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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/220578495 Kinesthèse, corps propre et espace objectif. Sur les limites de la constitution kinesthésique du corps propre Article in Revue D Intelligence Artificielle · April 2005 DOI: 10.3166/ria.19.127-157 · Source: DBLP CITATION 1 READS 989 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Signs of Trust View project Armen Khatchatourov 65 PUBLICATIONS 37 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Armen Khatchatourov on 02 December 2017. The user has requested enhancement of the downloaded file. RSTI - RIA – 19/2005. ARCO 2004, pages 1 à X Kinesthèse, corps propre et espace objectif. Sur les limites de la constitution kinesthésique du corps propre Armen Khatchatourov COSTECH-UTC Centre P. Guillaumat BP 60319 Compiègne armen.khatchatourov@utc.fr RÉSUMÉ. Dans cet article nous nous proposons d’étudier le rôle des sensations kinesthésiques pour la constitution du corps propre. Partant du principe qu’un des apports principaux de la phénoménologie aux sciences cognitives réside dans les notions de corps propre et de kinesthèse, nous essayons de voir, sur le terrain de la phénoménologie, le lien qui unie ces deux notions. Nous abordons le problème de manière suivante : le caractère immédiatement mien du corps propre est souvent attribué aux sensations kinesthésiques. Il nous semble cependant que (1) ce caractère d’immédiateté du corps propre en tant que un et même dans l’espace ne va pas de soi, et (2) le concours éventuel des sensations kinesthésiques à la constitution de cette unité du corps propre mérite un approfondissement. En nous appuyant essentiellement sur une lecture de Chose et Espace de Husserl, nous mettons en évidence les limites de la constitution kinesthésique du corps propre en tant que un et même dans l’espace. MOTS-CLÉS : corps propre, proprioception, kinesthèse, espace, phénoménologie 2 RSTI - RIA – 19/2005. ARCO 2004 1. Introduction Que l’on cherche, au sein des sciences cognitives, à connaître les corrélats neurophysiologiques de la perception spatiale humaine, ou à concevoir un agent autonome doté de toutes les propriétés nécessaires à l’orientation dans l’espace, on est amené à s’intéresser à ce dont le corrélat est justement recherché : l’expérience vécue du sujet. Un courant de la philosophie, la phénoménologie, a explicitement thématisé l’expérience vécue du sujet. Mieux, l’ambition de la phénoménologie, en tout cas dans sa variante hussrlienne, est de rendre compte de cette expérience vécue à partir des éléments matériels primitifs dont le sujet dispose (p. ex. les sensations). On peut donc être tenté de voir dans le phénoménologie un interlocuteur pertinent pour le projet de naturalisation, et plusieurs auteurs assument explicitement la thèse d’une transposition possible des descriptions phénoménologiques au champ des sciences cognitives. Il suffit de penser ici au fait que la phénoménologie husserlienne s’est intéressé à la question de savoir comment, à partir de l’enchaînement des images 2D, un objet 3D dans l’espace objectif est constitué par le sujet avec le concours de la proprioception, et de signaler par exemple le travail de J. Petitot qui rend compte de la constitution de l’objet de la perception en postulant l’équivalence de la description husserlienne et des modèles morphodynamiques. C’est donc à partir de cette expérience vécue que la description phénoménologique se propose de rendre compte de la constitution du sens des objets pour le sujet. Il se peut que ce soit une voie pertinente pour les sciences cognitives pour aborder en particulier la question de la perception spatiale. La phénoménologie husserlienne est donc intéressante à double titre : comme une pensée de la genèse du sens de l’objet (et, au-delà, du monde) à partir des éléments primitifs ; comme un compte rendu de l’expérience vécue. Pour une articulation entre la phénoménologie et les sciences cognitives, il est important de savoir quels sont les aspects effectivement pertinents à rechercher et/ou à modéliser au sein de l’expérience vécue, et la phénoménologie nous fournit une étude rigoureuse, avec les descriptions d’agencements des éléments primitifs et des niveaux de hiérarchie, de cette expérience. Au nombre de ces paramètres jugés d’une importance décisive pour la perception, il est courant de souligner le rôle de la proprioception. Pour être plus précis, on a d’emblée l’impression que le rôle de la proprioception consiste à être le sens le plus fondamental et, partant, le plus difficile à élucider, car le plus intime au sujet. En d’autres mots, le rôle exemplaire de la proprioception semblerait être (a) celui de fonder l’expérience du corps propre vivant, (b) celui de fournir