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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/286403881 « Vie » et « vivant » : perspectives épistémologiques Article in SHS Web of Conferences · January 2015 DOI: 10.1051/shsconf/20152101001 CITATIONS 3 READS 664 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Innovations technoscientifiques et perspectives interdisciplinaires pour une éducation au vivant: finalités et stratégies View project Innovations technoscientifiques et perspectives interdisciplinaires pour une éducation au vivant: finalités et stratégies View project Michèle Dell'Angelo-Sauvage Université Paris-Est Créteil Val de Marne - Université Paris 12 27 PUBLICATIONS 50 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Michèle Dell'Angelo-Sauvage on 22 November 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. « Vie » et « vivant » : perspectives épistémologiques Michèle dell’Angelo-Sauvage1 UMR STEF ENS Cachan, Université Paris Est Créteil, ESPE 36 rue Charpak, F77587 Lieusaint Résumé. Des idées des philosophes de la Grèce ancienne, à celles que posent les avancées contemporaines de la biologie, différentes conceptions de la vie et du vivant sont proposées sans qu’un consensus ne soit obtenu. Différents auteurs ont présenté la vie comme l’affaire des philosophes, sous ses aspects politiques et sociaux, tandis que le vivant était l’affaire des biologistes préoccupés du fonctionnement des organismes (Canguilhem, 1990; Fassin, 2000; Jacob, 1970; Pichot, 2011). Mais cette distinction est actuellement rediscutée (Cherlonneix, 2013; Morange, 2013). D’autres auteurs mettent en contraste les approches réductionnistes et holistes et présentent les conséquences de ces points de vue. Dès 2006, Guespin-Michel et Stewart envisageaient un changement de paradigme inévitable face aux changements de méthodes dans différents groupes de recherche. Nous proposons de porter un regard croisé sur les concepts de vie et de vivant dans le but d’éclaircir les fondements épistémologiques sous-jacents à un enseignement relatif au vivant : observe-t-on une influence réciproque des conceptions de « vie » et de « vivant » dans les différents courants de pensée ? Les changements épistémologiques liés aux observations faites à différentes échelles biologiques modifient-ils les réflexions philosophiques, scientifiques et sociétales ? Qu’en est-il actuellement de la distinction vie/vivant ? Abstract. ‘Life’ and ‘living’: epistemological perspectives. From the ideas of the philosophers of Ancient Greece to the questions raised by contemporary advances in biology, different conceptions of life and living have been put forward but no consensus can be reached. Different authors have presented life, in its political and social aspects, as a subject matter for philosophers whereas living was a subject matter for biologists whose concern is the functioning of living organisms (Canguilhem, 1990; Fassin, 2000; Jacob 1970 Pichot, 2011). But this distinction is being discussed again (Cherlonneix, 2013; Morange, 2013). Other authors contrast reductionist and holistic approaches and present the consequences of these views. In 2006, Guespin-Michel and Stewart considered an inevitable paradigm shift, in response to the changes in methods in different research groups. We propose to bring a fresh perspective to the concepts of life and living in order to clarify the epistemological foundations underlying a teaching concerning life: is there a reciprocal influence of the conceptions of « life » and « living » in the different schools of thought? Can the epistemological changes linked to the observations made at different biological scales alter philosophical, scientific and societal reflections? What does the distinction between life and living now consist in? 1 Auteur de correspondance : michele.dellangelo@u-pec.fr SHS Web of Conferences Introduction La question de la vie et du vivant a souvent été discutée sans recevoir de réponse faisant consensus. Par- delà la succession de définitions que nous rappellerons rapidement et sans volonté d’exhaustivité, c’est toute une conception de la vie et du vivant qui est questionnée. Avec un regard de biologiste, que peut- on dire des approches historiques de philosophes, sociologues, anthropologues ? Quelles conceptions de la vie et du vivant sous-tendent-elles ? Nous assistons actuellement à d’importants changements épistémologiques liés aux observations faites à différentes échelles, avec de nouveaux outils2, de nouveaux questionnements sociétaux et politiques. Peuvent-ils annoncer un véritable changement de paradigme comme l’envisagent Guespin- Michel et Stewart dès 2006 [1] ? Dans l’introduction de son livre Cherlonneix (2013) [2] annonce L’hypothèse de travail interrogée – et nous ne sommes pas tous d’accord sur les réponses…- est qu’un renversement de paradigme concernant les représentations du vivant est à l’œuvre en biologie. (p. xii). Ce sont certains de ces désaccords que je propose de présenter ici, partant de l’idée que l’ancienne