PRÉFACE LA NON-VIOLENCE – UNE UTOPIE ? « L’homme a réalisé de formidables progr

PRÉFACE LA NON-VIOLENCE – UNE UTOPIE ? « L’homme a réalisé de formidables progrès scientifiques et techniques et pourtant il est resté le même que celui qu’il était il y a des milliers d’années : batailleur, avide, haineux et plein de douleur. » (Jiddu Krishnamurti) Dans une société hiérarchisée voire autoritaire, parmi des individus employés à leurs intérêts propres, un homme non-violent et adepte de la « participation » a-t-il une chance de se faire entendre ? Vivre hors de la violence, c’est bannir de sa vie quotidienne toute forme de mépris et d’agressivité, et cela implique une posture intérieure dont le principal trait est le respect d’autrui. Aux antipodes, la haine et l’égocentrisme détruisent tout sur leur passage et ne connaissent aucunes limites. En quelques instants ces fléaux peuvent réduire à néant un travail de reconstruction de plusieurs années. La haine abolit toute règle. La non-violence en revanche demande un long processus d’apprentissage : il faut d’abord se convaincre de son bien-fondé, s’en imbiber, apprendre à s’en servir et l’appliquer. La principale difficulté réside dans la pénurie d’environnements adaptés. Les problèmes commencent souvent dans la famille, ils se poursuivent à l’école, lieu qui ne contribue guère à la non-violence au contraire puisque c’est là que les rivalités préfigurant les querelles de carrière se mettent en place. Dans de telles circonstances, un adulte progressant seul avec ses intentions non-violentes devra repartir de zéro. Ce « drôle de type » s’entendra dire puis apprendra à ses dépens qu’on n’a que faire des empêcheurs de penser en rond de son genre, et que d’ailleurs son comportement est franchement déplacé. Il fera l’expérience de la pitié ou de l’agressivité verbale de son proche entourage. Son ascension sociale sera mise en péril, bientôt ce « redresseur de torts », cet utopiste, sera marginalisé. Nous devrions tous nous demander, comme dans En attendant Godot de Samuel Beckett ce ce qu’il adviendrait de Ki s’il revenait. Les choses se passeraient-elles autrement qu’il y a 2000 ans ? Toutes les paroles de Jésus sont passées à la postérité. Et pourtant il serait aujourd’hui comme autrefois un empêcheur de tourner en rond, un redresseur de torts, un écolo, un assembleur de nuées dans notre monde dominé par le matérialisme. Certes, nous ne le tuerions pas, ce serait trop voyant et nous n’avons pas besoin de martyres : nous ferions en sorte qu’il ne soit pas crédible, nous le déclarerions fou. Le problème se réglerait ainsi de lui-même. Tant qu’on refusera systématiquement d’écouter et de respecter ceux qui refusent l’agressivité et la violence, aucune culture de la tolérance ne pourra s’établir et s’épanouir. Pourquoi refuse-t-on d’écouter ? Par pure intolérance, par ignorance, sentiment de culpabilité ? À vous de juger... Certains lecteurs trouveront le présent ouvrage trop théorique, ou utopique, ou irréaliste. Mais j’avais envie de faire briller le soleil malgré la pluie et de peindre un arc-en-ciel. Que ceux qui veulent bien me suivre dans cette exploration ouvrent leur cœur et cherchent leur soi. La nature est une source d’inspiration intarissable. Deux itinéraires principaux s’offrent à celui qui part à la recherche de soi : l’illumination mystique et le renoncement à toute domination sur ses semblables. J’ai choisi la deuxième voie. La première étape de ce voyage révolutionnaire est le respect dévolu à tout être humain, porteur comme moi d’une étincelle divine. Je vous passe le relais. INTRODUCTION « Au fond, ma propre ‘sphère de conscience’ ne me renseigne en rien sur la réalité elle-même : ma connaissance du monde se réduit aux idées que je m’en fais » (Jean Guitton). Le monde où je vis est une réalité personnelle qui ne vaut que pour moi. Il m’influence et me façonne, me fait ce que je suis et ce que je deviendrai. En moi comme en tout homme sommeillent des forces insoupçonnées qui me permettent d’affronter mon destin et de peser en bien et en mal sur le cours des choses, d’apprendre à apprendre, d’explorer mes dons et de les cultiver, d’observer et d’essayer de comprendre les mécanismes de base du comportement humain. Les réflexions que je soumets ont pour ambition d’apporter aide et inspiration dans un environnement sans certitude. Je ne propose pas une démonstration scientifique ou théologique parfaite qui tiendrait compte des plus récentes découvertes. Je tiens seulement à exposer des idées, des principes, mon vécu dans un univers qui ne cessera de me surprendre. L’origine et le sens primaire