Y a-t-il de bons préjugés ? Intro : interroger la notion de « bons » => quali
Y a-t-il de bons préjugés ? Intro : interroger la notion de « bons » => qualités conformes à la morale / la justice OU avantageuses / favorables interroger la notion de « préjugés » : 2 définitions, dont l’une est neutre et l’autre péjorative. o « Opinion à priori favorable ou défavorable qu'on se fait sur quelqu'un ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences » o « Opinion hâtive et préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation, ou due à la généralisation d'une expérience personnelle ou d'un cas particulier ». « Préjuger », c’est donc « juger avant ». MAIS : Comment un jugement arrêté avant que l'on puisse donner une justification rationnelle, une opinion injustifiée peut-il être considéré comme valable et légitime ? N’y a-t-il pas un risque d’enfermement dans l’ignorance et la paresse intellectuelle pour celui qui accepte les préjugés ? Et d’autre part, n’y a-t-il pas un risque de préjudice (étymologie latine proche : praejudicium, « jugement préalable ») pour l’objet du préjugé (souvent un individu ou groupe d’individus) ? Quel serait donc un bon préjugé, par opposition au mauvais ? Enfin, quel est l’avenir du préjugé, en tant qu’il est appelé à être confronté aux faits pour devenir un jugement de plein droit ? I). Vers une définition du bon préjugé : a). À l’inverse du jugement (qui dispose d’un fondement rationnel) et du présupposé (qui s’inscrit comme condition nécessaire dans un raisonnement et porte uniquement sur des concepts), le préjugé n’a aucune légitimité scientifique et s’exerce généralement dans le domaine de la morale (maximes de vie, dictons) ou sur des sujets humains. b). Que serait un « bon préjugé » envers une personne ? Un préjugé positif, favorable OU un préjugé empiriquement efficace. En l’absence de jugement fondé, on ne peut rigoureusement parler de bon et de mauvais au sens moral. Pour la personne qui a le préjugé : o outil d’auto-défense (instinct de méfiance vis-à-vis d’une personne ou d’une offre « louche », par exemple) o déresponsabilisation : l’individu s’efface derrière le « on », surtout en cas d’erreur Pour la personne objet du préjugé : bonne réputation. On s’aperçoit très vite qu’il y a moins d’avantages à être l’objet (ou souvent la victime) d’un préjugé qu’il y a d’inconvénients (racisme, discrimination quelconque). c). Limites du bon préjugé et danger pour les objets de préjugés : Quand bien même le préjugé serait efficace pour son détenteur, il l’éloigne de la vérité en supplantant des jugements rationnellement fondés. Par ailleurs, ce frein de connaissance est potentiellement porteur d’injustices pour les objets qu’il vise : on peut donc difficilement parler de bons préjugés. II). Le bon préjugé en tant qu’outil pratique pour l’humanité a). Cependant, le préjugé entendu au sens neutre permet aussi un gain de temps et d’efficacité, dans la mesure où l’on est parfois contraint de tenir pour valables des affirmations sur quelqu’un ou quelque chose, sans avoir le temps ou les moyens de les vérifier nous-mêmes. b). Plus encore, certains préjugés sont nécessaire à la marche du monde (domaine moral). Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif : « Il y a des préjugés universels, nécessaires, et qui sont la vertu même. Par tout pays on apprend aux enfants […] à regarder le larcin comme un crime, le mensonge intéressé comme un vice, avant qu'ils puissent deviner ce que c'est qu'un vice et une vertu. Il y a donc de très bons préjugés : ce sont ceux que le jugement ratifie quand on raisonne. » c). Par ailleurs, même démenti ensuite par le jugement, le préjugé sert de lien à la communauté. Par exemple, les peuples sont souvent soudés par des préjugés sur leurs voisins : les Français sont ainsi rassemblés autour des blagues sur les Belges. III). a). Le préjugé peut ainsi être bon dans le sens où il rassemble une communauté voire l’ensemble de l’humanité autour de valeurs communes. Par ailleurs, rien n’empêche les hommes de s’attaquer aux préjugés qu’ils jugent injustes en démontrant leur caractère erroné par la raison. Tout préjugé serait alors bon dans la mesure où il fonde l’exercice de la raison, qui peut potentiellement le mettre en échec. b). Enfin, le préjugé est par définition voué à disparaître : il est fait pour être confirmé (vérité) ou démenti (mensonge) a posteriori. Tant que les préjugés sont en cours, ils sont toujours potentiellement vrais ou faux, et efficacement favorables ou défavorables. Seul le préjugé entendu au sens de concept peut être réellement « bon » pour les hommes dans la mesure où il stimule leur raison, et « mauvais » s’il les enferme dans l’ignorance et l’injustice. uploads/Philosophie/ y-a-t-il-de-bons-pre-juge-s.pdf
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- Publié le Jul 17, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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