partition entre la vie qui serait l’affaire des philosophes, sous ses aspects politiques et sociaux, tandis que le vivant serait celle des biologistes préoccupés du fonctionnement des organismes (Canguilhem, 1990 [3]; Fassin, 2000[4]; Jacob, 1970 [5] ; Pichot, 2011 [6]) n’est plus tenable aujourd’hui. Une simple question comme : l’embryon est-il en vie dès sa conception ? (Wolfe, 2013) [7] repose sur des études biologiques, mais renvoie à des aspects philosophiques. Et c’est l’ensemble de ces réflexions qui conditionnent des positionnements éthiques rendant par exemple possible les expériences scientifiques sur les cellules totipotentes, le diagnostic préimplantatoire ou les soins utilisant des cellules souches. Un autre exemple est fourni par Ameisen (2013) [8], qui aborde la question de la vie par celle de la mort. Il s’interroge sur le sens qu’elle prend lorsqu’il s’agit de reproduction asexuée, pour les végétaux, les tout petits animaux, alors qu’il n’y a aucune différence génétique entre les descendants et les parents. Si le vivant est nature, et la nature, natura, littéralement ‘ce qui est en train de naître’ cela fait trois à quatre milliards d’années que le vivant est en train de naître et de se métamorphoser… La vie en tant que telle n’est jamais morte (p. 4). La définition de la vie à l’échelle de l’organisme est-elle la même qu’à l’échelle d’une cellule où d’une population ? Une inquiétude provient de l’indifférence de certains biologistes qui refusent de prendre part au débat éthique et se retranchent derrière un rôle de technicien du progrès scientifique. Que de fois n’ai- je entendu lors de débats publics des scientifiques, des biologistes, pressés d’aborder la question de la nature de la vie, répondre que cette question était une question philosophique et céder la parole aux philosophes (p. 41) nous dit Morange (2013) [9]. Tournier (2005) [10] pose le problème du côté du pouvoir ainsi laissé à la technique et parle d’une dérive dangereuse à relier à la parcellisation des savoirs qui, de plus en plus pointus, demeurent aussi beaucoup plus restreints (p. 13). Cet article propose donc de s’appuyer sur des approches épistémologiques de différentes disciplines pour chercher à comprendre ce que certaines avancées scientifiques tendent à modifier dans la perception de la vie et du vivant. 1 Une construction historique des concepts de vie et de vivant Les concepts de vie et de vivant ont été utilisés et définis depuis les philosophes de la Grèce antique. Les changements intervenus dans la compréhension des structures et des fonctionnements du vivant ont conduit les chercheurs à adopter parfois des positions très différentes plus ou moins en opposition. Ainsi, on ne peut pas retracer une histoire au sens de modifications successives avec un début et une fin, mais 2 Se décrivant par une multitude de vocables : Autopoïèse, biologie intégrative, biologie des systèmes, épigénomique, post génomique, entre autres. « Vie » et « vivant » : Perspectives épistémologiques plutôt au sens de réflexions centrées sur des aspects, des intérêts, et parfois même des croyances, différents. Des définitions, reprises ci-dessous, ont particulièrement marqué les pensées humaines. 1.1 Des tentatives de définition Très tôt, Aristote3 définit la vie comme un processus temporel avec un début et une fin nous entendons par vie le fait de se nourrir, de croître et de dépérir par soi-même [11]. C’est ce que l’on nomme la conception animiste, présente chez le jeune enfant, mais aussi nous le verrons dans des positionnements contemporains. Il faut attendre le 17ème siècle pour rencontrer une définition qui perdure aussi sous certaines formes, celle de Descartes. Il définit le vivant par les caractéristiques de la vie : l’être vivant est une machine complexe, faite d’organes assurant les fonctions vitales : nutrition (respiration, alimentation, croissance, renouvellement), reproduction et défense [11]. C’est la conception mécaniste. Au 18ème siècle Bichat4 définit la vie par un conflit entre un corps composé de tissus de structure et de propriétés spécifiques (élasticité, contractilité, sensibilité) et un environnement. La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort [11]. On parle de conception vitaliste. Très rapidement ensuite, à la charnière du 18ème et du 19ème siècle, Lamarck rattache le vivant à la présence de matière que l’on qualifie aujourd’hui d’organique. On parle encore actuellement de cette conception dite matérialiste. Aucune de ces définitions ne peut être retenue seule, mais chacune aborde certaines caractéristiques, parfois de la vie, parfois du vivant. Un des éléments de comparaison partagés est l’organisation, à différentes échelles, avec différents prismes d’observation suivant les champs disciplinaires. 1.2 Des approches par l’organisation Si l’on interroge les scientifiques, les philosophes, les éthologues, différentes façons de concevoir des visions hiérarchiques du uploads/Philosophie/2015-dellangelo-vievivant.pdf

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