de la vie se révèlent à quiconque n’a pas encore désappris en toute modestie à s’étonner, à se remettre en question, à quiconque n’a pas encore perdu sa capacité de discernement à force de gesticuler autour du Veau d’or. L’action d’une entité originaire se perçoit intuitivement mais il faut que les yeux voient, que les oreilles entendent et que l’esprit comprenne. Ce « mystère suprême » est toujours et partout perceptible, dans la chaleur du rayonnement solaire, dans la magie d’une sonate pour piano, dans les rouages complexes du système immunitaire de l’organisme, mais aussi dans le regard d’un être humain. « Je suis la lumière, celle qui est sur eux tous. Je suis le Tout, et le Tout est sorti de moi et Tout est revenu à moi. Fends le bois : je suis là ; soulève la pierre et tu m’y trouveras ! » (Thomas 81) 2000 ans après sa mort, la personne de Jésus nous fascine encore à tel point qu’il fait la une des magazines. Pas une semaine sans la sortie d’un nouvel ouvrage sur l’un ou l’autre aspect de sa vie, de son enseignement, de son rayonnement. Mais souvent c’est sur le personnage historique que ces écrits se focalisent, on s’efforce de découvrir la preuve de son existence. Comme si seules les paroles de celui dont on peut démontrer la présence sur terre ont un poids. Mais comment retrouver les traces réelles et matérielles de quelqu’un qui a vécu il y a vingt siècles et a été exécuté comme un criminel ? Que changeraient de telles preuves à la parole écrite ? Fait-on tort au message d’un homme si c’est un autre qui le couche sur parchemin ? Même si la parole écrite ne correspond pas exactement à la parole dite, n’est-ce pas le sens du texte qui importe ? Tout ce qui a été écrit et sera écrit a sa propre valeur, il suffit de distinguer le bon grain de l’ivraie. « Par les choses que je vous dis, ne reconnaissez-vous pas qui je suis ? » (Thomas 48) Jésus lui-même nous donne la clé. Et le débat sur l’historicité de Jésus ne répond pas aux nostalgies et aux craintes de nos contemporains. L’Église elle-même est-elle claire dans son interprétation de la « Bonne nouvelle » ? Elle semble ne pas être en mesure de délivrer de manière convaincante l’essentiel de l’enseignement du Christ. Elle attribue une importance disproportionnée à des choses accessoires telles que la consécration de 44 nouveaux cardinaux et leurs somptueux habits. Mes réflexions portent directement et indirectement sur l’impact du message de Jésus le Christ au XXIe siècle. Je m’efforce d’interpréter les paroles du Christ dans leur relation à notre monde d’aujourd’hui et de ressentir leur sens profond par une approche systémique et globale. 2000 ans plus tard, elles représentent la quintessence de la révélation, l’essentiel du christianisme. Le Christ ne parle pas d’une Église régie par des commandements et des interdictions mais d’un engagement consenti et de libre-arbitre. Jésus n’en appelle pas à la résurrection des morts, il dit la joie de vivre parmi ses semblables, il soutient les pauvres et ouvre sa communauté aux exclus. Jésus montre de la compassion pour les pécheurs et dans le même instant indique une solution pour sortir de l’erreur. Il ne menace pas le « pécheur » de damnation éternelle. Il s’exprime rarement sur les péchés « humains », ceux de la « chair ». Pour le Christ, le plus terrible blasphème est celui contre l’esprit, l’hubris qui consiste à se prendre pour Dieu, à se révolter contre l’Esprit Saint. Le Christ ne parle pas de religion ni de spiritualité mais d’amour et de transcendance : l’amour parce qu’il est la quintessence de son message et la transcendance parce qu’elle est une voie permettant à l’homme de s’élever vers son père en esprit. Personne qui ne s’éprouve en toute honnêteté ne pourra ignorer l’égocentrisme auquel il est en proie au tréfonds de son être. Dans la conscience de l’homme occidental prends corps un dévoiement des valeurs, certes lent mais en progression. Nos objectifs ne sont plus aujourd’hui liés à des modèles séculaires, le matérialisme domine de plus en plus. Nos canaux de perception visuels et auditifs sont sursaturés d’informations les unes utiles, les autres, et c’est la grande majorité, superflues, qui nous obligent à opérer constamment une sélection des plus compliquées. Naturellement, parmi cette foule d’informations qui nous submergent, les images et les modèles vains, les icônes simplistes ou radicales pullulent, et la probabilité que nous n’en retenions, consciemment ou non, que la partie la plus régressive est uploads/Philosophie/francois-colling-la-seconde-naissance.pdf

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