l’espérance de Greimas dans les années 80. Ce point suppose que les disciplines concernées reconnaissent le statut sémiotique de leur objet. Sémiotique ou sémiologie ? Le dilemme a été tranché par Greimas qui récuse le recours à la langue et préconise l’adoption d’un métalangage distinct. Le partage s’est établi pour les notions et pour les personnes : Hjelmslev et Greimas d’un côté ; Saussure, Benveniste et Barthes de l’autre. Trois “références contemporaines” jugées décisives sont abordées : Saussure, Peirce et Hjelmslev, suivies de “perspectives actuelles” portant tantôt sur une classe d’objets, tantôt sur une orientation ; la contribution de ce que l’on a appelé l’Ecole de Paris est largement abordée. La sémiologie de Ferdinand de Saussure Dans sa présentation de la pensée de Saussure, Cl. Normand insiste sur les points suivants : l’appartenance des unités à un système, l’approche structurale reprise par les Pragois et le distributionnalisme américain, l’affirmation de la nature sociale de la langue, la rupture entre la diachronie et la synchronie, le caractère arbitraire du signe, l’adoption du principe d’immanence supposant la clôture de la langue, la distinction entre les rapports associatifs, c’estàdire paradigmatiques et les rapports syntagmatiques ; la reconnaissance du fait qu’un système concerne non des objets, mais des valeurs ; Saussure précise la situation de la linguistique en ces termes : elle fait partie de la psychologie sociale, ellemême dans la dépendance de la psychologie générale. Les continuateurs de Saussure se sont divisés, les uns voyant dans la sémiologie la possibilité d’une critique radicale des idéologies, les autres seulement une méthode permettant de décrire des microunivers personnels ou collectifs. Enfin, il apparaît de plus en plus contestable de réduire l’apport de Saussure au seul CLG. La sémiotique de Charles S. Peirce La seconde “référence contemporaine” concerne l’œuvre ô combien déroutante de C.S. Peirce. Sa théorie est une “méthode de métaobservation de la vie des signes ordinaires et scientifiques”. Elle se fonde sur trois catégories phénoménologiques : la firstness ou priméité, la secondness ou secondéité, la thirdness ou tiercéité. La conception du signe est triadique et non plus dyadique comme pour Saussure et ses continuateurs ; elle comprend le signe, l’objet et l’interprétant. L’analyse dynamique et complexe a pour condition la secondéité, c’estàdire la disposition de données pratiques ; elle est complexe dans la mesure où elle entraîne dans un “espace” de tierceité et de priméité ; enfin cette analyse peut se faire en “évolution” comme en “involution” régressive. Le signe requiert un interprète qui, audelà du sens du signe qui est sa signification, pose la possibilité d’une dérive que le corps social peut sanctionner. Le sens d’une proposition réside dans sa capacité de prédiction des phénomènes expérimentaux, c’est dire qu’elle est orientée vers le faire. La manipulation d’un signe engage la tiercéité, c’està dire des connaissances, et la secondéité, c’estàdire pour le sujet un programme à exécuter. Enfin, la pragmatique vise la réalité et la vérité à partir des «indices du monde réel». La sémiotique de Louis Hjelmslev La diffusion de l’œuvre de Hjelmslev, la troisième “référence contemporaine” présente un aspect paradoxal : elle a été mieux accueillie par les nonlinguistes que par les linguistes proprement dits. Quatre traits fondamentaux doivent être soulignés : (i) le langage est expression et contenu ; (ii) le langage est forme et substance ; ce qui donne par composition : une forme du contenu et une substance du contenu ; une forme de l’expression et une 02/03/2015 Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques, sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard, Paris, Honoré ChampionPresses u… http://epublications.unilim.fr/revues/as/2127 2/5 substance de l’expression ; (iii) la sémiotique a vocation à traiter les pratiques signifiantes que les linguistes généralement écartent ; (iv) la théorie est à la merci des analyses qu’elle engage. Pour la méthode, deux voies sont préconisées : l’épreuve de commutation et la transitivité de l’analyse qui change l’analysant en analysé. L’originalité de la théorie hjelmslevienne réside dans une circularité hardie : «la théorie du langage