Sur la théorie de l'organisme dans l'Opus postumum de Kant (La thèse, les sourc

Sur la théorie de l'organisme dans l'Opus postumum de Kant (La thèse, les sources biographiques et « pathographiques ») Author(s): W. Riese Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 155 (1965), pp. 327-333 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41090178 Accessed: 27-06-2016 08:47 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 128.42.202.150 on Mon, 27 Jun 2016 08:47:59 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Sur la théorie de Pofganisme dans Y Opus postumum de Kant (La thèse, les sources biographiques et « pathographiques ») Le texte intégral de Y Opus postumum de Kant a été édité pour la première fois par la Preussische Akademie der Wissen- schaften (vol. XXI des œuvres complètes de Kant). La première partie, publiée en 1936, est un volume de 645 pages, la deuxième partie, publiée en 1938, de 824 pages. Un sort étrange était réservé au manuscrit, qui fut soumis à des changements fréquents de propriétaire. On sait que Kant considérait le manuscrit comme « son ouvrage principal, un chef-d'œuvre » et qu'il en parlait sou- vent avec enthousiasme1. Cette auto-appréciation n'était pas toujours partagée par les lecteurs savants qui eurent accès au manuscrit et qui se heurtaient aux répétitions fréquentes, aux phrases mutilées et fragmentaires, aux erreurs de construction et d'orthographe et aux nombreuses notes personnelles interca- lées, n'ayant aucun rapport avec le sujet traité. Cependant des traits analogues se retrouvent dans des brouillons et des « ré- flexions » antérieures de Kant. D'autre part, les signes d'une déficience de mémoire et d'autres critères traduisant la prétendue « sénilité » de l'auteur ne pouvaient ni dissimuler ni discréditer le plan fondamental de l'ouvrage destiné par Kant à établir les bases d'une science nouvelle, à savoir celle du passage des prin- cipes premiers métaphysiques des sciences de la nature à la phy- sique (« Wissenschaft vom Uebergang »). L'idée de l'œuvre pos- thume se rattache donc à la Critique du jugement (« Kritik der Urteilskraft »), d'une part, aux Principes premiers métaphysiques des sciences de la nature (« Metaphysische Anfangsgründe der i. Il est vrai que, suivant un autre témoignage, il exprimait en l'occurrence le désir que le manuscrit fût brûlé après sa mort (voir, à ce sujet, l'introduction à l'Opus postumum, par Gerhard Lehmann). This content downloaded from 128.42.202.150 on Mon, 27 Jun 2016 08:47:59 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 328 REVUE PHILOSOPHIQUE Naturwissenschaft »), d'autre part. Le sujet propre de la « science du passage » est le schématisme des principes premiers et leur application aux données empiriques. UOpus postumum n'a jamais été traduit intégralement en français et on doit se demander si une telle traduction serait possible. Même des lecteurs en parfaite possession de la langue allemande, de la pensée critique et du style kantien ont affronté des difficultés parfois insurmontables pour déchiffrer un texte - texte souvent décousu et infirme - qui comprend plus de i 200 pages, et arriver à une interprétation satisfaisante des idées développées. Nous proposons ici simplement une interprétation de certains passages consacrés à Vidée de V organisme. Dans l'Œuvre posthume, l'exposé de la nature d'un organisme subit certaines modifications par rapport à celui qui se trouve dans la Critique du jugement. L'évolution de la pensée kantienne se manifeste d'abord dans : i. La place réservée à l'examen de l'idée d'organisme à l'in- térieur de l'ensemble du système rationnel ; on pourrait parler d'une évolution d'ordre architectonique. Dans la Critique du jugement, Kant aborde le problème pour démontrer la nécessité d'introduire la pensée téléologique dans les sciences de la nature, bien qu'avec les réserves que la critique exige : l'organisme ne serait pas concevable sur le modèle d'une causalité purement mécanique. Dans Y Œuvre posthume, l'idée de l'organisme est présentée comme élément essentiel et intégral d'un passage des premiers principes métaphysiques des sciences de la nature à la physique. En effet, la classification en corps organiques et inorganiques est une classification suivant des notions à priori, car l'idée d'un organisme doit son existence au principe de la spontanéité des mouvements (des parties) de notre propre corps. L'organisme est conçu suivant Y analogie de ce principe dont nous avons une con- naissance immédiate. Dans le passage des premiers principes mé- taphysiques