Carnets métaphysiques « Les hommes intelligents brilleront comme des lumières d
Carnets métaphysiques « Les hommes intelligents brilleront comme des lumières dans le ciel » Daniel, 12, 3 Avant- propos Il existe depuis un certain temps un intérêt grandissant pour la pratique de la méditation à la façon bouddhiste, mais laïcisée en fonction des besoins et des aspirations de l’occidental moderne. Cela se produit dans le contexte d’une vie souvent affairée, où l’on est à la recherche d’une profondeur, d’une thérapeutique nouvelle et naturelle, d’un sens supérieur comparé à une vie étalée à l’horizontale par la pression d’une ambiance désacralisée et matérialiste. A cet égard, il semblerait que la tradition philosophique et spirituelle de l’Occident n’ait rien à offrir, et elle est souvent vue comme un bel effort intellectuel non opératif, dépassé par le point de vue de la science, auquel les méditants font de plus en plus référence. Il est clair que la métaphysique ne peut revendiquer le statut de science moderne, puisque précisément celle-ci s’est construite contre elle, dans un souci de percer les lois et les secrets de l’univers tel qu’il s’offre à nos cinq sens et qui fait l’objet d’une reconnaissance unanime. Il s’en est suivi une désaffection de la métaphysique à peu près totale du milieu intellectuel ; Platon est devenu indésirable et Thomas d’Aquin n’est plus que le théologien de l’ Église Catholique ; Giordano Bruno est considéré comme spinoziste avant l’heure et Marsile Ficin comme une curiosité que l’on situe vaguement dans la vaste mouvance de l’art humaniste de la Renaissance. Afin de revenir à cette question de la vague d’intérêt pour la méditation, nous souhaitons simplement signaler que l’exercice de la pleine conscience, mettant l’accent sur le silence mental, n’est pas la seule voie vers le salut. Comment se fait-il que les grands penseurs de l’ Occident n’aient pas développé cette technique tout en étant pas étrangers à l’extase ? A ce titre, nous voudrions mentionner l’étude de la pensée, sous sous aspect vibratoire, publiée par les frères Servranx1, et qui préconise comme méthode de développement personnel, la poursuite simple et naturelle de la culture d’un intérêt et de suivre ce chemin de réalisation de soi sans avoir besoin d’avoir recours à des exercices occultes spécifiques. Lorsque nous avons pris conscience de ce fait, évident pendant l’enfance alors que nous n’étions pas encore influencés par des doctrines spirituelles, a été une véritable révélation. Ainsi le fait de développer son goût pour la philosophie n’est pas une déviation du chemin spirituel mais bien plutôt sa poursuite effective. Il est vrai que la 1 F et W Servranx, La force – Pensée, Bruxelles edit Servranx 1957 pensée du Bouddha n’encourage pas la métaphysique voire l’interdit, et l’on comprend mieux pourquoi les hindous orthodoxes considère son enseignement comme une hérésie, car le Vedanta repose sur le Yoga de la connaissance. En Occident, ce type d’effort intellectuel a été poursuivi au fil du temps en donnant naissance à des courants philosophiques qui représentent bel et bien, selon nous, des élans ascendants vers l’absolu, et où la pensée n’est pas l’obstacle mais le moyen privilégié. Nous écrivons ceci afin de faire cesser ce malentendu ; sur la voie spirituelle, la pensée n’est pas une chose à faire taire et si les individus se trouvent dans l’embarras eu égard à leurs contenus mentaux, ils doivent se demander pourquoi un attribut si raffiné de l’être pose problème. Mais bien loin de nous de vouloir rabaisser la valeur de la méditation yoguique car elle doit être conçue comme une véritable libération de la pensée et non sa limitation ; dans l’état d’absorption, le mental peut se libérer pleinement et donner le meilleur de lui-même. Il va s’en dire que les ruminations négatives doivent être arrêtées, qu’il veut mieux prendre l’air et aller se distraire que de se forcer à des exercices produisant le contraire du but recherché. La pensée métaphysique dans le monde occidental, s’exprime bien dans les courants que sont l’hermétisme, le platonisme, le stoïcisme, la kabbale et nous verrons que la possibilité d’une réalisation spirituelle est toujours possible grâce à cet héritage précieux, à condition de bien la situer et la comprendre correctement. Pourtant, la métaphysique à elle seule ne suffira pas non plus à remplir tout le programme qui s’offre à un candidat à l’initiation spirituelle ; les couches les plus fines et les plus profondes du mental, font signe vers une connaissance de type intuitif, extatique, qui demande d’aller au-delà de soi-même vers une zone dangereuse et inconnue, que l’on ne saurait apprendre par les voies habituelles et en restant dans