à l’agent le sentiment que ce corps est immédiatement sien. Ce rôle exemplaire de la proprioception est le sujet même de cet article. Ce que nous voudrions souligner maintenant, c’est le fait que cette élucidation du rôle de la proprioception demande qu’on soit attentif à la différence entre deux feuillets du Titre courant de l’article 3 corps, ou deux points de vue possibles sur le corps. C’est à cette occasion que nous introduisons une première distinction terminologique : nous avons d’un côté le corps en tant que chose parmi les choses du monde, tel qu’il peut par exemple être l’objet de la science (Körper), et, de l’autre côté, le corps propre comme organe de mon vouloir, le siège de la subjectivité, tel qu’il est vécu “ de l’intérieur ”, et échappe par là même à la causalité naturelle (Leib). Cette distinction est de première importance pour la question de la perception spatiale. Si l’on suppose que le sujet n’a accès, à travers la proprioception, qu’aux informations sur les mouvements relatifs de ses membres (ce qui veut dire en langage phénoménologique : décours kinesthésiques, tels que j’en ai une expérience vécue, et qui font partie de mon corps propre), et aux informations extéroceptives, la question suivante demande à être examinée : Comment le sujet fait-il pour, à partir de l’expérience vécue qu’il a de l’espace, constituer l’espace objectif, et comment acquiert-il une compréhension du fait que son corps est aussi un corps comme les autres, avec sa position spatiale dans un espace homogène ? Plus fondamentalement encore, comment le sujet fait-il la différence entre son corps propre et les choses qui l’entourent ? Que le programme de la théorie huserlienne de la constitution aborde de front ce questionnement légitime – s’il en est besoin – que l’on l’articule avec les sciences cognitives. La proprioception semble être étroitement liée avec la perception spatiale (par les informations qu’elle fournit au sujet sur son propre mouvement), avec le sentiment pour le sujet d’habiter son corps propre, et enfin avec le fait que le sujet appréhende son corps comme un et même dans l’espace objectif. Nous nous proposons dans ce qui suit de voir de plus près si la proprioception est suffisante en particulier pour le troisième aspect que nous venons de désigner, la constitution du corps propre comme un et même dans l’espace objectif. Au-delà de cet enjeu qui pourrait être vu comme une discussion interne au projet de naturalisation, il convient cependant de se demander si quelque chose ne résiste pas, à l’intérieur même de la description husserlienne, à une telle naturalisation. Cette question nous amène à nous situer plus du côté de la phénoménologie que des sciences cognitives, mais nous espérons que cette contribution va également nourrir le débat entre les deux. Nous serons donc, tout au long de ce parcours, pris entre deux versants relativement indépendants : d’un côté, une discussion d’ordre épistémologique avec les sciences cognitives à travers la théorie husserlienne de la constitution, d’un autre côté une discussion avec la phénoménologie française issue de Husserl. La raison profonde de cette double discussion est que nous ne croyons ni possible ni légitime d’appliquer la théorie husserlienne1 telle quelle à la problématique des sciences 1 A supposer que l’on puisse parler de la théorie husserlienne : notre développement tend justement à montrer que les questions qui sont à l’œuvre chez Husserl déstabilisent l’unité de ce que l’on pourrait être tenté de designer comme la théorie de Husserl. 4 RSTI - RIA – 19/2005. ARCO 2004 cognitives : comme toute théorie philosophique elle demande à être mise en perspective, en particulier par la prise en compte des discussions et interprétations qu’elle a suscitées et qui par là même la continuent. Cette mise en perspective contribue, nous semble-t-il, à l’avancement de l’articulation entre la philosophie et les sciences cognitives. A l’intérieur de la phénoménologie contemporaine, le champ se divise encore une fois, et cela est dû à la nature même de l’œuvre husserlienne qui comporte en puissance au moins deux descendances majeures, toutes les deux ayant trait à la question du corps qui nous occupe ici. La première descendance est celle que l’on désignera volontiers comme merlau-pontienne, elle voit dans le corps propre spatial le siège même de la subjectivité, subjectivité qui est alors redéfinie comme un pouvoir d’action toujours déjà dans le monde, et elle va à l’encontre d’un certain idéalisme husserlien. Mais du fait même que ce rôle fondateur est conféré au corps propre, ce dernier n’est pas à proprement parler constitué, il est toujours déjà donné uploads/Philosophie/khatchatourov-ria-2005.pdf

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