P E N S E R L A T R A N S F O R M A T I O N P o u r A l t h u s s e r Simone MA

P E N S E R L A T R A N S F O R M A T I O N P o u r A l t h u s s e r Simone MAZAURIC (Université de Nancy) Althusser et la tradition française d'épistémologie historique. Warren MONTAG (Occidental College, Los Angeles) Le Lénine d’Althusser. Paul SERENI (Beauvais) Marx, Althusser et "l'homme communautaire" : la coupure comme hypothèse de lecture. Vittorio MORFINO (Univ. Biccoca Milan) Le triangle Althusser, Gramsci, Machiavel. Vittorio MORFINO (Univ. Biccoca Milan) Deuxième conférence. Althusser, Spinoza et la temporalité plurielle. Pascale GILLOT (Paris) Pour un matérialisme de l'imaginaire : Althusser lecteur de Freud et de Spinoza. Luca PINZOLO (Univ. Biccoca Milan / Nice) Le matérialisme aléatoire. Luc VINCENTI Montpellier 3) Au sujet d’Althusser. Accueil>Pour Althusser Pour un matérialisme de l'imaginaire : Althusser lecteur de Freud et de Spinoza Colloque annuel de clôture du séminaire de philosophie politique «Penser la transformation». Mardi 28 mai 2013. Université de Montpellier 3, site Saint Charles Retrouvez la vidéo de cette conférence Résumé Dans les années soixante et soixante-dix du XXe siècle, Althusser, dans le cadre de son « retour à Marx », entreprend d'en expliciter la philosophie latente, et, conjointement, d'élaborer la théorie de l'idéologie (de sa nécessité et de son autonomie relative) qui manquait encore au marxisme. Ce retour à Marx est fortement marqué par le « retour à Freud », tel qu'il fut engagé par Lacan quelques années auparavant. Ainsi, Althusser déclare, dans « Idéologie et Appareils idéologiques d'État » (1970), qu'il entend « proposer une théorie de l'idéologie en général, au sens où Freud a proposé une théorie de l'inconscient en général ». L'idéologie telle que la conçoit Althusser, loin de se réduire à l'ordre du reflet inversé, de l'erreur ou des illusions caractéristiques de la conscience, détient des lois et une systématicité propres, analogues à celles du système Inconscient dans sa thématisation freudienne. L'idéologie, au titre de « "représentation" du rapport imaginaire des individus à leurs conditions réelles d'existence », est définie par une spécularité double, corrélative de sa nécessité, et également de sa « matérialité » (son inscription dans les « appareils idéologiques d'État »). Toutefois, cette théorie de l'idéologie, qu'Althusser nomme également matérialisme de l'imaginaire, ne se constitue pas simplement à partir d'un retour à Marx redoublé d'un retour à Freud. Elle se nourrit également du « détour par Spinoza » : la théorie spinoziste de l'imagination, fondée sur une analyse du corps affecté engageant le rapport primordial des hommes au monde, fournit le premier modèle, pour Althusser, de ce matérialisme de l'imaginaire qu'il entend constituer à travers sa relecture de Marx. Nous nous interrogerons sur le statut de cet entrecroisement des lectures althussériennes de Freud et de Spinoza. Si la nécessité et la cohérence d'un tel entrecroisement sont manifestes, concernant en particulier la critique du psychologisme et plus généralement le rejet des « philosophies de la conscience », elles n'en laissent pas moins subsister un point aveugle, qui n'est autre que la question du sujet. Si la psychanalyse (dans sa détermination freudienne-lacanienne), distingue précisément entre le moi imaginaire et le sujet, au titre de sujet de l'inconscient, il semble que la référence à Spinoza renforce chez Althusser une critique radicale de la catégorie même de sujet, identifiée du reste à la catégorie fondamentale de l'idéologie. C'est cette ambivalence du traitement althussérien de la catégorie de sujet qui constitue l'un des Penser la transformation - Philosophie - Pour Althusser http://www.penser-la-transformation.org/colloque/2013-05-27 Gillot.htm 1 di 13 principaux enjeux de la double référence à Freud et à Spinoza. Texte intégral Dans les années soixante et soixante-dix du XXe siècle, Althusser, dans le cadre de son « retour à Marx », entreprend d'en expliciter la philosophie latente, et, conjointement, d'élaborer la théorie de l'idéologie (de sa nécessité et de son autonomie relative) qui manquait encore au marxisme. Ce retour à Marx est fortement marqué par le « retour à Freud », tel qu'il fut engagé par Lacan quelques années auparavant. Ainsi, Althusser déclare, dans « Idéologie et Appareils idéologiques d'État » (1970), qu'il entend « proposer une théorie de l'idéologie en général, au sens où Freud a proposé une théorie de l'inconscient en général ». L'idéologie telle que la conçoit Althusser, loin de se réduire à l'ordre du reflet inversé, de l'erreur ou des illusions caractéristiques de la conscience, détient des lois et une systématicité propres, analogues à celle du système Inconscient dans sa thématisation freudienne. L'idéologie, au titre de « « représentation » du rapport imaginaire des individus à leurs conditions réelles d'existence », est définie par une spécularité double, corrélative de sa