UNIVERSITÉ PARIS I PANTHEON-SORBONNE École doctorale de philosophie UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ PARIS I PANTHEON-SORBONNE École doctorale de philosophie UNIVERSITÉ CHARLES Faculté des sciences humaines THÈSE Pour l’obtention du grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS I PANTHEON-SORBONNE Discipline : Philosophie DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ CHARLES Discipline : Philosophies allemande et française Présentée et soutenue publiquement par Caterina DI FAZIO PHÉNOMÉNOLOGIE DE L’ESPACE POLITIQUE Chez Maurice Merleau-Ponty et Jan Patočka Directeurs de thèse : Monsieur le Professeur Renaud BARBARAS Monsieur le professeur Karel NOVOTNÝ JURY Monsieur Renaud BARBARAS, Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Monsieur Jean-François KERVÉGAN, Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Monsieur Étienne BALIBAR, Professeur émérite à l’Université Paris 10 Nanterre Monsieur Karel NOVOTNÝ, Professeur à l’Université Charles de Prague Monsieur Josef FULKA, Chercheur à l’Académie des Sciences de la République Tchèque Le 24 mai 2018 2 Phénoménologie de l’espace politique Phénoménologie de l’espace politique est une étude à la fois généalogique et phénoménologique d’un sujet auquel la philosophie ne se confronte que rarement, à savoir l’espace politique. Les principaux acteurs en sont Maurice Merleau-Ponty et Jan Patočka. Il s’agit donc d’une thèse de philosophie contemporaine, pour ce qui concerne les auteurs étudiés, tandis que l’objet de notre recherche est politique – comme en témoigne le fait que même l’expression « espace politique » n’est pas utilisée dans le domaine philosophique. Puisque notre objectif est de conduire une recherche à la fois politique et phénoménologique sur l’espace politique, il sera essentiel de l’aborder simultanément de ces deux points de vue. Il s’agira en effet de tracer une généalogie de l’espace politique, précédée par une étude phénoménologique du concept d’espace et de celui de mouvement. Nous en tirerons l’idée centrale de la partie plus proprement politique, à savoir l’opposition, dans la pensée politique moderne, entre apparition et représentation, ou en d’autres termes, entre immédiateté et médiation, que l’on peut trouver respectivement chez Machiavel et Hobbes et chez les auteurs qui, au XXe siècle, ont étudié leurs œuvres, notamment Maurice Merleau-Ponty, Jan Patočka et Carl Schmitt. C’est à partir de ces concepts d’apparition et de représentation, et de leur opposition, que nous allons développer une analyse à la fois phénoménologique et politologique de l’espace politique. Mots clés : espace politique, phénoménologie, Machiavel, Hobbes, Merleau-Ponty, Patočka. Phenomenology of Political Space Phenomenology of Political Space is an attempt to provide both a genealogical and a phenomenological account of a subject that philosophy rarely confronts, namely political space. Our analysis thus encompasses all the dimensions of political space—political, historical, geographical, and juridical—without dismissing any of them. It aims at showing the intrinsic connection between phenomenology and modern and contemporary political thought. It does so by identifying the two opposing models of political space, respectively shaped by Machiavelli and Hobbes, which we claim correspond to two opposing systems of visibility: a logic of appearance versus a logic of representation. It then moves to the contemporary phenomenological approach and gives both a phenomenology of movement and a phenomenology of political space. The central idea is the opposition, in modern and contemporary political thought, between appearance and representation, or in other words, between immediacy and mediation, as the terms are used respectively by Machiavelli and Hobbes, as well as by other authors who, in the twentieth century, studied their works (Maurice Merleau-Ponty, Jan Patočka, Carl Schmitt). Our current research focuses on both their conceptions of movement, desire and fear; and on their interpretation of political space. Keywords: political space, phenomenology, Machiavelli, Hobbes, Merleau-Ponty, Patočka. 3 À la mémoire d’Étienne Tassin 4 Introduction Phénoménologie de l’espace politique est une étude à la fois généalogique et phénoménologique d’un sujet auquel la philosophie ne se confronte que rarement, à savoir l’espace politique. Les principaux acteurs sont Maurice Merleau-Ponty et Jan Patočka. Il s’agit donc d’une thèse de philosophie contemporaine, en ce qui concerne les auteurs étudiés, tandis que l’objet de notre recherche est un objet politique – comme le montre bien le fait que même l’expression « espace politique » n’est pas utilisée dans le domaine philosophique, mais relève plutôt des sciences politiques et juridiques et de la sociologie. Il s’agit donc de réfléchir sur le statut de l’espace (personnel, privé, public) en politique et en phénoménologie, le statut d’un espace à la fois symbolique et empirique, concret, c’est-à-dire d’un espace qui relève des expériences et des pratiques sociales tout comme il joue un rôle central dans leur constitution ou bien, comme l’aurait dit Merleau-Ponty, dans