La LOGIQUE TRANSCENDANTALE de Husserl Au préalable il est utile de revenir sur
La LOGIQUE TRANSCENDANTALE de Husserl Au préalable il est utile de revenir sur cette affirmation de Husserl selon laquelle toute proposition est démontrable dans une mathématique formelle qui a été mise à mal par le Théorème de Gödel. Il n’empêche que la différence que fait Husserl entre logique de la conséquence et logique de la vérité permet de comprendre le théorème de Gödel, comme signifiant que toute vérité n’est pas démontrable. Ce qui est démontrable est au niveau de la logique de la conséquence et la vérité au niveau de la logique de la vérité. La séparation qu’a faite Husserl entre logique de la conséquence et logique de la vérité permet, en fait, de donner tout son sens et de comprendre la portée du théorème de Gödel. Revenons-en maintenant à la Logique transcendantale, c'est-à-dire la IIème section de Logique Formelle et Logique Transcendantale. Compréhension de la Logique Transcendantale et Commentaire de textes qui se trouvent dans cette section et décrivent remarquablement la méthode phénoménologique en général. Ce premier texte est très important : en un mot pour Husserl : il y a le : Cogito de Descartes + l’intentionnalité de Brentano « Je ne trouve pas que l’on ait accordé une attention suffisante à la clarification de l’évidence et de l’ensemble des rapports correspondants entre la simple intention et le remplissement, la clarification qui avait été effectuée pour la première fois dans les Logische Untersuchungen (2ème partie) et approfondie dans mes Ideen… Cette clarification a certes besoin d’être perfectionnée, mais je crois cependant pouvoir voir dans cette première clarification un progrès décisif de la phénoménologie vis-à-vis du passé philosophique. Je suis profondément convaincu que c’est seulement par l’intelligence (résultant de cette clarification) de l’essence et de la problématique propre de l’évidence qu’une philosophie transcendantale vraiment scientifique (qu’ une « critique de la raison ») a été possible, comme a été rendue possible au fond une psychologie vraiment scientifique, cette dernière étant conçue d’une manière tout à fait centrale comme science de l’essence propre du psychisme qui consiste dans l’intentionnalité (comme Brentano l’a découvert). La nouvelle doctrine est assurément incommode en ce sens que le recours à l’évidence cesse d’être pour ainsi dire un truc de l’argumentation de la connaissance et qu’en revanche elle pose un lot considérable de tâches qui doivent être saisies et résolues d’une manière évidente, qu’en fin de compte elle pose les tâches de la constitution phénoménologique sur laquelle les chapitres 6 et 7 apporteront des précisions. » L’idée est qu’il y a un rôle central que joue l’intentionnalité, non seulement dans le développement d’une psychologie scientifique, mais aussi dans le développement de la phénoménologie elle-même. C’est comme le dit Husserl, la clarification du concept d’intentionnalité (l’intention et le remplissement) qui constitue le fil directeur de l’élaboration de la phénoménologie, du travail de recherche de Husserl sur ce domaine de la philosophie. Toute la philosophie de Husserl consiste à dire : oui Descartes a raison de penser que le cogito est effectivement le point de départ de la philosophie parce que c’est la seule certitude indubitable que nous pouvons avoir, mais Descartes a commis une erreur en « substantifiant » le cogito, en faisant du cogito, donc de la pensée une substance, la substance pensante, de sorte que l’on reste enfermé dans cette pensée, puisque pour Descartes, il y a, d’une part une substance pensante et d’autre part une substance étendue et la question de l’application de la substance pensante à la substance étendue est effectivement une question que Descartes ne sait pas résoudre , ou ne peut résoudre qu’au prix d’une métaphysique. En réalité, il faut concevoir le cogito comme une conscience de quelque chose ; et donc toute conscience a pour corrélat un monde qu’elle constitue, ce qui fait que Husserl échappe au problème de deux substances, du dualisme cartésien. Il n’y a pas de conscience sans monde et il n’y a pas de monde sans conscience puisque c’est la conscience qui est constitutive du monde. Et donc cette question de la constitution c’est une analyse de l’intentionnalité. Et c’est exactement cela qui est le noyau de la phénoménologie husserlienne. On va y revenir en détail dans le cadre de la Logique Transcendantale. Mais auparavant il est important de lire le texte suivant sur la recherche des essences qui est, en effet, la méthode phénoménologique proprement dite1. Il décrit dans sa thèse le rôle central de l’imagination, pour lui, la méthode de recherche des essences repose sur l’imagination (phantasie) . « Tout ce que nous avons développé dans nos considérations sur la constitution on doit le rendre absolument évident, tout d’abord sur des exemples quelconques de types quelconques d’objets donnés au préalable, donc dans l’explication réflexive de l’intentionnalité dans laquelle nous « avons » d’une manière purement et simplement immédiate une objectité réelle ou une objectité idéale. C’est un pas significatif de reconnaître ensuite que ce qui vaut manifestement pour des individualités de fait (réelles ou possibles) reste aussi nécessairement valable quand nous varions d’une manière tout à fait arbitraire nos exemples et quand nous nous interrogeons alors sur les « représentations » qui varient en même temps d’une manière corrélative, c'est-à-dire quand nous nous interrogeons sur les vécus constituants, sur les modes « subjectifs » de donnée qui se transforment tantôt d’une manière continue, tantôt d’une manière discrète. Avant tout, il faut poser là des questions concernant les modes d’ « apparaître » qui sont constituants par excellence, les modes où l’on saisit par l’expérience les objets pris à titre d’exemples et leurs variantes, les modes selon lesquels les objets se forment comme unités synthétiques données elles-mêmes. Ainsi on part d’un exemple quelconque d’ « objet » pour en révéler son essence. On prend souvent l’exemple concret d’une couleur comme le rouge, et choisir le cas du feu rouge, ou le cas du « rouge de colère » etc… et faire varier de manière arbitraire ces exemples, non pas de manière empirique (car si c’était empirique il faudrait essayer de retenir la totalité des occurrences du rouge et ensuite par une étude comparative voir ce qu’elles ont en commun). Ici ce n’est pas le cas, on se satisfait de prendre un exemple et le faire varier de manière arbitraire, c'est-à- dire tout ce qui nous vient à l’esprit, le concernant, le rouge et qui nous permet d’en faire varier la réalité, par exemple une pomme rouge, des coquelicots rouges…etc. Cette variation arbitraire2 est essentielle pour Husserl, car c’est ce qui lui permet de se démarquer de l’empirisme. La méthode phénoménologique n’est pas une méthode empirique, c’est une méthode théorique philosophique, Husserl y tient beaucoup, et ce qu’elle vise est autre chose que l’étude empirique, en tant que corpus. Il s’agit de découvrir une essence dans quelque chose de nécessaire, quelque chose qui ne peut pas être autrement, donc il ne faut pas que ce soit empirique, car ma saisie de ce que je pense être commun aux différents éléments serait biaisé 1 Il y a deux réductions : la réduction eidétique : la mise entre parenthèses de la question de l’existence réelle des objets (de ma conscience) du monde, pour laisser se déployer les essences : c’est une réduction des phénomènes à leur essence. L’autre réduction est la réduction transcendantale qui est une réduction à la conscience intentionnelle 2 Arbitraire : ici, veut dire au hasard. Et même si on voyait dans ce terme « arbitraire » du subjectivisme, une subjectivité cela n’aurait pas d’inconvénient puisqu’il s’agit de découvrir l’essence de l’objet par la contingence. Ici on a pris des variations de manière « discrète », mais ces variations pourraient être « continues » si à l’aide d’une étude spectrale des couleurs on faisant varier les longueurs d’onde vers l’infrarouge et aux autres couleurs et la perception des couleurs deviendrait discontinue, passant du rouge à l’orangé etc., mais il y aurait entre le rouge et l’orangé des couleurs dont on serait incapable de dire si elles sont rouges ou orange. Mais là il s’agit d’une variation continue dans le rouge. Tout cela dans le but de viser autre chose que son existence ou sa contingence, mais de viser ce qu’est l’essence même du rouge. L’essence même de cette couleur, je la prends sur un seul exemple, puis en faisant varier les exemples, je vois s’il y a une variation corrélative de l’idée de l’essence que je saisis de cette réalité empirique. La couleur rouge est « constituée » par ma subjectivité (du fait de mes photorécepteurs rétiniens qui me permettent de distinguer entre plusieurs couleurs, dont le rouge, et cela à la différence de certains autres mammifères). De la même manière pour la cire, c’est mon « cogito » qui « constitue »l’essence de la cire comme étant étendue, (qui vise l’essence de la cire comme étant étendue). Le rouge n’est pas rouge « en soi », il est rouge en fonction des photorécepteurs que nous avons et qui étant sensibles à la longueur d’onde des rayons que réfléchit un objet éclairé par la uploads/Philosophie/081205-la-logique-transcendantale-de-husserl.pdf
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- Publié le Nov 20, 2022
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