Antonio Gramsci Antonio Gramsci (Ales, Sardaigne, le 22 janvier 1891 - Rome, le

Antonio Gramsci Antonio Gramsci (Ales, Sardaigne, le 22 janvier 1891 - Rome, le 27 avril 1937) est un écrivain et théoricien politique italien d'une lointaine origine albanaise[1],[2]. Membre fondateur du Parti communiste italien, dont il fut un temps à la tête, il demeure en prison sous le régime mussolinien[3]. En tant qu'intellectuel, il a notamment étudié les problèmes de la culture et de l'autorité, ce qui en fait un des principaux penseurs du courant marxiste. Il théorise une « philosophie de la praxis » qui désigne le matérialisme dialectique. Ce changement de nom lui permet d'échapper à la censure fasciste. Sa conception de l'hégémonie culturelle comme moyen du maintien de l'État dans une société capitaliste a fait date. 1 Biographie Fils de Francesco Gramsci (1860-1937) et de Giusep- pina Marcias (1861-1932), Antonio est le quatrième de leurs sept enfants. Son père est le fils de Gennaro Gramsci ayant participé aux révoltes du Printemps des Peuples en Calabre. Ce-dernier est lui-même le fils de Nicola Gram- sci, originaire de la communauté Arbëresh de Plataci et dont le père aurait été albanais[1]. Francesco est condam- né le 27 octobre 1900 à cinq ans de prison pour péculat, concussion et faux en écriture publique. Privée de res- sources, la famille passe plusieurs années dans la misère. Antonio fréquente l'école primaire jusqu'à l'âge de douze ans ; il travaille ensuite à l'Office du cadastre pour subve- nir aux besoins de sa famille, qui n'est pas en mesure de financer son inscription au collège. Le 31 janvier 1904, son père sort de prison et, réhabili- té, obtient un poste de secrétaire à l'Office du cadastre. Antonio peut alors s’inscrire au collège de la ville voisine de Santu Lussurgiu ; il obtient sa licenza ginnasiale (équi- valent du BEPC) à Oristano, en 1908, puis entre au lycée de Cagliari, où il loge en compagnie de son frère Genna- ro, qui travaille chez un glacier. Gennaro part faire son service militaire à Turin, et rentre en Sardaigne converti au socialisme ; Antonio lit di- vers livres et revues socialistes, notamment les écrits de Gaetano Salvemini et de Benedetto Croce, mais aussi les romans populaires de Carolina Invernizio et d'Anton Giulio Barrili. À l'été 1910, après sa deuxième année de lycée, Antonio collabore au quotidien L'Unione Sarda, grâce à l'un de ses professeurs, qui était directeur de ce journal. L'année suivante, il obtient brillamment sa licen- za liceale (équivalent du baccalauréat). 1.1 À Turin En 1911, ayant obtenu une bourse, il entame des études de philologie à l'université de Turin. À l'époque, l'industrie automobile s’implante massivement dans la région, et les firmes Fiat et Lancia embauchent un grand nombre d'ouvriers venus des régions de toute l'Italie. De nom- breux syndicats sont créés, et les conflits sociaux appa- raissent très vite. Gramsci fréquente les cercles socia- listes dans lesquels se regroupent les émigrants sardes ; au cours de l'été 1913, il adhère à la fédération de la jeu- nesse du Parti socialiste, puis au Parti socialiste italien l'année suivante. Dès 1914, il écrit dans des revues so- cialistes comme Il Grido del Popolo ; s’intéressant à tous les aspects de la vie sociale et politique de Turin, il de- vient un journaliste réputé : à partir de 1916, il collabore à l’Avanti ! (organe du PSI) où il tient une rubrique cultu- relle et politique. À partir de 1915, il s’investit dans le combat politique au travers de la formation politique des jeunes ouvriers. Il prend part à l'insurrection ouvrière de Turin d'août 1917, qui échoue faute d'organisation. Il anime, à partir de 1919, le mouvement « conseilliste », qui préconise la création de conseils d'ouvriers dans les entreprises. La même année, il participe au lancement d'un nouveau journal, L'Ordine Nuovo, dans les colonnes duquel il expose la nécessité de fournir aux ouvriers une éducation politique et culturelle, de réorganiser la société italienne et de construire une nouvelle culture socialiste. Cette préparation passe aussi par une transformation du Parti socialiste. Il propose de mettre l'organisation sur le pied de guerre car une fois la marche vers la révolution enclenchée, soit le Parti socialiste prendra le pouvoir, soit le pouvoir capitaliste fera tout pour éliminer par la vio- lence toute forme d'organisation de la classe ouvrière. Comme Bordiga en 21 janvier 1921, il est parmi les plus fervents fondateurs du Parti communiste d'Italie (PCd'I), section italienne de la IIIe internationale. Bordiga en de- vient le principal animateur et premier chef du parti jus- qu'en 1923. Gramsci devient le secrétaire général du Parti communiste italien en 1925, il en devient rapidement une de ses références intellectuelles avec Bordiga. Il est élu député de Turin de 1924 à 1926 et crée le quotidien L'Unità. 