nécessité, et également de sa « matérialité » (son inscription dans les « appareils idéologiques d'État »). Toutefois, cette théorie de l'idéologie, qu'Althusser nomme également matérialisme de l'imaginaire (Éléments d'autocritique, 1974, ch. 4, « Sur Spinoza »), ne se constitue pas simplement à partir d'un retour à Marx redoublé d'un retour à Freud. Elle se nourrit également du « détour par Spinoza » : la théorie spinoziste de l'imagination, fondée sur une analyse du corps affectant-affecté engageant le rapport primordial des hommes au monde, fournit le premier modèle, pour Althusser, de ce matérialisme de l'imaginaire qu'il entend constituer à travers sa relecture de Marx. Nous nous interrogerons sur le statut de cet entrecroisement des lectures althussériennes de Freud et de Spinoza. Si la nécessité et la cohérence d'un tel entrecroisement sont manifestes, concernant en particulier la critique du psychologisme et plus généralement le rejet des « philosophies de la conscience », elles n'en laissent pas moins subsister un point aveugle, qui n'est autre que la question du sujet. Si la psychanalyse (dans sa détermination freudienne-lacanienne), distingue précisément entre le moi imaginaire et le sujet, au titre de sujet de l'inconscient, il semble que la référence à Spinoza renforce chez Althusser une critique radicale de la catégorie même de sujet, identifiée du reste à la catégorie fondamentale de l'idéologie. C'est cette ambivalence du traitement althussérien de la catégorie de sujet qui constitue l'un des principaux enjeux de la double double référence à Freud et à Spinoza. I Le projet althussérien d'une théorie de l'idéologie Le retour à Marx, le retour à Freud, et le détour par Spinoza La revendication d’un matérialisme de l’imaginaire renvoie au programme althussérien d’une théorie authentiquement matérialiste de l’idéologie, sous la double égide de Spinoza et de Freud : théorie non mécaniste, articulée à l'affirmation d'une autonomie de la superstructure, et qui se trouve particulièrement développée, en relation au thème de « l’éternité « de l’idéologie, dans le texte de 1970 intitulé Idéologie et appareils idéologiques d’État[1]. Venons-en, plus précisément, à ce thème de l'éternité de l'idéologie (duplication de « l'éternité de l'Ics »), qui signifie principalement sa nécessité et son anhistoricité : celles-ci sont autant de marques de la « matérialité » propre de l'idéologie, c'est-à-dire, également, de sa réalité spécifique (dont la fonction généraleest d'assurer, sur un moderelativement autonome (l'ordre spécifique de la superstructure), la « reproduction des rapports de production »). Il faut donc, à travers l'affirmation de l'éternité et de la matérialité de l'idéologie, postuler l'existence de lois spécifiques à celle-ci, au principe de son efficace singulière (tout comme Freud, dès la Traumdeutung, a postulé, à travers la notion de processus primaire, de travail du rêve, l'existence de lois spécifique de l'Ics, du système Ics). La thèse de la matérialité de l'idéologie est dirigée contre la théorie, pré-marxiste même si on la trouve paradoxalement sous la plume de Marx dans L'Idéologie allemande, de l'idéologie comme « néant », comme erreur, comme structure Webmaster Liens Contact Penser la transformation - Philosophie - Pour Althusser http://www.penser-la-transformation.org/colloque/2013-05-27 Gillot.htm 2 di 13 fantasmatique sans réalité effective, autre que la « vie réelle » qu'elle représente illusoirement sur le mode du renversement, tel un reflet, un mirage, ou une « camera obscura », semblable en ceci à la conscience et à son régime spécifique, celui de l'illusion. A cet égard, la théorie de l'Idéologie comme camera obscura, chez Marx, n'est pas encore marxiste, elle est pré-marxiste, il s'agit encore d'une « théorie idéologique de l'idéologie ». D'où le programme d'Althusser en ces années (1965-1970), qui vise à construire, précisément, une théorie scientifique, en l'occurrence matérialiste, de l'idéologie, en accord avec la « philosophie latente » de Marx, et contre les déviances d'un marxisme « mécaniste » (qui posait la détermination univoque de la superstructure par l'infrastructure, et réduisant l'idéologie à un simple reflet inversé de la vie réelle, selon un modèle de spécularité simple). Considérons tout d'abord un premier enjeu du programme althussérien, consistant à établir la systématicité de l'idéologie. L'analogie cruciale idéologie / Inconscient (à partir de la double lecture de Freud et de Lacan), est proposée dès 1965, dans Pour Marx ; elle a pour fonction d'établir une telle systématicité[2]. Elle constituera ensuite la ligne programmatique du texte de 1970, I et AIE. Cette analogie permet d'arracher l'idéologie au régime spectral de la conscience et de ses illusions, et de mettre hors circuit, par conséquent, la définition (inadéquate, idéologique) de uploads/Philosophie/gillot-un-materialisme-de-l-x27-imaginaire-althusser-et-spinoza.pdf

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