des sciences de la nature à la physique, il s'agit d'établir un système des forces motrices de la matière. Les causes finales, et le principe mentionné précédemment en est une, ap- partiennent également à ces forces ; pour autant on est encore dans la métaphysique. D'autre part, seule l'expérience peut nous instruire sur la réalité de tels corps qui, sans cela> ne seraient This content downloaded from 128.42.202.150 on Mon, 27 Jun 2016 08:47:59 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms W. RIESE. - L' « OPUS POSTUMUM » DE KANT 329 que de pures fantaisies (Kant : « Hirngespinste ») ; et, pour au- tant, on est déjà dans la physique, c'est-à-dire dans l'empirique. 2. La deuxième évolution de la pensée kantienne concerne la définition même de l'organisme. Dans la critique, l'organisme est défini comme un produit dont toutes les parties se rapportent au tout. Pour que ce pro- duit soit un produit de la nature et non de l'art, ce tout (l'idée de l'organisme) doit être considéré comme lié à l'organisme lui- même et à chacune de ses parties (et non comme une force ou une intelligence extérieure à l'organisme). Or, si chaque partie est dépositaire du tout, elle exerce une influence organogène sur toutes les autres. Il est, en effet, de la plus haute importance de déterminer la causalité réciproque des parties d'un organisme comme organogène ou productrice (Kant : « bildend ») ; seule cette nature distingue le rapport réciproque des parties de l'organisme de celui des parties d'une machine, dans laquelle chaque partie est aussi en fonction de l'autre, sans toutefois la produire. Le caractère essentiellement critique et « copernicien » de cette for- mule apparaît dès qu'on prend en considération que l'idée du tout n'est qu'un principe de connaissance de l'unité systématique de la forme et de l'union du divers. C'est précisément ce caractère critique de la détermination qui, pour en juger selon certains passages de Y Œuvre posthume, semble souvent être sacrifié en faveur de formules plus catégo- riques et quelque peu dogmatiques. Kant, il est vrai, cherche encore vigoureusement une formule lui permettant de définir l'organisme sans recourir à des principes immatériels. L'orga- nisme est toujours interprété suivant X analogie de nos propres tendances (I, p. 185, 186, 187, 197, 198). Cependant, il est aussi question d'une « intelligence », d'un principe « immatériel », d'une « archée » (II, p. 421), c'est-à-dire d'une force productrice de l'unité de l'organisme, force que Kant appelle dans un passage surprenant (I, p. 211) : la vie1. 1. Sous ce rapport, il est du plus haut intérêt que Kant, dans ses Rêveries d'un visionnaire, publiais vingt ans avant l'apparition de la Critique de la rai- son pure, soit arrivé à la conclusion suivante : « Néanmoins, je suis convaincu que Stahl, qui donne volontiers une explication organique aux modifications animales, est souvent plus proche de la vérité que Hofmann, Boerhaave et d'autres, qui excluent les forces immatérielles, qui se tiennent aux causes méca- TOME CLV. This content downloaded from 128.42.202.150 on Mon, 27 Jun 2016 08:47:59 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 33O REVUE PHILOSOPHIQUE Des passages nombreux de l'Œuvre posthume sont consacrés à l'introduction et à la justification de l'éther, qui, lui aussi, fait partie du passage des principes premiers de la science de la na- ture à la physique, mais qui est conçu dans l'œuvre posthume comme totalement différent de la matière hypothétique figurant dans la physique classique sous le même nom. L'éther de Kant ne sert pas d'agent explicatif de phénomènes empiriques donnés. Il n'est pas dérivé de l'expérience, mais il est conçu pour le seul but de rendre possible Y unité de l'expérience. Cette dernière ne serait que subjective sans une matière correspondante dont la réalité objective est un postulat de la raison (existentia est omní- moda determinatio). Sans l'unicité de cet ens rationis, celle de notre expérience ne serait donc que l'idéalisme dogmatique de Berkeley, que Kant avait déjà réfuté dans la Critique de la rai- son pure. L'éther kantien est à la base de toutes les forces mo- trices de la matière, véritable materia prima dépourvue de toutes les qualités positives de la materia secunda dont l'ensemble ne représente que les modi de cette materia prima. L'éther kantien est donc défini négativement comme uploads/Philosophie/ presses-universitaires-de-france-revue-philosophique-de-la-france-et-de-l-x27-etranger.pdf

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