1 2 2 PENSÉE 1.2 En prison Il est arrêté par les fascistes le 8 novembre 1926 et condamné pour conspiration. À cette occasion, le procu- reur fasciste déclare : « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans »[réf. nécessaire]. En captivité pendant onze années, il écrit ses Carnets de prison. Malade, il meurt quelques jours après être sorti de prison, dans la nuit du 26 au 27 avril 1937. Tombe de Gramsci Cimetière Acatholique de Rome. À Turin, il participe à un groupe antifasciste animé par Francesco Rèpaci, où sont notamment présents aussi, Leonidas Rèpaci, Piero Gobetti, et bien d'autres intel- lectuels turinois. En 1947, il reçoit a titre posthume le prix Viareggio, décerné par son ami Leonida Rèpaci, pré- sident du jury, alors qu'il ne peut être normalement attri- bué qu'à une personne vivante. Vingt ans plus tard, en 1957, le poète Pier Paolo Pasolini lui rend hommage en publiant à Milan, chez les éditions Garzanti : Les Cendres de Gramsci (Le Ceneri di Gramsci). Pasolini écrit (N.d.A.) : « Gramsci est enterré dans une petite tombe du cimetière des Anglais[4], entre la porte Saint-Paul et le Testaccio, non loin de la tombe de Shelley. Sur le cippe, on ne lit qu'une inscription : Cinera Gramsci, suivie des dates[5]. » 2 Pensée Gramsci a écrit plus de 30 cahiers durant son emprison- nement. Ces écrits, connus sous le tire de Carnets de pri- son (Quaderni del carcere), contiennent ses réflexions sur l'histoire italienne, ainsi que des idées en théorie marxiste, théorie critique et théorie éducative, telles que : • L'hégémonie culturelle • Le besoin d'encourager le développement d'intellectuels provenant de la classe ouvrière, ce qu'il a appelé « l'intellectuel organique »[6]. • L'éducation des travailleurs • La distinction entre la société politique et la société civile • Historicisme absolu • La critique du déterminisme économique • La critique du matérialisme philosophique 2.1 Hégémonie culturelle Article détaillé : Hégémonie culturelle. Épicycle de la pensée marxiste qui pallie l'absence de la révolution prévue par Marx et le renforcement des institu- tions capitalistes : la bourgeoisie domine par la force mais aussi par le consentement, notamment par son hégémo- nie culturelle qui fait que le prolétariat adopte les intérêts de la bourgeoisie. L'Église catholique illustre par exemple cette hégémonie. La domination est du consentement cui- rassé de coercition. Ainsi elle n'est pas pure violence ou pure domination culturelle mais bien l'articulation des deux niveaux. 2.2 Intellectuels et éducation Gramsci s’est intéressé de près au rôle des intellectuels dans la société. Il disait notamment que tous les Hommes sont des intellectuels, mais que tous n'ont pas la fonction sociale d'intellectuels[7]. Il avançait l'idée que les intellec- tuels modernes ne se contentaient pas de produire du dis- cours, mais étaient impliqués dans l'organisation des pra- tiques sociales. Ils produiraient le sens commun, c'est-à- dire ce qui va de soi. Ainsi les intellectuels engagés joue- raient un role majeur en produisant des évidences qui dé- truiraient le sens commun produit, selon lui, par la bour- geoisie. Il établissait de plus une distinction entre une « intelli- gentsia traditionnelle » qui se pense (à tort) comme une 2.4 Historicisme 3 classe distincte de la société, et les groupes d'intellectuels que chaque classe génère « organiquement ». Ces intel- lectuels organiques ne décrivent pas simplement la vie so- ciale en fonction de règles scientifiques, mais expriment plutôt les expériences et les sentiments que les masses ne pourraient pas exprimer par elles-mêmes. L'intellectuel organique comprendrait par la théorie mais sentirait aus- si par l'expérience la vie du peuple. La nécessité de créer une culture propre aux travailleurs est à mettre en relation avec l'appel de Gramsci pour un type d'éducation qui permette l'émergence d'intellectuels qui partagent les passions des masses de travailleurs. Les partisans de l'éducation adulte et populaire considèrent à cet égard Gramsci comme une référence. 2.3 Société politique et société civile Plaque commémorative à Moscou. La théorie de l'hégémonie de Gramsci est inséparable de sa conception de l'État capitaliste, dont il dit qu'il dirige par la force et le consentement. L'État ne doit pas être compris comme le seul gouvernement, Gramsci distingue deux grandes parties : la « société politique », lieu des institutions politiques et du contrôle constitutionnel-légal (la police, l'armée, la justice) ; la « société civile », uploads/Philosophie/gramsci-frances-wikipedia.pdf

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