leur institution. Puisque notre objectif est de mener à terme une recherche à la fois politique et phénoménologique sur l’espace politique, il sera alors essentiel de l’aborder simultanément de ces deux points de vue. Il s’agira, en effet, de tracer une généalogie de l’espace politique, précédée par une étude du concept d’espace et de celui de mouvement. On en tirera l’idée centrale de la partie plus proprement politique, à savoir l’opposition, dans la pensée politique moderne, entre apparence (plus tard, apparition) et représentation, ou en d’autres termes, entre immédiateté et médiation, que l’on peut trouver respectivement chez Machiavel et Hobbes et chez les auteurs qui, au XXe siècle, ont étudié leurs œuvres, notamment Maurice Merleau-Ponty, Jan Patočka, Hannah Arendt, et Carl Schmitt. C’est à partir de ces deux concepts d’apparition et de représentation, qui sont en opposition, qu’on essayera de développer une analyse à la fois phénoménologique et politique de l’espace politique. Plus précisément, on va montrer que la pensée politique moderne fournit deux modèles d’espace politique et qui correspondent à deux systèmes de visibilité. On identifie donc deux systèmes de visibilité fondés sur 1) une logique d’apparition ; et 2) une logique de représentation. Si la première peut être aussi pensée comme synonyme d’immédiateté, de perception et de présence et peut être aussi définie comme une logique de la présentation, la deuxième est synonyme de médiation, rationalité, absence et se réduit à une logique de la représentation. On attribue à la première et à la deuxième logique des différentes conceptions de l’espace, du mouvement, du désir et de l’espace politique, qui sont, respectivement : espace phénoménal versus espace géométrique ; mouvement ou, si l’on veut, mouvement conflictuel 5 versus mouvement linéaire ou mécanique ; infinitisation d’un désir de type existentiel versus infinitisation d’un désir de type corporel ; espace d’apparition versus espace de la représentation, i.e. immédiateté versus médiation. La conception représentative de l’espace politique, qui a prévalue jusqu’à la première moitié du siècle dernier, est ici attribuée à Hobbes, pour qui l’État est fondé afin de faire face à la peur de la morte violente, et donc d’assurer la survie. Bref, la peur est la fondation anthropologique de la légitimité du Léviathan. Si l’on suit cette logique, la raison politique moderne émerge comme une inquiète tentative de limiter et redirectionner le mouvement et le désir humains. Mais l’espace aussi est sujet à une mutation : dans l’ère moderne un espace cartésien, gouverné par la raison se superpose à l’espace machiavélien qui était le lieu propre du mouvement. Bien entendu, dans un espace gouverné par la raison il n’y a plus de champ destiné au déploiement du désir. Puisque Machiavel, Hobbes et Descartes ont modelé leurs conceptions de l’espace politique à partir de leurs analyses de la nature humaine, on essayera de montrer la relation entre politique et passions par voie de clarification de leur anthropologie politique, afin de définir, en dernière analyse, le rôle du mouvement et des émotions dans la co-institution de l’espace politique. En effet, cette recherche se concentre à la fois sur les conceptions de mouvement, peur et désir de ces auteurs et sur leurs conceptions de l’espace politique. Plus précisément, c’est à partir des remarques sur les conceptions divergentes du lien mouvement-désir qu’on indiquera chez Machiavel (et plus tard chez Merleau-Ponty, Patočka et Arendt), d’une part, et chez Hobbes, d’autre part, qu’il faudra éclaircir l’autre opposition fondamentale, à savoir l’opposition entre apparence et représentation – ou encore entre présence et absence – et les deux conceptions de l’espace politique qui en relèvent. L’essentiel est donc que n’importe quelle détermination de l’espace politique trouve son point de départ dans l’analyse du corps humain, à savoir que le chemin qui nous conduit à la fois à une généalogie et à une phénoménologie de l’espace politique est celui qui va du corps au corps politique, ou, dans les termes de Hobbes, du body naturall au body politique. Notre tentative est donc de saisir ensemble phénoménologie et pensée politique. Par conséquent, notre démarche devra inclure toutes les dimensions de l’espace politique – politique, historique, juridique, géographique, social – sans en omettre aucune. L’analyse généalogique de l’opposition entre espace privé et espace public à partir des pensées de Machiavel et Hobbes, l’analyse du changement de la conception de l’espace après la révolution 6 scientifique du XVIIe siècle (à partir des Dioptriques de Descartes et Hobbes), tout comme l’étude des lectures de cette révolution humaine et géographique au XXe siècle (celle de Patočka, celle de Heidegger, notamment l’essai L’époque des images du monde, et celle de Schmitt) et enfin l’étude des théologies politiques de Hobbes et de Schmitt, leur vision de Dieu en tant qu’absence-présence et uploads/Politique/ 2018-05-difaziophe.pdf
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- Publié le Nov 01, 2022
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