VOLTAIRE – LE PHILOSOPHE, L’HOMME IDÉAL DES LUMIÈRES De même que la Renaissance

VOLTAIRE – LE PHILOSOPHE, L’HOMME IDÉAL DES LUMIÈRES De même que la Renaissance s’incarne dans l’humanisme et le XVIIe siècle dans l’honnête homme, le Siècle des Lumières a son idéal, le Philosophe. Son portrait, tracé dans l’Encyclopédie par Dumarsais, permet de dégager quelques traits caractéristiques : ‘’ La vérité n’est pas pour le philosophe une maitresse qui corrompe son imagination, et qu’il croie trouver partout ; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l’apercevoir. Il ne la confond pas avec la vraisemblance ; il prend pour vrai ce qui est vrai, pour faux ce qui est faux, pour douteux ce qui est douteux, et pour vraisemblance ce qui n’est que vraisemblance….. L’esprit philosophique est donc un esprit d’observation et de justesse qui rapporte tout à ses véritables principes ; mais ce n’est pas l’esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins.’’ (Encyclopédie, Dumarsais, article ‘’Philosophe’’, œuvres cités, p. 131.) Contrairement aux philosophes pris par les spéculations abstraites ou métaphysiques, il est un homme de ‘’terrain’’ intégré à son époque, menant une vie sociale active. Détenant par sa formation et curiosité d’esprit, une culture humaniste qui s’enracine dans l’Antiquité mais s’ouvre largement aux problèmes de son siècle, il est capable d’analyser les problèmes socioculturels de son siècle. Homme de réflexion, d’action et d’expression, il sait utiliser des lieux (salons, cafés et les armes de la critique) en adaptant les genres existants, comme les lettres et les essais, ou en créant des nouveaux comme les dictionnaires. Bravant la censure, l’exil, il assume ses responsabilités de penseur engagé, mettant ses qualités et sa notoriété au service d’un nouvel Humanisme. Caractérisé par la contestation, la littérature d’idées de XVIII e siècle l’est aussi intéressante par un souci d’adaptation des genres à une efficacité polémique. Très diversifiée, elle témoigne d’une réflexion et du souci d’innover en réformant et au nom de l’homme, non plus sujet soumis, mais bientôt sujet responsable. C’est le cas de Voltaire, le philosophe auquel on a attribué le siècle des Lumières, en le considérant Le Siècle de Voltaire. Lettre 1, Sur les Quaquers, des Lettres philosopiques, 1734, a été composé par Voltaire lors d’un séjour forcé en Angleterre, à la suite d’une querelle avec un aristocrate. Voltaire y amène un éloge au système politique anglais, mais aussi à la vie paisible et pacifique de la campagne, d’un village tout près de Londres. Voltaire raconte, donc, son expérience personnelle avec un vieillard Quaker, assez frais qui n’avait jamais eu de maladie, Quaker étant le membre d’une secte dissidente fondée en 1652 par l’Anglais Georges Fox contre le conformisme de l’Église anglicane. Il s’avère très gentil et poli face au jeune Voltaire, s’offrant, de plus, pendant un repas frugal qui commence et finit par une prière de lui expliquer des choses sur leur religion et répondre à ses questions. À cette occasion, le jeune voyageur apprend que le Quaker n’était pas baptisé, ni lui, ni ses semblables quoiqu’ils soient de bons Chrétiens. ‘’Mais, dit-il, Jésus Christ fut baptisé par Jean, mais il n’a jamais donner le baptême à personne. Dans ces circonstances, motive-t-il, le Quaker, ils ne doivent pas être baptisés car ils ne sont pas les disciples de Jean mais de Christ. Dans La Lettre 8, ‘’ Sur le Parlement’’, Voltaire présente le mode de gouvernement anglais, par la monarchie parlementaire, instaurée à la suite de la révolution de 1649. Le pouvoir royal y est limité par l’existence de deux chambres. ‘’La Chambre des pairs et celles des Commune sont les arbitres de la nation, le roi est surarbitre. Cette balance manquait aux Romains : les grands et le peuple était en division à Rome, sans qu’il y eût un pouvoir mitoyen qui pût les accorder. Le sénat de Rome, qui avait l’injuste et punissable orgueil de ne rien vouloir partager avec les plébéiens, ne connaissait d’autre secret que, pour les éloigner de gouvernement que de les occuper toujours dans les guerres étrangères. Il regardait le peuple comme une bête féroce qu’il fallait lâcher sur leurs voisins de peur qu’elle ne dévorât ses maîtres.’’ (Extrait, p. 136) Cette lettre emploie un vocabulaire politique avec un rôle informatif, plein de l’admiration de Voltaire envers les institutions anglaises. La Lettre 10, ‘’Sur le commerce’’ soutient la thèse selon laquelle la liberté est étroitement liée à l’enrichissement de la nation, à ses capacités de gérer les échanges commerciaux. C’est l’occasion pour Voltaire de critique l’absence d’intérêt des aristocrates français pour ce genre d’entreprise qu’il jugeait indigne de leur rang. En même temps, il loue les Anglais, en les nommant, par leurs forces navales, les maîtres des mers. Selon son opinion, le commerce contribue au bonheur de l’Humanité. C’est sans doute, l’une des lettres plus émouvantes car dans cette description le philosophe réussit à démontrer la cohésion ou la coexistence de deux univers : mer et terre, ville et port. Quelques années plus tard, en 1763, Voltaire publie Traité sur la tolérance, occasion pour le grand philosophe d’évoquer la condition humaine, de la perspective du Dieu, de la croyance religieuse. De cette perspective, Voltaire a l’opinion que dans une perspective religieuse, les différences de croyance ne devraient pas séparer les êtres humains. Conçue comme une prière adressée à Dieu, dans cette lettre du Chapitre XXIII du Traité sur la Tolérance, Voltaire souligne les différents modes d’intolérance, en dénonçant la grandeur et la richesse des hommes pleins de vanité, d’orgueil, de ceux qui n’ont aucune considération pour les foules d’opprimés et de pauvres. Une année plus tard, en 1764, Voltaire publie Dictionnaire Philosophique où il traite sous la forme de définitions brèves et percutantes un certain nombre de notions de philosophie. Par exemple, l’article Égalité est une occasion de réflexion sociale et juridique qui conduira à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, du 26 août, 1789. ‘’Chaque homme, dans le fond de son cœur, a droit de se croire entièrement égal aux autres hommes ; il ne s’ensuit pas de là que le cuisinier d’un cardinal doive ordonner à son maître de lui faire à dîner ; mais le cuisinier peut dire : Je suis homme comme mon maître, je suis né comme lui en pleurant : il mourra comme moi dans les mêmes angoisses et les mêmes cérémonies.’’(Extrait, p. 140) Ce qui est digne à retenir, c’est que Voltaire reste conscient que ‘’L’Égalité est donc à la fois la chose la plus naturelle et en même temps ,la plus chimérique.’’ uploads/Philosophie/ voltaire-partea-a-ii-a.pdf

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