un état d’esprit conforme et rassurant. Nous voulons donc dire que l’effort mental doit être poursuivi en direction de l’occulte, à la fois dans ses études et dans sa vie. L’étymologie de méditation nous apprend que meditatio signifie préparer, prendre soin et désigne par là un acte de réflexion approfondie. Cet acte en est venu à être considéré proprement sous son aspect métaphysique et cela est bien logique quand on songe que les grands sujets auxquels l’homme s’est attachés à répondre, peuvent occuper notre réflexion durant une vie entière. Bien entendu, l’individu ne pourrait tirer de lui-même toute l’ampleur de cette œuvre, et c’est bien logiquement que la pensée effective et féconde ne se réalise que dans sa participation, sa confrontation à la conscience collective philosophique, l’égrégore métaphysique, la « chaîne d’or » de tous les penseurs que l’humanité a connue et qu ‘elle continue de faire vivre par le biais de ceux qui y contribuent. Il est bien connu que Platon et Aristote situent le début de la philosophie dans le sentiment d’étonnement face à ce qui est, mais ce peut être également l’inquiétude, de type religieuse comme chez Kierkegaard, la curiosité, ou même le désir de se former dans le cadre de leçons données par un professeur et en vue de compléter sa culture générale. Lorsque un espace suffisant de discussion est crée, bon nombre de personnes sont capables de poursuivre une réflexion sur le sens de la vie. Tout homme peut être philosophe à ses heures et la métaphysique n’est pas seulement une discipline de spécialistes universitaires. Il nous semble au contraire vraiment important de ne pas sous-estimer les gens ordinaires, et il est aisé de voir que les question posées par des gens simples, notamment simples, peuvent débouter des penseurs d’habitude uniquement confrontés à leurs pairs. Il fait donc être philosophe à plein temps et ne pas rejeter des personnes et des sujets qui fâchent, mais bien au contraire, il nous faut le courage de reconnaître notre désappointement et notre ignorance et d’en tirer les leçons. C’est précisément ce que nous avons fait lorsque nous étions engagé dans une voie extrême-orientale particulière et que nos sommes revenus à la tradition européenne, et cette remise en question s’est produite sur de nombreuses années et non sans efforts. Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la perspective d’une sagesse unique et transmise par des gens autorisés même si celle-ci peut apporter beaucoup en tant que défi à la modernité. Nous croyons à la possibilité d’une évolution constante de la réflexion et de l’agir dans le monde sans pour autant se trahir ou faire preuve d’inconstance mais en étant plus subtilement intelligent et disponible. La pure tradition métaphysique ne peut être selon nous en question d’orthodoxie mais bien une pensée vivante sachant inclure tout ce que notre esprit sera à même de concevoir. L’homme est un animal métaphysique, selon Schopenhauer, il ne se contente pas d’exister mais interroge cette vie même, il se dédouble, existant à la fois en soi et pour soi. La conversion transcendantale intervient au moment où l’homme est pleinement désappointé par le monde, celui du désir et de la volonté personnelle. Il entre en philosophie comme au monastère et cherche une liberté authentique, verticale et ne se vit plus tout à fait comme un être temporel. L’ouverture du chemin métaphysique peut aussi se faire moins brutalement, accumulant des connaissances qui modifie progressivement notre vision du monde. Cependant le savoir demande lui-même un réexamen et c’est là que la méditation est opérante ; elle consiste dans cette attention particulière à ce qui se dégage de nos lectures afin de s‘approprier tout ce matériau brut qui par son ampleur et sa diversité, serait plutôt susceptible de nous faire douter d’une telle recherche intellectuelle. On comprend dès lors la position de Kant, qui relègue la réflexion métaphysique du côté de l’hypothèse et de l’espérance et lui ôte son fondement rationnel. Ceci dit, nous avons opté pour une certitude, celle de l’être, « car l’être est en effet et le néant n’est pas » nous dit Parménide. Le poème De la Nature, nous place devant une véritable expérience initiale et initiatrice, dans le sens où c’est la Déesse qui confirme que c’est bien le chemin de vérité et de justice qu’ a emprunté le philosophe et qui le place désormais à l’écart de l’homme ordinaire ; c’est la révélation de l’omniprésence de l’Être qui fait toute la différence. La pensée du non-être est une séduction fâcheuse uploads/Philosophie/carnets-metaphysiques.pdf
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- Publié le Jui 19, 2021
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