contient en outre le langage de la théorie.» La sémiotique doit à Hjelmslev sa double orientation : comme épistémologie réfléchie et comme choix de tel champ d’application particulier. L’Ecole de Paris Ce que l’on a appelé l’Ecole de Paris était caractérisée par deux orientations : les structures élémentaires de la signification ordonnées par le carré sémiotique et le primat de la narrativité. Les centres d’intérêt actuel concernent la sémiotique du monde sensible et les pratiques. Le premier a été rendu possible par une catalyse du corps, puisque le sensible est justement ce à quoi le corps est sensible. Le second a pour assiette la limitation de la notion de texte : cette dernière a été contractée pour faire une place aux pratiques. Le thème unificateur de l’Ecole de Paris n’est plus le signe ou le texte, mais l’actant, son acte et son interaction avec d’autres actants. Du point de vue épistémologique, le procès prend, mesure gardée, l’avantage sur le système. La sémiotique de l’action La sémiotique de l’action peut être envisagée soit à partir des énoncés, soit en fonction de l’instance de la perception et de l’énonciation. L’action énoncée concerne la distinction entre les énoncés d’état et les énoncés de faire ; les énoncés d’état consistent en conjonctions et en disjonctions, portant sur ce que Greimas appelait la jonction ; les actions peuvent converger les unes avec les autres ou diverger. La dynamique de l’action implique la profondeur modale suscitée par l’écart entre les modalités actualisantes, savoir et pouvoir, et les modalités virtualisantes, vouloir et devoir, qui gèrent le passage à l’acte ; cette sémiotique de l’action intéresse encore l’aspect, la valence et le site de l’action, c’estàdire un référentiel, un ancrage. L’intentionnalité rédime la schizie posée entre le sujet et le prédicat. L’action énonçante, à partir du débrayage et de l’embrayage, mesure entre autres opère l’ajustement entre d’une part le projet, le programme, d’autre part sa réalisation au titre de forme de vie. La sémiotique des passions La sémiotique des passions marque un tournant dans le devenir de la sémiotique dans la mesure où l’approche greimassienne est mise au service d’objets particuliers : les états d’âme du sujet. La sémiotique des passions marque un retour à et un enrichissement de la syntaxe modale que la primauté accordée au récit proppien avait figée. Cet enrichissement est dû à la prise en compte du devenir de la phorie, donc de l’aspect, au point que la sémiotique a été soupçonnée de céder au “tout aspectuel“. Cette orientation a fait une place à la complexité et à la subtilité psychologiques. Une modalité jusqu’ici relativement négligée, le croire, a pris de l’importance ; les valences ont été admises comme les marques propres du sentir dans le cadre de l’espace tensif. Deux autres acquis doivent être mentionnés : la moralisation, laquelle, au nom de la doxa, sanctionne positivement ou négativement, et la sensibilisation qui pose le sujet comme un “interactant” qui a pour vocation d’opérer, “grâce à” son corps sensible, la médiation entre l’interoceptivité et l’extéroceptivité. La sémiotique subjectale À la sémiotique subjectale est attaché le nom de J.C. Coquet. Cette sémiotique présente deux caractéristiques : elle s’oppose à la sémiotique objectale développée par Greimas et accorde une place majeure à l’enseignement de Benveniste dans la perspective d’un “structuralisme phénoménologique”. La sémiotique subjectale reformule le paradigme des actants en distinguant le prime actant, sujet et nonsujet, le second actant, l’objet et le tiers actant, le destinateur. La modalité du métavouloir est à la base de la typologique actantielle opposant le non sujet, ”pure position corporelle”, au sujet ayant accédé à la maîtrise. Ainsi, la relation fondatrice est ternaire : elle place la relation sujet/objet sous le contrôle du tiers actant destinateur. Cette prise en compte permet d’envisager une sémiotique de la passion non résistible. Les applications de la sémiotique subjectale ne se limitent pas à la littérature : elle a montré sa pertinence pour le traitement des comportements uploads/Philosophie/ vocabulaire-des-etudes-semio.pdf
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- Publié le Jui 29, 2022
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